le Samedi 5 octobre 2024

IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Mouna Gasmi est la directrice générale du Centre d’Appui Familial du Sud de l’Alberta. Photo : Courtoisie

«Notre communauté est très vivante et active. Il y a une grande demande pour nos services. C’est appuyé par les chiffres qu’on a cumulés l’année dernière au niveau des inscriptions», affirme Destiny McLean, responsable du bureau satellite du CDAF à Lethbridge.

Les ateliers «après école» sont particulièrement prisés et continuent de rencontrer un grand succès en ce début d’année scolaire. «Notre objectif est que ces activités ressemblent à des clubs de science, d’art et de sport, pour permettre aux enfants d’apprendre le français tout en s’amusant, au-delà des cours en classe», explique-t-elle.

Ces activités parascolaires, menées en français, jouent un rôle clé dans le développement de l’identité francophone des jeunes et renforcent leur sentiment d’appartenance à la langue, souligne Destiny. 

Les activités préscolaires, destinées aux tout-petits de la garderie et de la prématernelle, ont également connu un grand succès au cours de la dernière année. La proximité de l’École La Vérendrye facilite le recrutement. «Cela nous donne accès à un bassin de près de 40 enfants», ajoute Destiny McLean.

Bien qu’elle apprécie cet avantage, Destiny exprime son souhait d’élargir l’accès aux membres de la communauté situés en dehors du noyau familier de La Cité des Prairies où se trouvent la plupart des organismes et l’école francophone de Lethbridge. «Je veux vraiment augmenter notre visibilité. J’aimerais [à terme] visiter les écoles d’immersion et attirer les jeunes et leurs parents. Ils sont tout aussi importants», explique-t-elle. 

Que ce soit lors du festival familial mensuel qu’elle organise autour de thèmes spécifiques – celui du 28 septembre sera dédié à l’automne – ou lors d’événements pour adultes, comme la soirée vin, fromage et peinture prévue le 27 septembre, l’objectif est donc d’inclure un maximum de parents de la communauté, qu’ils aient des attaches directes ou lointaines avec la langue française. 

«La langue nous unit, mais même si tu ne parles pas français, tu es le bienvenu. Les parents d’enfants en immersion doivent faire partie de notre communauté. Sans eux, leurs enfants n’ont aucun lien avec le français en dehors de l’école», rappelle-t-elle.

Beaucoup d’autres ateliers et activités auront lieu en octobre à Calgary. «Entre nous mamans» permettra notamment aux mères de se réunir «sans enfants et sans papas», mentionne Mouna Gasmi. Pour connaitre la liste complète des programmes et consulter le calendrier du CDAF 

Le bureau satellite à Lethbridge a créé une page web 

Destiny McLean est la responsable du bureau satellite à Lethbridge. Photo : Courtoisie

Le CDAF pousse à l’extérieur de Calgary 

Red Deer, Airdrie, Medicine Hat, Brooks, Canmore… Le CDAF continue d’étendre ses services pour répondre aux besoins des familles dans le sud de la province, assure sa directrice générale, Mouna Gasmi. «On essaie d’organiser des activités en région là où il y a des besoins. Notre équipe se déplace environ une fois par mois, dépendamment des endroits. Sinon, tout ce qui est offert en ligne est bien sûr ouvert à tout le monde», précise-t-elle.

Le Francotoks qui se tiendra à Okotoks les 21 septembre, 19 octobre et 16 novembre permettra, par exemple, aux enfants âgés de 3 à 6 ans de participer à des matinées d’activités en français avec leurs parents. «Le premier weekend, il y aura la cueillette de citrouilles et, ensuite, ce sera d’autres activités thématiques.»

À Calgary, les activités reprennent aussi après un été «relativement calme». Le club de soccer reprendra du service à partir du 21 septembre, à la demande de nombreux parents qui souhaitent compter sur une activité sportive en français pour l’année. «Les entraînements vont avoir lieu à l’extérieur en septembre au Erin Woods Park, puis au Calgary Soccer Centre en octobre».

Nouveauté cette année, l’École Terre des Jeunes accueillera pour la première fois des activités «après école» du CDAF, tout comme la Mayland Heights School du Calgary Board of Education, une école d’immersion française. «C’est bien d’accorder de l’importance aux familles francophiles. En leur proposant des activités en français, on espère qu’ils puissent développer leurs compétences», explique Mouna, faisant ainsi échos aux propos de sa collègue de Lethbridge.

Dans les deux cas, les inscriptions se remplissent «très rapidement», assure-t-elle. Une vingtaine de jeunes participent en moyenne aux ateliers.

Glossaire – Faire échos : répéter les paroles d’autrui en validant les dires

Pour le juriste François Larocque, la responsabilité de recueillir des données incombe à l’ensemble de la fonction publique fédérale et pas seulement à Statistique Canada. Photo : Courtoisie

«Je suis constamment confronté au manque de données sur les francophones en situation minoritaire», regrette le titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie canadienne en droits et enjeux linguistiques de l’Université d’Ottawa, François Larocque.

Il y a quelques années, le professeur de droit a tenté d’obtenir, en vain, des renseignements sur le nombre de juges fédéraux bilingues exerçant au Canada. «Ce sont des informations d’intérêt public, liées à l’obligation fédérale de fournir une justice dans les deux langues officielles, et, pourtant, ça s’est révélé impossible à obtenir», déplore-t-il.

Le juriste considère qu’il ne s’agit pas d’un «désintérêt intentionnel» : «Les autorités ne comprennent simplement pas le plein intérêt de ces données.»

À Edmonton, la professeure d’histoire à la Faculté Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, Valérie Lapointe-Gagnon, est aux prises avec les mêmes difficultés.

«Nous sommes obligés de produire les données, car elles n’existent pas. Dans l’Ouest, le récit historique est très anglodominant, les voix minoritaires comme celles des francophones sont effacées et on doit les ramener à la surface», explique l’historienne.

Le peu de ressources humaines et financières allouées aux établissements postsecondaires francophones complique encore plus son travail.

Valérie Lapointe-Gagnon prend en exemple les archives de la Faculté Saint-Jean, transférées dans les locaux de l’Université de l’Alberta, sans qu’aucun archiviste maitrisant le français n’y soit affecté.

Ce qu’il faut savoir

En 2015, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a proclamé le 28 septembre Journée internationale de l’accès universel à l’information. En 2019, c’est au tour de l’Assemblée générale des Nations Unies de reconnaitre officiellement cette journée.

L’objectif est de sensibiliser les citoyens à leur droit d’accéder à l’information détenue par les institutions gouvernementales. Elle vise aussi à promouvoir la liberté d’information comme fondement de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Le chercheur Éric Forgues critique un double problème de découvrabilité et de manque de pertinence des données publiées sur le site Internet de Statistique Canada. Photo : Courtoisie

Plus de questions sur la langue

Aux yeux du directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML), Éric Forgues, ce manque de données publiques peut compromettre «l’épanouissement» des communautés. «On doit connaitre leurs besoins pour élaborer des politiques pertinentes en immigration, en santé, en éducation, et tout ça suppose des données.»

Ottawa semble avoir pris conscience de cette problématique, comme en témoignent certaines dispositions de la toute nouvelle Loi sur les langues officielles. Le texte engage le gouvernement fédéral à produire et à diffuser plus d’informations sur la francophonie en situation minoritaire.

En vertu de la loi, Statistique Canada doit également bonifier les informations sur les communautés francophones hors Québec recueillies lors du recensement. Pour la première fois en 2021, l’agence fédérale a intégré de nouvelles questions liées à la langue dans le dénombrement de la population.

«Ce sont des signaux très encourageants, ça permet de mieux identifier les nouvelles tranches de personnes potentiellement ayants droit, le nombre d’enfants admissibles dans les écoles», salue Éric Forgues.

«C’est important, car les provinces calculent leurs budgets en fonction de ces données», précise François Larocque.

Statistique Canada réalise aussi ponctuellement des enquêtes sur la population de langue officielle en situation minoritaire. Les résultats de celle effectuée en 2022 devraient être accessibles d’ici le début de l’année prochaine.

«À cause du manque de ressources financières et de personnel dans nos universités, c’est difficile de faire de la recherche pour produire des données sur la francophonie», dénonce l’historienne Valérie Lapointe-Gagnon, en Alberta. Photo : Courtoisie

Payer pour obtenir des données

L’organisme mène enfin de nombreuses recherches sur des enjeux sociétaux, économiques ou encore liés à la santé. Cependant, malgré de récents efforts pour inclure des variables linguistiques, ces enquêtes négligent les questions sur la langue, estime Éric Forgues.

«Les francophones en situation minoritaire vivent souvent dans de petites communautés, qui se retrouvent sous-représentées dans les échantillons, c’est difficile de faire des analyses», ajoute-t-il.

L’autre défi reste celui de la découvrabilité, autrement dit, réussir à trouver les bonnes données quand elles existent. Le public et les chercheurs doivent naviguer à travers les méandres du site Internet de Statistique Canada et réussir à dénicher et comprendre les informations, qui ne sont pas toujours présentées de façon intelligible.

«Il y a un potentiel énorme, mais c’est comme repérer une aiguille dans une botte de foin, c’est très facile de se perdre dans la masse de données», remarque Éric Forgues.

Surtout, les informations publiées ne sont pas nécessairement pertinentes. Éric Forgues n’hésite pas à parler de «fossé» : «Ça donne souvent des tendances générales, mais ça ne répond pas aux besoins spécifiques des communautés, ce n’est pas à la bonne échelle géographique.»

L’ICRML est régulièrement obligé de payer Statistique Canada pour accéder à des données plus appropriées.

«Ça représente un cout non négligeable. Idéalement, ça devrait être gratuit, en particulier pour des données essentielles comme le portrait des enfants admissibles dans un district scolaire», plaide Éric Forgues.

Situation critique dans les provinces

Pour les chercheurs interrogés, la collecte de données ne doit pas seulement reposer sur les épaules de Statistique Canada.

«C’est une obligation transversale qui pèse sur l’entièreté de la fonction publique fédérale, sur tous les ministères», insiste François Larocque, qui évoque également «la mine d’or d’informations» que représente le travail d’archivage de la Bibliothèque du Parlement du Canada.

En revanche, au niveau des provinces, la situation est plus critique. À part au Québec, il n’existe pas d’équivalents provinciaux de Statistique Canada.

«On ignore souvent ce qui existe comme données dans les provinces, elles ne sont pas nécessairement publiques ou alors réservées à des initiés», observe Éric Forgues.

En Ontario, François Larocque a par exemple dû déposer plusieurs demandes d’accès à l’information auprès du gouvernement provincial. Découragé face à un véritable parcours du combattant, il lui est arrivé d’abandonner plusieurs requêtes.

Selon l’universitaire, le manque de personnes bilingues dans la fonction publique ontarienne capables de traiter correctement la demande et de mener la recherche en français constitue le nœud du problème.

Donald Trump. Photo : Wikimedia Commons

C’est le crépuscule lorsque j’entends siffler ma tante depuis le portique de l’entrée de sa maison, où nous logeons pour les vacances d’été. Nous devons nous empresser de rentrer chez elle avant qu’il ne soit trop tard. Après avoir passé toute la journée dehors dans la cour à jouer au umupira (soccer en kinyarwanda) avec mes cousins, nous nous affalons sur le canapé en nous rafraîchissant avec une boisson gazeuse au citron. J’aime la vie au Rwanda!

Après quelques minutes, j’allume la télévision et voilà l’escarmouche déclenchée. «Aya de Yopougon!» «Non! Regardons Les Sisters!» «Je veux voir Kirikou!» Mes cousins et moi nous  disputons pour savoir ce que nous allons regarder à la télévision avant de nous coucher.

Finalement, nous optons pour Tom et Jerry, ces deux affreux qui se chamaillent à chaque instant. Un programme qui conviendra à toutes les tranches d’âge de notre groupe. Cela fait très longtemps, mais je me souviens très bien de cet épisode en anglais, Heavy Booking, datant de 1980.

Hilda, ce «sacré» personnage 

L’action prend place dans une bibliothèque municipale. Hilda, la bibliothécaire en surpoids, caractérielle et maladroite, se voit confier un bébé qu’elle doit garder pendant qu’une mère fait ses courses. Mais Hilda s’est assise à son bureau et décide de faire une sieste. 

Dans cet environnement calme et studieux, deux protagonistes s’échauffent : Tom, le chat gris un peu pataud, et Jerry, la petite souris brune maléfique. Ils sont toujours en conflit et ils se divertissent de leur nature animale en jouant au chat et à la souris. 

Hilda est réveillée par les pleurs de ce bébé qu’elle est censée surveiller. Pour elle, ce réveil brutal est la faute de Tom, trop bruyant. Mais, en vérité, c’est Jerry qui dérange. Lorsqu’elle dort, la petite souris joue du tambour, jette des livres et mange bruyamment. De plus, Jerry se divertit de la souffrance qu’il lui inflige. 

En me remémorant  cet épisode, je me mets à détester Hilda. Elle a une voix hargneuse et parle des deux côtés de la bouche. Elle dit quelque chose, mais fait le contraire! C’est une hypocrite! Elle dit qu’elle va surveiller le bébé, mais elle préfère dormir. Elle ordonne constamment à Tom de se taire, alors que c’est elle qui est la plus bruyante en lui criant dessus d’une voix odieuse. 

Pour éviter d’autres ennuis, Tom avale brièvement le tambour que Jerry utilisait pour faire du bruit. Elle traite Tom de «ventre gras!», alors qu’elle-même ressemble à une baleine échouée, si je peux m’exprimer ainsi.

Hilda et la politique, sentiment concordant

Tout comme Hilda, les acteurs des systèmes politiques maîtrisent l’hypocrisie. Nos dirigeants édictent des lois et des politiques, mais font souvent le contraire. Attention, je ne prétends pas que c’est généralisé, mais…

Prenons par exemple les États-Unis. Là-bas, en fonction des États, le droit de vote d’une personne peut être suspendu ou retiré temporairement à la suite d’une condamnation pénale, mais cela varie d’un bout à l’autre du pays. 

Si un Américain est condamné d’un crime dans les États de l’Iowa, du Kentucky et de Floride, il lui sera interdit de voter à vie. Priver un citoyen de son droit de vote à vie me semble avoir de graves conséquences sur un citoyen. 

Une peine de prison ou une condamnation pénale rendent-elles une personne mentalement déséquilibrée à tel point qu’elle est incapable de faire des choix éclairés? Les citoyens «gentils et bien élevés» sont donc ceux qui ont le droit, ou dois-je dire le privilège, de voter?

Donald Trump, qui a été le 45e président des États-Unis de 2017 à 2021, a récemment été reconnu coupable de 34 chefs d’accusation par un jury de New York. Il est coupable de falsification de dossiers commerciaux, soit de fraudes comptables qui ont été effectuées dans le but de dissimuler une relation extraconjugale des plus douteuses, et ce, avant les élections de 2016. 

Cependant, il a toujours le droit de se présenter aux élections présidentielles et donc de prêter serment. Une occasion solennelle où il va témoigner devant Dieu qu’il a sincèrement l’intention de tenir sa parole en devenant le 47e président des États-Unis. Qui plus est, il a aussi le droit de vote en Floride, là où il réside. Vive la démocratie américaine!

Justin Trudeau. Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Et le Canada? Avons-nous deux poids, deux mesures?

Tout d’abord, il est important de comprendre la structure de la répartition du pouvoir à travers notre pays. «L’État fédéral réunit plusieurs collectivités politiques différentes. Un gouvernement central s’occupe des questions communes à toutes les composantes de l’État, tandis que des administrations “provinciales” (…) se chargent des objectifs propres à chacune.» Donc, différentes provinces peuvent adopter des politiques conformes à leur population. 

Ceci étant dit, je me rappelle de la Loi 21 ou Loi sur la laïcité de l’État du Québec adoptée en 2019. La loi interdit aux employés de l’État et aux enseignants le port de symboles religieux, tels que le hijab, le turban ou la kippa. Pour une mise en contexte, l’Église catholique a été active dans la fondation et le passé du Québec. Il était responsable des hôpitaux, des écoles et de plusieurs institutions sociales. Mais aujourd’hui, l’État du Québec est laïque, c’est-à-dire qu’ils visent à séparer le gouvernement de la religion. 

Cela peut être une bonne chose : aucune religion n’est favorisée, la morale religieuse ne dicte pas les choix du gouvernement et les symboles religieux sont interdits afin de respecter la neutralité.

Mais la Loi 21 n’est-elle pas finalement discriminatoire et exagérée? Elle rend difficile l’intégration des minorités religieuses dans la société québécoise. La Loi ne peut-elle pas être considérée comme exclusive et même xénophobe? Oui, le Québec peut faire ses propres lois, mais n’est-ce pas en contradiction avec notre Charte canadienne des droits et libertés qui nous assure la liberté de pensée, de croyance et d’expression?

Quoi qu’il en soit, les acteurs politiques devraient cesser cette hypocrisie – tout comme Hilda. Les États-Unis laissent un criminel se présenter à la présidence, mais n’autorisent pas les délinquants à voter. Le gouvernement du Québec fait la promotion de la neutralité, mais ne semble pas respecter la diversité religieuse. 

Finalement, les politiques ne valent pas mieux que Hilda qui accepte de faire du babysitting, mais préfère dormir. Et si les systèmes politiques arrêtaient de jouer à ce jeu et commençaient à être moralement cohérents, cela aurait-il un impact?

GlossaireSolennel : Célébré en public avec éclat, qui est accompagné d’un cérémonial imposant

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Donald Nguepi Ndongo est le coordonnateur du programme des travailleurs en établissement dans les écoles (TEE) du Portail de l’Immigrant Association. Photo : Courtoisie

Le Portail de l’Immigrant Association (PIA) a mis les bouchées doubles cette année. L’évènement a pris de l’ampleur et «répond aux besoins de la communauté», estime Donald Nguepi Ndongo, coordonnateur du programme des travailleurs en établissements dans les écoles (TEE) et bâtisseur de l’évènement avec son équipe. 

Selon les estimations du PIA, ils étaient près de 300 participants à l’évènement et plus d’une vingtaine d’organismes, francophones, bilingues et parfois uniquement anglophones… ce qui a pu faire sourire lors de certaines présentations. 

Sylvie Lebihan, agente de diversité d’Alberta Health Services (AHS), a pleinement fait profiter les enfants de ce kit de santé buccale. Photo : Arnaud Barbet

Des besoins de services en français en hausse  

De nombreux organismes bien connus de la francophonie calgarienne étaient là, mais aussi d’Edmonton et d’ailleurs. Et s’ils étaient nombreux de Calgary, le Pont Cultural Bridge était lui aussi présent, alors que son bureau principal est bien à Edmonton. 

Giscard Kodiane, directeur général adjoint responsable de la planification et cofondateur de l’organisme, «insiste sur l’importance d’un tel évènement» et met en avant «les besoins grandissants de la communauté». Il en a profité pour réitérer le mandat provincial de son organisme et pour signaler la présence d’un bureau à Calgary qui devrait prendre plus d’ampleur dans les prochains mois. «C’est dans la droite ligne de notre mission d’étendre nos activités d’Edmonton jusqu’à Calgary.»

Parmi les absents, le Centre d’Appui Familial et le Campus Saint-Jean, conflit de calendrier, semble-t-il. Cela n’a pas empêché le PIA, grâce à ses partenaires, de présenter une palette de services en français non exhaustive et multiple qui n’a fait que valider l’augmentation des besoins. 

Donald Nguepi Ndongo confirme la hausse de ceux-ci tout en ajoutant que les priorités sont très similaires chez les nouveaux arrivants. L’emploi et le logement, puis l’éducation et la santé sont des priorités avec, en toile de fond, le coût de la vie qui est devenu excessif selon de nombreux participants. «Les nouveaux arrivants font tellement face à des difficultés et challenges!»  

La recherche d’un emploi – et donc de capitaux – est une grande source de stress, mais «il faut bien nourrir sa famille et avoir un toit sur la tête», renchérit-il. C’est aussi pour cela qu’il était important, selon lui, que de nombreux organismes qui accompagnent les chercheurs d’emploi soient présents. Le CANAF, Parallèle Alberta, mais aussi Prospect, pour ne citer qu’eux, avec chacun leurs spécialisations.

Pour le domaine de la santé, le Réseau santé Alberta était fidèle au poste, mais à l’autre extrémité de la salle se trouvait Sylvie Lebihan, agente de diversité d’Alberta Health Services (AHS) qui collabore, elle aussi, depuis de nombreuses années avec les organismes francophones. Cette dernière offre, en français, des ateliers de promotion de la santé (gestion du stress, santé émotionnelle, santé buccodentaire, etc.).

Elle estime que cet évènement est un succès, «il y a du monde et c’est bien». Elle a toutefois remarqué, chez quelques participants, une certaine gêne à visiter toutes les tables et à poser des questions. Elle a tout de même réussi à dialoguer avec certains nouveaux arrivants pour mieux en sonder les besoins, comme l’ignorance du système de santé, de la protection sociale, mais aussi plus concrètement de la recherche d’un praticien. Dans ce dernier cas, elle a même pu montrer aux familles comment elles «peuvent, sur le web, trouver un médecin qui parle français» malgré leur rareté. 

Et lorsque les familles étaient accompagnées de leurs enfants, Sylvie avait l’objet parfait pour attirer leur attention. «J’ai un kit d’une grande bouche [en plastique] qui fait trois ou quatre fois la taille normale». Les enfants lui ont «frénétiquement brossé les dents et enlevé les dents amovibles», dit-elle en riant. Le public a même pu voir un petit garçon s’en emparer et prendre la fuite. Rire et bonne humeur de rigueur.

Rémi Lemoine profite d’une accalmie pour se faire tirer le portrait par notre caricaturiste Melki. Photo : Arnaud Barbet

Les enfants, l’avenir de la francophonie 

Ils étaient nombreux, courant, glissant, déambulant dans le gymnase de la Rose Sauvage. Parfois curieux ou fatigués, ils ont pu profiter des nombreux kiosques mis à leur disposition : maquillage, jeux, bricolage et caricature. Des enfants heureux et des parents curieux qui se sont présentés à Rémi Lemoine, le directeur général adjoint du Conseil scolaire FrancoSud.

«Pour moi, c’était une première expérience», exprime le Manitobain de souche. Ce genre d’évènements n’est par contre pas son premier et il insiste sur la notion d’accueil et d’orientation des jeunes enfants. Ancien directeur d’école, il réitère le besoin d’être là pour écouter avant tout : «les gens doivent se sentir bien» et à l’aise pour poser toutes les questions nécessaires sur une possible scolarisation de leurs enfants. 

Il a pu rencontrer de jeunes parents dont les enfants n’étaient pas encore scolarisés, mais aussi en devenir. Une belle occasion pour lui de leur expliquer les généralités du fonctionnement d’un conseil scolaire, mais aussi de leur affirmer que «ça [le Conseil scolaire FrancoSud], c’est vraiment votre conseil, vous êtes francophones, c’est votre conseil scolaire de premier choix!»

Parmi les problématiques régulièrement rencontrées, soit l’inscription et la rétention des élèves dans un système francophone, il répond : «nos programmes d’étude en anglais correspondent au curriculum de l’Alberta des écoles anglophones». En clair, les jeunes auront à la fin de leur scolarité un avantage essentiel – le bilinguisme – sur d’autres élèves du système anglophone, mais aussi «de meilleurs résultats aux examens provinciaux» que la majorité, relate l’ancien directeur d’école. 

En milieu minoritaire, «on ne le se cachera pas, parce qu’ils [les élèves] vivent dans une mer anglophone, ils vont parler en anglais entre eux, avec leurs amis, mais dès qu’un ami anglophone rentre dans le groupe, ils font le switch en anglais». Rien de plus normal, explique Rémi Lemoine. C’est aussi pour cela qu’il vante les activités culturelles et identitaires en français qui permettent aussi de conserver le français avant, pendant et après les cours. 

Finalement, comme de nombreux élus, Rémi Lemoine a joué le jeu de la caricature et «s’est fait tirer le portrait» par notre caricaturiste Melki, venu pour l’occasion offrir ses talents à toutes les personnes qui le désiraient. Un succès!

D’autres organismes étaient présents, comme la Fédération des parents francophones de l’Alberta et l’Université de Calgary, mais malheureusement le personnel de cette dernière n’a pas pu faire une présentation de ses services en français. 

L’équipe du Pont Cultural Bridge s’est déplacée en nombre pour l’évènement avec Giscard Kodiane (à gauche). Photo : Arnaud Barbet

La JONA, un moment de réseautage pour les organismes

Si Giscard Kodiane insiste sur l’importance «de se montrer, se faire connaitre et se faire comprendre» aux yeux des nouveaux arrivants pour qu’ils connaissent le tissu communautaire de leur ville, il évoque aussi cette facilité de réseauter avec les autres organismes lors de la JONA.

En effet, celles et ceux qui représentent la francophonie dans son entièreté ont largement mis à profit leur présence à l’évènement pour se retrouver, après la trêve estivale, et discuter projets, évènements ou partenariats de façon informelle. 

«Il est important de profiter de cet évènement pour faire du réseautage avec les autres organismes pour de futures collaborations», relate Giscard Kodiane. Il insiste sur cette présence nécessaire surtout parce que «les partenariats avec les autres organismes de Calgary sont multiples» et vont croître dans les prochains mois.  

C’est aussi l’avis de Sylvie Lebihan qui profite largement de ces évènements pour rencontrer les personnes avec qui elle travaille toute l’année. «Certains viennent me voir pour connaitre les ateliers, d’autres m’interpellent : “Le mois prochain, nous aurons besoin de toi!”» 

De l’avis général, le JONA est sans conteste un beau moment pour créer des connexions. «C’est vraiment un renforcement du partenariat avec les organismes communautaires.» «Accueil, partage et collaboration» ont aussi résumé la pensée de Rémi Lemoine, le directeur général adjoint du FrancoSud.

Finalement, tout le monde y trouve son compte…

GlossaireFrénétiquement : Avec une exaltation extrême

Le public s’est déplacé en nombre pour participer à la JONA. Photo : Arnaud Barbet

Les enfants s’amusent en jouant à la chaise musicale. Photo : Arnaud Barbet

Journée nationale de la vérité et de la réconciliation

FRANCOPRESSE

Mocassins d’enfants. Photo : Mélanie Tremblay

Francopresse s’est attaché à produire un lexique des termes de bases à utiliser pour éviter que les mots ne blessent autant que les actes. 

Termes généraux

Ce modèle de gouvernance n’est pas traditionnel chez les Premières Nations. Traditionnellement, certaines Premières Nations avaient des structures de gouvernance héréditaires. Certaines d’entre elles ont maintenu leurs institutions traditionnelles, parallèlement au régime de la Loi sur les Indiens. Les rôles et responsabilités contemporains des chefs héréditaires varient d’une communauté à l’autre.

En inuktut, «langue parlée par les Inuits qui habitent la partie orientale de l’Arctique canadien», «Inuit» signifie «le peuple». Par conséquent, l’expression «peuple inuit» est à éviter.
En anglais, le mot «Inuk» est la forme singulière du mot «Inuit» et sert à désigner une seule personne. En français, on accorde «Inuit» en genre et en nombre. Autrefois, les Inuits étaient appelés «Esquimaux», un terme aujourd’hui considéré péjoratif.

Il convient de noter que les Inuits et les Innus ne sont pas le même peuple : les Innus forment une Première Nation habitant le nord-est du Québec et le sud du Labrador.

Une définition plus large inclut les personnes d’ascendance mixte (Autochtone et non Autochtone) qui s’identifient comme Métis.

Dans le jugement Powley de 2003, la Cour suprême du Canada a retenu trois facteurs principaux comme indicateurs de l’identité métisse : l’auto-identification, les liens ancestraux et l’acceptation par la communauté.

Une variante respectueuse consiste à éviter complètement d’utiliser un terme, et de simplement faire référence aux “personnes qui ont vécu la violence” ou à “celles qui ont vécu la violence”. Exception : Si le terme “victime” est nécessaire dans le contexte du système de justice pénale.»

Danse traditionnelle. Photo : Jessica R. Durling – IJL

Termes particuliers au droit

Les termes de ce lexique ont été réorganisés par thèmes. La source principale est le site de la Colline parlementaire «Notes de la Colline», qui fait partie de la Bibliothèque du Parlement canadien. D’autres sources ont été utilisées, auxquels cas celles-ci sont indiquées à la fin de la définition du terme concerné.

Autres ressources lexicales

Plus de détails sur les Inuits.

Texte Francopresse initialement publié le 9 juillet 2021

IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Nathalie Belkhiter, la directrice régionale de l’Association canadienne-française de l’Alberta de Red Deer. Photo : Courtoisie

La directrice régionale de l’Association canadienne-française de l’Alberta de Red Deer (ACFA), Nathalie Belkhiter, explique que l’idée d’offrir ce nouveau service a commencé à germer dans sa tête et celle de Maria Vigneault, étudiante en droit et coordonnatrice juridique de l’Association des juristes d’expression française de l’Alberta (AJEFA), au printemps dernier. C’est lors d’une rencontre organisée par l’ACFA régionale où divers organismes sont venus proposer leurs services que ceux de l’AJEFA ont suscité «l’engouement», comme l’explique à son tour Maria Vigneault.

S’agissait-il au départ de proposer un genre de permanence juridique pour mieux comprendre les droits de chacun et le système juridique albertain? Pas vraiment, tient à préciser Nathalie Belkhiter, «on parle plutôt d’un service d’assermentation et de certification de documents». Ce type de service était déjà offert par l’AJEFA, notamment dans son bureau d’Edmonton, mais cela demande aux francophones de Red Deer d’effectuer 150 kilomètres aller et retour pour en profiter.

Les deux femmes ont poursuivi leur réflexion. Après quelques séances ayant attiré de nombreuses personnes de Red Deer, elles ont décidé que «ce service deviendrait récurrent» pour reprendre les propos de la coordonnatrice juridique.

Maria Vigneault, étudiante en droit et coordonnatrice juridique de l’Association des juristes d’expression française de l’Alberta (AJEFA). Photo : Courtoisie

Une fois par mois

C’est donc à compter du 30 septembre, de 9 h à 16 h, que Maria Vigneault sera disponible dans les locaux de l’ACFA régionale de Red Deer pour offrir ses services de notaire public. Et ce, totalement gratuitement.

Attention, il ne s’agit pas de prendre rendez-vous pour faire un testament! Mais plutôt pour authentifier divers documents. Maria Vigneault explique que ce type de service concerne une clientèle plurielle. 

De l’étudiant ou de l’étudiante, qui veut faire certifier son diplôme afin d’obtenir des équivalences avec les diplômes albertains, aux personnes âgées, qui auraient besoin d’un certificat de vie pour obtenir une pension d’un autre pays, comme c’est le cas de nombreux Français résidant au Canada. Chaque cas sera pris en compte. 

Si ses bons soins ne servent pas pour la vente d’une maison, en revanche, l’étudiante en droit est habilitée à fournir une procuration pour une personne qui souhaiterait mandater quelqu’un pour la vente de sa maison.

Ce service de notaire public et de commissaire à l’assermentation permet de servir «des gens de toutes les origines», selon Maria, des nouveaux arrivants aux personnes qui changent de province. Et particulièrement les francophones, car, selon elle, «un notaire public anglophone qui ne lit pas le français» ne pourra pas leur être d’un grand secours.

Un public en demande

Ce fut le cas avec Yassine Al Ansari. Conseiller en sécurité financière installé à Red Deer depuis un an avec sa petite famille, il raconte qu’il a dû consulter quatre cabinets de notaires et d’avocats à Red Deer pour l’assermentation de sa fiche d’immatriculation auprès du consulat marocain à Toronto. 

Mais le parcours du combattant ne s’arrête pas là. Il devait faire en plus une demande pour sa fiche anthropométrique, ainsi qu’une procuration. «En vain puisqu’aucun cabinet ne comprend la langue française», a-t-il confié à la rédaction. 

Finalement, après plus de quinze jours de va-et-vient, «j’ai pensé à Nathalie, la directrice de l’ACFA régionale de Red Deer, puisque je suis membre du nouveau conseil d’administration. En moins d’une demi-heure, j’ai eu mon rendez-vous avec Mme Maria de l’AJEFA à Edmonton». 

Lui et sa femme ont été accueillis chaleureusement et «elle a assermenté tous nos papiers rapidement et gratuitement». M. Al Ansari a même pris rendez-vous pour le 30 septembre pour faire assermenter les fiches d’immatriculation auprès du consulat pour ses quatre enfants. Mais cette fois-ci, ce sera à Red Deer.

Un bon conseil : comme il faut une bonne trentaine de minutes par personne, voire davantage selon la complexité des cas, il est fortement recommandé de prendre rendez-vous, soit auprès de l’ACFA régionale de Red Deer, soit de l’AJEFA, pour la rencontre du 30 septembre et celles des prochains mois.

L’Université de Moncton a reçu un financement pour mettre à jour de l’équipement qui n’était plus aux normes. Photo : Courtoisie Université de Moncton

Le 22 aout dernier, les gouvernements du Canada et du Nouveau-Brunswick ont annoncé plus de 2,7 millions de dollars sur deux ans pour l’Université de Moncton. Les fonds permettront de moderniser les équipements spécialisés des trois campus de l’établissement, «pour qu’ils répondent aux normes actuelles du marché du travail», lit-on dans le communiqué de presse.

Ils visent aussi à «remplacer l’équipement informatique dans les laboratoires de formation, devenu incompatible avec les versions récentes des logiciels professionnels» et à financer des travaux de rénovation aux campus d’Edmundston et de Shippagan.

Jason Carey est le doyen du Campus Saint-Jean. Photo : Courtoisie

La taille compte

«Je dirais que [dans] toutes les institutions, particulièrement dans les milieux minoritaires, il y a un rattrapage à faire au niveau de l’infrastructure physique», observe le recteur de l’Université de Moncton, Denis Prud’homme, en entrevue avec Francopresse.

Selon ses estimations, l’institution aurait besoin d’environ 120 millions de dollars sur les dix prochaines années pour «mettre à niveau le maintien ordinaire» de ses édifices et de ses résidences.

Le Campus Saint-Jean en Alberta effectue présentement des rénovations pour améliorer, entre autres, les salles de classe, les lieux communs et le gymnase.

«C’est du rattrapage. Le Campus Saint-Jean ne date pas d’hier. Il y a quand même, selon moi, des rénovations qui auraient dû être faites il y a longtemps», déclare le doyen, Jason Carey.

Le financement gouvernemental reçu et celui qui sera reçu dans les prochaines années répondent seulement aux «besoins immédiats, dit-il. On pourrait toujours en faire plus.»

Il existe, avance Denis Prud’homme, une différence entre les grands établissements et ceux de petites et moyennes tailles. Et comme il le rappelle, la majorité des établissements francophones en situation minoritaire font partie du second groupe.

«On doit offrir des installations équivalentes à ce qu’on retrouve dans les grandes universités, mais on n’a pas ce qu’on appelle le gain d’échelle du volume du nombre d’étudiants pour financer ces infrastructures et ces équipements.»

«​​C’est là que le gouvernement fédéral, à travers Patrimoine canadien, a la responsabilité sur la base de la Loi sur les langues officielles de prendre des actions positives pour que les francophones dans les milieux minoritaires aient accès à des institutions postsecondaires qui offrent un environnement de formation et d’enseignement équitable aux grandes universités», ajoute-t-il.

Selon Pierre Zundel, les investissements des gouvernements dans l’infrastructure du postsecondaire sont historiquement insuffisants. Photo : Courtoisie CCNB

Où le fédéral peut intervenir

Selon la sénatrice Lucie Moncion, qui demande une stratégie nationale sur le postsecondaire, financer l’infrastructure reste l’un des leviers du gouvernement fédéral pour soutenir le postsecondaire sans empiéter sur les champs de compétences provinciales.

En entrevue avec Francopresse en avril dernier, elle a rappelé le cas de l’Université Laurentienne, en Ontario, qui s’est mise à l’abri de ses créanciers menant au renvoi de centaines d’employés et la fermeture de nombreux programmes.

Elle explique que l’établissement a voulu attirer des étudiants en investissant dans son infrastructure, ce qui a engendré des dettes importantes et un problème dans la «liquidité qui était utilisée pour rembourser les emprunts qui avaient été faits pour l’infrastructure».

Le président-directeur général du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick (CCNB), Pierre Zundel, rappelle que les établissements francophones en situation minoritaire ont accès à des fonds «pour des investissements dans un renouvèlement de technologie pédagogique, par exemple».

Ces fonds sont compris dans le Programme des langues officielles en enseignement (PLOE) du fédéral et ont permis au CCNB d’intégrer de nouvelles technologies dans ses salles de classe.

Mais ce programme n’est pas toujours suffisant. Par exemple, le Campus Saint-Jean n’a pas vu sa part du gâteau PLOE augmenter entre 2009 et 2021, une réalité déplorée par l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) au Comité permanent des langues officielles en 2021.

Le Collège Boréal ne refuserait pas plus de financement pour l’infrastructure, dit Michel Doucet, qui est tout de même confiant par rapport à la situation financière de l’établissement. Photo : Courtoisie Collège Boréal

Plus cher qu’avant

«On devrait avoir un investissement plus important des deux paliers du gouvernement pour accélérer la mise à niveau de nos infrastructures physiques, estime Denis Prud’homme. Puis plus on retarde, évidemment les couts peuvent augmenter.»

Ça fait près de 40 ans que Pierre Zundel œuvre dans le postsecondaire francophone. «Je peux vous dire que presque partout, il y a systématiquement un sous-investissement dans l’entretien de l’infrastructure des institutions postsecondaires», affirme-t-il.

Pierre Zundel espère moderniser le campus prochainement, un projet qui couterait à lui seul jusqu’à 150 millions de dollars de plus. «Dans les 5 dernières années, on a vu les couts de construction doubler ou tripler. Ce qu’on avait évalué à 20 quelques millions coute maintenant 35 millions.»

Des prix de construction en hausse

Selon Statistique Canada, l’indice des prix de construction de bâtiments non résidentiels a augmenté partout au pays dans les dernières années.

Pour les bâtiments institutionnels comme les écoles, Ottawa présente l’indice le plus élevé, suivie par Toronto. Moncton a dépassé Montréal en 2023.

Demeurer attirant

Au Collège Boréal, qui dispose de huit campus en Ontario, les infrastructures vont bien, assure son vice-président aux Services corporatifs, Michel Doucet.

Pour assurer la meilleure expérience possible à ses étudiants, le Collège Boréal met régulièrement à jour ses équipements et installations. «Un bel exemple, c’est que le Collège Boréal vient d’accueillir un simulateur d’ambulance, qui est unique en Ontario et le troisième du genre au Canada, pour un investissement de 700 000 dollars», se réjouit-il.

Entre les financements gouvernementaux et les projets d’investissement, l’établissement dépense entre quatre et six-millions de dollars par an pour l’entretien de ses infrastructures.

«Les besoins ont changé, explique M. Doucet. Les étudiants d’il y a 10, 15 ans n’avaient pas les mêmes besoins avec l’[évolution] de la technologie.»

Jason Carey explique que des équipements et locaux mis à jour attirent les inscriptions. «Les étudiants veulent venir dans un environnement qui les encadre bien, qui représente leur vision de ce qu’ils veulent faire, d’où ils veulent aller. [Alors il faut] créer un environnement moderne, qui retient quand même aussi le côté historique de l’établissement.»

Dre Julie L. Hildebrand exerce en médecine familiale à Edmonton. Bilingue, elle est très heureuse de pouvoir répondre aux besoins de la francophonie plurielle de la capitale provinciale. Spécialiste du diabète, des dépendances et de l’utilisation du cannabis thérapeutique, elle privilégie la prévention et l’éducation. 

Sans vouloir jouer les trouble-fêtes, j’aimerais rappeler que ces activités constituent les principaux facteurs de risque de tous les cancers de la peau, dont les carcinomes cutanés qui ne menacent pas la vie et les mélanomes qui en sont tout autrement. Bien que le mélanome survienne moins fréquemment 2 à 3% de tous les cancers de la peau , il est nettement plus dangereux en raison de sa propension à se disperser dans l’organisme s’il n’est pas détecté assez tôt.

En raison de l’amincissement de la couche d’ozone, les rayons UV se frayent un chemin plus aisément jusqu’à nos vulnérables épidermes. En effet, le nombre de cas de mélanomes double tous les dix ans dans les pays occidentaux depuis 50 ans. Les personnes qui possèdent des peaux, des cheveux et des yeux clairs, celles qui n’arrivent pas à bronzer, sont beaucoup plus à risque. 

Inégalité face à la maladie

 Le mélanome se développe à partir des mélanocytes, les cellules productrices d’un pigment brunâtre, qui subissent des mutations délétères lorsqu’elles sont traumatisées par une exposition aux rayons UV du soleil et des lits de bronzage. 

Il faut aussi mentionner qu’il existe d’autres facteurs de risque : génétiques et environnementaux. Par exemple, le fait d’avoir plusieurs grains de beauté ou taches de naissance, d’avoir des antécédents familiaux de mélanomes, d’appartenir à certains groupes ethniques, d’avoir eu des coups de soleil sévères pendant l’enfance, d’être atteint d’une maladie affectant le système immunitaire, d’avoir été reçu un diagnostic d’un cancer de la peau non mélanique et de travailler dans certains secteurs d’activité (travail à l’extérieur, soudure, agriculture, industrie pétrolière).

 L’incidence du mélanome varie considérablement selon la latitude géographique. Elle est la plus élevée dans les pays à forte exposition au soleil, comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande (34 cas par 100 000) comparativement à l’Amérique du Nord (13/100 000), l’Europe (11/100 000), l’Asie et l’Afrique (0,4/100 000). Au Canada, il est estimé que 11 300 nouveaux cas seront diagnostiqués en 2024. 

 Le mélanome peut survenir à tout âge, quoique très rarement chez les enfants. Il apparait en moyenne vers l’âge de 66 ans chez l’homme et de 60 ans chez la femme. Historiquement, il a touché plus souvent les hommes (1 sur 42) que les femmes (1 sur 56). Les hommes en mourront près de deux fois plus souvent que les femmes.

La prévention toujours essentielle

 Le mélanome le plus courant (mélanome superficiel extensif) peut se développer n’importe où sur la peau, mais se retrouve habituellement sur le dos, le torse, les jambes, les bras et le visage. D’autres types de mélanomes peuvent également se manifester dans des zones non exposées au soleil, telles que la plante des pieds, les paumes des mains et sous les ongles (mélanomes lentigineux). Des formes plus rares atteignent les muqueuses des organes génitaux et les yeux (intraoculaire et conjonctive). Malheureusement, celles-ci sont généralement détectées tardivement, avec leur lot de conséquences. Et que dire du mélanome amélanotique, ce traître qui est dénué de pigment! 

On n’insistera jamais assez sur le fait qu’il est primordial d’inspecter sa peau périodiquement à la recherche de grains de beauté qui changent d’aspect, d’une nouvelle tache sur la peau ou d’un nodule inhabituel sous la peau. 

La règle ABCDE est un guide utile pour identifier les mélanomes potentiels.

A → Asymétrie

B → Bordure irrégulière, dentelée, floue (ne forme pas un rond)

C → Couleur différente des autres grains de beauté, variété de pigmentation à l’intérieur, parfois présence de taches bleues, roses, blanches ou rouges

→ Diamètre de plus de 6 mm

→ Évolution, soit changement de taille, de forme, de couleur, d’épaisseur d’une lésion ou survenue d’inflammation, de saignement, de démangeaison, d’ulcération ou de croûte

Si un mélanome est suspecté, un dermatologue effectuera un examen approfondi de la peau à l’aide d’un dermatoscope. Une biopsie exérèse sera exécutée au besoin pour confirmer le diagnostic et déterminer s’il y a eu envahissement des tissus plus profonds. 

Une fois diagnostiqué, le mélanome sera classé en fonction de son épaisseur, de son ulcération et de sa propagation aux ganglions lymphatiques ou à d’autres organes. À cet effet, le système de stadification de l’American Joint Committee on Cancer (AJCC) est couramment utilisé.

Le pronostic du mélanome dépend fortement de son stade au moment du diagnostic. Les mélanomes détectés tôt, soit lorsqu’ils sont encore superficiels, ont un très bon pronostic. Cependant, les mélanomes plus avancés ont des taux de survie bien moindre. Au stade I, les taux de survie sont de 99,6% à cinq ans, alors qu’ils diminuent à 73,9% s’il y a eu propagation aux tissus environnants et à 35,1% en cas de métastases à distance. D’où l’importance de les détecter précocement.

Le traitement du mélanome est principalement chirurgical à des stades précoces. Dans certains cas plus avancés, une dissection des ganglions lymphatiques sera pratiquée. Il n’y a pas si longtemps, les mélanomes invasifs connaissaient une fin tragique. 

Récemment, le paysage thérapeutique du mélanome avancé ou métastatique a grandement évolué grâce à l’apport de l’immunothérapie et de la thérapie ciblée. La radiothérapie adjuvante est encore utilisée pour traiter le mélanome qui s’est propagé au cerveau ou à d’autres zones afin de soulager les symptômes. La chimiothérapie s’est avérée peu efficace. Des vaccins thérapeutiques sont en phase de recherche.

Prévenir le mélanome demeure la meilleure forme de guérison.

Conseils clés pour prévenir un mélanome

1. Éviction solaire. Cherchez l’ombre et minimisez les activités extérieures entre 10h et 16h lorsque les rayons UV sont à leur plus fort.

2. Application d’une crème solaire à large spectre avec un indice de protection FPS supérieur à 30 toutes les deux heures (même si vous êtes à l’ombre) et après une baignade.

3. Port de vêtements de protection à manches longues, pantalons longs et chapeau à larges bords, lunettes de soleil bloquant les UV. Privilégiez des vêtements avec un facteur de protection ultraviolet (FPU).

4. Abolition de l’usage des cabines de bronzage.

5. Éducation sur les médicaments photosensibilisants (tétracycline, ibuprofène, diurétiques, certains antidépresseurs, amiodarone, isotrétinoïne, etc.).

6. Autoexamens réguliers de la peau. Demandez de l’aide pour vérifier les zones difficiles à voir ou utilisez un miroir.

7.  Consultation d’un professionnel de la santé (médecin de famille ou dermatologue) si vous avez une lésion suspecte et surtout si vous avez des antécédents familiaux de cancer de la peau ou d’autres facteurs de risque.

8. Alimentation saine avec une diète riche en antioxydants pour améliorer la performance de votre système immunitaire.

En intégrant ces stratégies dans votre routine quotidienne, vous pouvez réduire énormément votre risque de développer un mélanome. N’oubliez pas que le dépistage systématique des signes du mélanome et l’importance d’un traitement précoce sont cruciaux pour réduire les taux de mortalité. Les beaux jours ne sont pas terminés, soyez prudents et bonne rentrée!

Glossaire – Invasif : qui envahit, s’étale

IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Les deux parties sont enthousiastes face à ce partenariat. Du côté de l’établissement collégial à Fort McMurray, selon Rick Hulbert, coordonnateur de l’évaluation linguistique au sein du collège, «il s’agit d’une opportunité fort excitante».

Pour Francophonie albertaine plurielle (FRAP), ce programme s’adresse avant tout aux francophones au moment où la province a besoin de personnel dans les services de la petite enfance comme l’explique son directeur général, Alphonse Ndem Ahola. D’ailleurs, dans le site web du collège, l’information pour ce programme sont donnée dans les deux langues.

Si le Kenayo College s’occupe de l’enseignement, de son côté, l’organisme francophone en fait la promotion. Selon M. Ahola, «les conseillers de la FRAP sont là pour informer et accompagner» ceux qui seraient intéressés par cette formation gratuite qui sera proposée sur le campus Clearwater pendant 16 semaines.m

Le directeur général explique que c’est grâce au Programme d’établissement et d’intégration de l’Alberta que la FRAP a pu obtenir une subvention d’environ 150 000 $. Ce programme favorise des services et des initiatives qui visent notamment «à améliorer les résultats d’intégration des nouvelles arrivantes et des nouveaux arrivants sur le marché du travail» comme mentionné sur le site web du programme.

Alphonse Ahola est le directeur Général de la FRAP. Photo : Courtoisie

Une formation unilingue?

Représentant de la FRAP à Fort McMurray, Konan Kouané précise que le programme est en plein recrutement. Il y aura de la place pour combien d’étudiants? «Je ne crois pas qu’il y ait un nombre limite à ma connaissance», avance M. Kouané. 

Du côté du Kenayo College, on n’a pas pu confirmer le nombre. Rick Hulbert mentionnant qu’en pleine rentrée, il était difficile d’accorder une entrevue à la rédaction, bien que ce soit «une excellente idée, notre priorité étant toutefois de nous assurer que les étudiants sont en classe et que tout se passe bien».

Donc, pas plus de confirmation sur la possibilité d’embaucher un enseignant francophone ou bilingue pour donner les 18 leçons du programme de trois heures chacune. Selon M. Kouané, il n’est pas impossible que le formateur ou la formatrice soit francophone afin d’avoir d’éventuelles interactions en français.

Rappelons toutefois que le programme de soutien linguistique pour la garde d’enfants (LSNC en anglais) est avant tout conçu «pour fournir un soutien linguistique essentiel aux nouveaux arrivants en facilitant leur intégration dans le secteur de la garde d’enfants et en améliorant leur développement global au sein de la communauté», comme le précise Keyano College sur la page web du programme.

Outre le fait d’avoir notamment un statut de résident permanent, de citoyen naturalisé ou de réfugié et d’être au chômage sans assurance emploi ou d’être sous-employé (moins de 20 heures par semaine), le participant admissible doit aussi avoir au moins le niveau 6 en anglais. 

Pour Konan Kouané, les personnes qui seront acceptées au sein du programme auront également la possibilité, non seulement de mieux approfondir l’univers des enfants, mais également «de faire des stages dans les centres de la petite enfance». 

La FRAP ayant eu du financement pour un an dans le cadre du Programme d’établissement et d’intégration, une deuxième cohorte se mettra également en branle à compter d’octobre 2025.

Glossaire – Accorder : Accepter

Histo-Liens, l’infolettre produite par la Société historique francophone de l’Alberta (SHFA) arrive directement dans votre boîte de réception pour vous informer sur l’histoire et le patrimoine en Alberta. Elle partage également les nouveautés et les ressources disponibles dans votre communauté, tout en vous informant des nombreuses occasions de passer à l’action avec d’autres passionnés de l’histoire francophone de nos communautés.

Des enjeux historiques dans l’actualité

Parmi les événements marquants en 2023-2024 , il y a eu l’incendie qui a ravagé l’église de la Mission Saint Bernard à Grouard, classée ressource historique provinciale et lieu patrimonial fédéral. En septembre dernier, Histo-Liens revenait aussi sur l’annonce de fermeture de la salle historique du Campus Saint-Jean, publiant une réflexion de la présidente de la SHFA, Claudette Roy, sur les enjeux pour la communauté francophone et son patrimoine.

Les exploits d’athlètes enrichissent notre mémoire collective

La SHFA met également en lumière les exploits du passé, en honorant des athlètes francophones ayant marqué l’histoire de l’Alberta. En partenariat avec la Fédération du sport francophone de l’Alberta (FSFA) pour le projet Découvrez les athlètes d’ici, les cartes historiques ont partagé les meilleurs moments d’athlètes tels que le conducteur de courses de chariots George Normand, la patineuse de vitesse Catriona Le May Doan, le curleur Marcel Rocque, la joueuse de basketball Danielle Peers et le hockeyeur Joe Benoit. En se remémorant leurs exploits, nous enrichissons nos écrits historiques ainsi que notre mémoire collective.

La salle historique du Campus Saint-Jean contenait des artefacts témoignant de 115 ans d’existence de Saint-Jean et représentait un lieu de mémoire pour la communauté franco-albertaine. La salle a été vidée de ses objets en 2023 afin de libérer l’espace pour remplir de nouvelles fonctions, selon l’Université de l’Alberta.

George Normand, de Bonnyville, était le premier homme à remporter six Championnats mondiaux de courses de chariot. (Calgary Stampede Collection & Archives)

La directrice de Kayanou, Mireille Isidore, et Lillah Penddah ont participé en février à l’atelier de formation pour documenter l’histoire des Noirs francophones de l’Alberta.

Des partenariats qui tissent des liens et révèlent nos racines

La collaboration avec des organismes communautaires et institutions est intégrale au travail de la SHFA. Histo-Liens facilite la promotion de ces activités qui tissent des liens, encouragent les connexions, et qui peuvent répondre aux intérêts spécifiques dans le vaste domaine du patrimoine. En 2024, notons l’initiative en partenariat avec Kayanou dans le cadre du mois de l’histoire des Noirs pour laquelle la SHFA a présenté un atelier de formation sur les documents archivistiques avec les invités Afro-Facts et les Archives provinciales de l’Alberta. 

Quand vient le temps de passer à l’action, l’AGA et la Foire sur le patrimoine franco-albertain sont des incontournables pour ceux et celles qui s’intéressent à l’histoire. Il y avait aussi de nombreuses occasions de participer à des activités de partenariats communautaires, y compris la balade culturelle à Rouleauville à Calgary, des tournées guidées aux Archives provinciales de l’Alberta et une visite à la Chapelle du Père Lacombe à Saint-Albert dans le cadre de la semaine Plaisir d’apprendre de la FAFA.

 

Parmi les sujets présentés à la Foire sur le patrimoine franco-albertain en novembre 2023, Juliette Champagne, PhD, a présenté sur l’histoire de l’édifice La Survivance.

L’édition 2024 de la Foire sur le patrimoine et l’AGA 2024 auront lieu à Edmonton le 23 novembre 2024.