La Fondation franco-albertaine organise chaque année le Francothon afin de récolter des dons qui serviront à financer certaines causes ou organismes francophones en Alberta. Cette année, 761 personnes ont donné. Leur argent ne financera pas directement des actions concrètes, mais sera accumulé et investi afin de produire des intérêts qui, eux, seront en partie distribués.
« On est en train de changer le portrait de la francophonie. On est vraiment en train de planter des arbres qui vont donner des fruits, année après année, pour appuyer la francophonie. On veut consolider toutes les organisations, les écoles, les institutions importantes », dit Joël Lavoie, le directeur de la Fondation franco-albertaine.
« Il faut savoir que quand tu donnes un dollar, c’est un dollar donné à la francophonie pour toujours. Ça immobilise beaucoup d’argent car il n’est pas redistribué. Par exemple si on fait un don à une école, c’est les intérêts de la somme totale qui sont redistribués chaque année », explique-t-il.
Votre argent crée donc de l’argent dont une partie sera redistribuée. C’est simple, non ? Mais concrètement, comment cela est possible ? Par des sortes de paris : l’investissement de courtiers dans le capital d’entreprises, en passant par les marchés financiers.
Les dons transformés en actions et obligations
Première étape pour vos deniers : le comité d’investissement. La Fondation franco-albertaine en possède un, actuellement composé des bénévoles : Jean-Philippe Couture, avocat spécialisé dans le droit des sociétés et le droit fiscal ; Gérard Carlier, conseiller en investissement à la Banque Royale du Canada ; et Joseph Doucet, doyen de l’École d’affaires de l’Université de l’Alberta et professeur de marketing, affaires économiques et droits.
Ce comité, dont le rôle est fixé par le CA, détermine une pratique d’investissement. Le niveau de risques prêt à être pris, le nombre d’actions et d’obligations, ainsi que le lieu d’investissement, au Canada ou à l’international, sont fixés.
Ce comité a surtout la charge de choisir une entreprise gestionnaire des investissements. Actuellement, il s’agit de l’entreprise Mawer. C’est elle qui place l’argent dans des entreprises, sous forme d’actions et d’obligations, pour le faire fructifier. Le jeu, c’est que l’entreprise choisie grandisse pour faire augmenter la valeur de l’argent placé initialement. Pour cela, des recherches minutieuses sont faites. Il faut dire qu’une entreprise qui ferait faillite ferait tomber la valeur de ses actions à 0.

Mawer, la compagnie gestionnaire d’investissements pour la Fondation franco-albertaine, dispose également d’une politique d’éthique disponible sur le site internet de la Fondation. Ce document indique la prise en compte de critères sociaux et environnementaux dans leurs placements. Ce n’est pas le cas de toutes les entreprises de ce secteur d’activités. Certaines n’hésitent parfois pas à placer leur argent dans des entreprises très rentables mais peu respectables (activités nuisibles à un écosystème, ventes d’armes, etc.).
Mawer rend un rapport tous les trois mois à la Fondation franco-albertaine. Une fois par an, le vérificateur rend également compte du pourcentage d’intérêts gagné, ou perdu, sur les fonds de dotation.
« Il y a toujours des risques en économie »
Les intérêts sont ensuite répartis. Si un fonds progresse de 8,1 %, la Fondation franco-albertaine va récupérer 1,5 %, « c’est ce qui nous aide à administrer et gérer », dit le directeur. 3,5 % iront à l’organisme à qui appartient le fonds. Ce dernier taux est fixé par le conseil d’administration de la Fondation franco-albertaine, il s’agit du minimum possible selon les critères fixés par Revenus Canada.

Le reste des intérêts s’ajoute au montant total d’un fonds pour le faire grossir. Cela sert à la fois à couvrir l’inflation, mais aussi à assurer les arrières d’une année de moins bien, ou de négatif. En effet, il est possible qu’un fonds de dotation perde de l’argent car la somme misée en bourse a perdu de sa valeur. « Il est rare que ce soit le cas mais je crois que cela est déjà arrivé en 2008 avec la crise financière », indique Éric Préville, élu ce vendredi 1er novembre pour un second mandat de trois ans à la présidence de la Fondation franco-albertaine.
Y-a-t-il des risques ? « Oui, il y a toujours des risques en économie », confie le président. Mais ce dernier assure que le comité d’investissement expert et le gestionnaire d’investissement sont vigilants et prennent toutes les informations nécessaires pour assurer la fiabilité du système.