Le Centre des arts visuels de l’Alberta (CAVA) a un nouveau directeur. Arrivé à Edmonton avec sa famille il y a un an, Ahmed Hassan a un profil de gestionnaire financier qualifié, et souhaite développer l’organisme à l’aube d’une explosion de sa visibilité.
«Salut, ca va ? » En pénétrant dans les lieux du CAVA, les visiteurs entendent souvent ces quelques mots d’attention. L’établissement abrite des expositions de tableaux et autres oeuvres, permanentes ou temporaires, tout au long de l’année. L’organisme se charge de promouvoir les artistes francophones de l’Alberta. Ces expositions sont régies par la Société francophone des arts visuels de l’Alberta (SAVA).
Le sol tremble dans l’établissement. « C’est à cause des travaux qu’il y a en face », explique un homme au ton décontracté, à la tenue soignée, montrant du doigt les machines de chantier travaillant sur la prochaine ligne de métro. Ahmed Hassan est le nouveau directeur du CAVA. Il a été nommé le 9 avril par le conseil d’administration de la SAVA, et sa présidente Sylvie Pinard. Il remplace Patrick Dunn, en poste depuis quelques mois, « qui a exprimé son souhait de gérer la partie programmation artistique plutôt que le côté administratif de l’organisme », explique Ahmed.
L’administratif, c’est justement le point fort du nouveau directeur. Né à Djibouti de parents français, il a effectué la plus grosse partie de ses études dans l’Hexagone. Après des études en droit à l’Université de Clermont-Ferrand, ainsi qu’un diplôme en gestion des entreprises, il passe un master en audit et analyse financière à Paris au sein de l’école de commerce Léonard de Vinci.
Sa mission au CAVA sera « de rendre plus sain, et d’asseoir les finances et les ressources humaines de l’organisation, faire connaître davantage le Centre, augmenter le flux de visites ». Pour cela, il compte travailler sur l’obtention de subventions, et le tissage de partenariats. « Utiliser le studio du bas pour mener des activités de création avec les enfants des écoles », évoque-t-il.
Expert en finance au goût du voyage
Et l’art dans tout ça, qu’en pense-t-il ? « Avec ces tableaux, on voit tout de suite ce que l’artiste veut nous faire ressentir, présente Ahmed. Tout le monde connaît la chanson et la musique. L’art visuel est aussi un moyen de libérer son esprit ».
Le nouveau directeur est un voyageur. Après avoir terminé ses études en France, il a rejoint Dubaï en 2008 pour y travailler pendant deux ans. Puis, retour à Djibouti, sa terre natale, pour travailler au sein du port autonome international de la capitale. Après six ans passés au poste de directeur d’audit et de contrôle de gestion, il change à nouveau de pays avec sa famille. Direction le Canada. « C’est un grand principe de vie de voyager, de changer de pays tous les 5-6 ans. Le Canada, je pense que nous allons y rester un peu plus. Ce pays, c’est un continent ».
L’arrivée dans le pays de la feuille d’érable en 2014 fut un choc pour sa famille et lui. « C’était l’hiver. Il faisait déjà 30 degrés à Djibouti. Nous avons perdu 60 degrés en 18 heures de vol ». La Saskatchewan comme point d’atterrissage, il s’engage dans la communauté francophone. Au sein de la Société canadienne-française de Prince-Albert, il est directeur général et responsable de l’administration et des finances pendant quatre ans.
La rue du CAVA va fermer pendant plusieurs mois
L’Alberta, tout comme le secteur de l’art, il y a mis les pieds il y a tout juste un an. En arrivant à Edmonton, il a travaillé pour le Regroupement artistique francophone de l’Alberta (RAFA), en tant que responsable des services aux arts. « Je faisais en même temps partie du conseil d’administration de la SAVA. Au fur et à mesure, on s’est rapproché de moi pour ce poste de directeur », explique-t-il.
Dans les prochains mois, le nouvel organisme dont il est à la tête devra faire face à un problème. À partir du 28 avril, la 95e avenue sur laquelle se trouve le centre va fermer jusqu’à la fin de l’année.
« Ça va nous faire perdre énormément de visibilité », prévoit-il. Une mauvaise période à passer avant la fin définitive des travaux, normalement prévue pour 2020.
À quelques mètres de la porte, le passage des métros et de ses centaines de voyageurs quotidiens remplacera les engins de chantier. « Pour l’instant, c’est compliqué à gérer ces travaux, mais une fois que le métro sera construit, on va énormément gagner en visibilité », annonce-t-il, confiant.