Un avion reliant Kiev en Ukraine à Téhéran en Iran s’est écrasé dans l’État perse mercredi 8 janvier, tuant 57 Canadiens dont 13 Edmontoniens. Une commémoration s’est tenue ce dimanche 12 janvier dans un gymnase de l’Université de l’Alberta au sud de la ville. Aristote, francophone iranien installé au Canada, était présent pour partager la douleur des proches des victimes, dont certaines lui étaient connues.
« C’est une tragédie nationale et le pays entier est en deuil » a déclaré le premier ministre, Justin Trudeau dans une salle comble de personnes endeuillées. Après lui, Don Iveson, le maire de la ville, mais aussi Jason Kenney, premier ministre de la province, d’autres officiels et des proches des 13 Edmontoniens tués dans ce tragique écrasement d’avion, ont pris la parole. La cérémonie s’est terminée par un hommage musical et la présentation de chacune des victimes.

Dans les premiers rangs, assis face au drapeau canadien et à l’écran géant installé, Aristote C. se tient droit, vêtu d’un costume, l’air grave. Sa communauté vient d’être touchée en plein coeur. Pour lui, comme pour beaucoup de personnes présentes, les tensions entre les États-Unis et l’Iran ont précipité la mort de leurs « frères et soeurs ». « Que ce soit l’Iran ou les États-Unis, les deux agissent pour le pouvoir, que ce soit l’extrémisme religieux ou le côté républicain. Ces gens morts dans l’avion étaient des innocents».
Un jeune couple qui venait de se marier
Aristote connaissait deux des victimes. Pouneh Gorji et Arash Pourzarabi, « ils venaient de se marier ». Ils étaient des amis de son ami proche, Amir. Aristote les fréquentait, comme à la remise des diplômes de l’U of A l’année dernière, ou lorsqu’ils passaient dans le magasin dans lequel il travaille encore aujourd’hui. Leur décès l’a beaucoup affecté. « Ils étaient toujours souriant, on jasait autour d’un café. Ils avaient mon âge, 25-26 ans. Et en plus, dans la communauté on se considère tous comme des frères et des soeurs ».
À Téhéran, Aristote étudiait les langues, dont le français. Une langue et une culture qui étaient très présentes pendant plusieurs siècles dans ce pays du Moyen-Orient, mais qui disparaissent depuis une cinquantaine d’années. Aristote a quitté l’Iran en 2015. À l’époque, il rêve de venir habiter en France, mais seul Montréal lui ouvre les bras. Huit mois plus tard, il vient s’installer à Edmonton pour améliorer son anglais.
Depuis son arrivée, il dit être resté éloigné de la communauté iranienne. « Je n’avais qu’un seul ami iranien ici, c’est justement celui qui connaissait bien les deux personnes tuées ». Mais depuis la catastrophe du vol PS752, « je me suis dit qu’il fallait que je les rejoigne plus, que j’approche plus les évènements de la communauté». Pourquoi? « Parce que je dois les assister et faire tout de ce que je peux pour les aider».
La communauté canado-iranienne veut des réponses
Il affirme que beaucoup de membres de la communauté sont dévastés. « Mais maintenant, on est là pour condamner les principaux responsables de cet écrasement. Tout est venu de ce sujet profondément politique. Aujourd’hui, on cherche les vraies réponses ». Il se dit satisfait de l’attitude du Canada, « un pays qui cherche la paix », suite à ce drame. On ressent le soutien que ce soit niveau provincial ou fédéral. J’apprécie bien les actions de Trudeau, il demande des réponses ».

Après une période de flou concernant les causes de cet écrasement, des informations dont une vidéo du New York Times ont révélé que l’avion s’était écrasé suite à des tirs de missiles iraniens. Le président Hassan Rohani a reconnu samedi 11 janvier, après trois jours de dénégations, que l’avion ukrainien avait été abattu par erreur par un tir de missile de la défense antiaérienne iranienne. Des zones obscures subsistent encore. Le Canada dit vouloir obtenir toute la vérité sur cette affaire. Le pays de la feuille d’érable devra faire avec les autorisations que lui administre le gouvernement iranien pour faire partie de l’enquête.