Ce jeudi 16 janvier, une Foire d’emploi avait lieu dans le gymnase du Campus Saint-Jean. Les 350 élèves qui y ont participé ont pu rencontrer les représentants d’une douzaine d’entreprises aux forts désirs d’employés bilingues.
À l’entrée du gymnase, trois hôtes sont installés à leur une table nappée aux couleurs de l’Université. Au passage de chaque élève, un sourire et la demande de signer une attestation de présence pour le décomptage. Une fois le nom inscrit, la signature effectuée, le gymnase s’ouvre à nous.
À l’intérieur, une douzaine de stands. La plupart appartiennent à des ministères fédéraux, ou des organismes sans but lucratif qui en sont clients.
L’un des plus en vue, face à l’entrée, c’est celui d’Air Jazz, qui assure les vols interprovinciaux et régionaux pour Air Canada Express. Une des deux recruteuses parle français. « Nous avons beaucoup de postes disponibles. Environ 10 à Calgary, 10 à Edmonton, et même dans des plus petites villes comme Régina, Yellowknife, Fort McMurray. À travers, tout le Canada il doit y avoir environ 80 postes ouverts en ce moment ».

Crédit photo : Geoffrey Gaye.
Les représentantes d’Air Jazz à cette Foire d’emploi expliquent que les personnes bilingues sont essentielles dans leur entreprise. Mais elles ajoutent : « En Alberta, il est possible que l’on recrute du personnel qui ne parle qu’anglais, mais ce n’est pas possible pour les seuls francophones».
Est-ce difficile de trouver des employés bilingues en Alberta ? « Ça l’était oui. Mais c’est de plus en plus facile grâce aux écoles d’immersion et les écoles francophones. La génération qui est entrain d’arriver est beaucoup plus bilingue qu’avant».
De plus en plus de clients francophones de la RBC de Bonnie Doon
Dans un coin du gymnase, Brenda Retana tient le stand de la Banque Royale du Canada. « Nous sommes à la recherche de 9 personnes pour des postes d’agents d’accueil ou conseillers financiers », indique-t-elle. Comme quasiment tous les autres employeurs présents, les futurs employés devront parler parfaitement anglais. Le bilinguisme est « un avantage pour les candidats ».
Brenda travaille dans la succursale RBC du centre commercial de Bonnie Doon. Elle y est la seule francophone. « Aucune loi n’oblige à servir les clients en français, dit-elle, mais l’entreprise prend l’initiative de rechercher du personnel bilingue ».
De la bonne volonté, sûrement, mais sans oublier la loi du marché. « Il y a de plus en plus de nouveaux arrivants francophones ici ». Elle assure que, chaque semaine, « 50% de mes clients préfèrent des services en français », donc environ « 5 ou 6 ». Elle ajoute : « beaucoup ont des diplômes, obtenus dans leur pays d’origine, avec un niveau très élevé ».
Un ministère prend le virage francophone
Derrière la table de Diversification de l’économie de l’Ouest du Canada, Rakesh, natif de l’île Maurice et ayant la triple nationalité (anglaise, française, mauricienne), cherche aussi à enrôler des employés bilingues. « On cherche des gens dans les services finances, développement informatique, ressources politiques».

Le siège national de ce ministère est à Edmonton. Depuis peu, cet organe gouvernemental est dirigé par Mélanie Joly, nommée en novembre ministre responsable du développement économique mais aussi des langues officielles. Une raison supplémentaire d’être présent ce matin au Campus Saint-Jean pour ce fonctionnaire en charge du recrutement.

Crédit photo : Geoffrey Gaye.
Le stand d’en face est celui des Services de soutien au personnel et aux familles des Forces canadiennes, une organisation qui accompagne les militaires vétérans. « Il y a beaucoup de militaires originaires du Québec et du Nouveau Brunswick qui s’installent à Edmonton, une fois l’armée terminée». Pour cette raison, la structure emploie peut se permettre d’embaucher des unilingues francophones. « Nous en avons quelques-uns déjà. Ils peuvent même appliquer pour des formations internes à l’anglais».
Cinquante élèves de moins qu’en 2019
La journée a été riche pour les ressources humaines des organismes présents. « Certains recruteurs ont acceptés une centaine de CV qu’ils vont ensuite évaluer », explique Juste Kagisye, chef de service de La Centrale, qui a organisé l’évènement.
Cet organe du Campus Saint-Jean est responsable d’intégrer les élèves au monde professionnel. Il organisait cette Foire d’emploi pour la deuxième année consécutive. L’évènement a réuni une cinquantaine de personnes en moins que l’année dernière. Juste Kagisye met ça sur le dos de la météo glaciale du jour, il compte bien renouveler l’initiative l’année prochaine.
Le tarif 2021 pour tenir un stand devrait augmenter. « Cette année, nous avons fait payer la place à 500 dollars, ce qui est le minimum pour ce genre d’évènements », dit Juste. Vous l’aurez compris, les candidats parfaitement bilingues ne courent pas les rues, en Alberta.