Les élections de l’ACFA provinciale auront lieu le 19 octobre à Calgary. Les deux candidates à la présidence Annie McKitrick et Sheila Risbud ont répondu aux questions du journal Le Franco. Vous pouvez également accéder à une rapide biographie, sous l’entrevue.
Pourquoi voulez-vous vous présenter à la présidence de l’ACFA?
J’ai eu dans ma carrière la chance d’être des deux côtés de la table, du côté de la personne qui travaille dans la communauté et aussi du côté de la personne qui fait les lois, qui établit les programmes, qui débourse de l’argent. À travers ce travail, j’ai appris l’importance des communautés qui veulent avoir une voix. Il faut vraiment que cette communauté rejoigne toutes les communautés et démontre l’importance de sa voix pour les élus ou les personnes qui prennent des décisions. Je pense que je peux travailler avec les organisations et les encourager à avoir une voix, que ces organisations rejoignent tout le monde dans leur communauté, toutes les personnes attirées à participer à leurs évènements. Pour moi, l’ACFA représente la communauté francophone et j’aimerais m’assurer que nous continuons à développer notre voix et démontrer notre importance à tous les niveaux du gouvernement.
En quelques mots, quel serait votre système de valeurs? Quelles sont les valeurs principales que vous mettriez en avant?
Pour moi c’est l’inclusion, c’est l’importance de tout le monde. C’est la gouvernance où toutes voix sont entendues. Je pense que mes valeurs sont très visibles. L’environnement c’est aussi important.
Quel regard portez-vous sur le mandat de Marc Arnal?
J’ai déjà travaillé avec Marc Arnal. Je pense que dans la vie d’une organisation chaque présidence, chaque conseil d’administration est différent. Je n’ai pas les documents pour pouvoir faire une évaluation de ce qui s’est passé sur les derniers deux ans. Mais, Marc et le comité qui sont présentement à l’ACFA, ont travaillé très fort pour s’assurer que l’ancien gouvernement de la province passe la politique de services en français, être présents et s’assurer que le gouvernement reconnaisse les besoins des communautés francophones et de nos écoles. Je pense que l’ACFA et M. Arnal ont fait un travail excellent. Quand on est une famille, on n’est parfois pas tous d’accord sur les résolutions. Je pense que c’est ce qui se passe dans toutes les familles.
« Je vois le rôle de l’ACFA vraiment divisé. »
Connaissez-vous les gros dossiers/enjeux en cours? Quels sont-ils?
Il y en a plusieurs. Je vois le rôle de l’ACFA vraiment divisé. J’ai beaucoup apprécié le travail qui a été fait pour s’assurer que les nouveaux arrivants en Alberta, la FRAP, reçoivent des services. Les autres dossiers qui sont importants : comment s’assurer qu’il y ait des services en français surtout pour les Albertains qui n’habitent pas à Edmonton et à Calgary. Comment conserver nos petites régions francophones. Il y a toujours le problème de s’assurer qu’il y ait toujours assez de fonds. Il y a un autre problème : celui de la santé. On a commencé à travailler en santé, surtout en justice.
Y a-t-il un dossier qui vous paraît particulièrement important ?
Je mets l’éducation toujours en premier parce que je vois les écoles francophones comme des centres communautaires dans nos communautés. Ce n’est pas seulement des écoles, c’est l’endroit où les parents et les grands-parents peuvent se rencontrer. Et je vois le besoin de services en santé, surtout pour les personnes âgées qui sont dans une maison de retraite. Elles peuvent être servies en français. Et la justice est un problème qui touche tout le monde. Il y a des efforts qui ont été faits au niveau provincial. Il faut poursuivre ces efforts.
Comment décririez-vous la communauté Franco-Albertaine d’aujourd’hui ?
C’est une communauté composée de Franco-Albertains, des Canadiens venus d’autres parties du Canada, des personnes venues aussi du monde entier, et d’Albertains qui veulent appuyer le droit des francophones voulant être servis en français et obtenir des écoles francophones.
« J’ai gardé un intérêt particulier pour intégrer les différentes communautés. »
Comptez-vous poursuivre les efforts de Marc Arnal pour intégrer les communautés africaines francophones ?
D’abord, je souhaiterais féliciter Marc pour le travail qu’il a fait. Il y a 26 % de la communauté francophone qui est issue de l’immigration. Moi-même je suis immigrante. J’ai travaillé presque 30 ans avec les immigrants et les réfugiés, alors je connais bien leurs défis. Pour moi, c’est un dossier important que l’on va devoir travailler, non seulement avec la FRAP, mais que l’on va devoir travailler avec l’Alberta et avec les villes. Pas seulement avec le réseau des villes francophones, mais avec toutes les villes et les autres organisations anglophones pour s’assurer que les immigrants venant de l’immigration francophone savent qu’ils ont un chez eux ici. C’est l’une des raisons pour lesquelles je me suis présentée comme candidate. J’ai tellement travaillé dans ce milieu. J’ai gardé un intérêt particulier pour intégrer les différentes communautés.
Et les francophiles, notamment ceux issus de l’immersion ?
En tant qu’ancienne conseillère scolaire dans un conseil anglophone, ce qui m’a toujours préoccupée ce sont les enseignants qui enseignent en classe d’immersion et qui font un travail excellent. Mais ils n’ont souvent pas une attache avec la francophonie là où ils travaillent. Je serais intéressée pour travailler avec les groupes d’enseignants, avec les Canadian Parents for French pour s’assurer que les enseignants en immersion ont une attache avec la francophonie et font partie de la francophonie. Cela donnerait une plus grande possibilité à leurs élèves de se trouver chez eux avec nous. Quand j’étais députée, j’ai acheté des drapeaux franco-albertains à l’ACFA et je les ai distribués à toutes les écoles d’immersion.
« Il ne faut pas oublier aussi l’importance de l’histoire. »
De quelle façon comptez-vous répondre aux Franco-Albertains, dits de souche, qui s’inquiètent de voir disparaître leur culture à cause de l’arrivée de nouveaux arrivants ?
Les cultures changent. Souvent, les immigrants pensent que la culture de leur pays est la même maintenant que lorsqu’ils ont quitté leur pays. Je pense que pour les Franco-Albertains de souche, c’est un peu la même chose. La culture franco-albertaine a évolué parce que les personnes ont changé. Elles sont peut-être représentées de façon différente parce que notre communauté est composée de Franco-Albertains, les pionniers qui ont été dans les communautés rurales, des nouveaux arrivants qui viennent d’Afrique, d’Europe, de l’Acadie, des provinces de l’Est, du Québec. Ensemble on arrive à faire une nouvelle culture franco-albertaine qui est composée un peu de tous ces éléments. Je pense que les gens peuvent changer, surtout si on veut garder cette vitalité, l’importance de la francophonie en Alberta. Il faut accepter que l’on va avoir les traditions des Franco-Albertains de souche, mais on va aussi adopter les traditions et les intérêts des nouveaux arrivants. Il ne faut pas oublier aussi l’importance de l’histoire.
À quel genre de collaboration vous attendez-vous entre l’ACFA et le nouveau gouvernement conservateur ?
J’espère que le gouvernement va continuer à reconnaître et travailler avec l’ACFA. Nous avons travaillé avec toutes sortes de gouvernements. J’espère que la francophonie va rester un dossier important pour ce gouvernement provincial et le nouveau qui sera élu à Ottawa. Et ça sera aussi un dossier important pour la ville d’Edmonton et de Calgary ainsi que le reste de l’Alberta.
Un dernier message ?
Ce qui me donne vraiment de l’espoir, c’est le nombre de députés qui parlent français et le fait que nous avons un premier ministre qui le parle. Ça veut dire que c’est à travers les efforts qui ont été faits par le secrétariat francophone, et l’ancien gouvernement, qu’il y a de plus en plus de personnes qui travaillent pour la province et qui apprennent le français.
Biographie:
Née en France, Annie McKitrick a vécu aux États-Unis, en Thaïlande, puis en Angleterre pour finir ses études à l’École internationale des Nations Unies. Elle parle couramment le français, l’anglais et le thaïlandais. Elle détient un baccalauréat en écologie de l’Université McGill, et une maîtrise en éducation de l’Université de Victoria.
Annie McKitrick a travaillé pour plusieurs municipalités au Canada en tant que planificatrice et gestionnaire. Elle a aussi été conseillère scolaire pendant 9 ans en Colombie-Britannique. Lors de l’élection provinciale de 2015, Annie McKitrick a été élue à l’Assemblée législative de l’Alberta pour représenter Sherwood Park sous la majorité du Nouveau parti démocratique.
Côté associatif, Annie McKitrick a travaillé au Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique. Par ailleurs, elle s’est impliquée auprès des immigrants et des sans-abris au sein d’organismes à but non lucratif, notamment en Asie où elle a travaillé dans des camps de réfugiés.