Ce vendredi 27 septembre, « la plus grande manifestation pour le climat en Alberta » a réuni près de 4 000 personnes devant la Législature d’Edmonton. Ce rassemblement est le fruit d’un mouvement mondial d’étudiants, créé par Greta Thunberg, Friday for Futur. L’objectif ? Demander aux dirigeants d’agir davantage pour préserver le climat. À Edmonton, les manifestants ont réclamé le départ de Jason Kenney.
13 heures. Sur la Capital Plaza, devant la Législature, les premières personnes sont là. Quelques centaines pour l’instant. Parmi elles, des étudiants et d’autres habitants sensibilisés aux problèmes climatiques. Des pancartes, des slogans. « Hey adults, grow up and fights climate change », « There is no planet B », « We demand action on the climate crisis », ou encore « Give us our future back ».

Agnieszka Kotowska a affronté le froid pour venir, elle aussi. Principale planificatrice écologique pour la ville d’Edmonton, elle se définit comme une « experte » des problèmes environnementaux. « Aujourd’hui, il y a plein d’innovations, plein d’idées pour changer notre mode de consommation. Pourtant, ce sont toujours les anciennes énergies qui sont utilisées. On devrait investir plus dans les innovations écologiques, mais on ne le fait pas à cause des lobbys », soutient-elle.
« Nous demandons des actions sur la crise du climat »
13 h 15. Des cris se font entendre au loin. Arrivés de l’avenue Jasper, quelques centaines d’étudiants de l’Université MacEwan viennent gonfler les rangs. Pancartes au poing, slogans dans la bouche. « This is what community looks likes ! », répètent-ils. Ils sont acclamés par les manifestants déjà présents.
Aux pieds des escaliers de la Législature, le rassemblement grossit. Un deuxième cortège arrive, celui des étudiants de l’Université de l’Alberta. Même vacarme. Puis un troisième, avec cette fois les manifestants non étudiants qui s’étaient donné rendez-vous à 12 heures sur la Place Churchill.

Les abords du bâtiment législatif sont désormais noirs de monde. Seuls journalistes et organisateurs sont autorisés par la police à monter sur les escaliers de la Législature. Au centre, un pupitre et un micro ont été installés. Les représentants des différentes associations de protection de la nature s’y succèdent. De 13 h 30 à 15 h 10, seize groupes prononcent des discours, ou chantent avec la foule. Parmi eux, Edmonton Youth for Climate, Beaver Hills warrior, EYFC, Alberta federation of Labour, Climate Justice Edmonton ou encore les Raging Grannies.
Autochtones et environnement, même combat
Plume dans une main, sauge et autres plantes qui brûlent dans un bol tenu par l’autre. Quelques Autochtones ont usé de cette coutume de purification lors de la manifestation. Une ancienne tradition que les Premières Nations pratiquent avant une cérémonie, une réunion importante, une rencontre à caractère spirituel, afin de chasser le stress, les ondes et les pensées négatives, néfastes, maléfiques. « Favoriser la paix et l’ouverture entre humains », explique une manifestante.

Lors de ce rassemblement, les revendications pour la défense de la cause des autochtones sont au premier plan. L’association Indigenous Climate Action est présente. De nombreuses pancartes jaunes, avec l’inscription « Rise for Indigenous rights », étaient brandies aux premiers rangs du rassemblement.
« La culture des gens doit changer et être plus attentive à l’environnement instable. Nous sommes tous venus aujourd’hui. Nous venons de cultures différentes, mais c’est notre planète et c’est ce que nous avons à faire », témoigne Elektra Foureyes, habillée en tenue traditionnelle. L’étudiante pense que la lutte pour le climat va de pair avec la lutte pour la reconnaissance des peuples autochtones. « La vénération et la protection de la nature sont très présentes dans nos traditions », explique-t-elle.

« Héhé, ohoh, Jason Kenney has got to go », chantent les étudiants de l’U of A en arrivant devant la Législature. Le slogan est également entonné plusieurs fois, lorsque les deux mille manifestants stagnent sur le parvis. Sur les pancartes, quelques messages sont directement adressés au gouvernement conservateur : « Dégager une énergie et un avenir », porte autour du cou une étudiante. « Libérez les fossiles », tenait un autre.
Près de 4000 étudiants devant la Législature pour demander des actions pour le climat… et demander le départ de Jason Kenney, le Premier ministre défenseur de l’industrie pétrolière albertaine. #Alberta pic.twitter.com/aP2MzKE1qc
— Geoffrey Gaye (@geoffrey_gaye) October 5, 2019
Lorsqu’un membre du gouvernement sort du bâtiment, les manifestants huent. Élu en avril dernier, le gouvernement conservateur du premier ministre Jason Kenney est un grand défenseur du développement de l’industrie pétrolière en Alberta. D’ailleurs, cette manifestation ne fera pas cesser Jason Kenney d’inonder les réseaux sociaux comme Twitter de publications propétrole canadien. Le Premier ministre a tout de même déclaré : «Je pense que les Albertains ont raison de se concentrer sur des solutions pratiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais nous pourrions fermer l’économie de l’Alberta demain et cela ne ferait pratiquement aucune différence mesurable en termes d’émissions mondiales de gaz à effet de serre ».

Greta Thunberg provoque un raz-de-marée à Montréal
Ce rassemblement pour le climat s’inscrit dans un mouvement mondial, appelé Friday for Future. À Paris, Londres, Stockholm, Arusha en Tanzanie, Bogotá, en Corée du Sud, et dans bien d’autres villes, les étudiants ont séché les cours pour se rassembler. À Berlin, 250 000 personnes se sont réunies devant la Porte de Brandebourg. À Edmonton, Climate Justice Edmonton, l’association organisatrice du rassemblement, parle de « la plus grande manifestation pour le climat jamais vue en Alberta », avec 4000 personnes enregistrées.
À Calgary aussi, environ 600 étudiants se sont réunis devant devant l’hôtel de ville. Le nombre de manifestants dans la province pétrolière reste toutefois loin de ce qu’a connu ce vendredi Toronto ou Montréal. La capitale économique du Québec accueillait en tête de cortège l’initiatrice du mouvement Friday for Future, la jeune Suédoise de 16 ans Greta Thunberg. Près d’un demi-million de jeunes étaient dans la rue, dans ce que les médias décrivent comme la plus grande manifestation de l’histoire du Québec.
Montréal, Canada. #climatestrike #montreal4climate #fridaysforfuture @GretaThunberg @greenpeaceQC @Fridays4future @GreenpeaceCA pic.twitter.com/PzMsAOkdUa
— Équiterre (@equiterre) September 27, 2019