Lors de l’AGA de l’ACFA régionale de Calgary, le 19 juin dernier, le dossier concernant le projet de l’Espace Franco a été de nouveau remis sur la table. Où en est-on ? Depuis 2016, beaucoup de questions demeurent en suspens sur un projet, encore nébuleux, visant la création d’un lieu de regroupement des organismes francophones.
En lisant le site internet de l’Espace Franco, on pourrait penser que ce dernier est déjà construit. « l’Espace Franco est le siège social d’une trentaine d’organismes et d’associations francophones de Calgary et le lieu de rassemblement de la communauté francophone de la région. Il se veut le village francophone de la ville de Calgary où ses organismes et associations jouent un rôle essentiel à la cohésion sociale », peut-on lire sous la rubrique « à propos ».
D’ailleurs, certains membres de la communauté sont à la recherche du bâtiment. « Il arrive que des gens nous demandent l’adresse de l’Espace Franco », explique Arnaud Favier, directeur adjoint de la Cité des Rocheuses, un bâtiment déjà consacré à la Francophonie dans la ville du Stampede. « Nous devons leur expliquer que l’Espace Franco n’existe pas encore », ajoute-t-il. Alors, où en est-on sur ce dossier ?
Deux démissions l’année dernière
En mars 2018, un Conseil d’administration avait été créé à la demande de plusieurs bailleurs de fonds. Ainsi, ce dernier remplaçait les quatre organismes directeurs (à savoir, l’ACFA de Calgary, le CDÉA, le Conseil scolaire FrancoSud, et la Société franco-canadienne de Calgary) dans les décisions sur l’avancement de ce projet urbain.
« Plus de crédibilité et d’indépendance », avait alors déclaré Arnaud Goa, à l’époque gestionnaire du projet Espace Franco. Une façon de procéder « plus rapide, claire et transparente », indiquait pour sa part Nicole Buret, présidente du CA et du comité directeur. Quelques mois plus tard, Arnaud Goa et Nicole Buret démissionnent pour « raisons personnelles ».
Elsy Gagné, avocate, devient présidente du CA. Marie-Ève Mayrand, qui est également employée à mi-temps au Conseil de Développement économique de l’Alberta (CDÉA), a repris les rênes du projet avec le titre de directrice générale en novembre dernier.
Lors de l’Assemblée générale annuelle de l’ACFA de Calgary du 19 juin, Marie-Ève Mayrand prend la parole, afin d’actualiser la situation sur le projet. « Il y a eu un nouveau conseil d’administration. Beaucoup de travail. Je ne connaissais pas le dossier avant d’être nominée. Nous continuons en bon chemin », annonce-t-elle.
Cependant, l’ancien gestionnaire Arnaud Goa, présent également dans la salle, lance avec intérêt une question. « Mais concrètement où en est-on ? ». Marie-Ève Mayrand répond : « Beaucoup de choses ont été faites. Déjà, me familiariser avec le nouveau CA, puis avec le comité directeur. Mais surtout l’emplacement. J’ai repris tous les sondages qui ont été faits. Les gens n’étaient pas prêts à voyager plus de 30 minutes. Notre agent immobilier a fait un mapping. Trois demandes de fonds ont été faites, le CA a fait énormément. »
L’Espace Franco dans le centre-ville de Calgary ?
Marie-Ève Mayrand poursuit sa présentation sur les possibilités d’emplacements. « l’Espace Franco a signé une entente en janvier 2019 avec une firme d’agent immobilier commercial de Calgary pour identifier un lieu, un espace immobilier répondant aux besoins des organismes communautaires », indique-t-elle. Ce lieu se trouverait dans le centre-ville de Calgary ou ses environs, pour des raisons d’accessibilité et de transport.
Autre point important, celui du financement du projet. Toujours selon elle, l’Espace Franco n’en est « pas encore à l’étape du cahier des charges ». Un point qui n’a pas empêché la nouvelle directrice de solliciter certains bailleurs de fonds pour « s’assurer de la viabilité ou de la survie du projet ».
Jusqu’à présent, l’Espace Franco a bénéficié de quelques appuis financiers. Patrimoine Canada y a contribué par « un montant reporté de 2017-2018 de 19 240 $ faisant partie de l’entente de 3 ans 2016-2019; plus une subvention de projet de septembre 2018 à fin mars 2019 de 20 000 $ », précise un rapport distribué lors de l’AGA. Mais aussi : « Calgary Foundation avec un montant reporté de 2017-2018 de 37 446 $ de sa dernière contribution de 75 000 $, prenant fin au 31 décembre 2018 ».
Immigration Canada et le Secrétariat Francophone ont également financé l’avancement du projet, selon la directrice. « Toutefois nous tenons à rappeler que les fonds se terminaient le 31 mars 2019 », précise cette dernière.
Combien coûtera le projet ?
Pour l’heure personne ne le sait réellement. « Nous ne sommes pas en mesure d’évaluer les coûts réels pour le projet Espace Franco. Toutefois, quelques sites sont en train d’être étudiés et nous en saurons davantage d’ici quelques mois », explique-t-elle.
« Les coûts vont varier selon si on achète un bâtiment pour le rénover ou si l’on achète un terrain pour construire un bâtiment », explique Denis Tardif, recruté sur le CA de l’Espace Franco pour ses huit ans d’expertise à la présidence du projet de la Cité francophone à Edmonton.
Rome ne s’est pas faite en un jour. Face à l’impatience de certains membres de la communauté, il répond : « Ça prend du temps. C’est un projet de longue haleine ». Pour lui, le principal problème dans ce genre de dossier, c’est « trouver les financements ». Rappelons que la construction de la Cité francophone a coûté 35 millions de dollars. Qu’en sera-t-il pour l’Espace Franco ?
Arnaud Goa explique sa démission
Après l’AGA, Arnaud Goa a pris quelques minutes pour revenir sur sa démission avec notre journaliste. « J’ai laissé ma place parce que je ne voulais pas participer à la non-réalisation du projet », dit-il. « Pour moi le dossier avance. Il y a eu une mauvaise interprétation de la communauté à mon égard. Et comme les choses n’allaient pas, j’ai décidé de laisser ma place car je souhaite vraiment que ce projet se réalise pour permettre à la communauté de se développer. Mais pour moi, c’est un grand projet qui aurait besoin de plus de ressources », conclut-il.
Arnaud Goa, ex-gestionnaire du projet Espace Franco, qui a démissionné en juillet 2018.