le Mardi 16 avril 2024
le Mercredi 1 septembre 2021 21:16 Brooks

Cet homme a 30 personnes à sa charge, mais l’impôt en fait fi

Cet homme a 30 personnes à sa charge, mais l’impôt en fait fi
00:00 00:00

L’enjeu n’anime pas les débats nationaux. Et pourtant, pour le directeur des programmes de l’Association francophone de Brooks, Désiré Kiana, il est capital que les partis politiques fédéraux s’intéressent au fardeau fiscal des immigrants et proposent des solutions durant la campagne électorale en cours.

«Les Canadiens et résidents permanents ayant des familles dans des pays en guerre ou en situation d’urgence sont leurs seules sources de revenus». C’est un cas fréquent, qu’évoque Désiré Kiana : les Albertains d’origine africaine maintiennent un lien financier avec leur famille restée dans leur pays d’origine.

Désiré Kiana, «nos revenus sont partagés entre nous ici au Canada et avec les familles proches qui sont restées au pays». Crédit : Courtoisie.

Il souligne que les travailleurs canadiens peuvent bénéficier d’avantages fiscaux s’ils démontrent qu’ils ont à leur charge des membres de leurs familles immédiates, c’est-à-dire les enfants ou un conjoint de fait notamment. Il remarque aussi que cela ne s’applique pas si ces personnes habitent à l’étranger.

Désiré Kiana déplore que l’Agence du revenu du Canada ne prenne pas en considération le soutien financier que les immigrants apportent aux membres de leur famille habitant leur pays d’origine. Plus fréquemment qu’autrement, ils doivent rembourser de l’argent au fédéral. 

«La solidarité africaine»

Natif de la province du Nord-Kivu dans la République Démoratique du Congo, Désiré Kiana est arrivé au Canada en 1999. Il a quitté son pays en raison de la guerre, qui elle, a commencé en 1993 et perdure encore aujourd’hui. 

Ses cinq frères et ses deux sœurs y résident encore avec leur conjoint/conjointe et leurs enfants. Lorsque ces derniers ont besoin d’argent pour, par exemple, payer des soins de santé, ils se tournent vers lui. Désiré estime pourvoir aux besoins en nourriture de 30 personnes en plus d’absorber les soins médicaux ainsi que l’éducation des plus jeunes d’entre eux.  

«C’est la solidarité africaine, martèle Désiré Kiana. Quand on trouve des moyens [financiers], il faut partager avec les autres». Parallèlement, il a lui aussi sa petite famille au Canada : sa conjointe ainsi que trois enfants.  

Même si plusieurs immigrants africains ont un bon salaire, Désiré Kiana raconte que ces derniers n’ont pas le luxe de s’acheter une maison. Même que parfois, certains d’entre eux ont de la difficulté à payer leur loyer à la fin du mois puisqu’ils aident financièrement leur famille. 

«C’est une préoccupation qui me tient à cœur parce que je ne suis pas la seule personne qui se retrouve dans cette situation, on est beaucoup», déclare Désiré Kiana. 

À lire aussi : Regard sur les nouveaux ambassadeurs du français de l’Alberta

Qu’en disent les partis politiques

Randy Boissonnault, candidat libéral de la circonscription d’Edmonton-Centre, explique que son parti travaille à mettre sur pied des allégements fiscaux qui vont permettre aux immigrants de respirer financièrement. 

«C’est l’une des raisons pour lesquelles on a demandé aux plus riches de payer plus d’impôts afin qu’on puisse réduire ceux des gens de la classe moyenne et ceux des gens qui sont près ou en bas du seuil de pauvreté». 

Dans sa plateforme électorale, le Parti libéral a comme plan de doubler le nombre de personnes éligibles au regroupement familial. Cette mesure pourrait réduire ces liens de dépendance financière, mais impose une relocalisation.

La rédaction a également demandé le point de vue du Nouveau Parti démocratique (NPD) et du Parti conservateur concernant les mesures d’allégements fiscaux des immigrants canadiens et résidents permanents qui partagent leurs revenus avec les membres de leur famille vivant dans leur pays d’origine.  

C’est avec regret que Heather Mackenzie, candidate du NPD de la circonscription d’Edmonton-Centre n’a pas pu répondre à la question. Quant au Parti conservateur, il n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.