Lundi dernier, la maison d’Édouard Rouleau a été désignée « ressource patrimoniale municipale » par le conseil municipal de Calgary et le comité de planification et de développement de la Ville. Un soulagement pour la communauté franco-albertaine qui compte bien continuer à mettre à l’honneur les racines francophones du quartier Mission.
« La maison est maintenant protégée », se réjouit la présidente du Bureau de Visibilité de Calgary (BVC), Suzanne de Courville Nicol. La maison dont la militante pour les droits des Franco-Albertains parle, c’est la maison Rouleau, située sur les bords de la rivière Elbow à Calgary. En effet, cette désignation offre une protection juridique : elle ne peut pas être démolie ou modifiée.

Selon Denis Perreaux, directeur général de la Société historique francophone de l’Alberta, ce nouveau statut est « un moyen de raconter son histoire ». « Pour la ville de Calgary, l’architecture, l’âge et l’époque de construction du bâtiment sont importants sur le plan historique, bien sûr. Mais plus que ça, la reconnaissance de la maison Rouleau par les autorités municipales valorise l’existence même de la communauté francophone de la mission et Rouleauville avant même l’incorporation de Calgary. »
Une nouvelle danse
Après avoir été la propriété pendant 8 ans de l’Alberta Ballet, la maison Rouleau est maintenant entre les mains de la municipalité. « C’est merveilleux que la Ville ait pris la responsabilité qui lui revient », assure Suzanne de Courville Nicol.

Équipée de toutes les commodités pour être éclairée à l’électricité et approvisionnée en eau, la maison a subi de grandes transformations. « Je ne sais pas si vous avez déjà vu des photos de la maison avant, mais ce n’était pas drôle ! Ils ont vraiment fait un très beau travail de rénovation ».
Ces travaux et leurs aboutissements lui assurent une certaine paix d’esprit concernant la pérennité de la maison Rouleau. Une paix d’esprit, mais aussi un très grand enthousiasme : « Je me sens en plein milieu d’un tourbillon qui va juste dans le positif », confie-t-elle avec le sourire dans la voix.
En effet, le BVC, le Conseil de Développement économique de l’Alberta (CDÉA) et l’ACFA ont déjà de grands projets pour cette « petite maison que personne ne voulait », comme la décrit Suzanne de Courville Nicol.

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Quel avenir ?
Celle qui a « toujours été impliquée » voit déjà les portes de la maison Rouleau toutes grandes ouvertes au public pour venir y prendre « un café ou une brioche ». L’établissement ne serait pas seulement un lieu de casse-croûte. Dans les rêveries de madame de Courville Nicol, la maison sera également « un guichet pour avoir un billet d’un tour guidé dans Rouleauville. Ça serait super ! »
Mais cet avenir rayonnant, Suzanne de Courville Nicol ne peut que l’entrevoir que par les fenêtres de la maison Rouleau. Car ses portes sont toujours fermées pour l’instant. Par contre, celles de la mairie sont entrouvertes… Une rencontre entre la Ville de Calgary et les principaux intéressés, de la communauté franco-albertaine, du sort de la maison est en attente.

À la fin du 19e siècle, Édouard et Charles Rouleau, deux frères Québécois, migrent vers l’Alberta. Le médecin et le juge s’installent dans la mission que le père Doucet avait fondée en 1872 près de la Rivière Elbow. Rapidement, les deux hommes deviennent des figures emblématiques de la communauté franco-albertaine par leur implication politique. Une preuve : la localité a été rebaptisée Rouleauville. Maintenant connu comme le quartier Mission à Calgary, Rouleauville a été intégré à la Ville de Calgary. La maison de Charles, qui était « presque un château » selon les dires de Suzanne de Courville Nicol, a été démolie. Le dernier patrimoine bâti des frères Rouleau est la maison d’Édouard.