le Mardi 16 avril 2024
le Jeudi 1 avril 2021 0:13 Mois de la francophonie

La route est encore longue pour la reconnaissance du français en Alberta

La route est encore longue pour la reconnaissance du français en Alberta
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Il y a du pain sur la planche ! Dans le cadre du Mois de la Francophonie, Le Franco a demandé à trois acteurs essentiels de la communauté franco-albertaine de s’exprimer sur les défis de cette dernière. Loi sur les langues officielles, expansion des écoles francophones, financement du Campus Saint-Jean ou développement d’une économie bilingue, les défis sont nombreux.  

De nouvelles données entrent en jeu en cette année 2021. La récente publication du livre blanc Français et anglais : vers une égalité réelle des langues officielles au Canada de Mélanie Joly, ministre du Développement économique et des Langues officielles, n’a pas laissé indifférents les acteurs de la communauté franco-albertaine.

L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) se réjouit des efforts de la scène fédérale qui pourraient avoir des « retombées positives en Alberta ». L’association porte-parole de la francophonie dans la province évoque sa satisfaction dans « la mise en place d’une politique en immigration francophone, le continuum en éducation francophone (de la petite enfance au postsecondaire) et l’enseignement du français comme langue seconde ».

Malgré ces bonnes nouvelles, Étienne Alary, directeur du Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA) ne perd pas de vue les perspectives plus locales. Il affirme que l’initiative de Mélanie Joly est certes « un pas dans la bonne direction, mais on doit aussi travailler sur cette reconnaissance sur les scènes provinciale et municipale ».

L’avenir des écoles

En ce sens, Réginald Roy, président de la Fédération des conseils scolaires francophones de l’Alberta (FCSFA) est inquiet du nouveau financement de base pour les conseils scolaires albertains. Le gouvernement Kenney a annoncé en février 2020 un changement dans la manière dont le financement sera accordé aux conseils scolaires. Auparavant, il indique que le financement s’accordait en fonction du nombre d’élèves inscrits. Il est maintenant soumis en fonction d’une moyenne d’élèves sur trois ans. Ce changement vient, selon les dires de monsieur Roy, « punir » les conseils sachant qu’« il y a beaucoup de mouvements [d’élèves] ».

La FCSFA voit également la modernisation de l’offre de cours en ligne, au niveau secondaire, comme un enjeu prépondérant dans l’éducation franco-albertaine. La modernisation et l’implantation d’infrastructures scolaires en milieu rural s’ajoutent également à la liste. « Quand on essaie d’ouvrir une nouvelle école pour accueillir la communauté francophone, souvent les nombres sont petits, mais le droit est toujours là. Comment la province va appuyer notre responsabilité d’offrir un service à ces gens-là ? »

L’ACFA tout comme le FCSFA se réjouissent du récent jugement de la Cour suprême en Colombie-Britannique concernant l’équivalence en éducation. La FCSFA entame des analyses afin de déterminer les outils pour « revendiquer devant la province leurs revendications ».

Concernant les enjeux de la francophonie albertaine, il n’est pas possible d’aborder le thème de l’éducation sans évoquer le Campus Saint-Jean (CSJ) à Edmonton. En ce sens, l’ACFA rappelle qu’il s’agit toujours d’un enjeu pour l’association et que « les efforts de sensibilisation se poursuivront jusqu’à ce qu’une solution pérenne soit trouvée. »

Le bilinguisme, un enjeu économique

Si le bilinguisme est, comme il est écrit dans la publication de Joly, un enjeu en éducation, il l’est également en économie. « La reconnaissance de la valeur économique du bilinguisme demeurera un enjeu de taille », selon monsieur Alary. La promotion du bilinguisme permettrait de faire fleurir l’économie de la communauté franco-albertaine : « Nous devons aussi travailler à augmenter le rayonnement de nos entrepreneurs francophones auprès d’une clientèle bilingue ».

Le bilinguisme et le renforcement du « virage numérique » entamé durant la pandémie semblent être deux solutions pour « encourager la consommation francophone à l’échelle locale et créer des emplois ». Selon les dires d’Alary « il reste donc beaucoup de travail à faire avec nos entrepreneures pour assurer leur plein développement ».

Il mise d’ailleurs sur l’immigration franco-albertaine qui est un « vecteur d’apport de francophones en Alberta ». Il se demande tout de même comment faire en sorte que les Franco-Albertains d’adoption puissent développer ce qu’il appelle « un sentiment d’appartenance économique ».

Certains font leurs apparitions en sol albertain, d’autres le quittent comme c’est le cas de la jeunesse. Étienne Alary s’inquiète de l’exode des jeunes. « Alors que le contexte économique provincial est dans un creux, maximiser le développement économique francophone en région pourrait contribuer à éviter l’exode de nos jeunes francophones ».

Des enjeux et des actions

Que ce soit en économie ou en éducation, les enjeux auxquels la communauté franco-albertaine fait face sont multiples. Sur la scène fédérale, l’ACFA affirme qu’elle « suivra également les consultations et la mise en place du prochain Plan d’action sur les langues officielles, puisque le plan actuel arrive à échéance en 2023 ». Tandis que sur la scène provinciale, l’association continue ses efforts pour maximiser le potentiel du CSJ et ses relations avec les ministres provinciaux dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique en matière de francophonie.