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le Mardi 13 Décembre 2022 13:00 Francophonie PR

Le drag a aussi sa place au Francothon

Lors du Francothon, Champagne, accompagnée de Lady T, est montée sur scène pour ravir la foule après avoir récolté des dons pour le fonds Comité Franco-Queer de l'Ouest. Un numéro unique qui n’a fait que des heureux dans les murs de La Cité francophone. Mais qui se cachait derrière Champagne?
Le drag a aussi sa place au Francothon
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Inconnu de la communauté francophone sous le nom Champagne, c’est Steve Jodoin qui s’était paré de sa plus belle robe pour jouer un rôle de drag queen lors de cette soirée de solidarité. L’objectif : générer des dons pour le fonds Comité Franco-Queer de l’Ouest (CFQO) récemment créé.

Celui-ci a été lancé «lorsqu’on a fait le lever du drapeau [franco-albertain queer] le 1er juin 2022», explique Joël F. Lavoie, le directeur général de La Fondation franco-albertaine. C’est l’un des sept nouveaux fonds créés en 2022 et gérés par La Fondation.

Joël F. Lavoie tient à rappeler l’aspect immuable de ces fonds dont on «redistribue les intérêts chaque année». Une manière aussi de «dire que cette réalité-là, celle de la [communauté] LGBTQ2+, est là pour rester aussi», affirme-t-il.

Un concours en talons hauts

Le concours Drag ma FRAB a été inventé, cette année, par le CFQO pour participer au Francothon. «On voulait faire les choses un peu à notre façon», décrit Martin Bouchard, responsable de la coordination administrative et des communications de l’organisme.

«On voulait faire les choses un peu à notre façon.» Martin Bouchard

Le but était de dévoiler en drag un des membres bien connus de la communauté francophone. Parmi les trois candidats, celle ou celui qui récoltait le plus de dons gagnait le droit de se travestir pour la soirée.

Annie McKitrick, ancienne députée provinciale, Steve Jodoin, codirecteur de L’UniThéâtre, et Gloria Livingston, présidente de Francophonie jeunesse de l’Alberta, ont accepté le défi. Finalement, c’est Steve Jodoin (alias Champagne) qui a récolté le plus de dons et a brûlé les planches de La Cité francophone.

«Le Comité Franco-Queer m’a approché avec cette idée-là et je l’ai trouvée extraordinaire», s’exclame Steve Jodoin. Au fur et à mesure, à l’approche du soir du Francothon, Steve a réalisé, «oh, OK, je pense que ça va être à moi!», dit-il en riant.

«Le Comité Franco-Queer m’a approché avec cette idée-là et je l’ai trouvée extraordinaire.» Steve Jodoin

Et Champagne n’a pas déçu. Pour sa première apparition sur scène, elle a interprété La vie en rose d’Édith Piaf. Les nombreux spectateurs ont pu enregistrer Champagne dans toute sa gloire grâce à leur téléphone cellulaire.

Lady T, qui a accompagné Steve Jodoin dans cette transformation d’un jour, a également donné une performance sensationnelle, dansant main dans la main avec Champagne. La foule, surprise au début, a largement participé et applaudi les deux drag queens. Cela a été, à n’en pas douter, un grand moment de bonheur partagé par toute la communauté.

Rose-Eva Forgues-Jenkins, coordonnatrice de programmation au Comité Franco-Queer de l’Ouest, souligne qu’il était important de montrer à la communauté que «n’importe qui peut participer au drag».

Le processus de transformation

Lors d’un bref échange avec Champagne et Lady T après le spectacle, elles ont partagé à la rédaction le processus qui a permis à Steve Jodoin de se revêtir de son alter ego féminin.

«Le maquillage? Moi, ce n’est que quinze minutes seulement!», blague Lady T. Mais, avec une seule répétition le mardi précédant la prestation, il a fallu environ trois heures pour transformer le codirecteur de L’UniThéâtre en une charmante drag queen le temps d’un spectacle.

«C’était la première fois que je maquillais quelqu’un», explique Lady T. Alors que Champagne dit qu’elle «ne dirait jamais non» à faire à nouveau du drag, Lady T plaisante et espère que «la prochaine fois, il va se raser les sourcils».

Un grand pas pour la francophonie

Lady T explique que «le drag en milieu francophone, il n’y en a pas beaucoup dans tout le Canada et même à Montréal». Elle ajoute que «d’être capable de dire que ce mouvement politique fait partie de la francophonie et qu’il est accepté, ça vaut beaucoup». Champagne acquiesce, «de voir où on est rendu, c’est fantastique».

«Le drag en milieu francophone, il n’y en a pas beaucoup dans tout le Canada.» Lady T

Alors que le CFQO a pu récolter 15 dons pour un montant de 1776,86 $ durant le Francothon, Martin Bouchard souligne qu’avoir ce fonds «est une première étape». Au fil du temps, l’organisme espère récolter plus d’argent «pour assurer la pérennité de l’organisation dans les prochaines années».