La Cité des Rocheuses à Calgary a diffusé mercredi 9 janvier le film Les filles du soleil devant une cinquantaine de personnes. Film de guerre qui n’en est pas un, le film de la Française Eva Husson sur les combattantes kurdes luttant contre Daesh a séduit une salle sensible à la cause kurde.
« Nous avons choisi de diffuser ce film car il nous a interpellés, et aussi parce qu’il traite d’un sujet qui défraye la chronique, mais qui paradoxalement est méconnu du grand public », confie Arnaud Favier, directeur général adjoint de la Cité des Rocheuses.
Second long-métrage de la réalisatrice Eva Husson, Les filles du soleil raconte la guerre que mènent les combattantes kurdes contre Daesh et a eu le droit à un public attentif à Calgary.
« Quelques larmes ont coulé chez certains dans la salle »
Alain Miglionico, un spectateur
« L’avantage de ce documentaire-fiction se trouve dans le regard neuf qu’il propose », explique Arnaud Favier. Selon lui, « le point de vue est plus en immersion de ce qu’offrent actuellement les médias », de quoi satisfaire la cinquantaine de personnes présentes lors de la projection.
« Le sujet est bien entendu inattaquable, et j’espère que les gens comprendront maintenant pourquoi je suis pour les Kurdes », lâche Alain Miglionico, un spectateur venu voir le film avec son épouse. Au-delà de la cause, le traitement qu’en fait Eva Husson a même réussi à émouvoir quelques spectateurs. « Quelques larmes ont coulé chez certains dans la salle », décrit Alain.
« Moi je comprends que ce film est dédié à toutes les femmes, les oubliées de l’histoire, mais aussi celles qui se battent. Ces femmes exemplaires ! », explique Gilles Mossière, lui aussi venu en couple.
Immersion dans le Kurdistan
Film porté surtout par des ambitions pédagogiques et des motivations dénonciatrices de la barbarie de Daesh, Les filles du soleil laisse le dernier mot de l’histoire à la journaliste du film, comme si on venait d’assister à un réel reportage.
Par une stratégie narrative, Eva Husson transporte les spectateurs au Kurdistan dans un monde de guerrières à travers le regard d’une journaliste française, Mathilde, elle-même doublement marquée par la guerre (un oeil en moins après un bombardement à Homs et veuve à la suite de la mort atroce de son conjoint, lui aussi journaliste, qui a mis le pied sur une mine).
Mathilde est dans le film une alliée sensible à la cause de ces combattantes, rescapées de l’enfer de Daech, elles qui ont vu leurs maris assassinés, leurs filles violées et leurs fils endoctrinés pour devenir enfants-soldats. Toutes se sont engagées volontairement aux côtés de soldats kurdes pour accélérer la chute de l’ennemi.

« Quelque chose de noble chez les minorités »
« La communauté kurde était ravie de savoir que la Cité des Rocheuses diffusait ce film. C’est un peu comme si la communauté francophone était solidaire dans notre combat contre la barbarie de Daesh », explique Ali Gulistan, Kurde originaire d’Irak et vivant à Calgary depuis 8 ans.
« Saviez-vous que la situation actuelle des communautés francophones de l’extérieur du Québec au Canada possède quelques similitudes avec les Kurdes », interroge-t-il. Selon Ali, il y a quelque chose de noble chez les minorités. « Leur capacité à fonctionner normalement dans des grands groupes dominants en étant parallèlement investis dans la sécurisation de leur culture les honore », conclut-il.
Même s’il se défend de vouloir faire de la politique, Arnaud Favier déclare que « ce film éduque sur le sujet bien méconnu des Kurdes, qui sont les premiers remparts au sol contre les groupes islamistes ».