Il est certainement l’homme noir le plus connu de l’histoire albertaine. Un des premiers cow-boys canadiens, mais aussi l’un des plus respectés. Pionnier de nouvelles techniques agricoles dans ses ranchs, on lui attribue également l’introduction du bétail à longues cornes en Alberta.
John Ware est né en 1845 en tant qu’esclave dans une plantation en Caroline du Nord, aux États-Unis. Après la guerre de Sécession, en 1865, il est affranchi et devient fermier au Texas. Là, il y apprend tout sur l’élevage de bovins et le dressage de chevaux. Très doué, doté d’un véritable don selon certains témoignages, il est embauché dans une ferme qui souhaite transporter plus de 3000 bêtes vers le Canada. En 1882, après de longs mois de voyage, il arrive en Alberta. Des fermiers le repèrent et le persuadent de rester travailler dans le célèbre ranch Bar U and Quorn. Après y avoir passé quelques années, il ouvre son propre ranch au sud-est de Calgary.
John se forge alors une sacrée réputation de travailleur plein de force et d’humour. Selon les écrits, il est capable de chevaucher les chevaux les plus sauvages et de lutter contre les bœufs sur leur dos avec sa prise puissante. En juin 1885, la MacLeod Gazette rapporte que John Ware « n’est pas seulement l’un des hommes les plus serviables du pays, il est aussi l’un des vachers les plus astucieux et l’homme est considéré comme plutôt chanceux ».
Surnommé par ses amis et ses voisins «N-gger John», il lutte également contre le racisme ambiant du Canada de l’époque, où l’arrivée de personnes noires est cadenassée par le gouvernement. Un jour, il aurait jeté par-dessus le comptoir un barman de Calgary ouvertement raciste.
Sa vie se termine par un coup du sort. En 1905, la même année que la mort de sa femme, la mère de ses six enfants, il meurt écrasé par son cheval après que ce dernier ne trébuche dans un trou de spermophile. Ces funérailles sont l’un des événements les plus fréquentés de la jeune ville de Calgary. Aujourd’hui plusieurs bâtiments en Alberta portent son nom, mais également un parc près de Red Deer où il s’était installé pendant quelques années. Récemment, la réalisatrice canadienne Cheryl Foggo a réalisé un documentaire sur son histoire.