le Jeudi 28 mars 2024
le Mardi 20 septembre 2022 9:00 Provincial

La diversité au travail : entre enjeux et avantages

Que ce soit à travers le globe ou dans la francophonie albertaine, de nombreuses entreprises misent sur la diversité au sein de leurs équipes professionnelles. Une façon d’enrichir les liens interpersonnels et de renouveler les méthodes de travail. Un pari à la fois logique et nécessaire, qui doit s’ajuster à la réalité du terrain.
La diversité au travail : entre enjeux et avantages
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La diversité désigne avant tout ce qui est varié et différent. Cependant, depuis quelques années maintenant, ce mot est utilisé pour accentuer les dissemblances entre chaque individu. L’âge, le genre, les origines culturelles, la religion, ou encore l’orientation sexuelle, toutes ces disparités sont amenées à se retrouver au sein d’un même environnement professionnel.

C’est le cas au Portail de l’Immigrant Association (PIA) où plusieurs groupes ethniques et culturels travaillent ensemble. Depuis 2008, cet organisme francophone contribue aussi à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants francophones dans le sud de l’Alberta.

«On en est très fiers, on prône la diversité interculturelle et cela commence à l’interne.» Zinha Muabi

Avec une dizaine d’employés d’origines variées, du continent africain ou bien d’Europe, il est alors nécessaire au PIA de reconnaître ces multiples identités culturelles qui composent la communauté franco-albertaine. «On en est très fiers, on prône la diversité interculturelle et cela commence à l’interne», stipule Zinha Muabi, chargée des opérations.

Un concept loin d’être récent

Cet accroissement de la diversification dans le monde du travail remonte à plusieurs années. Pour Sid Ahmed Soussi, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), tout a commencé dans les années 1990 lorsque la mondialisation s’est mise en place.

Cette période a vu de nombreuses entreprises nord-américaines ou européennes délocaliser leurs activités vers des pays émergents, tels que la Chine ou le Vietnam, afin d’employer une main-d’œuvre moins onéreuse.

Le sociologue relate, «les entreprises se sont aperçues qu’avec cette mutation de la diversité culturelle, elles se sont beaucoup enrichies». Que ce soit du côté de la production, avec une augmentation de la qualité et de l’efficacité, mais aussi du côté humain où la créativité au travail s’est accrue. Une progression qu’on observe encore de nos jours.

«Les entreprises se sont aperçues qu’avec cette mutation de la diversité culturelle, elles se sont beaucoup enrichies.» Sid Ahmed Soussi

Cet Algérien installé à Montréal depuis de nombreuses années évoque l’évidence. «C’est quelque chose qui va de soi : une entreprise aujourd’hui qui n’a pas un tissu humain culturellement diversifié est une entreprise qui n’est pas dans le coup, qui se recroqueville sur elle-même.»

Mettre en place une disparité dans le monde professionnel

En Alberta, le PIA mise également sur cette multiculturalité au sein de son équipe. Zinha Muabi en témoigne, «cela amène à une ouverture d’esprit et à une ouverture au monde, car on a tous des préjugés, qu’on le veuille ou non».

Cette Canadienne d’origine congolaise a vécu une grande partie de sa vie à Montréal. Depuis 14 ans, elle habite l’Alberta où elle a travaillé avec de nombreux organismes francophones. Cependant, Zinha Muabi n’oublie pas ses origines et souhaite que chacun «apporte sa culture ici sans forcément perdre son identité».

Pourtant, bénéficier d’une équipe composée de diverses nationalités peut amener certaines difficultés. Selon Sid Ahmed Soussi, la plus grande est celle de la gestion du conflit dont les méthodes varient selon les continents.

Les impacts d’un tel multiculturalisme

Pour résoudre un désaccord, le gestionnaire nord-américain s’adressera directement aux personnes concernées tandis qu’en Asie, la gestion du conflit sera moins directe et passera éventuellement par un médiateur. «Le fait qu’il y ait une diversification culturelle dans le milieu du travail entraîne forcément une modification de la gestion de ces rapports», signale le professeur.

C’est pourquoi, au PIA, lorsqu’un différend survient, on préfère miser sur l’échange. «Il faut continuer à communiquer pour être sûr que le message qu’on voulait passer n’a pas été compris d’une autre façon», soutient Zinha Muabi. Elle poursuit, «s’il n’y a pas de communication, alors on se bloque et on continue à avoir des préjugés».

Des idées reçues que la chargée des opérations souhaite briser. «Comme on travaille dans un environnement avec diverses origines, beaucoup pensent qu’on ne se comprend pas», s’attriste-t-elle. Mais cette ancienne Montréalaise veut prouver le contraire. «On est tous des êtres humains, on a tous nos peurs, nos craintes, nos ambitions et je ne pense pas que l’ambition de quelqu’un qui vient d’Algérie soit différente de celle de quelqu’un qui vient de France», conclut-elle.

Le PIA gère de nombreux programmes et services afin de faciliter l’intégration des nouveaux arrivants francophones et francophiles du sud de l’Alberta. Pour toute information : pia-calgary.ca
Alors que beaucoup pensent que la mondialisation est apparue dans les années 1990, ce phénomène remonte plutôt au 19e siècle, avec la naissance des transports et des communications. Pour en découvrir son histoire et son fonctionnement : thecanadianencyclopedia.ca