le Vendredi 19 avril 2024

Plusieurs événements sont venus assombrir l’année 2022 e en ce qui concerne les droits des femmes dans le monde, tels que la mort de Mahsa Amini en Iran, l’exclusion des femmes afghanes de la sphère publique par les talibans en Afghanistan et l’annulation de l’arrêt Roe c. Wade aux États-Unis, qui garantissait aux Américaines le droit d’interrompre leur grossesse.

Au Canada, alors que le mouvement #MoiAussi fêtait son cinquième anniversaire, les violences fondées sur le genre n’ont pas diminué. Elles ont même continué d’augmenter dans plusieurs provinces, comme au Nouveau-Brunswick, qui a constaté une hausse de 39% du nombre d’actes de violence conjugale entre 2009 et 2021.

Ajoutons à cela une multiplication des catastrophes liées au réchauffement climatique, une inflation galopante, une crise du logement sans précédent, autant de phénomènes qui touchent plus durement les populations vulnérables, parmi lesquelles les femmes sont surreprésentées, et nous voilà face à un bien sombre tableau. Disons-le tout net : 2022 n’a pas été n’a pas été un bon millésime pour l’égalité des genres.

De brillantes nouvelles

Mais vous connaissez le dicton : c’est dans les nuits les plus noires que brillent le mieux les étoiles. La révolte des Iranien.nes, tout comme celle des millions de personnes dans le monde qui se soulèvent pour leurs droits et leurs libertés, nous prouvent qu’il reste des voix pour s’indigner, pour dénoncer, pour défendre un projet de société plus féministe.

Partout, des femmes réussissent à percer dans des domaines qui étaient jusqu’à présent réservés aux hommes. Notons par exemple l’attribution du prix Nobel de littérature à l’écrivaine militante féministe française Annie Ernaux, qui est devenue ainsi la 17e femme à recevoir ce prix en 121 ans.

Partout, des femmes réussissent à percer dans des domaines qui étaient jusqu’à présent réservés aux hommes.

Citons également Kateri Champagne Jourdain, première femme autochtone élue à l’Assemblée nationale du Québec, et chez nos voisins américains, Ketanji Brown Jackson, première femme noire nommée à la Cour suprême.

Au rayon des bonnes nouvelles, nous avons pu observer quelques avancées pour les droits des personnes LGBTQIA2S+. Par exemple, l’entrée en vigueur de la loi pour interdire les thérapies de conversion au Canada, c’est-à-dire l’interdiction de toute pratique visant à modifier l’orientation sexuelle d’une personne pour la rendre hétérosexuelle, ou à modifier l’identité de genre d’une personne pour la rendre cisgenre.

Au rayon des bonnes nouvelles, nous avons pu observer quelques avancées pour les droits des personnes LGBTQIA2S+.

Une petite sirène noire

Autre bonne nouvelle de 2022 : selon les résultats d’un sondage Environics, plus d’une Canadienne sur deux se considère aujourd’hui féministe, alors qu’on n’en comptait qu’une sur trois il y a vingt ans. Et plus de 90 % de la population estime qu’il faudrait en faire davantage pour promouvoir l’égalité entre les genres!

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De belles occasions de se réjouir du côté du cinéma pour enfants également, avec l’annonce d’une Ariel noire dans la nouvelle version de La Petite Sirène, ainsi que la sortie de Alerte rouge (Red), un film d’animation brisant le tabou autour des menstruations.

Sur le même sujet, depuis cet été, il est possible pour toutes les femmes en Écosse de recevoir gratuitement des protections hygiéniques grâce à l’entrée en vigueur d’une loi visant à combattre la précarité menstruelle – une première dans le monde!

Gazouillis et cylindrées

Enfin, difficile de passer sous silence probablement l’un des plus grands tweets de l’Histoire: celui de la militante pour le climat Greta Thunberg à l’ancien kickboxeur misogyne Andrew Tate.

En réponse à celui-ci qui l’apostrophe en se vantant d’émettre beaucoup de gaz à effet de serre avec sa collection de grosses cylindrées, la jeune activiste publie un message pas piqué des hannetons faisant référence à la taille réduite de certains de ses attributs masculins.

Tweet Greta Thunberg - Capture d'écran

Tweet Greta Thunberg – Capture d’écran

Blessé dans son orgueil, Andrew Tate riposte et lui envoie une vidéo dans laquelle il tente de réaffirmer sa masculinité. Peu de temps après, lui et son frère sont arrêtés par les autorités roumaines dans le cadre d’allégations de trafic sexuel.

La légende raconte que c’est un carton de pizza aperçu dans la vidéo qui aurait permis à la police de confirmer leur emplacement. Cela s’appelle une victoire féministe par KO, n’est-ce pas? En tous les cas, moi, ça m’a donné le sourire et beaucoup d’espoir pour 2023.

Julie Gillet est directrice du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick. Ses chroniques dans Francopresse reflètent son opinion personnelle et non celle de son employeur.

Avec des informations des journalistes des journaux membres de Réseau.Presse

Si vous trouvez que votre facture d’épicerie atteint de nouveaux sommets depuis plusieurs mois, sachez que vous n’avez pas la berlue. Statistique Canada rapporte qu’en 2022 le prix des aliments a connu la plus forte augmentation depuis 1981, soit 9,8%. Et les experts prédisent que la tendance ne se renversera sans doute pas en 2023.

Pâté chinois. Crédit : Camille Langlade

Pâté chinois. Crédit : Camille Langlade

Armée de cette information, l’équipe de Francopresse a voulu savoir combien il en coûte pour acheter les aliments de base nécessaires à la préparation d’un pâté chinois de quatre portions.

Le pâté chinois est un plat traditionnel de la cuisine canadienne-française, mais il a pourtant des origines qui soulèvent encore des questions (et les passions).

Serait-il né des travailleurs chinois qui ont construit le chemin de fer canadien, d’un pâté semblable à l’échine de porc ou encore du China Pie servi dans la ville de South China dans le Maine où avaient émigré de nombreux Canadiens français?

Les théories sont légion et n’enlèvent rien à la popularité de ce plat qui fait partie des traditions culinaires de plusieurs générations du Canada français.

Pour déterminer avec objectivité le coût d’un pâté chinois maison, l’équipe de Francopresse a choisi de mener son exercice à partir de la recette qui se trouve dans La Nouvelle Encyclopédie de la cuisine de Jehane Benoît, édition de 1978. Cette recette a servi à dresser la liste des ingrédients retenus pour effectuer les comparaisons de prix.

Tabler sur le meilleur rapport quantité-prix

Tous les calculs sont effectués sur la base d’un pâté chinois pour quatre personnes. Dans une volonté d’obtenir le meilleur rapport quantité-prix, nous avons opté pour des aliments dans des emballages de taille standard plutôt qu’à l’unité.

Selon cette logique, nous avons choisi le sac de pommes de terre de 5lb (qui s’est trouvé à être le plus souvent de type Russet) et le sac d’ognons* de 2 ou 3lb, afin de profiter des coûts à l’unité les plus avantageux.

Carte des prix moyens. Montage Francopresse

Carte des prix moyens. Montage Francopresse

Nous avons aussi ciblé le bœuf haché mi-maigre en raison de son prix généralement inférieur. Cependant, selon l’offre en magasin, nous avons dû parfois nous replier sur le bœuf haché maigre, dont le prix est légèrement plus élevé.

Enfin, à notre panier d’épicerie s’ajoutent du maïs en crème de marque Géant vert, Delmonte ou maison, selon ce qui était le moins cher, et du ketchup de marque French’s ou Heinz (750ml ou 1L ; nous nous en sommes tenus à ces deux marques par souci d’uniformité).

Une semaine test

L’analyse du prix de ces produits a eu lieu entre le jeudi 12 janvier et le mercredi 18 janvier 2023, dans 20 commerces appartenant à 8 enseignes dans les 10 provinces et les 3 territoires, l’objectif étant de pouvoir comparer le coût de confection d’un pâté chinois dans toutes les régions du Canada.

Les données ont été recueillies à partir du site Web de ces commerces ou directement en magasin. Pour chaque région, les prix ont été relevés dans au moins deux enseignes différentes, sauf aux Territoires du Nord-Ouest, où il a été possible d’obtenir des prix dans seulement une seule épicerie.

Chaque fois, nous avons choisi les produits les moins chers dans leur catégorie, en tenant compte des options offertes en magasin et des soldes du moment.

À noter que pendant cette semaine test, les Compagnies Loblaw avaient gelé le prix des produits de la marque Sans Nom. Gel qui a pris fin le 31 janvier 2023.

À qui revient la facture la moins salée?

Résultats des courses: le Québec ressort comme la province la moins chère, avec un prix moyen de 19,09$ pour notre pâté chinois, suivi d’assez près par Terre-Neuve-et-Labrador (20,26$), le Nouveau-Brunswick (20,69$) et l’Ontario (20,84$).

«Il y a quand même une richesse agricole au Québec. On produit de tout. […] Dans le centre du Canada, il y a de l’abondance, il y a du choix, donc je ne suis pas tellement surpris», commente Sylvain Charlebois, directeur scientifique du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire à l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse.

La différence entre les régions pour la facture la moins élevée se joue notamment sur le prix des ognons. Une mention spéciale revient néanmoins à l’Île-du-Prince-Édouard, où il est possible de trouver un sac de pommes de terre de 10lb pour la modique somme de… 3,96$, par rapport à une moyenne de 5,76$ dans l’ensemble du pays.

De manière générale, il y a une démarcation entre l’Ouest et l’Est du Canada. «La majorité de ces produits-là ne sont pas importés […] Les distances font en sorte que certains marchés sont pénalisés et doivent payer plus cher», observe Sylvain Charlebois.

Quand nos aliments ont voyagé plus que nous

«On a vraiment une concentration dans l’industrie dans le secteur des épiceries, et on sait qu’il y a souvent des enjeux de redondance de voyage des aliments», note Sarah Berger Richardson, professeure adjointe à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa.

Elle explique qu’il va y «avoir des centres de distribution, et ensuite des aliments envoyés et renvoyés à des épiceries. Plus on est dans des endroits en périphérie, plus on va parfois avoir des prix plus élevés.»

La distance et le transport peuvent en effet peser dans la balance, «surtout quand l’essence est plus chère», renchérit Sylvain Charlebois.

Pourtant, il serait logique de croire qu’en Alberta, où se concentre une grande partie des élevages bovins au pays, le bœuf serait moins cher. Or, il n’en est rien. «Ce n’est pas parce qu’on a un produit local que c’est cela qu’on mange», clarifie Sarah Berger Richardson.

L’experte prend l’exemple de la viande et des fermes d’élevage. «Il y a très peu d’abattoirs […] pour l’abattage et la transformation. Ce qui arrive, c’est que les animaux vont faire des longues distances pour se retrouver dans un abattoir dans une autre province.»

«L’abattoir va mélanger beaucoup de choses ensemble. Donc la viande hachée, on ne sait plus si c’est de la viande qui vient de vaches du Manitoba ou du Québec ou d’ailleurs», poursuit-elle. Cette viande est ensuite envoyée dans un centre de distribution, avant d’arriver à l’épicerie.

Sarah Berger Richardson soulève la question du rôle que peut jouer la concentration dans l’industrie sur l’écart des prix. «On a vraiment une absence de concurrence pour les semences, pour les engrais, pour l’abattage, pour le secteur de l’épicerie. Dans tous ces secteurs, on parle de trois, quatre acteurs.»

Et la professeure de conclure: «Ce n’est pas surprenant qu’on se retrouve avec des prix qui augmentent, en plus avec les pressions objectives comme la réalité actuelle: COVID, climat, guerre en Ukraine, etc.»

Le cas unique du Nunavut

À l’extrémité la moins avantageuse de l’échelle des prix du pâté chinois se trouve le Nunavut, où ce plat coûte en moyenne 37,98$ à préparer. «C’est un écosystème qui est très vulnérable, qui est très loin des centres», précise Sylvain Charlebois.

Pour les produits non périssables, les résidents du territoire ont aussi recours à d’autres moyens afin de s’approvisionner à moindres coûts, notamment via la plateforme Amazon. Ils ont également la possibilité de se les faire livrer par transport maritime grâce au service sealifts.

*Ognon: Épellation conforme à l’orthographe rectifiée que Francopresse applique.

Depuis le 18 janvier, les familles avec enfant(s) et les ainés albertains dont le revenu annuel est inférieur à 180 000$ peuvent solliciter 100$ par mois pendant six mois. Un dispositif cumulatif qui permettra notamment aux parents de recevoir une prestation par personne mineure.

«Il s’agit d’un montant cohérent, plutôt bien calibré et efficace pour contrer la pression inflationniste à laquelle ces foyers font face», salue Trevor Tombe, professeur d’économie à l’Université de Calgary. En 2022, les prix ont augmenté de 6,4% dans la province par rapport à l’année précédente.

«Il s’agit d’un montant cohérent, plutôt bien calibré et efficace pour contrer la pression inflationniste à laquelle ces foyers font face.» Trevor Tombe

Demande constante malgré la hausse des prix

Cet argent aidera les Albertains à faire notamment leur épicerie et leur plein d’essence, mais Trevor Tombe estime également que les ménages pourraient l’utiliser pour rembourser leurs dettes. «Plusieurs études ont montré une augmentation récente du taux d’endettement des ménages, les 600 $ pourraient servir à payer des factures impayées», avance l’économiste.

Trevor Tombe, professeur d’économie à l’Université de Calgary. Crédit : Courtoisie

Trevor Tombe, professeur d’économie à l’Université de Calgary. Crédit : Courtoisie

Le dispositif ciblé laisse néanmoins sur le bord de la route certaines catégories de personnes. Aux yeux de Trevor Tombe, les grands oubliés sont avant tout les foyers à faible revenu sans enfant.

«Ce n’est pas parce qu’on est jeune et sans enfant que l’on n’est pas touché par l’inflation, insiste-t-il. Aujourd’hui, tous les ménages modestes, quelle que soit leur composition familiale, consacrent une large part de leur budget aux produits alimentaires et à l’essence dont le coût explose.»

«Ce n’est pas parce qu’on est jeune et sans enfant que l’on n’est pas touché par l’inflation.» Trevor Tombe

Les chiffres montrent que la demande pour les produits alimentaires de base et l’essence change relativement peu par rapport aux prix. Autrement dit, ce n’est pas parce que les prix montent que la demande diminue.

Trevor Tombe plaide en faveur d’une aide anti-inflation ouverte à tous, sur le modèle de la Saskatchewan voisine : «Le gouvernement avait la marge de manœuvre budgétaire qui lui aurait permis d’être plus généreux.»

L’universitaire rappelle à cet égard que la province s’attend à des surplus financiers de 13 milliards, notamment en raison de la hausse sans précédent des prix du baril de pétrole.

Portail uniquement en anglais pour toucher l’aide

Si l’aide est effective sur papier, les individus admissibles sont encore loin d’avoir l’argent dans leur compte en banque. Le gouvernement a fait le choix de créer son propre portail et de ne pas passer par l’Agence du revenu du Canada. Les demandeurs doivent au préalable créer un compte sur MyAlberta, accessible uniquement en anglais.

Ensuite, les autorités leur envoient par la poste une lettre comprenant un code de vérification qu’ils doivent fournir en ligne. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’ils peuvent formellement remplir une demande pour recevoir les prestations.

«S’il y a des ratés dans le fonctionnement du portail et le versement de l’aide, ça va renforcer l’idée que Danielle Smith est incompétente. Sa capacité à gouverner va être encore plus remise en doute, surtout à quelques mois des élections», observe Frédéric Boily.

«S’il y a des ratés dans le fonctionnement du portail et le versement de l’aide, ça va renforcer l’idée que Danielle Smith est incompétente.» Frédéric Boily

D’ici là, le gouvernement provincial doit présenter son nouveau budget. «Danielle Smith pourrait annoncer de nouvelles mesures anti-inflation, croit Trevor Tombe. Je ne serai pas surpris qu’elle décide de commencer par les ainés et les familles avec enfant, avant d’élargir la liste des bénéficiaires.»

Une mesure électoraliste

À l’approche du scrutin provincial en mai prochain, «il y a une dimension électoraliste pour le Parti conservateur uni au pouvoir», analyse Frédéric Boily, professeur de sciences politiques au Campus Saint-Jean à Edmonton. «Ils veulent satisfaire une partie de leur électorat», poursuit le politologue.

«Il y a une dimension électoraliste pour le Parti conservateur uni au pouvoir.» Frédéric Boily

Trevor Tombe s’interroge en outre sur la priorité donnée aux ainés, qui «reçoivent déjà des prestations fédérales indexées à l’inflation. […] À revenu égal, la pression inflationniste est plus forte sur les jeunes que sur les séniors», précise l’expert.

Depuis l’automne dernier, juguler les conséquences économiques et sociales de la flambée des prix est devenu l’une des priorités de la première ministre Danielle Smith. En novembre, elle avait annoncé une enveloppe de 2,4 milliards afin de financer un ensemble de mesures anti-inflationnistes, qui a été bonifiée à 2,8 milliards en janvier.

Frédéric Boily est professeur de sciences politiques au Campus Saint-Jean à Edmonton. Crédit : Courtoisie

Frédéric Boily est professeur de sciences politiques au Campus Saint-Jean à Edmonton. Crédit : Courtoisie

«Elle veut faire oublier tout ce qui se passe, en particulier l’affaire des courriels envoyés aux procureurs de la Couronne», considère Frédéric Boily. Le bureau de la première ministre aurait envoyé des courriels au Service des procureurs de la Couronne de l’Alberta, remettant en cause les décisions des magistrats sur des cas de poursuites liées au barrage routier de Coutts. Ce barrage avait été érigé à la frontière entre le Canada et les États-Unis pour protester contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19.

Les familles d’accueil, les bénéficiaires de l’aide sociale, de l’allocation pour personnes lourdement handicapées, de l’allocation pour personnes ayant un trouble de développement ou encore de la prestation albertaine pour ainés n’ont pas besoin de faire la demande et recevront automatiquement le premier paiement.

Sur le tarmac, le bilinguisme fait encore défaut. Se faire servir dans la langue officielle de son choix dans un aéroport fédéral est un droit; mais un droit encore loin d’être acquis, comme le montrent les rapports du Commissariat aux langues officielles (CLO).

«Année après année, je reçois des plaintes qui visent autant les institutions fédérales que les entreprises privées assujetties à la Loi [sur les langues officielles (LLO)]. Un grand nombre de ces plaintes proviennent du public voyageur servi par des institutions comme les autorités aéroportuaires, l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien ou encore la société aérienne Air Canada», déclare le commissaire dans son rapport annuel 2021-2022.

«Un grand nombre de ces plaintes proviennent du public voyageur servi par des institutions comme les autorités aéroportuaires.» Raymond Théberge

Un problème récurrent

À chaque fois, le constat est le même : selon les plaignants, les communications ou les services assurés par les administrations n’ont pas été fournis dans les deux langues. Des manquements observés sur place, à l’aéroport, mais aussi (et surtout) sur sa toile.

Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge fait état d’un problème récurrent. Crédit : Courtoisie

Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge fait état d’un problème récurrent. Crédit : Courtoisie

Un grand nombre de plaintes vise les communications destinées au public sur les plateformes numériques des aéroports, que ce soit sur leurs sites internet ou via leurs réseaux sociaux.

«J’ai l’impression que chaque aéroport a des explications différentes. Mais très souvent, c’est une question de ressources, de personnel bilingue. D’autre part, ça dépend de l’interprétation qu’ils font du public voyageur», note le commissaire aux langues officielles.

«J’ai l’impression que chaque aéroport a des explications différentes. Mais très souvent, c’est une question de ressources.» Raymond Théberge

Des attentes trop élevées?

Côté ressources humaines, les autorités aéroportuaires disent avoir des difficultés à recruter des employés bilingues, surtout dans les régions où il n’y a pas beaucoup de francophones.

Rémi Léger est professeur agrégé de sciences politiques à l’Université Simon Fraser en Colombie-Britannique. Crédit : Courtoisie

Rémi Léger est professeur agrégé de sciences politiques à l’Université Simon Fraser en Colombie-Britannique. Crédit : Courtoisie

«Étant donné le nombre de francophones dans certaines villes du pays, sans parler du nombre de francophones intéressés par une carrière dans les services de sécurité des aéroports, on peut se demander si les attentes fixées pour certains aéroports sont les bonnes, sont réalistes», souligne Rémi Léger, professeur agrégé de sciences politiques à l’Université Simon Fraser en Colombie-Britannique.

«On a mis les attentes très élevées en matière de langues officielles et ça fait 50 ans qu’on échoue à les réaliser. […] Cela ne suffit pas de fixer des attentes, il faut aussi penser aux moyens pour les réaliser.» Selon l’universitaire, il y a souvent de grands débats autour des objectifs, mais moins de passion quand il s’agit d’évoquer les budgets et les outils à mettre en place pour les atteindre.

«On a mis les attentes très élevées en matière de langues officielles et ça fait 50 ans qu’on échoue à les réaliser.» Rémi Léger

«Il faut être un peu plus pragmatique, étapiste, ajoute-t-il. Par exemple en fixant un nombre de membres du personnel bilingue atteignable pour dans deux ans, puis augmenter peu à peu ce nombre sur une échéance de cinq ans, puis dix ans, etc.»

Accélérer le processus de traitement des plaintes

Rémi Léger revient en outre sur la nécessité d’accélérer le processus de plainte. «Le commissaire aux langues officielles n’a pas la capacité de traiter des plaintes dans des délais raisonnables. J’ai l’impression que cela a pour résultat que l’on perd espoir. On dépose une plainte et on connait l’issue 18 mois plus tard. On se perd un peu dans la machine administrative. Ce n’est pas un système qui est fait pour appuyer le citoyen ou la citoyenne qui a des droits et qui considère que ces droits ont été lésés.»

«On dépose une plainte et on connait l’issue 18 mois plus tard.» Rémi Léger

Néanmoins, le projet de loi C-13, qui doit moderniser la Loi sur les langues officielles, pourrait changer la donne. C’est du moins ce qu’espère Raymond Théberge : «Je souhaite que la nouvelle approche nous permette d’aller plus vite et d’assurer, en bout de ligne, une meilleure conformité.»

En attendant la loi

Aujourd’hui, lorsqu’une plainte est jugée recevable dans le cadre d’une enquête, le commissaire émet des recommandations, mais celles-ci ne sont pas contraignantes. «Ceci est toutefois appelé à changer avec le projet de loi C-13», rappelle le commissaire aux langues officielles.

D’après la mouture actuelle du texte, le commissaire aura la possibilité de conclure des accords de conformité et d’émettre, dans certains cas, des ordonnances et des sanctions administratives pécuniaires dans le domaine des transports.

Reste à savoir quand le projet de loi sera adopté et quand il sera mis en place. «C-13, en tant que projet de loi, ne va pas à lui seul changer la situation dans les aéroports, tempère Rémi Léger. Mais C-13 se veut un morceau de quelque chose de plus large et englobant, censé s’accompagner de règlements, de politiques administratives […] Cela fait 4 ans qu’on cherche à faire adopter C-13. Cela va prendre combien de temps pour développer les règlements et quand vont-ils se développer?». Le décollage n’est pas pour tout de suite.

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Un paradoxe frappe les jeunes canadiens : alors qu’ils sont de plus en plus inquiets des changements climatiques, l’éducation à l’environnement reste négligée dans les écoles partout au pays.

«Le temps consacré à l’enseignement des questions environnementales est insuffisant, s’inquiète Yoan Bourgoin, biologiste de formation. Les curriculums ne permettent pas de comprendre qu’un ensemble de crises est en train de converger, d’en saisir la gravité et les conséquences pour nos sociétés.»

«Le temps consacré à l’enseignement des questions environnementales est insuffisant.» Yoan Bourgoin

Le militant écologiste, situé au Nouveau-Brunswick, estime qu’un apprentissage «approfondi et régulier» depuis le plus jeune âge est essentiel pour être «armé face à la désinformation ou aux climatosceptiques».

«Les références aux changements climatiques sont encore trop rares et superficielles dans les politiques d’éducation», estime Seth Wynes, doctorant au Département de géographie, de planification et d’environnement de l’Université Condordia à Montréal et coauteur d’une étude comparative pancanadienne en anglais sur les programmes officiels de science au secondaire ainsi que sur les manuels utilisés en cours.

Rien sur les changements climatiques en Alberta

Les programmes scolaires de la maternelle à la 12e année illustrent bien la difficulté de l’école à enseigner les dérèglements climatiques ou l’effondrement de la biodiversité. Les sujets sont abordés de manière très inégale selon les provinces et territoires.

L’Ontario et la Saskatchewan font figure de bons élèves en matière d’éducation à l’environnement. Leurs programmes de science, notamment au secondaire, accordent une place conséquente au climat et à l’énergie.

Outre les connaissances de base comme l’effet de serre, les curriculums évoquent le réchauffement climatique, ses liens avec la perte de biodiversité, ses causes anthropiques, ses impacts négatifs sur les êtres vivants et la nature, mais aussi les solutions qui existent.

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L’Ontario ne mentionne plus les changements climatiques dans les cursus de sciences et de technologiques avant la 5e année depuis la refonte du programme-cadre en 2022.

«Les contenus restent assez complets dans ces deux provinces. Les changements climatiques font partie des objectifs d’apprentissage», observe Seth Wynes.

À l’inverse, les programmes scolaires de l’Alberta ne parlent pas explicitement de changement climatique.

«Les jeunes albertains reçoivent très peu d’éducation environnementale.» Marie Tremblay

«Les jeunes albertains reçoivent très peu d’éducation environnementale, à leur sortie du système scolaire ils n’ont pas forcément les clés pour comprendre le dérèglement climatique», regrette Marie Tremblay, conseillère principale en éducation au sein de l’Alberta Council for Environmental Education.

Informations périmées

L’éducation à l’environnement est également réduite à la portion congrue dans les curriculums de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. Seules des connaissances de base sur le climat sont enseignées.

«C’est une grosse lacune, aucun résultat d’apprentissage, aucun plan de leçon structuré ne traite de ces questions au Nouveau-Brunswick», confirme Michel T. Léger, professeur en éducation à l’Université de Moncton.*

Peu importe la province ou le territoire, au secondaire, l’écologie est étudiée la plupart du temps dans des cours de sciences de l’environnement optionnels, et non dans le tronc commun obligatoire.

Michel T. Léger est professeur en éducation à l’Université de Moncton. Crédit : Courtoisie

Michel T. Léger est professeur en éducation à l’Université de Moncton. Crédit : Courtoisie

Les curriculums ne reflètent pas non plus les dernières connaissances scientifiques. «Ils sont vieux, sans données scientifiques probantes locales sur les changements climatiques», affirme Jimmy Therrien, directeur de la programmation du Projet Gaia, une association d’éducation à l’environnement du Nouveau-Brunswick.

Au Manitoba et au Nouveau-Brunswick, les programmes de science du secondaire datent du début des années 2000, en Ontario de 2008. Pire, en Alberta, les curriculums du primaire remontent à 1996.

«Ces documents pédagogiques mettent des décennies à être mis à jour alors que les connaissances ne cessent de progresser et que de nouvelles solutions émergent tout le temps», observe Seth Wynes.

Engagement des enseignants

En Alberta, les curriculums sont en révision depuis 2013. «C’est devenu une question politique hautement controversée, surtout avec les élections provinciales de ce printemps», commente Marie Tremblay.

Selon les dernières ébauches consultées par l’organisme, des références au changement climatique ont été ajoutées dans les programmes, mais le phénomène est encore présenté comme une controverse et non un fait faisant l’objet d’un consensus scientifique.

Marie Tremblay est conseillère principale en éducation au sein de l’Alberta Council for Environmental Education. Crédit : Courtoisie

Marie Tremblay est conseillère principale en éducation au sein de l’Alberta Council for Environmental Education. Crédit : Courtoisie

«Souvent, les programmes parlent bien de réchauffement climatique et des causes liées aux activités humaines. Mais l’accent n’est pas mis sur le consensus scientifique entourant la question et les solutions existantes», alerte Seth Wynes.

Aller au-delà de l’enseignement classique suppose donc un investissement personnel des enseignants. «Ceux qui sont sensibles et intéressés par les enjeux environnementaux font le choix pédagogique d’en parler, de construire leurs cours en fonction», explique Michel T. Léger.

Seth Wynes est doctorant au Département de géographie, de planification et d’environnement de l’Université Concordia. Crédit : Courtoisie

Seth Wynes est doctorant au Département de géographie, de planification et d’environnement de l’Université Concordia. Crédit : Courtoisie

Les acteurs interrogés notent à cet égard un engouement grandissant de la nouvelle génération. «Mais beaucoup restent mal à l’aise à l’idée d’en parler en classe, car rien n’est explicitement énoncé dans les curriculums», nuance Marie Tremblay.

«Avec un emploi du temps déjà chargé, les enseignants manquent d’heures pour en parler. Certains n’en font pas une priorité, car cela ne fait pas partie des objectifs d’apprentissage», poursuit Jimmy Therrien.

Une formation des enseignants insuffisante

«La plupart des enseignants ne sont pas outillés et doivent se former eux-mêmes. Souvent, ils ne reçoivent presque aucune formation à l’éducation environnementale durant leur cursus universitaire», déplore Michel T. Léger, professeur en éducation à l’Université de Moncton.

Giuliano Reis, professeur à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, propose qu’un cours obligatoire soit dispensé dans toutes les facultés d’éducation, afin de construire «une culture commune».

Consciente du besoin d’améliorer les cursus, l’Association canadienne des doyens et doyennes d’éducation (ACDE) a adopté en 2022 un Accord sur l’éducation pour un avenir viable. Cette entente doit notamment orienter les curriculums dans les facultés d’éducation canadiennes.

«Les enjeux environnementaux et les perspectives autochtones doivent faire partie de nos priorités et devenir des composantes centrales de nos cursus», affirme Lace Marie Brogden, Ph. D., doyenne de la Faculté d’éducation de l’Université Saint-François-Xavier en Nouvelle-Écosse et présidente désignée de l’ACDE.

En Saskatchewan, Leanne Tremblay assure, elle, que de nombreuses formations continues existent. «Mais les enseignants n’arrivent pas à les suivre par manque de temps, d’argent ou de personnel remplaçant qui peut s’occuper de leurs classes», explique la responsable des communications de SaskOutdoors, qui offre entre autres des formations professionnelles à l’éducation en plein air.

Décloisonner les enseignements

Les sciences sont le principal outil de compréhension de l’écologie. Mais les spécialistes sont unanimes, il s’agit d’un sujet complexe qu’il faut penser de façon systémique en décloisonnant les disciplines.

«Les questions d’environnement ne devraient pas être réservées aux sciences, elles touchent à nombre de sujets qui peuvent être traités dans la plupart des matières, que ce soit l’économie, l’histoire-géographie, les langues, ou les arts», souligne Giuliano Reis.

Giuliano Reis est professeur à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa. Crédit : Courtoisie

Giuliano Reis est professeur à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa. Crédit : Courtoisie

Le système d’éducation des treize provinces et territoires font encore l’impasse sur ce besoin d’interdisciplinarité. Quelques initiatives existent à l’image d’un lancé par le ministère de l’Éducation du Manitoba.

La plateforme propose des ressources pédagogiques aux enseignants désireux d’établir des liens entre le développement durable et l’ensemble des matières de la 1re à la 12e année. Les contenus offerts sont cependant peu détaillés.

En attendant que l’école s’y mette, tout n’est pas perdu : de plus en plus d’associations d’éducation à l’environnement interviennent dans les établissements scolaires. C’est le cas du Projet Gaia au Nouveau-Brunswick. L’an dernier, l’organisme a mené 280 initiatives dans 164 écoles, donnant ainsi à plus du quart des élèves de la province des outils scientifiques pour mieux comprendre les crises et agir.

Comment parler d’écologie aux élèves?

Les crises environnementales actuelles, au premier rang desquels figurent les changements climatiques, sont plus que jamais source d’angoisse pour les jeunes.

«Tout l’enjeu est de mieux les informer sans les désespérer, de leur donner les clés pour penser le problème sans être submergés par leurs émotions», explique Michel T. Léger, professeur en éducation à l’Université de Moncton.

«Il y a déjà des enfants, même jeunes, qui manifestent de l’écoanxiété. On ne peut pas, en tant qu’éducateur, être dans le registre du catastrophisme», renchérit Jimmy Therrien, directeur de la programmation du Projet Gaia au Nouveau-Brunswick.

Aux yeux des interlocuteurs interrogés, lorsque les élèves s’engagent dans des actions concrètes, qu’ils envisagent des solutions pour améliorer l’environnement, ils peuvent mieux appréhender les enjeux et surmonter une partie de leur anxiété.

Yoan Bourgoin est biologiste de formation, et militant environnemental, au Nouveau-Brunswick. Crédit : Courtoisie

Yoan Bourgoin est biologiste de formation, et militant environnemental, au Nouveau-Brunswick. Crédit : Courtoisie

«Les jeunes entendent les nouvelles sur l’état du monde à la radio, à la télévision, dans les conversations d’adultes. On ne peut pas se permettre de leur cacher la vérité, mais il faut leur parler des solutions pour déjouer le sentiment d’impuissance», analyse Yoan Bourgoin, militant écologiste du Nouveau-Brunswick.

À cet égard, plusieurs pratiques pédagogiques s’avèrent fructueuses. Jimmy Therrien évoque notamment les démarches d’enquête qui font des élèves des chercheurs d’information. Ils déterminent eux-mêmes les différents acteurs et savoirs en présence.

L’enseignement en plein air s’avère également porteur. Excursions en forêt, promenades au bord de l’eau, séances d’observation des fleurs, des plantes, des oiseaux : voilà autant d’occasions pour les élèves de «se reconnecter avec leur environnement et de retrouver une forme d’émerveillement face à la nature», salue Michel T. Léger.

«Pour vouloir protéger la nature, on doit la connaitre», insiste-t-il.

En Colombie-Britannique, l’année 2022 s’est terminée avec un changement de garde à la tête de la province. David Eby a succédé à John Horgan en novembre comme chef du parti néodémocrate, devenant du même coup premier ministre.

Quelques semaines après son entrée en fonction, M. Eby a dévoilé son nouveau cabinet et les lettres de mandat énonçant les priorités et les objectifs que ses ministres devront atteindre dans le cadre de leurs fonctions.

Adrian Dix a conservé le portefeuille de la Santé et celui des Affaires francophones. Or, sa lettre de mandat [en anglais] ne fait aucune mention de responsabilités liées aux affaires francophones.

Cela est d’autant plus surprenant dans le contexte où le gouvernement provincial a annoncé en mars 2022 le début des travaux pour élaborer une politique sur les services en français. Il est souhaitable que ce changement de leadeurship à la tête de la province ne retarde pas les avancées dans ce dossier.

La Colombie-Britannique est en ce moment la seule province au Canada à ne pas s’être dotée d’une politique ou d’une loi qui encadre l’action gouvernementale pour la prestation de services en français.

Année électorale en Alberta

En octobre dernier, Danielle Smith a pris les commandes de l’Alberta après avoir succédé à Jason Kenney à la tête du Parti progressiste-conservateur. Aussitôt arrivée en poste, la nouvelle première ministre a aboli le rôle de secrétaire parlementaire à la francophonie.

Selon le président de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), la création de ce rôle en 2019 «a été une avancée significative dans la mise en œuvre de la Politique en matière de francophonie».

La première ministre ne semble pas non plus ouverte à l’idée de régler la situation de sous-financement opérationnel et structurel auquel fait face le Campus Saint-Jean. Lors d’un entretien de fin d’année, elle s’est montrée réticente à la possibilité de verser plus d’argent à l’établissement franco-albertain.

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Pour sa part, le Nouveau Parti démocratique de l’Alberta promet des réinvestissements importants au Campus Saint-Jean s’il est porté au pouvoir aux élections qui doivent avoir lieu à la fin du mois de mai.

Rappelons toutefois que les néodémocrates ne sont pas exempts de tout reproche non plus à l’égard de la communauté franco-albertaine. C’est un gouvernement néodémocrate, en 2017, qui a aboli la Direction de l’éducation française du ministère de l’Éducation de l’Alberta.

L’ACFA a déjà entamé des discussions avec les partis politiques pour faire connaitre les enjeux prioritaires de la francophonie albertaine. Il est souhaitable que ses revendications se fassent une place dans les plateformes électorales.

Démissionnera, ne démissionnera pas?

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick laisse planer un flou quant à son avenir comme chef du Parti progressiste-conservateur. Il a d’ailleurs laissé entendre qu’il profiterait du Discours sur l’état de la province, qui aura lieu le 9 février, pour clarifier ses intentions.

Rappelons qu’au courant de la dernière année, les relations entre le premier ministre et la communauté acadienne se sont fortement détériorées, avec comme point culminant la nomination de l’ancien chef de la People’s Alliance, Kris Austin, au cabinet puis à un comité spécial responsable de réviser la Loi sur les langues officielles de la province.

Le départ de Blaine Higgs de la vie politique pourrait être l’occasion de rebâtir les ponts entre les francophones et le Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick.

Dans le cas d’une course à la direction, les membres devront choisir une personne à même d’entreprendre cet exercice.

Kris Austin est vu comme l’un des candidats à la succession de M. Higgs, une option qui devrait être rejetée en force chez les progressistes-conservateurs pour l’avenir de leur parti dans les régions francophones et pour le bien de la province dans son ensemble.

Les Prince-Édouardiens et les Manitobains également appelés aux urnes

Les électeurs de l’Île-du-Prince-Édouard et du Manitoba devront aussi élire un nouveau gouvernement provincial en 2023.

En entretien avec La Voix acadienne, le président de la Société acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard (SAF’Île), Émile Gallant, soutient que son organisme entend demander aux principaux partis politiques de se prononcer sur leur stratégie pour améliorer et accroitre la prestation de services en français.

L’élection provinciale coïncide avec les dix ans de la Loi sur les services en français de la province.

Du côté du Manitoba, ce ne sont pas non plus les enjeux qui manquent, de l’immigration aux soins de santé en français et à l’éducation.

Les élections seront peut-être l’occasion de clarifier les engagements du gouvernement provincial à l’égard du dossier de l’immigration francophone puisque la province a abandonné sa cible de 7% en matière d’immigration francophone.

Guillaume Deschênes-Thériault est doctorant en science politique à l’Université d’Ottawa. Il détient un baccalauréat de l’Université de Moncton et une maitrise de l’Université d’Ottawa. Dans le cadre de ses recherches, il s’intéresse aux communautés francophones en situation minoritaire, avec un intérêt particulier pour l’enjeu de l’immigration. Depuis mai 2021, il est conseiller à la municipalité de Kedgwick au Nouveau-Brunswick.

En tout, le Commissariat aux langues officielles (CLO) a reçu 44 plaintes contre l’Autorité aéroportuaire de Calgary (AAC) et sept plaintes contre l’Autorité aéroportuaire de Regina (AAR).

Les plaintes déposées au CLO concernent non seulement la signalisation et les services fournis à l’intérieur des aéroports, mais aussi les communications destinées au public sur leurs réseaux sociaux et leurs sites internet.

Traduction made in Google

Sur le site internet de l’aéroport de Calgary, le visiteur qui choisit l’option «français» peut consulter des textes traduits par… Google Traduction.

Pourtant, dans ses commentaires sur le rapport préliminaire d’enquête du commissaire aux langues officielles, l’administration aéroportuaire assurait que son site Web serait optimisé à compter de février 2022 et qu’un budget a été prévu pour fournir une version entièrement traduite de yyc.com avant la fin de 2022.

Sur le site internet de l’aéroport de Calgary, l’outil Google Translate traduit «departed» par «défunt». Crédit : Capture d’écran

Sur le site internet de l’aéroport de Calgary, l’outil Google Translate traduit «departed» par «défunt». Crédit : Capture d’écran

Au moment de la publication, la version française du site Web n’était pas complétée.

L’administration aéroportuaire a fait savoir à Francopresse qu’elle était «au stade de développer le plan d’optimisation» afin de pouvoir proposer un site internet en français. «Nous avons officiellement traduit tous nos communiqués de presse, toutes les nouvelles pages lancées cette année, toutes les images sur le carrousel de la page principale et tous les avis de circulation», précise l’institution.

Peu ou pas d’offre en français sur le Web

Si la section «Information aux voyageurs» et la page d’accueil du site internet de l’aéroport international de Regina (YQR) sont désormais traduites en français, les contenus de la section «YQR Nouvelles» restent eux uniquement disponibles en anglais.

Sur le compte Twitter de l’aéroport international de Regina, les contenus sont rédigés uniquement en anglais. Crédit : Capture d’écran

Sur le compte Twitter de l’aéroport international de Regina, les contenus sont rédigés uniquement en anglais. Crédit : Capture d’écran

Sur son compte Twitter, les publications de l’aéroport sont aussi rédigées seulement dans la langue de Shakespeare. Ce qui était déjà le cas le 3 mars 2021, selon un des plaignants cités dans le rapport final d’enquête du commissaire aux langues officielles.

Mais dans ce même rapport, l’Autorité aéroportuaire de Regina affirme servir le public voyageur dans les deux langues officielles. «Toutefois, les médias sociaux ne sont pas des éléments essentiels aux voyages», considère-t-elle dans sa réponse au rapport du commissaire.

«Les médias sociaux ne sont pas des éléments essentiels aux voyages.» Autorité aéroportuaire de Regina

L’institution estime que «ce n’est pas l’ensemble du contenu publié sur ses plateformes de médias numériques qui doit être dans les deux langues officielles, mais seulement les renseignements destinés au public voyageur».

Définition imprécise de «public voyageur»

Précisément, les aéroports optent parfois pour une définition restrictive de la notion de «public voyageur», note le commissaire Raymond Théberge. Une définition qui se limiterait aux personnes présentes physiquement à l’aéroport ou celles qui voyagent.

Or, dans son mémoire relatif au projet de loi C-13, le commissaire aux langues officielles rappelle que la Loi concerne également les individus qui sont tout simplement en quête d’informations.

Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge fait état d’un problème récurrent. Crédit : Courtoisie

Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge fait état d’un problème récurrent. Crédit : Courtoisie

«Le public voyageur doit inclure, notamment, ceux qui font usage des services et communications offerts par les institutions fédérales afin de voyager ou dans l’intention de voyager. Cela comprend les démarches préparatoires au voyage, le moment de voyager, et la période suivant la fin du trajet», explicite-t-il dans le document.

Contactée par Francopresse, l’Autorité aéroportuaire de Regina n’a pas souhaité commenter.

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Autre écart cité par les différents rapports d’enquête dont Francopresse a obtenu copie : les messages d’accueil des boites vocales de certains membres du personnel sont exclusivement en anglais. C’était encore le cas des services aux médias des aéroports de Calgary et de Regina au moment de la publication.

À noter que les messages d’accueil téléphoniques des personnes responsables des langues officielles au sein de ces deux institutions sont également uniquement en anglais.

Un problème récurrent

Année après année, les plaintes contre les aéroports ne cessent d’atterrir sur le bureau du commissaire aux langues officielles. Ce dernier fait d’ailleurs état d’un problème récurrent dans son rapport annuel 2021-2022.

Un problème qui pourrait être partiellement réglé par tel que proposé par le projet de loi C-13. C’est du moins ce qu’espère Raymond Théberge. Car actuellement, les recommandations du commissaire ne sont pas contraignantes. «La conformité d’une situation assujettie à la loi demeure volontaire. Mais ceci est toutefois appelé à changer avec le projet de loi C-13», observe-t-il.

Le projet de loi suggère de permettre au commissaire d’émettre, dans certains cas, des sanctions administratives pécuniaires dans le domaine des transports.

En novembre dernier, Francopresse révélait que le commissaire aux langues officielles avait jugé que 25 des 26 plaintes reçues contre l’aéroport de Winnipeg étaient recevables.

Les plaintes, déposées entre le 1er septembre 2020 et le 31 aout 2021 portaient aussi sur la signalisation et les services de communication.

Un Canadien sur trois est titulaire d’un baccalauréat ou d’un grade supérieur. C’est ce qui ressort des données dévoilées par Statistique Canada le 30 novembre 2022.

Les immigrants, récemment arrivés au pays, ont largement contribué à mettre le Canada en tête du classement. Ils sont «à l’origine de près de la moitié de la croissance de la proportion de Canadiens titulaires d’un baccalauréat ou grade supérieur», précise le rapport de l’organisme national.

Le recensement de 2021 confirme cette tendance. D’après les données publiées, les immigrants et les résidents non permanents au Canada constituent plus de la moitié de la population en âge de travailler qui est titulaire d’un doctorat, d’une maitrise ou d’un diplôme en médecine; aussi, ils représentent près de 40 % des personnes qui détiennent un baccalauréat.

Le recensement a également révélé que les immigrants représentent près du quart de la population canadienne. C’est non seulement le plus haut niveau jamais enregistré dans l’histoire, mais c’est aussi la plus grande proportion des pays du G7.

L’immigration une chance plus qu’un problème

Le niveau de scolarisation élevé des nouveaux arrivants s’explique par la politique d’immigration. «À la différence des autres pays du G7, le Canada choisit les travailleurs qualifiés en fonction de ses besoins pour combler les pénuries croissantes de main-d’œuvre», observe Gilles Grenier, professeur émérite au Département de science économique à l’Université d’Ottawa.

«À la différence des autres pays du G7, le Canada choisit les travailleurs qualifiés en fonction de ses besoins.» Gilles Grenier

L’économiste n’hésite pas à parler d’«immigration économique choisie» : «Contrairement aux autres pays du G7, l’immigration n’est pas perçue comme un problème, mais comme une chance».

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Lors du recensement de 2021, les immigrants admis dans la catégorie économique représentaient ainsi 56,3% des nouveaux arrivants, soit un pourcentage largement supérieur à celui des réfugiés ou des personnes venues au titre du regroupement familial.

Confronté au vieillissement de sa population, le Canada est obligé d’avoir recours à des cerveaux venus d’ailleurs. Le groupe des plus de 65 ans augmente six fois plus vite que celui des jeunes de moins de 14 ans. En septembre, Statistique Canada estimait à un million le nombre de postes vacants au second trimestre de 2022 à cause du manque de travailleurs.

Ottawa s’est ainsi donné pour ambition d’accueillir 465 000 nouveaux arrivants d’ici 2023, pour atteindre 500 000 en 2025. En février dernier, lors du lancement d’un nouveau plan en matière d’immigration, le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, déclarait : «De l’agriculture et la pêche à la fabrication, en passant par les soins de santé et le secteur des transports, le Canada compte sur les immigrants. Nous nous concentrons sur la relance économique, et l’immigration est la clé pour y parvenir.»

25 points pour un doctorat, 15 pour un baccalauréat

Depuis 2015, la procédure d’immigration baptisée Entrée Express permet de sélectionner les travailleurs qualifiés dont le pays a besoin. Au premier trimestre de 2022, 156 000 étrangers en ont profité. Une personne qui soumet une demande de résidence permanente doit répondre à une série de questions en ligne qui servent à évaluer son profil.

Sa connaissance de l’une des deux langues officielles, son expérience professionnelle et son niveau d’éducation sont passés au peigne fin. Elle doit aussi avoir une proposition d’emploi validée par une entreprise ou une acceptation préalable délivrée par une province ou un territoire. Chaque élément permet d’obtenir un certain nombre de points sur un total de 100.

«Cette sélection par points accorde de l’importance au niveau d’éducation et favorise les jeunes qui ont un cursus universitaire», explique Gilles Grenier.

«Cette sélection par points accorde de l’importance au niveau d’éducation et favorise les jeunes qui ont un cursus universitaire.» Gilles Grenier

Un doctorat assure 25 points d’office alors que le baccalauréat n’en vaut que 15. Avoir moins de 35 ans rapporte 12 points, avoir fait ses études au Canada donne également un avantage au titre de l’«adaptabilité».

En dessous de 67 points, le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté ne prend pas la peine d’examiner le dossier. Au-dessus, le ministère peut envoyer une «invitation» à la personne candidate si elle entre dans l’une des 347 professions visées par le programme d’Entrée Express : ingénieurs, directeurs d’école, assureurs, architectes, vétérinaires, pompiers, etc.

Immigrants surqualifiés

Ce système d’immigration de main-d’œuvre qualifiée ne garantit pas forcément une insertion réussie dans la vie économique.

Dans son rapport, Statistique Canada montre que plus du quart des immigrants titulaires d’un baccalauréat ou d’un grade supérieur sont surqualifiés pour les emplois qu’ils occupent. Il s’agit selon l’organisme d’un problème de longue date, notamment dans le domaine de la santé, lié au défi de la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger.

«Les politiques fédérales ont justement évolué ces dernières années pour encourager plus de jeunes étrangers à étudier au Canada, mais aussi pour mieux reconnaitre l’expérience canadienne des immigrants diplômés à l’étranger», réagit Gilles Grenier.

Gilles Grenier est professeur émérite au Département de science économique à l’Université d’Ottawa. Crédit : Courtoisie

Gilles Grenier est professeur émérite au Département de science économique à l’Université d’Ottawa. Crédit : Courtoisie

L’économiste fait référence à un volet spécifique de la fameuse procédure Entrée Express pour les personnes qui ont déjà une expérience canadienne. C’est le cas de nombreux étrangers admis auparavant comme travailleurs temporaires qualifiés ou étudiants internationaux, auxquels le Canada peut accorder le statut de résident permanent. Plus de 157 000 anciens étudiants sont ainsi devenus résidents permanents en 2021.

Encore faut-il que le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté délivre des permis à tous les étudiants étrangers sans discrimination. En septembre dernier, le ministère reconnaissait qu’il y avait «du racisme au Canada ainsi qu’au sein de sa propre organisation».

Les taux de refus de permis d’études sont en effet plus élevés chez les étudiants venus de pays africains francophones, soupçonnés de vouloir s’installer au pays de la feuille d’érable, comparés aux demandes d’autres étudiants étrangers. N’entre pas au Canada qui veut.

Nous savions que ce que cela arriverait tôt ou tard, mais voilà que ce moment est venu. La Food and Drug Administration (FDA) vient d’autoriser la vente de poulet cultivé aux États-Unis, un produit d’Upside Foods, une entreprise en démarrage basée à San Francisco.

L’entreprise produit de la viande issue de cellules animales. Le produit n’est pas encore approuvé pour être vendu au détail. Le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) et son service de sécurité et d’inspection des aliments doivent également approuver le produit. Mais tout le monde s’attend à une approbation dans les prochains mois, cela signifie que le jour approche où nous verrons du poulet de laboratoire sur le marché.

Il ne s’agit pas de fausse viande

Le processus de production n’est pas si complexe. Le prélèvement de cellules souches d’un poulet vivant ou d’un œuf fécondé constitue la première étape. Les cellules sont ensuite nourries dans un laboratoire, un peu comme on nourrit des animaux avec des acides aminés, des acides gras, des sucres, des oligo-éléments, des sels et des vitamines. La principale distinction entre l’alimentation d’un animal vivant et l’alimentation de cellules se retrouve dans la taille des composants alimentaires ; voilà tout. Alors que le poulet est nourri au maïs, les cellules sont nourries avec des glucides et des protéines microscopiques.

On place ensuite les produits dans un cultivateur pour reproduire un plus grand nombre de cellules. Au bout de trois semaines, le produit est prêt pour l’emballage, l’expédition, la vente et la consommation. Sans abattage d’animaux, le produit peut être fabriqué pour répondre à différents goûts et besoins nutritionnels. Nous pouvons cultiver des ailes, des cuisses ou des poitrines, selon la demande du marché et limiter le gaspillage.

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Ceux qui condamnent ces produits comme de la fausse viande ne comprennent pas la science derrière la viande cultivée. Contrairement aux méthodes traditionnelles, les cellules sont simplement reproduites dans un environnement de laboratoire propre et hygiénique, ce qui présente des avantages importants.

Le coût de production d’un kilo de poulet dans un laboratoire n’est pas révélé. Chose certaine, il en coûtera moins cher de produire un kilo de poulet en laboratoire qu’en production traditionnelle. Le cycle de production plus court et la diminution de la probabilité de maladies d’origine alimentaire causées par des agents pathogènes intestinaux représentent des avantages évidents. Les maladies animales comme la grippe aviaire, qui coûte actuellement une fortune à l’industrie avicole et aux consommateurs, peuvent également être évitées. Les risques deviennent beaucoup plus faciles à contenir avec une production plus aseptisée.

Des produits qui intéressent la jeune génération

Des centaines d’entreprises développent en ce moment des aliments cultivés en laboratoire (poulet, bœuf, poissons et fruits de mer, café, etc.) aux États-Unis et plus d’une douzaine au Canada. La plupart de ces initiatives reçoivent leur financement d’investisseurs qui n’ont pratiquement aucune expérience de l’agriculture, et leur façon de penser ne subit pas les préjugés traditionnels ancrés dans l’agroalimentaire. Ils voient simplement la nourriture de façon différente et les géants du secteur n’ont pas le choix de suivre.

L’histoire d’Upside Foods nous fournit un bon exemple. L’entreprise a démarré en 2015, avec le soutien financier de Bill Gates, Cargill, Tyson Foods et Richard Branson, entre autres. Whole Foods a uni ses forces en 2020. Alors que Tyson et Cargill comptent parmi les plus grands transformateurs de viande au monde, Upside Foods vient d’acquérir Cultured Decadence, une entreprise de fruits de mer cultivés, pour 400 millions de dollars.

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Si vous trouvez répugnant de manger de la viande cultivée, il y a de fortes chances que vous ayez plus de 45 ans. Dans un récent sondage effectué par notre laboratoire, 27% des Canadiens essaieraient des aliments cultivés en laboratoire. Mais ce pourcentage triple chez la génération Y et les Millénariaux, simplement parce qu’ils considèrent ces protéines comme plus durables et moralement acceptables. On estime qu’un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine proviennent de la production alimentaire, et certains préconisent différentes façons de produire des protéines animales. De plus, l’ONU a averti le monde entier du risque de maintenir une alimentation animale hautement concentrée pour prévenir de futures pandémies. Ces risques demeurent réels. Nous en avons amplement discuté durant la COP27 la semaine dernière.

Voir du poulet cultivé vendu dans le commerce aux États-Unis ne saurait tarder. Au Canada, cependant, avec notre système de quotas, les producteurs avicoles auront sûrement leur mot à dire sur le sujet. Mais si la viande cultivée devient commercialisée au Canada, contrairement au saumon génétiquement modifié, espérons qu’elle portera un étiquetage adéquat pour que les consommateurs sachent ce qu’ils achètent.

Il s’agit de l’histoire d’un jeune Tunisien qui a vécu des aventures captivantes et époustouflantes dans son parcours d’immigration vers l’Amérique du Nord, et chemin faisant, a acquis une nouvelle couche d’identité ; la «canadianité».
 
Francopresse – Houssem Ben Lazreg – Doctorant en traduction, Université de l’Alberta
 
Ce fut une aventure unique, à la fois cahoteuse et palpitante que celle de devenir Canadien. Accepter mon nouveau «moi» hybride a été le résultat d’une réadaptation interculturelle troublante et une conceptualisation nouvelle de l’identité, de l’appartenance et du chez-soi. Traverser les frontières ne se fait jamais sans douleur. Dans mon cas, ça n’a pas été non plus facile. Ce fut une bataille constante et sans merci où les victimes n’étaient ni des soldats ni des civils, mais juste mon égo, mes préjugés et mes idées préconçues.
 
Avant d’entamer ce long périple vers l’Amérique du Nord, mon père me prodigua des conseils qui me firent réfléchir. «Peu importe où tu vas, n’oublie jamais le chemin qui mène chez toi». À l’aéroport de Tunis-Carthage, précisément au terminal d’embarquement, le «chez soi» a cessé d’avoir une signification ou un sens. Le chez-soi se transforma en une illusion insaisissable dès que l’avion traversa les frontières.
 

À cheval entre l’est et l’ouest

J’ai toujours considéré le chez-soi comme l’un de ces concepts, bien qu’il ne soit composé que de sept lettres, englobe et contient tous les différents aspects de notre existence. Qu’il s’agisse d’un vêtement, un ensemble de traditions, des fruits, un jeu, une chanson ou une mélodie qui signale notre appartenance à un endroit, l’envie de quitter le cocon n’a d’égale que l’ardente obsession d’y revenir à la fin du périple. Comme l’a si bien dit Brenda Sutton Rose: «Peu importe où je vais, je n’oublierai jamais le chez-moi. Je peux sentir le battement de son cœur à des milliers de kilomètres. Le chez-moi est l’endroit où me poussent les ailes.
 
Mon identité, aussi fluide qu’une rivière, a toujours été en mouvement, prenant la forme et les courbes des paysages que j’ai traversés dans ma vie (façonnant et sculptant le paysage de mon existence). Il s’agit d’une existence dans laquelle les changements et les transformations constantes qui affectent nos vies transforment l’identité d’une simple donnée à un projet complexe et multidimensionnel ; chacun de nous s’engage dans l’autoconstruction et la réinvention de sa culture et de ses traditions.
 
 
En tant que Tunisien – Canadien, vivre «à cheval» relie l’est à l’ouest ainsi que ma patrie ancestrale à celle d’adoption. Le célèbre érudit Homi Bhaba souligna qu’un tel mélange, tel que moi et des millions d’autres l’avons vécu, a un « énorme avantage, bien que déstabilisant, du fait qu’il nous fait prendre progressivement conscience de la construction de la culture et de l’invention de la tradition».
 
Ainsi, l’on peut dire que je suis en train d’inventer, mais de manière inconsciente, mes propres traditions qui sont un mélange des traditions tunisiennes, méditerranéennes, africaines, arabes et canadiennes. Vu sous un autre angle, je suis un créateur de culture – nomade aux multiples expériences cosmopolites et hybrides en plus de mes racines natives.
 

Se permettre d’élargir ses horizons

Au-delà de l’océan, pendant que je débarquais sur l’ile de la Tortue, tout m’était nouveau, la neige, le verglas, l’ordre, la primauté du droit, le climat et l’avalanche des filles blondes qui trouvaient mon accent «sexy». Encore une fois, tout m’était nouveau. Les bus à la ponctualité débordante offusquaient ma «Tunisianité», la politesse déstabilisante des gens, l’architecture raffinée, la propreté débordante, les montagnes majestueuses, les prairies calmes, le gout unique du café – Tim Hortons et la vertu incontestée du multiculturalisme. Comme un bébé de quelques mois, tous mes pas étaient hésitants. Les courbattures existentielles de mes 23 années passées à Tunis pesaient lourd sur mon corps et mon âme. Le complexe d’infériorité hérité, la perte de repères et des codes sociaux, la fierté arabe démesurée, l’insécurité culturelle et linguistique se sont assises à califourchon sur la masse excitée de mes doutes et ont suscité une série de troubles émotionnels incontrôlables. Ironiquement, ce furent ces mêmes troubles qui m’ont permis d’élargir mes horizons -et mon identité- au-delà de la sphère de mes anciennes racines culturelles tout en maintenant mes liens à ces racines.
 
Nonobstant le fait d’être un fervent opposant à l’assimilation culturelle, je n’avais guère d’autre choix que de m’assimiler à certains mœurs et codes sociaux. Mais considérant d’autres aspects de la vie, telles que les mentalités et les perceptions du monde, j’ai énormément évolué et je suis fier de me considérer comme un activiste intellectuel dévoué à combattre toute forme de racisme ; tout en prônant le pluralisme, la justice sociale, l’équité et l’inclusion.
 
Je vis actuellement dans des temps et dans des espaces distincts de ceux où j’ai vécu quand j’étais en Tunisie ou aux USA et cela a eu sans aucun doute un impact sur la façon dont je reflète qui je suis.
 

Devenir un hybride culturel

Ma propre identité ethnique a changé au fil du temps. J’ai abandonné certaines pratiques culturelles de mon propre peuple comme manger les casse-croutes, fumer la chicha et jouer aux jeux de cartes Chkobba et Rami dans les cafés. Bien au contraire, j’ai adopté de nombreuses traditions canadiennes telles que fêter l’Action de grâce, faire les randonnées dans les Rocheuses canadiennes et suivre les matchs de hockey.
 
Donc, selon moi, afin de garder mon fond intérieur en tant que Tunisien, j’ai dû repenser de nouvelles façons de concevoir et représenter ma «Tunisianité» hors de son contexte d’origine. J’ai dû composer une identité tunisienne dans un milieu canadien. Pour y parvenir, je porte mon chapeau en laine rouge appelé la «chéchia» dans les espaces publics, je joue la musique «Mezoued», une musique folklorique tunisienne, dans mes cours d’arabe, j’ajoute dans tous mes repas, «la Harissa», la sauce piquante tunisienne faite à base de piment séché, je rends sucré mon petit-déjeuner de champion «la Bsissa» (un mélange de céréales du terroir) avec du sirop d’érable, et surtout, je m’exprime avec un dialecte maternel prononcé pour mettre en exergue mon identité tunisienne.
 
Vu les nouvelles perspectives de la vie que j’ai acquises en transit, j’ai endossé de multiples identités changeantes. J’ai également développé ma propre « culture hybride » qui me permet de définir qui je suis et où je me situe dans cette société canadienne complexe.
 
 
Je suis conscient de ne pas être un cas isolé. Beaucoup d’entre nous, en tant que voyageurs, transportons avec nous nos cultures respectives comme des bagages partout où on va, ce qui contribue à faire éclore la culture hybride dans laquelle nous vivons. Être conscient de qui j’ai été, en tenant compte de mon histoire culturelle et personnelle, est ce qui m’a permis de garder mon propre sens identitaire en dépit de tout ce que j’ai vécu aux frontières des cultures que j’ai traversées.
 
Vivre entre deux ou plusieurs cultures, tout en m’efforçant de préserver mon identité et mon intégrité s’apparente à nager dans un océan inexploré. Face à des courants d’eau forts, des vagues furieuses et des requins féroces, j’ai appris comment me libérer, vaincre la peur de me noyer et naviguer des eaux inconnues.
 
Tout cela m’a permis de m’immerger dans de nouveaux écosystèmes d’idées et de modes de pensées. C’est ainsi que je me régénérais et c’est exactement ce qui m’a armé de vitalité, en disséminant des ondes dans tout mon corps et mon âme.