Évitez-vous les rencontres de travail? Par ennui, probablement! Cependant, ce n’est pas le cas de tous. L’évitement récurrent de côtoyer des pairs est lié à une maladie : l’anxiété sociale, aussi appelée la phobie sociale qui a tendance à s’amplifier dans un environnement anxiogène.
Mélodie Charest
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
Selon Audrey Kodye, psychologue franco-albertaine, entre 8% et 13% des Canadiens souffrent d’anxiété sociale. Confrontée aux regards des autres, cette partie de la population sent monter en elle une peur qui se traduit souvent par des palpitations cardiaques, une transpiration excessive, des maux de ventre, etc. Si ce sentiment provoque des comportements d’évitement qui persistent plus de six mois, le diagnostic d’anxiété sociale tombe.
Il est difficile de comprendre comment la maladie naît. Une hypothèse plausible serait une «prédisposition génétique qui serait ensuite aggravée par des influences environnementales». Il n’est pas rare que dans une situation très anxiogène, comme une pandémie ou une rupture amoureuse, les symptômes s’amplifient.
Détentrice d’une maîtrise en psychologie, Audrey Kodye travaille avec les professionnels et les membres des communautés autochtones, noires et de couleur qui souffrent de cette phobie. L’évitement complet des expositions sociales est un signal. Cependant, pour cacher leur anxiété, la plupart optent pour des stratégies plus subtiles, comme «poser des questions aux autres afin d’éviter de parler de soi».
Plus qu’un désintérêt pour les activités sociales, il s’agit d’une véritable détresse psychologique. «Les troubles anxieux, ainsi que d’autres troubles de santé mentale, sont associés à des problèmes de dépendance à l’alcool et au suicide.» Ces personnes aspirent également à «s’épanouir et d’avancer professionnellement et de nouer des relations authentiques et profondes».
«Les troubles anxieux, ainsi que d’autres troubles de santé mentale, sont associés à des problèmes de dépendance à l’alcool et au suicide.» Audrey Kodye
C’est l’épuisement qui les pousse à consulter un professionnel de la santé. En plus de mettre en place des techniques de camouflage énergivores, ils sont épuisés par l’impression constante de «devoir montrer une façade [d’eux-mêmes]».
La phobie sociale est une maladie, des traitements sont donc possibles. La prise d’antidépresseurs permet une certaine gestion des symptômes de l’anxiété sociale. De son côté, la thérapie cognitive comportementale (TCC) permet d’apprendre à diminuer l’anxiété tout en augmentant la confiance et le calme en soi. Comprendre la maladie et les pensées qui galvaudent l’esprit face à une situation inconfortable, mais aussi à s’exercer à s’exposer à des situations sociales, c’est ce que les TCC permettent.
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Les exercices d’exposition peuvent être réalisés avec une autre personne. Par ailleurs, l’empathie est le mot d’ordre pour les gens qui vivent avec une personne souffrant d’anxiété sociale. Ayant elle-même l’empathie au cœur de ses valeurs professionnelles, la psychologue agréée invite l’entourage des personnes anxieuses à plonger dans le monde des souvenirs. «Pensez à des situations sociales où vous avez eu, vous aussi, l’impression d’être scruté, jugé négativement ou avez eu peur d’être rejeté ou humilié et à comment vous vous êtes senti.»
«Pensez à des situations sociales où vous avez eu, vous aussi, l’impression d’être scruté, jugé négativement.» Audrey Kodye
La pandémie actuelle a exacerbé l’isolement social sur de longues périodes. Les réseaux sociaux, qui sont largement utilisés pour briser l’éloignement, offrent un avantage pour les personnes socialement anxieuses. «Les personnes qui ressentent de l’anxiété quant au fait d’avoir des conversations superficielles avec des personnes qu’elles connaissent peu peuvent, par exemple, échanger avec un étranger dans un forum sur les réseaux sociaux.»
Pour PrairiesCan, le ministère fédéral appuyant la croissance économique dans les Prairies canadiennes, la transition énergétique est une occasion d’affaires à saisir. Le gestionnaire des communications du ministère, Rohit Sandhu, affirme que cette transition pourrait «créer 170 000 emplois dans le secteur des technologies propres en Alberta et apporter 61 milliards de dollars de PIB d’ici 2050».
Parmi toutes les villes des Prairies canadiennes, il semble que Calgary soit la plus attractive pour ce type de financement. Startup Genome, un leader mondial du conseil politique et de recherches, affirme que la métropole albertaine est «l’un des principaux nouveaux écosystèmes de technologies propres dans le monde».
Ce titre ne semble pas étonner Rohit Sandhu. «Calgary possède déjà tous les éléments clés pour développer son secteur des technologies propres». Les quelque 2,1 millions de dollars octroyés à l’Université de Calgary et à l’entreprise Avatar Innovations vont permettre de faire fleurir ce potentiel.
L’implantation d’un centre de transition énergétique et d’innovation où petites et grandes entreprises, innovateurs et investisseurs pourront collaborer au centre-ville de Calgary va faciliter, «l’accès aux équipements spécialisés, aux experts en matière de transition énergétique et aux programmes d’entrepreneuriat offerts à l’Université de Calgary».
Le centre tendra vers «la commercialisation et le développement rapide de jeunes entreprises d’énergie propre». On estime que cet investissement favorisera la création de 25 nouvelles entreprises dans ce secteur.
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Edmonton n’a pas été mise de côté pour autant. En novembre 2021, un financement de plusieurs millions de dollars avait été annoncé pour moderniser les installations de la capitale albertaine «où les entreprises albertaines pourront mettre à l’essai leurs produits et leurs procédés afin de démontrer la valeur des technologies canadiennes pour l’industrie mondiale de l’hydrogène», explique le gestionnaire.
Foresight Clean Technology Accelerator Centre, un organisme sans but lucratif, a récemment été ajoutée à la liste des collaborateurs de PrairiesCan. Ce chef de file dans le développement des technologies propres a soutenu, depuis sa création en 2013, plus de 160 entreprises de la province, ce qui a généré plus de 1 850 emplois dans le secteur.
Les 900 000$ promis par le gouvernement du Canada permettront à Foresight d’offrir, pendant trois ans, «des initiatives de formation et d’attraction des investisseurs», peut-on lire dans le communiqué de presse émis en janvier dernier. Des formations nécessaires aux entreprises de technologies propres, à divers stades de développement, afin de leur permettre de conquérir le marché mondial.
«L’Alberta jouit d’une solide réputation en matière d’innovation et d’excellence dans le domaine des technologies propres. […] Nos programmes et activités d’accélération et d’adoption offrent un apprentissage, un encadrement et des liens qui aident les innovateurs à commercialiser leurs idées plus rapidement, à créer une économie solide et carboneutre et à favoriser une croissance considérable des emplois verts», explique Jeanette Jackson, directrice générale du Foresight Clean Technology Accelerator Centre.
Le gouvernement estime, pour sa part, que c’est près de 90 petites et moyennes entreprises locales qui pourraient bénéficier de ces programmes.
Mélodie Charest
La ferme familiale Charlotte Lake Farms, à Bonnyville, élève des bœufs et cultive des citrouilles et du maïs. En 2014, Guy et Léona Bonneau prennent la relève : ils sont la troisième génération. Leur objectif : tendre à la spécialisation de l’élevage de bœufs.
Le couple se consacre à temps plein à leurs troupeaux, ce qui leur permet d’avoir 438 bœufs, tout en utilisant une technique d’élevage un peu plus écoresponsable : la rotation des pâturage. Il planifie leurs activités agricoles afin «d’utiliser toutes les ressources de la ferme, les bêtes et les récoltes», explique Guy.
Parmi les techniques dites écoresponsables de l’élevage, on retrouve la rotation des pâturages. Dans la production conventionnelle, le bétail est nourri, pendant les derniers mois de son élevage, aux céréales ou au maïs pour accélérer sa croissance et son engraissement.
Dans la rotation des pâturages, on ne fait pas cette étape de finition. On déplace plutôt les bœufs sur différents sites de pâturage tout au long de leur croissance. L’avantage : peu de machines sont nécessaires.
Et si cette méthode d’élevage est économe en énergie, elle permet aussi d’offrir une transparence et une qualité de viande aujourd’hui apprécié par le consommateur. «On vend du bœuf de la ferme aux consommateurs. Je trouve qu’il y a plus de gens qui désirent savoir comment leur nourriture est produite», souligne l’éleveur.
Avec une onde d’humour dans sa réponse, Guy nous affirme qu’il lui est impossible de demander au grand-père de Léona si la technique du pâturage en rotation était utilisée en 1911 sur la ferme de Bonnyville. Il peut toutefois nous assurer que la technique était peu utilisée lorsque le père de son épouse avait la ferme.
Et encore aujourd’hui, peu de ses homologues utilisent la technique. «C’est beaucoup plus de travail», dit-il honnêtement. Le déménagement des vaches d’un pâturage à un autre demande de l’entraînement pour le bétail, ce qui n’est pas toujours évident. En plus de cet entraînement, les éleveurs, comme la famille Bonneau, doivent s’assurer que les bœufs sont bien clôturés et qu’ils sont suffisamment approvisionnés en eau.
Celui qui a travaillé pendant de nombreuses années dans des banques est bien placé pour expliquer les implications économiques de telles mesures. «C’est cher à établir, mais après, il y a des avantages [économiques] : on a plus d’herbes, les vaches sont plus pétantes». Il insiste avec humour, «les vaches sont contentes, les plantes sont contentes et le sol est content»
L’élevage de bœufs mobilise des quantités très importantes d’eau. Selon Greenpeace, une organisation non gouvernementale internationale de protection de l’environnement, 403 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire «l’équivalent d’un an de viande et de produits laitiers. C’est 17 douches par jour et par personne pendant un an ! C’est sans compter que près du tiers des émissions de GES attribuées au secteur agricole proviennent des ruminants.
Malgré ces données alarmantes, l’expansion des pâturages au Canada semble être un des moyens de lutter contre les changements climatiques et la hausse des émissions de GES. En mars 2021, Canards Illimités Canada et deux autres partenaires ont mis en place un programme pour les éleveurs de bœufs afin de «rétablir l’herbage et le pâturage de 50 585 hectares de terres agricoles d’ici 2025», peut-on lire dans un communiqué de presse.
Cet organisme environnemental qui «conserve les milieux humides et les habitats qui s’y rattachent» affirme que les producteurs et les éleveurs bovins nourrissent le monde, mais que «rares sont ceux qui jouent aussi un rôle essentiel dans la protection du territoire, de l’eau, de la faune du Canada».
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Les pâturages sont des écosystèmes «les plus productifs et divers dans le monde». En plus de fournir un habitat à certaines espèces animales, les graminées vivaces permettent d’atténuer les émissions de GES en les séquestrant par photosynthèse. Avec leurs racines profondes, elles agissent comme filtre naturel de l’eau et en augmentent la qualité.
Mélodie Charest
Les sécheresses sont semblables à un jeu de dominos : un manque de précipitation engendre un assèchement des réserves d’eau et une déshumidification des terres. Ce déficit hydrique entraîne une sécheresse dite socioéconomique. Ce jeu ne réjouit personne.
Gilles Sylvain cultive des céréales sur 2 100 acres, à Girouxville, au nord-ouest de l’Alberta. L’an dernier, il a perdu environ 30% d’une récolte moyenne en raison des conditions météorologiques. Ses champs ne sont pas irrigués, car les pluies sont généralement satisfaisantes pour mener à terme ses récoltes. «Un coup que ton terrain est semé, tu es dans les mains de Dieu. Tu ne peux rien faire», lance l’agriculteur passionné.
Les chaleurs estivales de 2021 ont été telles que le processus de pollinisation a été gravement entravé. «Les fleurs deviennent sèches, la plante essaie de faire d’autres fleurs et ces fleurs-là deviennent aussi sèches. La plante devient de plus en plus faible et il n’y a pas de graines qui se produisent.»
Les sécheresses ne sont pas nouvelles dans la région. Celle de 2001-2002 a amputé près de six milliards de dollars du produit intérieur brut (PIB) canadien. En Alberta seulement, la sécheresse de 2002 a touché entre 70 et 75% des récoltes.
L’agriculteur de Girouxville se rappelle qu’avant la sécheresse de 2021, «on a eu des années d’humidité». Tellement humides que les pluies diluviennes ont anéanti ses récoltes sous près de 15 centimètres d’eau au sol. Cette année, il a utilisé toute cette eau emmagasinée dans le sol. «On l’a minée, il n’en reste plus. Si on a une autre sécheresse, ça va être vraiment grave», dit-il avec une onde d’inquiétude dans la voix.
Financement agricole Canada (FAC), la plus grande compagnie des services financiers en agriculture du pays, a permis aux agriculteurs de reporter le paiement de leurs prêts en raison des pertes subies. Toutefois, pour les agriculteurs comme Gilles dont les emprunts sont déjà réglés, ces mesures ne les ont pas affectés.
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C’est son assurance agricole provinciale qui lui est plutôt venue en aide. «C’est un choix, tu n’es pas obligé de la prendre. La prime qu’on paie au printemps, pour une ferme de ma grosseur, c’est entre 20 000 et 30 000$.» Il n’est pas rare que les agriculteurs s’abstiennent de la prendre, comme c’est le cas de son voisin dont les pertes ont été considérables l’été dernier.
Dame nature n’était peut-être pas du côté de Gilles, mais le marché oui. Attribués à la rareté du produit, les prix des récoltes céréalières ont alors doublé. Une bonne nouvelle pour «ceux qui ont été capables de battre une petite récolte».
Malgré une nouvelle hausse des prix des céréales depuis le début du conflit ukrainien, les coûts des engrais et des carburants ont, eux aussi, augmenté. D’autres vivent encore les effets de la sécheresse de 2020. L’avenir semble donc se dessiner dans un ciel incertain.
Felix Nwaishi, professeur au département de la Terre et des sciences de l’environnement du Mount Royal University, explique la vulnérabilité des Prairies par sa position géographique. Située en plein cœur du triangle Palliser, cette région «reçoit les précipitations annuelles moyennes les plus faibles du pays», vulgarise-t-il.
Au début du 20e siècle, des sécheresses ont rendu la pratique agricole hostile dans le centre-sud et le sud-est de l’Alberta. Le début de ce siècle est aussi touché et «des épisodes ont également été enregistrés dans cette région». Monsieur Nwaishi ne doute pas que ces épisodes sont également attribuables aux changements climatiques.
Une autre piste évoquée est la perte des milieux humides : celle-ci doit être considérée avec sérieux. Aujourd’hui, les aménagements urbains et agricoles se font souvent au détriment de ces dernières alors qu’elles limitent les effets négatifs des sécheresses.
«Environ 64% des milieux humides de l’Alberta ont disparu ou se sont dégradés dans les zones habitées de la province», peut-on lire sur le site web de Canards Illimités Canada, un organisme de bienfaisance canadien qui milite pour la protection de l’environnement.
Le professeur en science des écosystèmes fait les mêmes constats. Ces milieux, qui étaient «une composante majeure de la mosaïque du paysage d’avant la colonisation dans les Prairies», doivent être protégés. En effet, il affirme que leur «rétablissement est crucial pour rendre cette région résistante à la sécheresse du 21e siècle».
L’homme de Girouxville observe «des extrêmes météorologiques» depuis quelques années. Il n’est pas le seul. Environnement Canada affirme que le pays se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste du globe. Tandis que certaines parties du Canada jouiront de plus de précipitations, les vagues de chaleur et les sécheresses vont finalement s’intensifier dans les Prairies.
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Mélodie Charest
Ce n’est plus un secret, l’Alberta est la province la plus polluante du pays. La moyenne canadienne des émissions de gaz à effet de serre (GES) du transport est de 5,8 tonnes éqCO2 par personne par année. La moyenne albertaine est de 10,4 tonnes éqCO2.
Selon les prévisions du gouvernement fédéral, le marché mondial de l’hydrogène pourrait atteindre 11 billions de dollars et générer 350 000 emplois au Canada au cours des trois prochaines décennies.
En novembre dernier, Développement économique Canada pour les Prairies (PrairiesCan) et Alberta Innovates octroient une enveloppe de 2,8 millions de dollars à C-FER Technologies pour moderniser une installation d’hydrogène dans la capitale albertaine. En amont de ce financement, le gouvernement Kenney a travaillé sur une feuille de route pour rendre plus accessibles le financement des projets de production d’hydrogène et les partenariats public-privé (PPP).
Pour David Layzell, si l’Alberta a réussi à se tailler une place dans ce marché, c’est qu’elle est «l’un des endroits les moins chers au monde pour fabriquer de l’hydrogène à faible teneur en carbone».
Malgré les annonces réjouissantes et l’engouement pour l’hydrogène, David Layzell reste lucide. L’utilisation de cette source alternative nécessite plusieurs interventions étatiques. En plus de devoir créer de nouveaux systèmes énergétiques pour rendre l’hydrogène davantage accessible comme carburant, il faut rechercher des pôles d’hydrogène, des régions où «l’échelle de l’offre, de la distribution et de la demande [rendent] les coûts bas et où l’investissement public continu n’est pas nécessaire».
Quelle est la couleur de l’hydrogène?
L’hydrogène que produit l’Alberta est bleu. Toutefois, il existe d’autres couleurs. Par exemple, le gaz naturel produit de l’hydrogène gris. Contrairement à l’hydrogène bleu, les émissions de GES de cet hydrogène ne sont pas stockées : neuf kilogrammes de CO2 sont produits par kilogramme d’hydrogène, soit près du double de l’hydrogène bleu. De son côté, l’hydrogène vert est produit grâce aux énergies renouvelables comme l’énergie éolienne ou le soleil. Dans ce cas-ci, aucun GES n’est émis. Dans tous les cas, peu importe la couleur de l’hydrogène, ce gaz n’émet pas de GES lors de sa combustion.
C’est quoi éqCO2?
L’équivalent en dioxyde de carbone est un indice qui compare les impacts environnementaux de l’ensemble des GES sur l’environnement.
Mélodie Charest
L’idée avancée par la Suédoise prend racine dans le concept du développement durable (DD). Ce concept a bien évolué depuis sa naissance. Pour Paule Halley, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de l’environnement, la définition du DD qui fait «largement consensus» est celle du rapport Brundtland de 1987.
«Un développement qui satisfait les besoins de la génération actuelle sans priver les générations futures de la possibilité de satisfaire leurs propres besoins.» Ainsi, la prise en considération des générations futures se présente comme un principe «inhérent à la définition du DD et il en constitue une condition essentielle».
En 2012, le premier symposium du projet L’environnement au tribunal de l’Institut canadien du droit des ressources de l’Université de Calgary (en partenariat avec le gouvernement du Canada et Alberta Law Foundation) est inauguré.
C’est dans ce contexte que Paule Halley, praticienne du droit, publie, avec son collègue Pierre-Olivier DesMarchais, Le développement durable en droit canadien, un texte qui met la lumière sur l’opérationnalisation des principes du DD au Canada.
Selon ce texte, l’État canadien semble faire des efforts depuis une trentaine d’années pour inscrire ces principes dans son appareil juridique. Après avoir créé le poste de commissaire à l’environnement et au développement durable en 1995, le Canada met en œuvre la Loi fédérale sur le développement durable en 2008, ce qui permet de recadrer la stratégie canadienne dans ce domaine.
Cependant, le Canada n’a pas de droits constitutionnels relatifs à l’environnement ou à ce principe, «et ce, en dépit des nombreuses affirmations de la Cour suprême quant à la valeur fondamentale de la protection de l’environnement pour les membres de la société canadienne», précise madame Halley.
Cette lacune ne semble pas alarmer l’avocate pour autant. Bien que le concept soit abstrait, plusieurs provinces (Ontario) et territoires (Territoires du Nord-Ouest) ont ajouté des articles dans leur charte afin de prendre en considération l’équité intergénérationnelle.
De son côté, la loi albertaine Environmental Protection and Enhancement Act affirme reconnaître le principe du développement durable «qui garantit que l’utilisation des ressources et de l’environnement ne compromet pas les perspectives de leur utilisation par les générations futures».
La possible abrogation de la loi de 1976 qui limite les exploitations minières à ciel ouvert sur certains versants des Rocheuses a soulevé, en 2021, des inquiétudes par rapport aux promesses du gouvernement de protéger les intérêts des générations à venir.
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À ce moment, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles avait affirmé que les opportunités économiques d’aujourd’hui et les générations de demain faisaient partie de l’équation des décisions politiques.
Deux ans plus tard, ce dossier soulève encore la poussière. En mars 2022, la ministre de l’Énergie, Sonya Savage, a annoncé l’avortement de tous les projets d’exploration du charbon qui ne sont pas dans un stade avancé en attendant les résultats de l’examen de la gestion des pentes orientales des Rocheuses qui doit s’achever sous peu.
Les consultations publiques qui ont eu lieu au cours des derniers mois ont été assez claires : la modernisation passe d’abord et avant tout par une gestion durables des terres. Il reste à voir ce que le gouvernement de l’Alberta prépare…
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Les territoires de l’Ouest canadien sont davantage vulnérables aux feux de forêt et de prairie. En plus des conditions météorologiques (sécheresses, vent, orages) qui facilitent le déclenchement des feux, un autre facteur explique leur apparition.
Julien Bourque, associé de recherche à l’Institut canadien pour les choix climatiques, explique que «le secteur de la foresterie est plus important dans l’Ouest canadien et les pratiques de suppression des incendies favorisent l’accumulation de ‘’carburant’’ (feuilles, branches) pour le prochain feu de forêt incontrôlé». Mais ce n’est pas tout.
Contrairement à sa voisine à l’ouest, l’Alberta a été épargnée au cours de l’année 2021. Selon le rapport national sur la situation des feux de végétation, la province n’a connu «que de courtes périodes actives». Toutefois, l’an dernier, elle «a vu plus de feux de forêt que la moyenne des cinq dernières années, mais ces feux ont brûlé moins de superficies que la moyenne», affirme Josee St-Onge, agente d’information au ministère de l’Agriculture, des Forêts et du Développement économique rural de l’Alberta.
Par ailleurs, la plupart des quelque 1 342 feux de forêt albertains sont largement attribuables aux activités anthropologiques. Comme le rappelle Josee St-Onge, en 2021, seulement 28% des feux de forêt sont attribués à des phénomènes naturels comme la foudre. Les feux de camp abandonnés sont pointés du doigt. L’an dernier, ils ont causé près de 17% des feux de forêt. Il en va donc de la responsabilisation des citoyens, des visiteurs, mais aussi des propriétaires terriens.
Les propriétaires des forêts canadiennes sont, dans la plupart des cas, les provinces et les territoires. C’est pour cela que, selon M. Bourque, la cohérence politique, pour atténuer la vulnérabilité des populations face à ces phénomènes, doit passer par une «coordination efficace des paliers de gouvernements et des ministères à l’intérieur de ces paliers en lien avec la forêt».
Malgré cet emboîtement politique, «chacun a un rôle à jouer». Pour madame St-Onge, les propriétaires représentent la «première ligne de défense» pour réduire le risque d’ignition. Des gestes simples, comme nettoyer les feuilles automnales autour des habitations, peuvent «interrompre le passage direct du feu aux infrastructures» et rendre, du même coup, les communautés plus résilientes.
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Plusieurs communautés albertaines travaillent «continuellement pour mettre en œuvre les principes du programme [Intelli-feu] et encouragent leurs citoyens à faire de même». Dans la douzaine de communautés albertaines reconnues par Intelli-feu, on retrouve notamment le comté de Lac La Biche et celui de Banff.
«Les feux de forêt font partie des processus naturels des forêts. Tous feux ne sont pas bons à éteindre», lance le scientifique Julien Bourque. Il préconise donc une autre solution : la pratique du brûlage dirigé. Cette pratique est largement utilisée par les communautés autochtones et «permet de diminuer le ‘’carburant’’ disponible et la régénération de la forêt».
Toutefois, malgré toutes ces solutions, les données sur les feux de forêt incontrôlables et «qui considèrent les impacts des changements futurs» manquent cruellement à la littérature scientifique.
À titre d’exemple, M. Bourque cite les inondations qui ont suivi les incendies de l’été dernier en Colombie-Britannique et note que davantage d’informations sur les liens entre les deux phénomènes auraient permis une meilleure préparation de la population. Finalement, l’une des solutions pour faire face à ces catastrophes passe par la vulgarisation et l’éducation des communautés qui vivent avec ces risques afin d’éviter les fatalités.
Un programme albertain pour les feux de forêt qui a fait boule de neige
Le programme Intelli-feu (FireSmart) est apparu il y a plus de trente ans pour «répondre aux inquiétudes grandissantes liées aux feux de forêt dans les zones périurbaines où le développement humain cohabite avec les forêts», explique Josee St-Onge. L’initiative est d’abord lancée par Alberta Forest Service. Aujourd’hui, le programme s’étend à l’échelle nationale. Intelli-feu est «une responsabilité partagée entre tous les niveaux de gouvernement, le secteur privé, les communautés et les propriétaires».
La filière albertaine travaille principalement à augmenter la résilience des communautés par une approche qui mise sur l’éducation, la planification d’urgence, la gestion de la végétation, la législation, le développement, la coopération entre les agences et la formation.
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Contrairement à Cendrillon, l’héroïne de La fumée qui s’échappe du feu des marmites ne tombe pas amoureuse d’un prince, mais d’une perspective : devenir journaliste. Cependant, la présence de la méchante belle-mère n’est pas loin… Muriel Mben, auteure de cette œuvre littéraire, offre une réflexion sur la condition féminine subsaharienne.
Le titre du roman fait référence à cet avenir qui peut s’échapper des mains de la personne qui l’envisage. C’est loin d’être le cas de Muriel Mben! L’histoire d’Ananga, une jeune femme destinée à la vie de ménagère malgré elle, a été inspirée d’un fait vécu. «J’ai été témoin de la maltraitance d’une jeune fille quand j’étais au Cameroun. Ça m’a marqué. J’ai poussé la réflexion pour essayer de comprendre», affirme celle qui écrit toujours en fonction de son vécu.
Cette réflexion se matérialise cette année avec la publication de La fumée qui s’échappe du feu des marmites. En plus d’aborder la maltraitance, Muriel explore la scolarisation des femmes et les mariages précoces chez les jeunes filles dans son Cameroun natal.
Des thématiques gravitant autour de l’émancipation qui habitent l’auteure depuis bien longtemps.
Pour Muriel, il n’y a pas un type de féminisme, mais plusieurs. C’est sa réalité en tant que femme qui l’a amenée à se pencher sur les conditions de femmes. Cependant, ce sont ses nombreux déménagements qui lui permettent de faire l’expérience de la réalité plurielle du féminisme.
Face au féminisme des femmes blanches en Occident, Muriel nous partage le féminisme africain et le Black Feminism. Ces mouvements ont émergé de femmes issues des minorités, qui se sentaient mal représentées dans la lutte féministe menée par les femmes blanches.
L’auteure ne désire pas hiérarchiser ces différents mouvements, au contraire. «Le patriarcat existe aussi bien ici, qu’au Cameroun. C’est une réalité, mais les enjeux des femmes au Cameroun sont différents de ceux des femmes d’ici.» L’auteure cite en exemple les soins de santé ou la possibilité de travailler.
Pour revenir à la maltraitance de cette jeune Camerounaise, ceci a profondément marqué Muriel. Depuis, elle garde les yeux ouverts, car elle sait que ce type de maltraitance existe également en Occident. Elle mentionne, sans hésitation, les articles de presse et les bulletins télévisés qui rapportent des féminicides au Canada ou bien la banalisation de la violence faite aux femmes dans les réseaux sociaux. «Le combat général est là, mais les thématiques sont différentes selon la géographie.»
D’ailleurs, Chimamanda Ngozi Adichie, l’auteure de l’œuvre We Should Be All Feminist, est pour Muriel une grande source d’inspiration. Il semble que ce message d’ouverture et de dialogue que porte dans ce roman Chimamanda Ngozi Adichie est partagé par les deux femmes de lettres.
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L’objectif premier de Muriel, avec cette troisième œuvre littéraire, était d’utiliser cette tribune pour «dénoncer» les conditions difficiles des femmes au Cameroun, mais également pour partager ses connaissances sur la littérature africaine. Muriel aime aussi divulguer les codes du postcolonialisme dans ses écrits.
À travers ses études en anthropologie et en littérature, Muriel a été frappée par la méconnaissance de ses pairs du monde littéraire africain. C’est lors d’un séjour en Allemagne, pour ses études universitaires, qu’elle a décidé de mettre au point des ateliers et des cours d’écriture pour faire découvrir les auteurs africains au plus grand nombre.
Cette ancienne Albertaine, aujourd’hui installée à Hawkesbury, en Ontario, a bien l’intention de continuer ce projet qui a une résonance particulière dans un pays comme le Canada. «La société canadienne s’illustre par sa diversité. Je pense qu’il est important de faire découvrir cette littérature. Ça permet de mieux connaître l’autre, découvrir ce qui se passe chez lui, sa manière de penser et son monde.»
Avant de s’envoler pour l’Est ontarien, Muriel était responsable du répertoire ACCENT coordonné par l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA). Celui-ci énumère les activités et ressources récréatives, culturelles et éducatives offertes en français aux communautés scolaires en Alberta.
En s’installant au Canada, l’auteure avait une vague idée de ce qu’était la francophonie canadienne et de ses difficultés en milieu minoritaire, «mais je n’en avais pas conscience jusqu’à mon arrivée à l’ACFA».
En plus d’évoluer dans l’association provinciale, c’est la littérature qui lui a permis de prendre le pouls de sa communauté d’accueil. «En lisant les journaux, j’ai appris que c’était un combat vraiment important. En tant que femme noire, je sais qu’on doit se battre pour ses droits et je pense que c’est en travaillant à l’ACFA que j’ai réalisé l’importance de la lutte des francophones.»
Peut-on raconter l’histoire d’un homme et d’une collectivité en même temps? À en croire les dires et – surtout – les mots de Guy Armel Bayegnak, c’est possible! Dans Poids plume, poids d’or, l’auteur d’Edmonton offre un voyage dans la communauté franco-albertaine plurielle à travers les yeux d’un immigrant africain.
Sous une trame de campagne électorale, le roman invite à suivre Sebouka, un immigrant franco-africain, et les difficultés de sa vie au quotidien. L’arrivée imminente de son premier nouveau-né dans le foyer, la nécessité d’une promotion professionnelle, mais également un manque d’espace politique que lui réserve sa communauté d’accueil en tant qu’immigrant, Sekouba n’a pas les conditions pour avoir un esprit candide!
En prenant le point de vue de l’immigrant franco-africain, souvent relégué au second plan selon l’auteur, Poids plume, poids d’or explique les angles morts d’une communauté francophone minoritaire marquée par la diversité culturelle et ethnique.
Bien qu’il s’agisse d’une fiction, l’œuvre peut être lue à plusieurs niveaux, notamment celui de la réflexion sociétale. C’est un objectif que Guy avait en tête tandis que ses doigts frappaient le clavier de son ordinateur. «Qui suis-je? Et au-delà de ce “qui je suis?”, en tant qu’individu, qui suis-je dans ma communauté? Qu’est-ce qui fait de moi un membre de ma communauté?»
Géologue de formation, il semble que cette fibre scientifique l’amène à étudier attentivement le monde dans lequel il évolue. Après 18 ans dans la capitale albertaine, il décide de matérialiser ce qu’il observe dans sa communauté : des malaises persistants.
L’auteur, né au Cameroun, apporte une nuance entre une communauté francophone, constituée de personnes qui partagent la langue de Molière, qu’elle soit leur langue maternelle ou seconde, et une communauté francophone plurielle.
Dans son œuvre, il déconstruit l’apparence d’une communauté francophone homogène perçue par les observateurs extérieurs à la communauté. Formée de Québécois, de Franco-Albertains, d’immigrants africains et européens, la communauté est plurielle et hétérogène. Les membres «forment des agrégats qui partagent une langue commune, qui partagent peut-être aussi une vision commune, mais qui, à la fin, ne se comprennent pas et qui ne se fréquentent pas assez. Il y a donc des incompréhensions».
Ces incompréhensions sont au cœur de son roman, mais également d’évènements marquants de la communauté franco-albertaine de ces dernières années. Parmi les exemples que Guy cite, il note la manifestation organisée par l’Association des Parents Noirs de l’Alberta (APNA) en juillet 2020. L’APNA dénonçait toutes les formes de discrimination dans les écoles du Conseil scolaire Centre-Nord, mais également une sous-représentation des enseignant.e.s noir.e.s.
«Est-ce que je les [les incompréhensions] ai vécues directement? Pas toujours, mais indirectement», mentionne l’auteur. Plus tard dans l’entrevue, il affirme que ce n’est pas parce qu’il n’est pas touché personnellement en tant qu’individu qu’il n’est pas concerné. Ces incompréhensions le touchent et l’interpellent en tant que membre de sa communauté.
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Guy Armel Bayegnak s’ouvre sur l’expérience migratoire qu’il a vécue dans «un environnement linguistique minoritaire». «Quand on arrive dans un environnement minoritaire, on a toujours cet instinct, cette tendance à rechercher celui qui comprend notre réalité, celui qui comprend notre vécu et tout simplement partager.»
Pour l’auteur, la parole revêt un atout quasi magique. Il s’agit d’une «force de communication». Cependant, il déplore le fait que cette force n’est pas maximisée pour créer des ponts entre les différents agrégats de la communauté.
En effet, il constate que certains perçoivent l’immigrant comme celui qui «veut retirer quelque chose à ce qui existe déjà, alors que le nouvel arrivant […] a l’impression de pouvoir y apporter quelque chose».
C’est d’ailleurs pourquoi, en plus de proposer un questionnement à ses lecteurs, il les invite à poser un geste : se rencontrer les uns les autres afin que les gens puissent se fréquenter, se parler et apprendre le point de vue d’autrui.
«C’est également un roman d’espoir. Au-delà de l’invitation et du questionnement, il y a de l’espoir. Les questions sont posées, on n’y apporte pas de réponses, mais il y a l’espoir que ces ponts seront construits, que ces passerelles seront parcourues dans les deux sens pour se rencontrer, se parler et arrêter de se mettre la tête dans le sable.»
Le livre de Guy Armel Bayegnak est disponible dans les librairies francophones.
La 26e Conférence des Parties (COP26) s’est ouverte le 31 octobre dernier à Glasgow en Écosse. Les enjeux abordés sont aussi inquiétants que la présence d’une bête chimérique dans un lac. Contrairement au monstre du Loch Ness, les changements climatiques sont bien réels. L’Alberta peut-elle jouer un rôle dans cette lutte ?
IJL – Franco.presse – Le Franco
En raison de la pandémie, la COP26 revient après six ans d’absence, et non cinq, pour une durée de deux semaines. Près de 200 pays sont réunis. Leurs représentants discutent de l’atteinte (ou non…) des objectifs de la COP21 de Paris 2015. Il y est notamment question de la réduction des gaz effet de serre (GES).
Le réchauffement climatique s’accélère deux fois plus rapidement au Canada qu’ailleurs dans le monde. L’Alberta est aussi la deuxième province la plus polluante de la fédération. Selon Alaz Munzur, associée de recherche de la Energy and Environmental Policy Research Division de l’Université de Calgary, la province émet «environ 40% des émissions totales du pays, la plupart provenant du pétrole et du gaz».
Que peut faire la province de la rose sauvage dans cette lutte aux changements climatiques?
Pour Sara Hastings-Simon professeure au département de physique et d’astronomie de l’Université de Calgary, la transition énergétique, c’est «le changement nécessaire pour faire face au changement climatique, en particulier d’un système énergétique fossile à un système zéro carbone».
Est-ce envisageable en Alberta? La province était, jusqu’en 2017, fortement dépendante du charbon pour sa production électrique. À en croire celle qui siège également au comité d’experts de l’Institut canadien pour des choix climatiques, l’industrie pétrolière et gazière peut toujours continuer d’opérer en Alberta tout en s’inscrivant dans la logique de la transition énergétique.
La géothermie peut être une source énergétique complémentaire au secteur pétrolier et gazier de la province. Cette énergie renouvelable «peut réduire les émissions de la production pétrolière et, potentiellement, réduire les coûts (par exemple lorsque les prix du gaz naturel étaient élevés). Les deux ne sont pas nécessairement directement liées, mais la géothermie peut être utilisée pour décarboner le système électrique séparément de la production de pétrole et de gaz», vulgarise la directrice du programme de maîtrise ès sciences en développement énergétique durable (SEDV) de l’Université de Calgary.
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Le message qu’envoient les Conférences des Parties est clair : la lutte contre les changements climatiques passe par la coopération et les politiques. Au Canada, les compétences provinciales et fédérales en matière d’énergie et d’environnement s’emboîtent.
Comme l’illustre Mme Hastings-Simon, «la réglementation du réseau électrique est une responsabilité provinciale, mais le gouvernement fédéral peut imposer des contraintes telles que l’élimination progressive du charbon qui ont également un impact sur le secteur».
En 2018, la Cour suprême du Canada a tranché la question : la Loi de la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre est ajoutée à la Constitution. Les provinces doivent la respecter.
D’après Alaz Munzur, la COP26 devrait engendrer «un intérêt accru pour les tarifs carbone, dans des pays aux objectifs ambitieux comme le Canada». Depuis cinq ans, Ottawa détermine des exigences en matière de tarification du carbone, mais c’est tout de même aux provinces de déterminer leur propre système. En 2016, l’Alberta «était une chef de file dans ce domaine». Une tarification du carbone et un plafond de pollution pour l’industrie des sables bitumineux étaient déjà en place depuis 2015.
Arrivé au pouvoir en 2019, le Parti conservateur uni (UCP) ne tarde pas à éliminer le mécanisme provincial de tarification du carbone. Le plafond de pollution est maintenu, mais l’industrie ne semble pas devoir le respecter. Pour cette associée de recherche, la province «s’inquiète de l’impact négatif potentiel des cibles fédérales sur le bien-être et les industries confrontées à des pressions concurrentielles résultant de la tarification du carbone comparativement plus élevé».
Malgré ses inquiétudes, la province doit respecter les lois fédérales. La réponse du parti UCP? Injecter 176 millions de dollars dans le programme Technology Innovation and Emission Reduction Régulation (TIER) qui a permis d’appuyer financièrement 16 projets d’innovation technologique et de réduction des GES.
«Le développement en technologie et la tarification du carbone sont au cœur de ce débat [celui du développement économique et de la protection de l’environnement]. Se concentrer sur l’un sans l’autre ralentit les efforts climatiques du Canada», affirme Mme Munzur.
Quelques heures après le début de la COP26, Jason Kenney affirmait être prêt à rendre le plafond d’émission de GES de l’Alberta plus restrictif… à condition que le gouvernement fédéral prenne en charge les coûts.