le Samedi 20 avril 2024

L’année dernière, ces cours étaient proposés principalement aux aînées africaines. Aujourd’hui, ils sont offerts à tous. Peu importe le genre, la langue, l’âge et les traditions. Vous souhaitez apprendre à coudre, cet atelier est là pour vous.

Léonie Ahodan, la formatrice de la CCTAF, est bilingue et, pourtant, lorsqu’elle évoque la couture, ce n’est pas de la littérature. Elle affirme que c’est un peu comme les mathématiques. «On n’a pas besoin d’être francophone ni bilingue pour y faire. Je peux concilier le problème de la langue», affirme-t-elle.

Les machines à coudre attendent leur public. Crédit : Isaac Lamoureux

Les machines à coudre attendent leur public. Crédit : Isaac Lamoureux

Lors de l’inauguration des ateliers, une présentation introductive a eu lieu. «Ce nouvel endroit va beaucoup faciliter les services» liés à la confection de vêtements ou à leur réparation, explique avec enthousiasme Alice Musele, coordonnatrice de la CCTAF. Elle ajoute qu’il y aura des couturières qui seront là en permanence pour aider celles et ceux avec le patronage, mais aussi la finalisation de certaines pièces.

Boutons, ourlets, patrons, encolures, parementures n’ont qu’à bien se tenir!

Même les anglophones peuvent participer

De nombreux membres de la communauté francophone étaient présents, mais le mot d’ordre aujourd’hui, c’est l’inclusion. Même si les participantes fidèles à l’atelier depuis l’an dernier sont plus expérimentées, «on ne ferme pas la porte à un débutant», assure la formatrice de la CCTAF.

«On ne ferme pas la porte à un débutant.» Léonie Ahodan

Cette année, les couturières de retour après l’été sont très heureuses de reprendre en main leur machine à coudre (MAC dans le jargon). Si les jeunes sont invités à participer aux ateliers, il y a tout de même un petit avantage à être un peu plus âgé. En effet, les adeptes de couture âgés de 60 ans et plus ne paient pas l’accès aux ateliers. Les autres devront payer 20 $ par présence.

Une couturière expérimentée en plein travail. Crédit : Courtoisie

Une couturière expérimentée en plein travail. Crédit : Courtoisie

«Ces prix abordables sont là pour encourager l’entrepreneuriat et l’autonomisation», dit Alice Musele. Les participants sont même encouragés à vendre les vêtements qu’ils confectionnent. Avec une session de quatre heures par semaine, chaque samedi, de 11h à 15h, les compétences des participants progressent assez rapidement pour leur permettre de produire de belles créations.

«Ces prix abordables sont là pour encourager l’entrepreneuriat et l’autonomisation.» Alice Musele

Les enfants et les aînés peuvent tous deux en bénéficier

En partenariat avec le Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN), les ateliers sont aussi ouverts aux jeunes chaque vendredi, de 17h à 19h. Ils sont déjà 10 inscrits. «Éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation», s’exclame Alice Musele. Une manière de rendre hommage à toutes ces mères qui prennent soin de leurs descendances et l’importance de la pédagogie dès le plus jeune âge.

Même si la coopérative prévoit de recevoir une dizaine de jeunes et une quinzaine d’adultes, l’objectif est la croissance et l’ouverture vers les autres. Et ces membres mettront les moyens pour y arriver. D’ailleurs, la CCTAF a déjà des stratégies pour développer davantage les ateliers.

Bien que la couture puisse être une tâche indépendante, elle peut parfois nécessiter une collaboration. Crédit : Courtoisie

Bien que la couture puisse être une tâche indépendante, elle peut parfois nécessiter une collaboration. Crédit : Courtoisie

Pour se faire, les membres de la coopérative espèrent organiser une session en ligne afin d’ouvrir les ateliers à tous les habitants de la province et ainsi répondre à la demande déjà exprimée. De Grande Prairie à Lethbridge, la rumeur des cliquetis de machines à coudre n’a pas fini de se répandre.

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Cette compétition, ouverte à tous les membres de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) âgés de 12 ans et plus, a débuté par des concours régionaux, il y a déjà quelques semaines. Huit régions albertaines étaient représentées et les finalistes régionaux se sont retrouvés à Edmonton pour cette dernière journée de compétition.

1. (De gauche à droite) La gagnante Albina Brosseau et Virginie Dallaire, la présidente de l’ACFA régionale de Saint-Paul. Crédit : Isaac Lamoureux. 2. Roxanne Fluet, la gagnante de Grande Prairie, et sa fille Brianna avec la tarte de sucre qui a gagné le concours régional. Crédit : Linda Beaudet. 3. Josée Côté, la directrice de l’ACFA régionale de Centralta, et Sydalie Legault, la gagnante la plus jeune dans toutes les régions. Crédit : Courtoisie

1. (De gauche à droite) La gagnante Albina Brosseau et Virginie Dallaire, la présidente de l’ACFA régionale de Saint-Paul. Crédit : Isaac Lamoureux. 2. Roxanne Fluet, la gagnante de Grande Prairie, et sa fille Brianna avec la tarte de sucre qui a gagné le concours régional. Crédit : Linda Beaudet. 3. Josée Côté, la directrice de l’ACFA régionale de Centralta, et Sydalie Legault, la gagnante la plus jeune dans toutes les régions. Crédit : Courtoisie

Qui allait remporter les lauriers sucrés parmi les candidats et candidates de Grande Prairie, Lethbridge, Edmonton, Red Deer, Centralta, Saint-Paul, Canmore/Banff et Bonnyville/Cold Lake?

Quelle tarte allait faire succomber les trois juges présents pour cette dernière ligne droite vers la gloire du bec sucré?

Comme lors de la compétition régionale, le goût, la texture de la pâte à tarte, sa croûte et son apparence faisaient partie des critères de sélection.

Trois juges ont mis la main à la pâte

Anthony Cucchiara, propriétaire de la boulangerie La French Taste à Edmonton, Tanya Saumure, gérante du Café Bicyclette, et Emmanuella Kondo, productrice associée, collaboratrice et chroniqueuse gastronomique à La Croisée sur Ici Radio-Canada Première, ont pu activer leurs papilles gustatives.

4. Rachel Gagnon, la gagnante pour la région de Red Deer, sourit fièrement à côté de sa tarte au sucre. Crédit : Courtoisie 5. La tarte au sucre gagnante. Crédit : Isaac Lamoureux. 6. (De gauche à droite) Les trois juges du concours provincial : Emmanuella Kondo, Anthony Cucchiara et Tanya Saumure. Crédit : Isaac Lamoureux.

4. Rachel Gagnon, la gagnante pour la région de Red Deer, sourit fièrement à côté de sa tarte au sucre. Crédit : Courtoisie 5. La tarte au sucre gagnante. Crédit : Isaac Lamoureux. 6. (De gauche à droite) Les trois juges du concours provincial : Emmanuella Kondo, Anthony Cucchiara et Tanya Saumure. Crédit : Isaac Lamoureux.

Après avoir goûté aux huit tartes au sucre, les juges ont bien dû avouer, en plaisantant, que cet exercice revenait à «manger une tarte au sucre entière!» Cela ne les a pas empêchés de finir les miettes avec un sourire jusqu’aux babines. Chaque bouchée compte!

Une vie de boulangerie qui porte ses fruits

Malgré la compétition, les juges, comme les participants, étaient simplement heureux d’être là. C’est Albina Brosseau qui est sortie victorieuse de ce combat «tartanesque». Son secret, un mari très gourmand de pâtisseries. «Je fais certain qu’il y en a sur la table à toutes les heures», dit-elle avec fierté.

Les juges du concours régional de Saint-Paul ont réfléchi à la beauté de chaque tarte au sucre. Ils étaient loin de se douter qu'ils allaient choisir la gagnante provinciale. Crédit : Courtoisie

Les juges du concours régional de Saint-Paul ont réfléchi à la beauté de chaque tarte au sucre. Ils étaient loin de se douter qu’ils allaient choisir la gagnante provinciale. Crédit : Courtoisie

Albina remercie Ahmed Hassan, l’ancien directeur de l’ACFA régional de Saint-Paul, de l’avoir poussée à participer à ce concours. Elle ajoute qu’elle n’avait aucun espoir de gagner. «C’était juste l’idée de participer à un concours avec quelque chose que j’aime faire», dit-elle. Elle est tout de même très contente d’avoir reçu ce beau trophée, un plat à tarte en verre gravé avec le logo de l’ACFA, et une belle serviette bleue. «Les deux vont très bien me servir», et ce, dès la prochaine assemblée familiale.

«C’était juste l’idée de participer à un concours avec quelque chose que j’aime faire.» Albina Brosseau

Issue d’une famille nombreuse, avec huit frères et sœurs, Albina a toujours aimé avoir ses proches autour d’elle. Elle attend toujours avec impatience les réunions de famille pour cuisiner et gâter ses frères et sœurs, ses enfants et ses petits-enfants.

«Ma contribution pour leurs cadeaux de Noël, ce sont des tartes, des tourtières, des bonbons, des biscuits, puis toutes sortes de choses», affirme-t-elle.

«Ma contribution pour leurs cadeaux de Noël, ce sont des tartes, des tourtières, des bonbons, des biscuits, puis toutes sortes de choses.» Albina Brosseau

Quant à la recette de cette fameuse tarte au sucre, disons qu’elle évolue au fil des ans pour finalement avoir ce goût unique. Un secret bien gardé!

Recette Tarte au sucre de Albina Brosseau

Ingrédients

6 cuillères à table de farine tout usage
1 tasse de cassonade bien tassé
1 tasse de sucre d’érable
1 1/2 de crème à fouetter
4 cuillères à table de beurre
1 1/2 cuillère à thé de sel
1 1/2 cuillère à thé de vanille

Instructions

Chauffer le four à 400 degrés F (200 degrés C)
Mélanger la farine et les sucres dans un chaudron moyen.
Ajouter la crème, le beurre, le sel, et la vanille.
Bien brasser.
Apporter à ébullition en brassant continuellement.
Verser dans une croute de tarte crue.
Cuire à 400 degrés F pour 5 minutes.
Baisser la chaleur à 350 degrés F (175 degrés C) pour 25 minutes.
Retirer du four et laisser refroidir

Notes
Utiliser 2 tasses de cassonade au lieu de sucre d’érable si besoin.

Avec Plaisir d’apprendre, Vivre Actif est l’un des deux plus grands évènements annuels organisés par la Fédération des aînés franco-albertains (FAFA). Tout a commencé le jeudi 22 septembre, à l’heure du déjeuner au Grand Salon du Campus Saint-Jean. Un discours de bienvenue et l’heure du choix est arrivée. L’offre était multiple et variée. Certains diront même que quelques ateliers se chevauchaient dans le temps.

Auxane Guyon. «Tout s’est bien passé!» Crédit : Courtoisie

Auxane Guyon. «Tout s’est bien passé!» Crédit : Courtoisie

Si la FAFA était cheffe d’orchestre, de nombreuses organisations francophones étaient aussi impliquées. Il y avait notamment le Comité FrancoQueer de l’Ouest (CFQO), le Réseau santé Alberta (RSA), l’Association des juristes d’expression française de l’Alberta (AJEFA), mais aussi des intervenants sans attache.

«Les aînés étaient contents de se retrouver. Ils ont aimé découvrir de nouvelles choses et ont aimé l’ambiance», dit Auxane Guyon. Une trentaine d’aînés représentaient le Club de l’amitié de Calgary, une grande première depuis la pandémie.

«Les aînés étaient contents de se retrouver. Ils ont aimé découvrir de nouvelles choses et ont aimé l’ambiance.» Auxane Guyon

D’ailleurs celle qui a été nouvellement embauchée comme gestionnaire de programmation et de projets de la FAFA, confirme la présence de participants d’Edmonton, Calgary, Saint-Isidore, Bonnyville, Okotoks et Canmore.

L’atelier comme outil d’information pour les aînés franco-albertains

«C’est un bel évènement pour réunir la francophonie», estime Réjean Leroux, ancien président et membre actuel du Club de l’Amitié. Il a assisté à l’atelier sur les directives personnelles organisé par l’AJEFA.

Bien qu’il ait apprécié la présentation, Réjean est resté sur sa faim. Il l’aurait aimée plus longue, «deux heures», pour transmettre tous les renseignements nécessaires. Il aurait aussi souhaité que la discussion cible davantage les testaments et les processus judiciaires.

Réjean Leroux. «Il y avait plusieurs bonnes options.» Crédit : Isaac Lamoureux

Réjean Leroux. «Il y avait plusieurs bonnes options.» Crédit : Isaac Lamoureux

Denise Lavallée, la directrice générale de l’AJEFA, regrette de ne pas avoir pu, elle aussi, offrir des sessions d’information plus longues, mais «nous n’avions pas le choix» contenu de l’emploi du temps serré.

L’importance des directives personnelles

Avec la quinzaine de participants, la notion de directives personnelles a été revisitée. Ce document juridique par lequel une personne en désigne une autre (un mandataire) pour la représenter et pour agir en son nom si elle n’a plus la capacité de prendre ses propres décisions.

Les aînés qui participent à la Zumba lors de Vivre actif. Crédit : Courtoisie

Les aînés qui participent à la Zumba lors de Vivre actif. Crédit : Courtoisie

Même si l’atelier n’a duré qu’une heure, «on a eu beaucoup de bons commentaires», affirme Denise Lavallée. Elle explique que les participants étaient aussi contents de recevoir un dossier qui ressemble à la green sleeve utilisé par le gouvernement provincial.

Ce dossier permet de regrouper divers renseignements de santé, incluant les directives personnelles, à garder à la maison, près de son réfrigérateur. «Si jamais quelqu’un perd connaissance, les services d’urgences savent où trouver» cette information, ajoute la directrice générale de l’AJEFA.

«En cas d’urgence, il faut que quelqu’un soit capable de lire et d’interpréter les documents, c’est parfois plus facile de les avoir en anglais.» Me Julie Gagnon

Le formulaire de directives personnelles donné aux participants est écrit dans les deux langues officielles. Me Julie Gagnon, qui a animé l’atelier, explique que c’est important d’avoir les documents en anglais même pour les francophones. «En cas d’urgence, il faut que quelqu’un soit capable de lire et d’interpréter les documents, c’est parfois plus facile de les avoir en anglais», dit-elle.

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Une présentation, mais aussi un dialogue

Les questions ont été constantes durant la majeure partie de la présentation de Me Julie Gagnon. Elle a beaucoup aimé ces interactions. «J’apprécie tous ceux qui étaient présents et ont posé des questions. Ça rend le sujet plus intéressant pour tout le monde», explique-t-elle.

Denise Lavallée confirme que «c’est certainement un atelier qu’on veut refaire». Elle explique que les commentaires étaient si bons que même les personnes qui n’y avaient pas participé sont venues chercher des dossiers verts. Par la suite, «des gens nous ont appelés au Centre d’information juridique pour parler à un de nos agents», ajoute-t-elle.

Elle temporise en expliquant que les agents juridiques de l’AJEFA peuvent seulement donner les documents imprimés et la liste de ce qu’il ajoute dans le formulaire et insiste sur le fait que le travail de rédaction des recommandations doit se faire avec un avocat.

Selon l’enquête 2019 du gouvernement du Canada, 95% des Canadiens âgés de plus de 65 ans ont un testament. Cependant, seulement 68% ont des directives personnelles. Malgré ce chiffre assez élevé et la participation exclusive des ainés à l’atelier, l’AJEFA a souligné l’importance d’avoir des directives personnelles dès l’âge adulte.
Une personne peut désigner différents mandataires pour s’occuper de ses affaires personnelles : soins de santé, logement, relations personnelles, activités sociales, formation, emploi, questions juridiques. Une autre section des directives personnelles lui permettra de désigner le mandataire qui sera responsable de la garde et de l’éducation des enfants mineurs.

La région de Smoky River compte 1684 âmes. Presque la moitié sont bilingues et l’autre moitié parle uniquement l’anglais. Seuls 10 résidents ne parlent aucune des deux langues officielles alors que le même nombre ne s’exprime qu’en français. Bien que la francophonie soit très présente dans la région, sa représentation dans les services de santé l’est beaucoup moins.

Selon Shelly Willsey, directrice des communications pour la zone Nord des Services de santé de l’Alberta (AHS), «dans l’ensemble de l’Alberta, il y a 2 044 médecins dans divers domaines de la santé qui s’identifient comme offrant des services en français». Cependant, dans la zone Nord qui comprend essentiellement tout le nord d’Edmonton, Smoky River ainsi que Jasper, Hinton, Edson et Grande Cache à l’ouest, il n’y en a que 17 sur un total de 670.

Malgré un nombre limité de médecins, AHS emploie tout de même 11 133 personnes dans cette zone pour une population totale de 480 924 habitants. Un nombre qui ne suffit pas puisque les Services de santé de l’Alberta collaborent toujours avec d’autres services d’urgence pour offrir les meilleures options possibles aux résidents.

Des services d’urgence solidaires pour mieux servir

«Nous répondons en tant que premiers répondants aux appels médicaux dans la région», dit Marcel Maure, le chef des pompiers, directeur de la gestion des urgences et directeur des services de protection pour la région de Smoky River. Il ajoute que le temps d’attente pour une ambulance est normalement de 10 à 40 minutes. Tout dépend de l’endroit d’où viennent les ambulances.

«Nous pratiquerons la réanimation cardiopulmonaire (RCP) et tout ce qui est nécessaire avant l’arrivée de l’ambulance», dit le professionnel francophone. Les 28 pompiers sont formés en RCP et en premiers secours médicaux.

Une petite pause pendant la séance d’entraînement des pompiers de Smoky River. Crédit : Courtoisie

Une petite pause pendant la séance d’entraînement des pompiers de Smoky River. Crédit : Courtoisie

Bien que Marcel Maure ait rempli 28 des 30 postes de pompiers de garde, il dit que «ce n’est pas tous les jours que nous avons de nouvelles recrues». Certains de ses pompiers sont en service depuis 45 ans. Alors la crainte de les voir prendre leur retraite est bien légitime s’il n’y a personne pour les remplacer.

«Ce n’est pas tous les jours que nous avons de nouvelles recrues.» Marcel Maure

Bilingue, Marcel Maure, comme ces collègues pompiers, n’a jamais eu de problème de communication lors d’une intervention d’urgence. Cependant, «parfois, nous recevons des ambulanciers de l’extérieur de la région. Il y a des résidents qui sont des Français et qui parlent un anglais approximatif». Il est donc nécessaire d’envoyer un pompier pour traduire et aider pendant l’intervention.

Pour certains, ce n’est toujours pas suffisant

Même si les pompiers et les Services de santé de l’Alberta travaillent ensemble, ce n’est parfois pas suffisant. Randy Fillion, le technicien du son de la radio communautaire Nord-Ouest FM, explique qu’il a emmené récemment deux de ses enfants au Stollery Children’s Hospital, l’hôpital pédiatrique situé à Edmonton.

Nadia a aujourd’hui quatre ans et est née dans ce même hôpital. C’était à l’époque le seul endroit où l’on pouvait obtenir les services d’une sage-femme dans le nord de la province. Un facteur essentiel pour l’épouse de Randy, alors que leur fille, bébé naissant, était atteinte d’un syndrome hypoplasique (développement insuffisant) du ventricule gauche.

Randy et Nadia Fillion au Stollery Children’s Hospital. Crédit : Courtoisie

Randy et Nadia Fillion au Stollery Children’s Hospital. Crédit : Courtoisie

L’enfant a alors dû séjourner à l’hôpital pendant les six premiers mois de sa vie. Pendant cette longue période, Randy faisait régulièrement les déplacements entre Donnelly à Edmonton. «Trois cent quarante kilomètres, trois ou quatre fois par mois», explique-t-il. Un rythme effréné qui s’est ralenti depuis que Nadia a subi sa dernière opération. «Heureusement, maintenant nous ne devons y aller que deux ou trois fois par an», dit-il.

Récemment, Adèle s’est cassé le pied. Il aurait aimé aller au centre hospitalier de Grande Prairie, mais «toutes les chirurgies orthopédiques se font à Edmonton». Alors il a repris le volant pour y amener sa fille de sept ans sans avoir vraiment le choix.

Finalement, après avoir bénéficié de soins et des services médicaux de qualité dans la capitale provinciale, Randy s’étonne du temps qu’il doit attendre pour obtenir des services médicaux généraux dans sa région. Et quand il veut un rendez-vous, «il faut que j’attende deux ou trois semaines au moins». Il remarque que cela allait bien plus vite en ville.

Les Services de santé de l’Alberta (AHS) innovent pour recruter

Face à certains défis concernant les services de santé dans la région, Shelly Willsey explique que AHS fait tout son possible pour assurer la présence de professionnels de la santé et de médecins avant de réduire le nombre de lits et/ou de places de soins dans ces établissements. Elle ajoute que «les réductions temporaires ne sont effectuées qu’en dernier recours».

«Les réductions temporaires ne sont effectuées qu’en dernier recours.» Shelly Willsey

AHS a mis en place une équipe spécialisée qui se consacre à la mise en œuvre de solutions pour soutenir les efforts de recrutement dans toute la province. La directrice des communications explique que l’autorité sanitaire a créé une page consacrée aux carrières en santé en région rurale.

AHS évoque un plan stratégique en cinq étapes afin de faciliter les embauches dans les secteurs en tension. «Il inclut la recherche active d’embauche dans les secteurs critiques de la santé par LinkedIn, Indeed et d’autres réseaux d’emplois ainsi qu’avec les associations professionnelles.»

Elle espère tirer parti de la rétention d’une main-d’œuvre accrue en cas de pandémie par le biais d’une campagne rurale ciblée. Elle souligne que AHS collabore au Rural Health Professional Plan (RhPAP) afin d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies d’attraction et de rétention pour des communautés et des professions particulières.

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Shelly Willsey ajoute aussi que les «Services de santé de l’Alberta participent à divers salons de l’emploi virtuels avec des gestionnaires ruraux pour mettre en évidence leurs postes critiques vacants» et met en œuvre des initiatives pour les diplômés du printemps et les étudiants de premier cycle.

Composée de villes et de villages comme Girouxville, Falher, Donnelly et McLennan, la région qui regroupait 2023 âmes en 2016 a perdu près de 16% de sa population en 2021. Grâce à cette faible population, «les prix des maisons dans la région sont très bas», dit Cherie Schulz, agente d’immeuble et responsable de site pour Heart River Housing (programme de logement à faible revenu).

«Les prix des maisons dans la région sont très bas.» Cherie Schulz

En ce qui concerne les loyers, le plus bas proposé par Heart River Housing est de 120$ par mois. Bien sûr, cela dépend du nombre de chambres à coucher, mais le prix plafond pour un duplex de trois chambres est de 1150$ par mois. Elle ajoute «qu’aucune des maisons ne vaut beaucoup plus de 100 000$».

Avec ses deux chapeaux, Cherie Schulz gère plus de 300 logements. Cent soixante-dix se trouvent dans le secteur privé et le reste est géré en collaboration avec Heart River Housing. Ces logements vont de la garçonnière (studio) à la maison de cinq chambres. Elle évoque aussi les prix du marché privé qui sont également bas comparés à ceux des grandes villes.

Un appartement d’une chambre coûte 685$ par mois alors qu’un appartement de deux chambres est proposé à 740$ par mois. Les maisons de cinq chambres qu’elle gère se louent 1450$ par mois. Des prix qui effectivement pourraient être très attractifs pour une population toujours plus en difficulté dans les grands centres urbains. Encore faut-il avoir un emploi dans la région.

Les logements locatifs pour une solution économique

Justine Dubrule, la journaliste de Nord-Ouest FM, ne se voit malheureusement pas vivre dans la région toute sa vie par manque d’emploi dans son domaine. Aujourd’hui, elle a un poste à plein temps, mais c’est grâce à un programme subventionné du gouvernement fédéral.

Bien qu’elle poursuive une maîtrise en études françaises à l’Université de Waterloo, elle n’a pas besoin d’être présente sur le campus durant la rédaction de celle-ci. Alors elle profite pleinement de la région tout en économisant de l’argent.

Heureuse de pouvoir louer un appartement à un coût raisonnable pendant ses études, elle pense que lorsqu’elle sera prête à acheter une maison, elle devra déménager en raison du manque de possibilités d’emploi.

Justine Dubrule : «C’est tellement moins cher ici que c’est attrayant». Crédit : Courtoisie

Justine Dubrule : «C’est tellement moins cher ici que c’est attrayant». Crédit : Courtoisie

Un point de vue tout de même partagé par Emma Iafolla-Lafrenière alors qu’elle a été récemment nommée directrice de l’ACFA régionale de Rivière-la-Paix. Mais depuis son déménagement à Falher en septembre 2021, elle trouve de nombreux avantages à vivre dans ce bourg. Outre l’aspect économique non négligeable, elle apprécie l’esprit de solidarité qui règne dans la communauté francophone locale.

Elle est néanmoins très reconnaissante envers son amie, Élise Tanguay, qui lui a proposé une chambre en location chez elle lorsqu’elle est arrivée dans la région. Elle préfère d’ailleurs la location «à l’ancrage» d’une maison. Une situation qui lui permet de voyager. «J’aime la flexibilité de la location d’une maison. Si je veux voyager pendant une longue période, je peux partir si je le veux», s’exclame-t-elle.

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Un manque de logement pour ceux qui veulent s’installer

Si une partie de la population de Smoky River possède ou loue un logement, certaines personnes n’ont pas cette chance. Les propriétés à louer peuvent être difficiles à trouver. Cherie Schulz dit qu’actuellement, il existe, dans le secteur privé, «une liste d’attente de 15 personnes». Elle ajoute qu’elle reçoit quotidiennement des appels de personnes en quête d’un bien à louer ou à acheter.

Quand Justine Dubrule a commencé à se chercher une place à louer, un des rares immeubles à appartements à Donnelly avait récemment brûlé. Cela a rendu encore plus difficile un marché locatif déjà limité. Elle a donc visité les autres villages de la région. «En rentrant dans le village de McLennan, ils étaient tous pris», dit-elle.

Elle se souvient avoir commencé sa recherche cinq mois avant son retour de l’Ontario. La maison qu’elle a finalement trouvée a été prête un mois avant son retour. Elle avoue que le fait d’être originaire de la région l’a malgré tout aidée. Elle a appelé son futur propriétaire qui lui a fait confiance immédiatement parce qu’elle était née à McLennan, là où se trouve la maison.

Statistiques démographiques de la région de Smoky River pour 2016 et 2021 (Statistique Canada) Crédit : Isaac Lamoureux

Statistiques démographiques de la région de Smoky River pour 2016 et 2021 (Statistique Canada) Crédit : Isaac Lamoureux

Justine Dubrule fait partie de ces rares personnes qui ont pu s’installer au cours de l’année, car selon Cherie Schulz, le marché immobilier, que cela soit pour la location ou l’achat, stagne dans la région. Elle assure «qu’il n’y a pas beaucoup de roulement» et que le nombre de personnes qui changent de lieu de vie est en moyenne de 12 par année.

Justine Dubrule partage ce sentiment. En effet, elle constate qu’il y a très peu de maisons à vendre et ce sont souvent «toujours les mêmes. On dirait que les maisons n’arrivent pas à se vendre», dit-elle. Des maisons qui ne sont peut-être pas au bon prix.

Malgré tout, la forte communauté francophone joue un rôle important dans le maintien de la population dans la région. «La communauté est très accueillante. Il y a aussi beaucoup la beauté de la région. C’est formidable comme les couchers de soleil. C’est fantastique et tu peux voir les aurores boréales, c’est vraiment beau», raconte Emma Iafolla-Lafrenière.

«La communauté est très accueillante. Il y a aussi beaucoup la beauté de la région.» Emma Iafolla-Lafrenière

Outre la beauté de la région, elle explique que chaque fois qu’elle va quelque part, les gens sont toujours prêts à entamer la conversation et à montrer leur amabilité. «C’est une région très ouverte et sympa» où il fait bon avoir un toit.

Une population qui voit les jeunes et les actifs s’en aller
Bien que la population de la région de Smoky River ait perdu 322 personnes entre 2016 et 2021, cette baisse n’affecte pas tous les groupes d’âge de la même façon. Entre 2016 et 2021, chaque groupe d’âge a évolué comme suit :

• Le nombre de citoyens de 0 à 14 ans a connu une décroissance de 22% (410 à 320 personnes).
• Le nombre de citoyens de 15 à 64 ans a connu une décroissance de 22,7% (1365 à 1055 personnes).
• Le nombre de citoyens de 65 ans et plus a connu une croissance de 24% (250 à 310 personnes).

Originaire d’Edmonton, Emma Iafolla-Lafrenière a déménagé à Falher l’année dernière pour être animatrice culturelle à l’école Héritage. Elle occupe aussi le poste de directrice de l’ACFA régionale de Rivière-la-Paix.

Emma adore les langues, notamment l’italien et le français, ses deux héritages linguistiques. Sa mère vient de l’Abitibi-Témiscamingue et son père, de la région des Abruzzes en Italie, plus précisément du petit village Villalago. Finissante du Campus Saint-Jean, elle détient un baccalauréat en arts avec une spécialisation dans ces deux langues.

Durant ses études, Emma a pu vivre en Italie, mais aussi à Montréal. Elle envisage prochainement d’obtenir un baccalauréat en éducation. En tant que directrice de l’ACFA régionale, Emma espère organiser de nombreux évènements en lien avec la tradition francophone afin d’encourager les membres de la communauté à vivre leur francophonie à part entière.

Isaac Lamoureux
IJL – Réseau.Presse – Le Franco

Ce programme devrait accorder la résidence permanente à toutes les personnes sans papiers, ainsi qu’un statut permanent à tous les travailleurs migrants, étudiants internationaux, demandeurs d’asile et autres groupes installés au pays.

Quelques-uns des premiers participants. (De gauche à droite) Karen Kuprys, secrétaire-trésorière de l’Alberta Federation of Labour (AFL), et Dave Malka, organisateur de l’Alberta Union of Provincial Employees (AUPE). Crédit : Isaac Lamoureux

Quelques-uns des premiers participants. (De gauche à droite) Karen Kuprys, secrétaire-trésorière de l’Alberta Federation of Labour (AFL), et Dave Malka, organisateur de l’Alberta Union of Provincial Employees (AUPE). Crédit : Isaac Lamoureux

C’est au Churchill Square que Migrante Canada a pris ses quartiers pour tenir cet évènement à Edmonton. L’organisme n’était pas seul. D’autres groupes ont manifesté leur appui pour cette régularisation. Les membres de l’Alberta Union of Provincial Employees (AUPE) et l’Alberta Federation of Labour (AFL) étaient aussi présents.

Jeremy Abbott et Brian Hunter, tous deux fiers membres du Parti communiste du Canada (marxisteléniniste). De nombreux manifestants ont affirmé être associés à ce parti. Crédit : Isaac Lamoureux

Jeremy Abbott et Brian Hunter, tous deux fiers membres du Parti communiste du Canada (marxisteléniniste). De nombreux manifestants ont affirmé être associés à ce parti. Crédit : Isaac Lamoureux

Francophonie Albertaine Plurielle (FRAP) n’a pas participé à la manifestation, mais son directeur général, Alphonse Ahola, assure que «nous sommes cependant préoccupés par la situation des migrants, notamment ceux qui sont ici avec des permis de travail. Nous travaillons actuellement avec le Conseil d’Immigration Canadien pour les réfugiés sur une initiative visant à faire pression sur le gouvernement fédéral pour régulariser ces personnes».

«Nous sommes cependant préoccupés par la situation des migrants, notamment ceux qui sont ici avec des permis de travail.» Alphonse Aloha

De nombreux membres d’associations ont pris la parole lors du rassemblement, mais aussi des citoyens. Merryn Edwards, l’une des organisatrice de la manifestation et oratrice principale, a crié «Assez bon pour travailler!» et la foule a scandé d’une seule voix «Assez bon pour rester!» Le dialogue s’est poursuivi. «Les migrants sont attaqués, que faire?» «Debout, ripostez!»

Plus tard, Kathy, une ainée autochtone qui se qualifie d’activiste communautaire, a entonné une prière en cri, puis a parlé de son passé en effectuant le rituel du tabac afin d’établir un lien direct avec le monde spirituel. L’émotion était à son comble, alors que dans la foule, la colère semblait prendre le dessus face au gouvernement qui continue de déporter et d’emprisonner des migrants.

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En entrant dans une classe de maternelle d’immersion française à l’école Routhier, on découvre un outil pédagogique visuel concernant le comportement des élèves. Crédit : Isaac Lamoureux

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Les écoles de Falher sont fortement liées à leurs racines francophones
Le vrai défi de l’éducation au XXIe siècle

Certains parents anglophones se rendent compte des possibilités et des avantages qu’apporte le fait de mettre leurs enfants en immersion française. Heba Atwi Reslan et Sarah Fedoration, deux anglophones, ont suivi l’intégralité de leur scolarité en immersion française. Alors que leur parcours universitaire s’est effectué avec 20 ans d’écart, la dynamique de l’immersion française a changé, mais les avantages à connaître la langue restent évidents.

 

Isaac Lamoureux
IJL – Réseau.Presse – Le Franco

 

Heba Atwi Reslan, coordonnatrice du développement à IG Gestion de patrimoine, est née au Québec. Toutefois, elle a déménagé en Alberta avec ses parents à l’âge de trois ans. Originaires du Liban, ses parents parlaient un français approximatif, l’autre langue historique du pays. «C’est parce que mes parents parlaient français au Liban qu’ils m’ont mis en école d’immersion», dit-elle avec gratitude.

 

Sarah Fedoration, elle, travaille en français depuis sa sortie du Campus Saint-Jean (CSJ) en 1999. Tout d’abord comme enseignante et directrice adjointe dans les écoles primaires avant d’être promue à son poste actuel de conseillère pédagogique pour les programmes d’immersion française pour le conseil scolaire Edmonton Catholic Schools.

 

Les écoles d’immersion française ont été créées au Canada dans les années 1970, ce qui fait que Sarah Fedoration a presque été impliquée dès le début de cette aventure puisqu’elle a commencé à étudier en immersion française au début des années 1980.

La volonté de continuer à étudier en français

Enseignantes de mère en fille, cette passion générationnelle a mené Sarah Fedoration où elle est aujourd’hui. «Ma mère voyait les bénéfices académiques et cognitifs de me mettre en immersion française». Elle a étudié de la maternelle à la 12e année dans les écoles catholiques de Saint-Albert. «À partir de l’âge de sept ans, j’avais un sens d’appartenance à la communauté francophone en Alberta.»

 

Elle se souvient qu’à l’époque, ses enseignantes avaient une passion contagieuse pour la langue. «Je voulais devenir enseignante d’immersion et partager ce même amour de la langue avec mes élèves», dit-elle.

 

Heba Atwi Reslan trouve que sa connaissance de la langue française était meilleure que d’autres élèves d’immersion, mais plus faible que certains francophones. Une situation qui est devenue au fil des années son plus grand défi. «J’avais toujours l’impression d’être quelque part entre les deux.»

 

Pendant ses études secondaires à Ross Sheppard, elle savait que la poursuite de ses études postsecondaires en français lui offrirait de nombreuses possibilités après l’obtention de son diplôme. Elle ajoute que des membres du Campus Saint-Jean se déplaçaient souvent dans l’enceinte de son école pour y présenter les programmes, offrir des bourses et accompagner les élèves dans leur inscription. «Les deux écoles faisaient en sorte que la transition soit très simple.»

 

«Les deux écoles faisaient en sorte que la transition soit très simple.» Heba Atwi Reslan

Des différences culturelles qui s’aplanissent

C’est lors de son baccalauréat en éducation au Campus Saint-Jean que Sarah Fedoration a commencé à interagir plus souvent avec des francophones. «C’est vraiment à ce moment que je me suis rendu compte que mon français et mon accent n’étaient pas tout à fait acceptés», dit-elle.

Sarah Fedoration. Crédit : Courtoisie

Sarah Fedoration. Crédit : Courtoisie

Comme étudiante au CSJ, elle évoque avoir «développé des méga-insécurités linguistiques». Elle l’explique par le fait qu’elle a développé un accent en immersion française qui faisait la risée des étudiants. Elle a donc choisi de s’exprimer plus souvent en anglais. «J’ai honte de mes choix, mais j’ai vraiment choisi de parler en anglais au Campus Saint-Jean.»

 

«J’ai honte de mes choix, mais j’ai vraiment choisi de parler en anglais au Campus Saint-Jean.» Sarah Fedoration

 

À l’époque, les étudiants formaient des amitiés autour de leurs groupes linguistiques. Elle explique que ceux de l’immersion, les Québécois et les Africains formaient chacun des cercles sociaux distincts. «C’était vraiment très divisé comme des cliques», ajoute-t-elle.

 

Ayant étudié au CSJ 19 ans plus tard, Heba Atwi Reslan affirme que son expérience n’avait rien à voir avec celle de Sarah Fedoration. «Mes meilleurs amis viennent du CSJ et la majorité est francophone», assure-t-elle. Elle ajoute que les étudiants qui s’y trouvaient constituaient un groupe extrêmement hétérogène.

 

Elle a découvert qu’il était extrêmement facile de se faire toutes sortes d’amis. «Tout le monde était si gentil», dit Heba Atwi Reslan. Après avoir obtenu un baccalauréat en arts avec une majeure en sociologie, elle travaille aujourd’hui dans un domaine tout à fait différent.

Les possibilités de carrière offertes par le français comme deuxième langue

IG Gestion de patrimoine est loin d’être une entreprise francophone. Mais le consultant avec qui Heba Atwi Reslan travaille est l’un des seuls conseillers en Alberta qui offre des services en français. La jeune coordonnatrice de 25 ans indique que «70% de nos clients sont des francophones» et sait combien ils sont heureux d’investir en français. C’est pour elle une grande fierté de contribuer à la communauté francophone en Alberta.

 

Elle est d’ailleurs extrêmement reconnaissante pour les occasions que la langue française lui a offertes. Elle explique d’ailleurs qu’elle doit son poste actuel au fait qu’elle était auparavant adjointe de direction à Francophonie Jeunesse de l’Alberta (FJA). Elle ajoute qu’elle n’a pas fait un baccalauréat en finance, «mais que c’est toujours la langue française qui me donne ces différentes opportunités».

 

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Ayant travaillé dans le système scolaire d’immersion française pendant plus de 20 ans, Sarah Fedoration affirme aujourd’hui qu’il est impossible pour elle d’envisager un emploi en anglais. «C’est complètement hors de question.» Et lorsqu’elle évoque le bilinguisme, elle souligne que le conseil scolaire Edmonton Catholic Schools offre sept différents programmes de langues. Alors que ce soit en français, en espagnol ou dans d’autres langues, «je vois qu’on offre un cadeau aux élèves d’apprendre une nouvelle langue».

 

Elle termine et assure que «c’est un très beau cadeau de pouvoir travailler dans ta seconde langue». Cela permet de découvrir de nouveaux amis, de nouveaux intérêts culturels, comme la littérature et la musique. «Je le recommande à tout le monde!»

 

«C’est un très beau cadeau de pouvoir travailler dans ta seconde langue.» Sarah Fedoration

Les amoureux du miel étaient impatients de retrouver leur festival la fin de semaine dernière après deux années de disette due à la pandémie. Malgré la pluie annoncée et quelques changements de dernières minutes pour accueillir le public, la fête a été un succès.

Fernando Manuel Sanchez a découvert sa passion pour les abeilles au Pérou, son pays natal. À l’époque, il n’avait que 200 colonies dans son entreprise. Pas assez nombreuses pour que son entreprise soit considérée comme commerciale. Aujourd’hui, son entreprise de Falher, Sanchez Honey, possède plus de 1 000 colonies qui contiennent chacune de 2 0000 à 4 0000 abeilles.

Crédit : Unsplash, Quaritsch Photography

Le Centre national de diagnostic apicole (CNDA) de la Northwestern Polytechnic (Grande Prairie) est le premier laboratoire au Canada à offrir une gamme complète de services de diagnostic des parasites, des agents pathogènes et des parasites de l’abeille. Crédit : Isaac Lamoureux

En décembre dernier, le consulat général de Suisse à Vancouver a contacté Allen Jacobson, le gérant culturel de La Cité francophone, afin d’organiser un concert dans le Quartier francophone d’Edmonton. Inconnu du public edmontonien, Les Fils du facteur ont débarqué pour le meilleur à La Cité francophone sous l’égide du consulat et la bienveillance d’Allen Jacobson.

La fête a commencé bien avant le spectacle lorsque le public et les artistes se sont retrouvés au Café Bicyclette pour partager de petites bouchées. L’idée autour de cette réception : un réseautage entre artistes francophones, musiciens, producteurs pour «établir et profiter d’un réseau francophone», explique l’organisateur. Il insiste sur l’importance de profiter des occasions pour développer son réseau, notamment avec des artistes francophones qui se produisent en Europe.

Allen Jacobson présentant Les Fils du Facteur. Crédit : Isaac Lamoureux

Allen Jacobson présentant Les Fils du Facteur. Crédit : Isaac Lamoureux

Après avoir commencé comme artistes de rue en Suisse, Émilien Colin et Sacha Maffli ont formé un groupe et parcouru le monde pour se produire dans les communautés francophones. Venus au Canada pour la première fois en 2018 pour un concert à Hamilton, ils se sont rendus par la suite dans de nombreuses provinces. «Trouver des communautés aussi éloignées au Canada, mais soudées autour d’une langue, c’est très impressionnant», assure Sacha Maffli.

Dès son arrivée dans le Quartier francophone d’Edmonton, Sacha Maffli explique sa surprise devant la force de la communauté francophone locale. «On ne pensait pas trouver ça autant à l’Ouest», dit-il. Émilien Colin explique qu’ils aimeraient revenir à Edmonton lorsqu’ils auront plus de temps à disposition afin d’explorer la ville.

Un public aux anges, un groupe euphorique

Selon Les Fils du Facteur et Allen Jacobson, appuyés par les multiples ovations, le concert s’est très bien passé. Allen Jacobson explique que c’était un spectacle de comédie, de théâtre, où la communion avec le public s’est faite très rapidement. Ce n’était pas juste de l’interprétation musicale. Le public en a profité à de nombreuses occasions pour interagir avec les artistes.

«Le public a vraiment aimé cet aspect interactif», relate Allen Jacobson. Sacha Maffli explique qu’il n’aime pas les groupes qui se prennent trop au sérieux. Il veut faire participer les gens. Il veut être sur un pied d’égalité avec le public malgré la scène. «Je pense que les gens aiment se sentir intégrés dans le spectacle et pas juste de devoir regarder un concert, mais de vraiment y participer», dit-il.

Sacha Maffli à la guitare et Émilien Colin au clavier. Crédit : Isaac Lamoureux

Sacha Maffli à la guitare et Émilien Colin au clavier. Crédit : Isaac Lamoureux

«C’est toujours intimidant d’arriver dans un endroit qui est loin, avec un public qu’on ne connaît pas forcément, et on ne sait pas du tout à quoi s’attendre», dit Émilien Colin. Des questions et une certaine anxiété s’installent. «Est-ce que les gens vont parler français et nous comprendre?» Heureusement, cette belle participation du public a contribué à faciliter le travail du groupe.

«Est-ce que les gens vont parler français et nous comprendre?» Émilien Colin

Habitués à visiter de nombreuses provinces et un grand nombre de pays, les artistes savent que chaque concert est différent. La réaction et la participation de la foule dictent souvent le déroulement du spectacle. Par exemple, lors du spectacle à Edmonton, l’ovation debout à la fin était si puissante que le groupe est revenu sur scène pour un rappel.

L’avenir est radieux

Avant sa tournée canadienne, le groupe a dû annuler un déplacement en Afrique du Sud en raison de la pandémie. Aujourd’hui, les conditions sanitaires s’annoncent propices à de nouvelles représentations et la richesse de la francophonie leur réserve un bel avenir.

Parmi les destinations futures, Sacha Maffli dit que «le consulat suisse en parlait et disait qu’il y avait sans doute la possibilité qu’on revienne jouer à nouveau au Centre francophone d’Edmonton». Allen Jacobson explique que le concert a eu une telle résonance à ses yeux qu’il aimerait peut-être envoyer des artistes franco-albertains en Suisse dans les prochaines années.

«C’est toujours important d’avoir bien des connexions avec des sociétés et des entreprises, peu importe votre poids culturel.» Allen Jacobson

«Ce sera une réciprocité de ce qu’ils ont fait pour nous», dit-il. Il affirme cette volonté de pouvoir être connecté avec d’autres entités artistiques au Canada, mais aussi à l’étranger. «C’est toujours important d’avoir bien des connexions avec des sociétés et des entreprises, peu importe votre poids culturel.»

Le groupe Les Fils du Facteur a vu le jour il y a sept ans. Une guitare et un accordéon à la main, les artistes ont arpenté les rues, les bars et les scènes avant de s’installer de nouveau en studio pour enregistrer leur plus récent album intitulé Jusqu’ici ça va. Leur musique poétique, née en Suisse, a depuis traversé les rivières, les lacs et maintenant les océans, car elle affirme, questionne, ironise avec empathie sur des thèmes universels. Éclectique et sincère, leur chanson française, mais suisse avant tout, a trouvé son public en France, en Belgique et au Canada.
Source : lesfilsdufacteur.com/presentation
Le consulat général de Suisse à Vancouver représente les intérêts de la Suisse et des citoyens suisses en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest. Il encourage activement les échanges dans des domaines tels que le commerce et l’investissement, l’innovation, l’éducation, la science, le tourisme, la culture et l’environnement.