Qui aurait cru qu’un jour des sédiments du Lac Louise en Alberta se retrouveraient sur une écharpe en soie ? Toute cette exubérance de paysages colorés se fixe comme par magie sur un foulard en soie, une cravate ou un veston. Passionné de photographie et d’impressionnisme, Jean-Michel Gires, ancien président de Total au Canada, en est l’artiste.
De l’industrie capitaliste à l’art
Après 25 ans de bons et loyaux services dans le groupe Total, dont trois et demi en tant que PDG au Canada, il a décidé il y a sept ans de reprendre sa liberté. Indépendant, il se consacre désormais pleinement à l’innovation technologique. Mais pas seulement. Il s’inscrit aussi dans l’univers de la mode en s’appuyant sur une de ses passions, la photographie. Jean-Michel Gires transpose ses clichés des plus beaux paysages albertains sur un bout de chiffon, comme on dit dans le jargon, à l’élégance soyeuse.
Il emprunte à la nature, joue des couleurs, des contrastes, des formes naturelles, sans pour autant créer des motifs existant déjà. Il capture la beauté naturelle qui nous entoure pour mieux la valoriser, la promouvoir. C’est avec Agung, sa nouvelle muse qu’il travaille sur ses deux passions.
L’image est travaillée minutieusement sur ordinateur, tout en respectant le cliché d’origine. Il ne reste plus qu’à jouer sur les symétries et le dédoublement pour obtenir le résultat d’un paysage abstrait représentant un site touristique déjà visité. Toute cette métamorphose se fait depuis le confort de son domicile. En effet Jean-Michel habite au dessus de son atelier, son « show room» comme il aime bien l’appeler.

Actualité oblige et surtout pour répondre à une demande fervente de sa clientèle, il crée des masques lavables et réutilisables pour se protéger du Covid-19. En termes de graphisme et de recherche artistique, la fabrication s’inscrit dans la même logique. Selon lui, un masque « c’est tellement visible que lorsqu’il doit être porté dans un cadre professionnel, on préfère quelque chose d’un minimum élégant ». « Plein de masques existent mais 99 % d’entre eux sont blanchâtres, bleuâtres, fripés, moches ».
L’impression sur soie est un véritable travail d’orfèvre
« Le plus dur techniquement c’est l’impression sur la soie à cause de la délicatesse du matériau, explique-t-il, car on cherche à imprimer des deux côtés ». Il faut trouver la bonne façon de préparer son tissu pour que la peinture une fois aspergée pénètre entre les fibres pour refermer sa boucle de l’autre côté de la fibre. Ensuite, un système de fixateur intervient pour faire couler la peinture autour de la matière.
L’étoffe provient en grande majorité de Chine. L’impression se fait en Indonésie pour les écharpes longues ou en France pour les écharpes carrées et les tissus plus délicats. Les tissus synthétiques, eux, sont imprimés sur une seule face à l’est du Canada, Montréal précisément.

« On vit dans un monde qui est devenu trop abstrait. On travaille sur le signifiant des images, on emprunte à une image d’origine quelques éléments de la nature pour apporter des idées nouvelles ».
Constate Jean-Michel.
Le produit en vogue en ce moment en Asie est le twilly. Cette petite bande de soie se porte autour du poignet, du cou ou attachée à l’anse d’un sac à main. Elle donne ou reflète l’humeur de la journée. Encore peu répandu au Canada, ce concept est déjà dans l’inventaire de Jean-Michel !