Sur les réseaux sociaux, l’organisme francophone d’aide à la recherche d’emploi à Calgary, Connexion Carrière, a annoncé sa fermeture définitive le 30 juin. Ces adieux interviennent trois mois après l’appel d’offres du ministère des Services communautaires et sociaux (CSS) excluant un service d’aide à l’emploi uniquement francophone dans la ville la plus peuplée de l’Alberta. Ce qui suscite des inquiétudes.
À Calgary, les demandeurs d’emploi francophones devront composer avec des services d’aide à l’emploi bilingues. Les résultats de l’appel d’offres sont tombés, trois organismes gérés par des anglophones ont été retenus : WCG, MCG Careers et Prospect Human Services.

Cette situation suscite des inquiétudes chez les décideurs de la communauté. « Quand il y a des services bilingues, c’est là où il y a une tangente qui laisse place à l’assimilation. Ça peut être quoi les garantis qu’il n’y aura pas de périodes où les demandeurs d’emploi vont se présenter et que les francophones ne seront pas là ce jour-là», plaide Étienne Alary, directeur du Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA).
Le directeur du CDÉA qui avait lancé l’alerte en janvier à la découverte d’un appel d’offres omettant «la composante francophone», plaide pour un service «par et pour les francophones». Il rappelle le récent jugement de la Cour suprême pour les écoles en Colombie-Britannique «qui parle d’équivalence».
«C’est de l’argent fédéral qui est donné à la province pour assurer des services bilingues, mais le fédéral ne donne pas d’exigence sur comment ils offrent ce service aux francophones alors je pense qu’il y a du travail à faire de ce côté-là», dit-il en prévision du prochain appel d’offres, dans trois ans.
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Pas de consultation en amont
Le dernier appel d’offres du gouvernement provincial avait été élaboré «sans consulter la communauté francophone», indique Sheila Risbud. Des négociations ont bien eu lieu, a posteriori, entre le gouvernement et l’association porte-parole de la francophonie en Alberta.

Trois réunions se sont tenues entre des représentants de l’ACFA et des fonctionnaires de Community Social Services. « Le ministère s’est rendu compte qu’ils ont oublié la communauté. En tout cas, ils ont assumé le fait qu’il y aurait pu avoir plus de consultations, explique Sheila Risbud. Nous avons d’abord essayé de modifier l’appel d’offres, ils ont refusé. Alors nous avons négocié un service offert qui satisfait nos besoins. S’assurer au moins d’avoir un droit de regard».
Un comité aviseur
Ce droit de regard, c’est la création d’un comité aviseur. L’objectif est celui d’assurer que les francophones sont bien desservis. Il est composé de représentants de l’ACFA régionale, de l’ACFA provinciale, du CDÉA, des trois organismes retenus pour offrir les services, et de fonctionnaires du ministère des Services communautaires et sociaux (CSS). À travers ce comité, la communauté francophone pourra se plaindre et revendiquer des améliorations si elle estime que les services en français ne sont pas offerts convenablement.
Une première rencontre a eu lieu le 9 juin. Selon le directeur du CDÉA, les trois organismes se sont engagés à avoir du personnel, un affichage et un site web bilingues. «Deux des trois services ont également dit qu’ils aimeraient avoir quelqu’un de bilingue à l’accueil», avance-t-il sans préciser desquels il s’agit. Ce comité aviseur se réunira périodiquement. La prochaine rencontre est prévue pour l’automne.
Le gouvernement se félicite
Du côté du ministère, le discours promeut une amélioration des services par rapport à ceux qui existaient jusqu’alors. Diane Carter, attaché de presse du ministère dirigé par Rajan Sawhney avance un élargissement de l’offre, qui est passé «d’un seul lieu de prestation de services à trois». Elle soutient que le gouvernement demeure déterminé à améliorer les services offerts aux Albertains francophones et que CSS continuera de collaborer avec la communauté «pour s’assurer que les nouveaux services contractuels répondent aux besoins ».
Un discours qui laisse sceptique la présidente de l’ACFA. «Il reste à voir ce que ça va donner». Elle évoque le risque de perdre l’opportunité d’avoir des services adéquats. Une situation qui aurait de lourdes conséquences pour les francophones de la province. « Avec la COVID et le ralentissement de l’économie, beaucoup de personnes vont se retrouver au chômage quand l’activité va reprendre. Est-ce que les francophones vont être désavantagés? Notamment, les nouveaux arrivants…». Elle conclut, «c’est inquiétant alors c’est quelque chose que nous allons surveiller».