le Mardi 16 avril 2024
le Mardi 11 janvier 2022 16:33 Calgary

Ruée vers l’Ouest pour le consul général de France et ses compatriotes

Le consul général de France à Vancouver Nicolas Baudouin. Crédit : Courtoisie - Consulat général de France à Vancouver
Le consul général de France à Vancouver Nicolas Baudouin. Crédit : Courtoisie - Consulat général de France à Vancouver
Ruée vers l’Ouest pour le consul général de France et ses compatriotes
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Nicolas Baudouin a pris ses fonctions de consul général de France à Vancouver le 1er septembre 2021. Depuis, il part à la découverte de sa circonscription, un territoire qui comprend la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. À Calgary pour deux jours au début décembre, il nous fait part de ses premières impressions.

Alors que le territoire dont il a la charge fait sept fois et demie celui de la France, ce qui frappe le diplomate,

«c’est la diversité et la variété de cette circonscription».

Du nord au sud, de l’est à l’ouest, ses équipes consulaires sont disponibles pour les 10 200 personnes inscrites au registre des Français établis hors de France.

Il invite d’ailleurs les nouveaux arrivants à effectuer cette formalité qui facilite ensuite les démarches administratives, surtout à la veille des élections présidentielles et législatives. Car si le chiffre qu’il annonce est officiel, il estime «au doigt mouillé» qu’ils sont le double à vivre dans sa circonscription et qu’il est témoin d’une hausse significative depuis les cinq dernières années.

De Paris à Vancouver

Nicolas Baudouin a grandi en banlieue parisienne. Sensible à la diversité culturelle, notamment la culture asiatique, il entreprend l’apprentissage du mandarin dès l’adolescence. Par la suite, il effectue des études supérieures à l’Institut d’études politiques de Lille et obtient une maîtrise en économie internationale à l’Université Gustave Eiffel (Paris) ainsi qu’une licence en mandarin à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Paris).

Après ses études, il quitte la France et vit sa première expérience dans le réseau diplomatique et consulaire français en tant que volontaire international au sein du service de coopération et d’action culturelle de Hanoï (Vietnam) de 2001 à 2002. De retour à Paris, c’est au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et à la Direction générale de la coopération internationale et du développement qu’il continue sa carrière.

Après un détour à Taipei (Taiwan, 2009-2012) au sein du service européen d’action extérieur mis en place par le Bureau économique et commercial européen, il rejoint le service diplomatique et consulaire français à l’ambassade de France à Phnom Penh (Cambodge) comme premier secrétaire et porte-parole jusqu’en 2016.

Finalement, il intègre la direction des Nations unies et des organisations internationales comme rédacteur puis chef du pôle des affaires économiques et des enjeux globaux. Il devient ensuite chargé de mission (2017-2021) auprès du secrétaire général du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, François Delattre.

«En tant qu’ancien ambassadeur de France au Canada, il m’a, par son amour pour ce pays, donné le goût d’y venir.»

La suite, «c’est le hasard des postes qui se libère chaque année» et la volonté de diversifier ses expériences après un parcours «étoffé en Asie». Il avoue, à demi-mot, qu’il va pouvoir jouer sa carte asiatique dans cet Ouest canadien, plus particulièrement à Vancouver qui est «très marquée par la diaspora chinoise».

Une visite sur les «chapeaux de roues» à Calgary

Très heureux de prendre le pouls de la ville et de connaître la vitalité du fait français, il a pu rencontrer à la mairesse Jyoti Gondek et lui présenter «le dynamisme du Lycée français, l’Alliance française en croissance, le partenariat avec l’incubateur Platform Calgary et le National Music Centre et le dynamisme de la cinquantaine de filiales françaises installées en Alberta». Une belle manière de profiter de cette étape protocolaire pour rappeler le «cœur de son mandat».

Le consul de France à Vancouver, Nicolas Baudouin rend visite à la Mairesse de Calgary et au consul adjoint de France à Calgary, Roy Klassen

(De g à d) Le consul général de France à Vancouver Nicolas Baudouin, la mairesse de Calgary Jyoti Gondek et le consul honoraire de France à Calgary Roy Klassen. Crédit : Courtoisie – Consulat général de France à Vancouver

«Nous sommes là pour mettre à disposition de nos compatriotes des services consulaires efficaces», assure-t-il. Mais il ne faut pas oublier les autres objectifs de son mandat : la promotion des relations économiques, commerciales et touristiques entre la France et le Canada, la promotion et le développement de partenariats de coopération dans les domaines de la recherche, de l’enseignement supérieur, de l’innovation et de la culture et, bien évidemment, la connaissance et l’amour du français, dans toutes les provinces et territoires de sa circonscription.

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Il s’est aussi entretenu avec Brad Perry, le président de la Chambre de développement économique de Calgary, avec l’équipe de l’Alliance française, le proviseur et les élèves du lycée Pasteur ainsi que d’autres acteurs de la communauté française de Calgary. Il en profite aussi pour remercier Roy Klassen, le consul honoraire de France à Calgary, et son rôle essentiel pour la communauté. «C’est un grand facilitateur pour de nombreuses démarches.»

Il ne s’engage toutefois pas sur une présence diplomatique plus importante en Alberta, mais évoque les tournées consulaires qui ont pu reprendre dès que cela a été possible.

«C’est un bonheur pour nos agents lorsqu’ils peuvent entre deux vagues pandémiques retrouver leur public.»

Elles représentent à ses yeux l’essentiel du métier, «un travail de terrain proche de nos compatriotes».

Le défi économique albertain et l’inflation

Lorsqu’est évoquée la transition énergétique et industrielle albertaine, le consul général souligne les efforts des industries fossile et agricole pour innover. Il émet l’idée de voir des entreprises françaises rejoindre le marché albertain, notamment dans la production d’hydrogène.

Dans cette même logique, il espère réunir des acteurs économiques français déjà bien implantés dans l’est du pays pour les inciter à regarder vers l’ouest, notamment dans les domaines de la transition énergétique, de l’innovation et de la transition numérique.

Le consul de France, Nicolas Baudoin rencontre l'équipe de l'Alliance Française à Calgary

(De g à d) À l’Alliance française, le consul général adjoint Guillaume Roy, le consul général Nicolas Baudouin, le directeur de l’Alliance française de Calgary Jean Baptiste Roux, le conseiller des Français de l’Ouest canadien Olivier Dellapina et la responsable culturelle de l’Alliance française de Calgary Norcellia Matouandou. Crédit : Courtoisie – Consulat général de France à Vancouver

Et même si Décathlon ne fait pas partie de ces secteurs d’activité, il en souligne son développement à Calgary après avoir conquis les provinces de l’Est. C’est «un bel exemple qui permet d’offrir aux Canadiens, mais aussi aux Français qui connaissent bien la marque, des articles de sport et de plein air de qualité à prix raisonnable».

Car M. Baudouin est aussi conscient de l’augmentation du coût de la vie dans sa circonscription. Il préfère néanmoins relativiser, signalant la souveraineté canadienne en matière de politique économique même si «l’inflation due à la crise et aux problèmes d’approvisionnement est un problème global».

Empathique, il évoque les aides COVID qui ont permis à «nos compatriotes, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, de souffler un peu». Il rappelle aussi le dispositif de bourses scolaires, sous conditions de ressources, pour les étudiants français scolarisés dans les établissements affiliés à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (ex. : le lycée Pasteur de Calgary).

Une francophonie en milieu minoritaire à explorer

Humblement, il avoue «ne pas avoir encore eu connaissance de la complexité de la situation francophone en milieu minoritaire». Interrogé sur la problématique du Campus Saint-Jean, il en comprend les défis et les implications, notamment pour des élèves issus du lycée Pasteur qui désireraient faire leurs études postsecondaires en français.

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«Cela fait partie des messages et des sujets que l’on aborde : l’éducation, la promotion et le soutien du système francophone», dit-il en prévision de sa visite à Edmonton dans les prochains mois. Il continuera à porter la francophonie, notamment grâce aux alliances françaises et à leur mandat culturel et linguistique, et à assurer une grande présence lors du Mois de la francophonie.

Concernant les problématiques plus spécifiques des Français installés en Alberta, il n’a pas «d’idées très claires sur le sujet, faute de retour». Il suppose que «c’est bon signe» et mise sur le milieu associatif déjà très présent tout en espérant pour lui et son équipe de belles interactions avec ses compatriotes.