Ce n’est pas une carrière musicale qu’Yves Gravel était venu chercher lorsqu’il est venu en Alberta pour la première fois. En 2012, il se lance dans l’art. Une passion qu’il compte bien continuer à exercer avec ses douze talents, et son originalité.
C’est la cueillette de fruits et de légumes qui l’a motivé à découvrir l’Ouest canadien. C’était en 1996, le jeune homme de vingt ans qu’il était était assoiffé d’aventure et dépourvu de plans. Plus de 24 ans plus tard, ce n’est pas seulement des fruits ou des légumes qu’il a pu cueillir, mais aussi son talent musical. Cet « amoureux de la culture, de musique et de poésie », comme il se décrit lui-même, a toujours entretenu cette flamme. En 2012, il décide de jeter l’huile sur le feu.
« J’ai fait un effort conscient de vouloir m’impliquer dans la communauté. Il n’y a pas eu d’élément déclencheur, mais je me disais : “T’sais, tu te rapproches de la quarantaine”. Il est temps, si je veux faire quelque chose d’un peu plus concret, de faire ça maintenant. En m’impliquant dans la culture, même si c’était un peu plus au niveau anglophone, je me suis mis à rencontrer des gens du milieu francophone. C’est comme ça que je me suis intéressé au deux en même temps, mais dans les dernières années, plus au milieu francophone ».
Sa bande de douze talents
Être un musicien francophone dans un océan anglophone ne semble pas déranger Yves Gravel, loin de là. « C’est une autre expérience, j’ai des opportunités différentes de celles que j’aurais si j’étais dans les grands centres francophones à Montréal ou même ceux en Ontario ».

Des opportunités, mais aussi des rencontres. Il commence, en 2012, à faire des micros ouverts. Et, entre-temps, il continue à assister à des concerts et à s’intéresser aux musiciens qui l’inspirent sur les réseaux sociaux comme Instagram ou TikTok. Avec cette stratégie, Yves recrute ceux qui deviendront ses 12 « and The Talent ».
La majorité de ses collaborateurs sont issus de la scène musicale anglo-albertaine. Les talents impressionnent, autant par la diversité artistique que géographique (une vit en Turquie) : « J’en ai qui sont plus classiques, d’autres plus rock-and-roll ».
Ayant conscience de ses « limitations techniques à jouer des instruments », l’auteur assure que les musiciens jouissent de liberté dans les arrangements musicaux : « je ne peux pas prendre tous les crédits pour le produit final, c’est un travail d’équipe ».
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Des certitudes sans moule
Il ne peut peut-être pas prendre tout le mérite pour les résultats finaux, mais pour l’écriture oui. Pour son premier album Amibivalent Certainties, lancé en septembre 2019, les chansons qu’il chante sont également les chansons qu’il a écrites.
Toutes écrites « à différents moments dans ma vie », Yves et son producteur n’ont pas tenté de les faire « entrer dans un moule ». Ce choix implique nécessairement une diversité de thèmes, de styles et de visions du monde qui s’entrecoupent et se contredisent les unes aux autres. C’est de cette manière que le titre de l’album a ressurgi.

« J’ai toujours trouvé que j’avais des contradictions dans les sujets, les styles. Mais dans ma tête, ça fait du sens. J’ai une certitude dans mon ambivalence ». Autre certitude par rapport à l’élaboration de cet album : la présence d’une chanson en français. En parlant de sa chanson Vivre qui figure sur son album, il précise qu’« il fallait absolument qu’il y ait une chanson en français pour refléter l’artiste que je suis ».
Yves écrit autant en anglais qu’en français. Lorsqu’il a choisi ses textes pour son album, ce sont principalement ses textes en anglais qui ont retenu son attention. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il les jugeait meilleures. Mais l’idée d’écrire encore « deux ou trois autres chansons en français pour un EP » ne semble pas être loin de son esprit. Pour l’instant, c’est un projet de vidéo qui anime notre amoureux des arts.
L’art de son succès
« Il y a plusieurs façons de définir la réussite », nous assure celui qui a toujours eu un intérêt pour la spiritualité. La réussite qu’Yves recherche n’est pas financière. Sans prétendre vouloir devenir un artiste à temps complet et vivre de son art, il voit sa réussite dans l’évolution de son processus artistique.
Il choisit soigneusement les événements auxquels ils performent, et ce, avec un critère : l’aventure de la nouveauté. C’est ainsi que le jeudi 24 septembre à 18 h 30 sa performance a été diffusée sur la page Facebook du Regroupement artistique francophone de l’Alberta (RAFA) dans le cadre de VISIT’ ARTS. « C’est une très belle expérience. J’ai accepté parce que c’est quelque chose que je n’ai jamais fait ».
Une autre chose qu’Yves n’avait jamais faite : vivre dans un petit village de 300 habitants. Dans les prochaines semaines, ce Calgarien d’adoption déménagera — avec son chat — à Big Valley, situé à 100 km à l’Est de Red Deer. Un déménagement qui permettra à cet employé d’une entreprise de logiciels de travailler de la maison et d’être exempt de voisins : « Ça fait partie d’un processus pour me consacrer plus pour les arts ».
Yves Gravel ne peut pas faire une entrevue sans parler de Leonard Cohen qui est plus qu’une simple inspiration : « c’est quasiment plus une religion ! » « C’est une inspiration pour la façon qu’il a vécu sa vie, la façon qu’il a approché les arts. La façon qu’il a eu ses relations interpersonnelles dans sa vie et la façon dont il a laissé ses relations avoir de l’influence sur ses textes ».