Le 20 juin s’est tenue la Journée internationale des réfugiés. La Cité francophone d’Edmonton n’a pas manqué l’occasion de célébrer la résilience de certains réfugiés. Même si la journée était consacrée à tous les réfugiés, l’accent a été mis sur les réfugiés syriens, rescapés d’une guerre qui « tue les enfants, les innocents ».
En partenariat avec The Edmonton Mennonite Centre for Newcomers, The Islamic Family and Social Services Association, The Bent Arrow Traditional Healing Society et la Cité d’Edmonton, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a tenu son événement annuel pour célébrer les réfugiés. Sous le slogan « Better Together », quelques centaines d’individus de toutes les cultures sont venus à la mairie d’Edmonton pour rejoindre la fête et en apprendre plus sur la vie d’une réfugiée.
Depuis 2015, selon Statistique Canada, le Canada a accueilli 40 081 réfugiés syriens et Edmonton est la nouvelle ville de 2 585 d’entre eux. Russ Dahms, directeur général de l’Edmonton Chamber of Voluntary Organisations, a expliqué que l’afflux des Syriens a dépassé les capacités des organisations volontaires. Pourtant, ces défis ont inspiré les organisations à se regrouper et travailler ensemble pour aider les familles à s’installer à Edmonton. Ainsi, ils espèrent que les Edmontoniens feront la même chose : travailler ensemble pour aider les réfugiés syriens.
La cause de la guerre en Syrie
Quelques réfugiés syriens étaient présents. Abdalla, Wafaa, Ramiz, Hamide, Salem et Hala, ne voit qu’une seule cause au déclenchement de la guerre : « la volonté d’avoir la liberté ».
Selon eux, la guerre en Syrie dépend d’une seule motion, la liberté, et le président Bashar al-Assad, ou « dictateur », comme les réfugiés syriens le perçoivent, ne veut pas céder son contrôle absolu du pays. Un pouvoir que la famille al-Assad tient depuis 1971, soit presque 50 ans passés sous un régime totalitaire. La cohorte de Syriens explique qu’al-Assad veut garder les citoyens syriens « sans liberté, sans un vrai droit de vote, sans la capacité de parler librement et sans contrôle de leur vie ».
Rappelez-vous. En 2011, il y avait des manifestations contre le régime totalitaire d’al-Assad et des demandes pour la liberté et une vraie démocratie. Cependant, les appels pour les privilèges que nous percevons comme des droits naturels au Canada ont été confrontés à la violence féroce du régime. Abdalla explique les bombardements aériens ciblés contre les villages et les citoyens « rebelles » ont été la réponse du gouvernement al-Assad à l’appel pour la liberté.
Ramiz ajoute qu’en plus des bombardements, al-Assad a envoyé son armée pour tuer ceux qui ont survécu. « L’armée a forcé les hommes, les femmes et les enfants encore en vie de former des lignes devant un mur. Les soldats ont ensuite pris leurs fusils et ont tiré sur tout. Ils n’avaient aucune chance ». Après les attaques, Abdalla et Salem témoignent que les hommes des villages se sont armés de fusils pour essayer de protéger leurs familles. Mais, leurs fusils étaient inutiles contre les bombardements aériens.
Ces nouveaux venus syriens ont aussi pensé qu’il était important de dire qu’al-Assad a fait circuler plusieurs mensonges concernant les bombardements afin de manipuler l’opinion publique. Selon le message officiel, le gouvernement syrien a attaqué des terroristes ou des individus qui avaient des liens avec l’État islamique. « Mais, en réalité, il n’a bombardé que des individus qui ont demandé la liberté. Il voulait écraser le peuple et propager la peur pour arrêter les appels à la liberté », témoigne la cohorte syrienne.
Ils ajoutent aussi qu’al-Assad « a ciblé des attaques contre des écoles, des hôpitaux et des marchés ». Selon les Nations Unies, et des statistiques datant de 2017, plus de la moitié des hôpitaux en Syrie ont été attaqués et ne peuvent plus fonctionner normalement.
L’expérience comme réfugié d’outre-Atlantique
Toujours selon les statistiques des Nations Unies, la population en Syrie en 2011 était d’environ 21 millions habitants. Depuis 2011, 560 000 Syriens ont été tués, 6,5 millions de Syriens ont été déplacés à l’intérieur du pays (forcés de déménager) et plus de 5,6 millions d’entre eux ont fui le pays. Le plus grand nombre de réfugiés se retrouve en Turquie, avec plus de 3,4 millions de personnes, 1,4 million en Jordanie et environ 1 million au Liban.
En 2011, pendant le bombardement, Ramiz, sa femme, Hamide, et leurs 3 enfants sont restés dans leur sous-sol pendant 20 jours. Une fois certains que les bombardements s’étaient arrêtés, toute la famille a fui pour la Turquie à scooter, leur seul moyen de transport. Pendant 5 ans, la famille de cinq âmes a vécu « dans une tente de 3 mètres sur 3 mètres, sans murs, sans protection, sans vie privée et sans dignité humaine».
Cette expérience aurait été plus faisable que celle des réfugiés au Liban. « On ne nous a rien donné, moins que rien, au Liban. C’était terrible ! On est arrivés et les autorités nous ont dit « bonne chance »… C’est tout ! », témoigne la famille d’Abdalla. Ils expliquent que le Liban ne veut pas accueillir les réfugiés. « Le pays veut redonner les réfugiés à la Syrie, au régime d’al-Assad. Notre vie n’est pas leur problème. Vivants ou morts. Le Liban ne s’en soucie pas. »
Un gros merci au Canada
Les destins des familles ont drastiquement changé lorsqu’ils ont été mis en contact avec les délégués canadiens. Les familles syriennes racontent que lorsqu’elles ont initialement rencontré les Canadiens, elles ont simplement demandé « n’importe quelle forme d’aides. » Elles étaient donc bien surprises d’apprendre que le Canada voulait les accueillir gratuitement, et, en plus, accueillir plusieurs membres de la famille.
Sans l’aide du Canada et les initiatives des villes comme Edmonton, les familles n’auraient pas pu échapper à la violence. Ceux au Liban auraient pu être forcés de retourner en Syrie. Ceux en Turquie auraient pu vivre toute leur vie dans une tente. Et tous leurs enfants n’auraient jamais eu d’éducation, ni une chance de connaître une vie sans violence. La cohorte syrienne n’a que des remerciements pour le Canada et l’esprit chaleureux des Canadiens qui ont donné leur aide.
Des appels à l’action
Ces familles appellent à l’aide les Canadiens à ouvrir leur cœur à la situation critique en Syrie. Même si les réfugiés au Canada ne sont plus en danger, ils vivent chaque jour sachant que leurs villages sont encore bombardés, que les autres membres de leurs familles sont encore en danger, qu’il y a des enfants qui sont tués chaque journée et que leur pays est en train d’être détruit. Physiquement en bonne santé mais mentalement en détresse, ils veulent aider leur pays et certainement les autres membres de leurs familles, mais ne savent pas comment le faire. Ils se sentent impuissants.
Finalement, comme ces familles aiment leur pays, leur peuple et leur culture, ils ne veulent pas être témoins de sa destruction. Ils espèrent ainsi que le Canada, les États-Unis et les autres pays du monde forment un collectif afin de mettre fin à la violence, fin aux meurtres des enfants, et fin au régime de terreur.