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le Jeudi 6 mai 2021 18:08 Mois de la francophonie

Africa Centre : une association anglophone pour un public francophone

Africa Centre : une association anglophone pour un public francophone
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Le 1er mars 2018, le gouvernement de Rachel Notley déclare le mois de mars comme mois de la francophonie albertaine. En effet de plus en plus d’ albertains s’intéressent à la langue française et ont le français comme deuxième langue. En dix ans, la population albertaine qui s’exprime dans la langue de Molière a augmenté de près de 20% et cette augmentation constante a suscité l’intérêt de l’association Africa Centre pour le public francophone.

IJL Réseau.Presse Le Franco

Une fois en Alberta, l’une des priorités pour les nouveaux arrivants francophones est de trouver un logement, un travail, ou une école pour leurs enfants. Pour cela, le sol canadien foulé, ils sont orientés vers des structures qui les aident à s’installer. Africa Centre est l’une d’elles. Elle est anglophone.

«Il y a une grosse proportion de francophones qui viennent chez Africa Centre car c’est une grosse structure et nos programmes sont nombreux», explique Sharif Haji, le directeur exécutif de Africa Centre.

Sharif Haji : directeur exécutif de l’association Africa Centre depuis septembre 2019 (17 mois). D’origine somalienne, il est en AB depuis onze ans. Crédit: courtoise

L’objectif de l’organisme est de réunir les immigrants de tout bord venant d’Afrique en leur offrant tous les services possibles. Il a commencé par une clientèle anglophone puis a réalisé que la communauté francophone en Alberta n’était pas négligeable et serait potentiellement intéressée par ses services.

«Il y a un désir réel de s’adjoindre de l’expérience et de l’expertise d’un francophone comme moi pour pouvoir s’ouvrir à cette communauté qui grossit de plus en plus», affirme Firmin Guédalé, le secrétaire du conseil d’administration de l’association. 

«La communauté anglophone peut ainsi tirer profit de cette communauté francophone». Au Canada depuis une trentaine d’années, une dizaine en Alberta, Firmin, d’origine ivoirienne, entend parler des difficultés au niveau des avancements et des financements de cette association et décide de s’impliquer.

Firmin Guédalé : enseignant de technologie dans le secondaire à Edmonton. Crédit: courtoise

«C’est pour développer ce sentiment d’ appartenance à l’Afrique, anglophone ou pas, que l’organisme existe», poursuit-il. C’est un organisme qui se veut rassembleur car cette dimension africaine se trouve en Afrique certes mais aussi en Europe, en Amérique ou aux Antilles. 

Quoi qu’on en dise, «l’avenir de la langue française se joue vraiment en Afrique, dans cette diaspora africaine. Il existe près de trois cent millions de francophones dont la majorité se trouve en Afrique», précise le secrétaire de Africa Centre.

Un membre du programme pour jeunes YEGTheComeUp, lors du gala de la journée de l’Afrique. Crédit: courtoise.

Les anglophones s’intéressent de plus en plus à la langue française et à sa culture, l’association leur donne cette opportunité de découvrir la francophonie grâce à des cours de langue française.

Le «parasol» de l’afrique 

La stratégie adoptée chez Africa Centre se veut rassembleuse, fédératrice aussi. Pour cela, elle propose aux organisations francophones un membership. «On veut être une sorte de parasol de toutes ces organisations francophones d’origine africaine», souligne Firmin. 

Tous les pays sont quasiment représentés et de nombreuses organisations des pays africains sont membres de Africa Centre. D’ailleurs, des partenariats sont en négociation avec des structures francophones comme la FRancophonie Albertaine Plurielle (FRAP) pour monter des projets communs et chercher des financements de façon conjointe.

Hiba Mohammed, recipiendaire d’un certificat d’accomplissement. Crédit: courtoise

Le défi à relever aujourd’hui est celui du Covid-19 qui freine certains services comme l’aide alimentaire ou matérielle aux nouveaux arrivants. Depuis près de quatre ans que les francophones fréquentent Africa Centre, l’association doit faire comprendre aux bailleurs de fonds que la francophonie est une réalité.

FRAP et Africa Centre, une équipe complémentaire

«Nous sommes en train de formaliser nos relations avec Africa Centre en tant que partenaire», révèle Alphonse Ahola, directeur général de la FRAP à Edmonton. En effet, les deux associations se sont déjà rencontrées et ont travaillé sur des dossiers communs depuis l’arrivée de la nouvelle direction générale de l’association Africa Centre. Il faut dire qu’avant les élections du nouveau directeur, aucune coopération n’existait.

Alphonse Ahola, directeur général de la Frap, a le mandat de coordonner les services d’établissement dans les écoles en Sakatchewan, en Alberta, au Manitoba et dans les Territoires du Nord-Ouest. Crédit: courtoise

Alors les membres de l’association Africa Centre contactent ceux de  la FRAP courant mars et leurs proposent de travailler main dans la main. Aux prémices de cette coopération, plusieurs projets sont déjà en gestation. La FRAP, en tant qu’association francophone bien implantée dans la province, a profité de cette opportunité pour être le partenaire principal de Africa Centre en matière de relation avec la partie francophone de l’Afrique au Canada.

«Africa Centre ne fait pas de l’établissement en tant que tel mais peut nous référer des personnes qui ont besoin de nos services et vice versa. Des programmes comme Edmonton Covid-19 Rapid Responsive Collaborative (ECRRC) comporte 13 organisations d’établissement à Edmonton dont la Frap et Africa centre», détaille le directeur de la Frap. Alphonse rencontre Sharif chaque mois, ce qu’il ne fait pas avec les autres organismes, «Nous avons  l’intention de donner une importance particulière à cette collaboration, Sharif a beaucoup de bonnes idées et semble apprécier le concours que je peux apporter à cela», affiche Mr. Ahola avant de conclure : «c’est prometteur et c’est notre rôle en tant qu’africain de mettre nos efforts  en commun, cela ne sert à rien de travailler dans son coin».