Lundi 2 novembre, le Bureau de visibilité de Calgary (BVC) a rassemblé la communauté francophone dans le quartier de Rouleauville pour le 121e anniversaire de sa création. L’invité d’honneur était le livre de sa propre histoire intitulé Rouleauville, The cradle of Calgary (Rouleauville, le berceau de Calgary). Des exemplaires ont même voyagé jusqu’au Palais de Buckingham et la Cité du Vatican.
La cérémonie a débuté par des prières et des bénédictions des aînés de la Nation Siksika de l’Alberta, Confédération Siksika (Pieds-Noirs), récitées par Kelly Good Eagle Sr et Daphne Good Eagle. Après ce recueil, c’est à l’intérieur de la maison du Dr Rouleau que l’événement s’est poursuivi en compagnie de Suzanne de Courville Nicol, Mélina Bégin, Ken Lapointe et Ben Van De Walle.
« C’est excitant, car on suit depuis longtemps le développement de ce livre et la recherche de l’historique francophone ici à Calgary », s’enthousiasme Marc Lalonde, membre exécutif et fondateur du BVC. C’est toute une histoire qui vient d’être établie de façon permanente grâce au lancement de cette dernière version de l’ouvrage.

Un exemplaire au Pape et à la Reine d’Angleterre
« Je suis très fier de faire partie de ce quartier, dit Ken LaPointe, coauteur du livre. J’ai grandi à Calgary, mais j’ai appris ma relation avec Rouleauville une fois adulte ». En effet, l’homme a découvert ses propres racines francophones ici. Ayant perdu son père très jeune, il n’a pas eu l’opportunité d’étudier la langue française comme langue maternelle. Sa mère d’origine hongroise, quant à elle, ne connaissait strictement rien du français et ne pouvait se permettre financièrement d’inscrire son fils dans une école privée ou d’immersion.

Les deux auteurs, Ken et Suzanne De Courville Nicol, possèdent beaucoup de photos et d’informations en commun sur Rouleauville. En 2012, cette dernière découvre pour la première fois le PowerPoint de Ken intitulé Rouleauville, Calgary’s French Connection, elle lui propose d’en faire un livre. Même sans budget défini, il accepte. Voilà comment un simple PowerPoint, document de base créé en 2008, devient un livre racontant « le berceau de Calgary ».
Ce livre, présenté ce 2 novembre, est pour eux une bénédiction. « Notre bébé est enfin né et fut présenté à la grandeur du monde », annonce-t-elle fièrement. Mi-décembre, la présidente du BVC dit avoir envoyé des exemplaires à plusieurs personnalités mondiales. «J’en ai envoyé un au Vatican pour le Pape, car c’est aussi l’histoire de prêtres catholiques. J’ai vu que c’était son anniversaire, alors j’ai écrit ‘’bonne fête’’ en note. J’en ai aussi envoyé un à la Reine d’Angleterre», précise en rigolant Suzanne De Courville Nicol. L’exemplaire envoyé au premier ministre, Jason Kenney, lui a permis de recevoir une belle lettre de remerciement, tout en français.

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Fiers mécènes
« Le livre existe en anglais seulement, car Ken ne parle pas français », précise Suzanne. Elle fait toujours la promotion de la langue française en anglais, car « c’est la majorité anglophone qui a besoin de savoir qu’on existe parce qu’ils n’ont aucune idée », explique-t-elle.
Avec près de trois cents pages, ce livre raconte les francophones qui ont établi la Mission Rouleauville, accompagné de tous ses événements, des interactions avec les anglophones, les peuples métis, ou les Premières Nations. Ce village constitue une grande partie de Calgary dans ses premiers jours.
Après trois éditions publiées et des années de documentation, d’investigation et de recherche, ils ont décidé d’un commun accord d’arrêter la documentation le 31 décembre 2019.

En décembre 2018, il avait été financé entièrement par l’organisme Cité 2031, appartenant à Ben Van De Walle. En août 2019, c’est la section Tourisme du Conseil de Développement économique de l’Alberta (CDÉA) qui a honoré la facture. La version finale de décembre 2019 a été financée par l’ACFA régionale, le CDEA, la Cité 2031 et la Société franco-canadienne de Calgary (SFCC), à hauteur de 1000 $ par organisme. Les coûts de production s’élèvent à 3500 $, le lancement à 500 $ sans comptabiliser les frais de distribution par Post Canada ou livraison personnelle.

Ben Van De Walle est un des mécènes de cette aventure. Suzanne De Courville Nicol avait rencontré cet amoureux de la francophonie en 1988 alors qu’ils faisaient « du porte-à-porte sur la même rue pour la campagne électorale de Jim Hawkes, député conservateur fédéral pour Calgary-Ouest », se souvient-elle.
Il a rejoint le projet en 2018. « Je l’avais revu à l’église Sainte-Famille et je l’ai recruté comme bénévole clé, au plus grand bien de la francophonie de Calgary. C’est lui qui a soutenu notre projet, qui a remis un souffle d’énergie quand moi j’en avais assez, je n’étais plus capable, car on n’avait pas de subvention et il a très généreusement aidé », dévoile avec gratitude Suzanne de Courville Nicol, présidente et fondatrice du BVC en 2012.
« Nous faire connaître »
Pour Julie Fafard, directrice CDÉA du développement touristique et entrepreneuriat, cette contribution sert à mettre de l’avant la communauté francophone. « Comme le secteur touristique est en plein essor, le CDÉA aime faire partie de ces initiatives-là », ajoute-t-elle. Elle aimerait même une version digitale de l’ouvrage pour le rendre plus accessible à la communauté.
Pour Mélina Bégin, présidente de l’ACFA, « la sortie du livre en anglais va nous faire connaître dans le milieu anglophone ». En effet, c’est un atout pour la francophonie, car beaucoup d’anglophones ne connaissent pas nécessairement l’histoire de la francophonie, qui représente une partie importante de l’histoire, de leur histoire.