La pièce de théâtre La fille du facteur de l’auteure franco-albertaine Josée Thibeault, amoureuse de la parole, sera présentée aux Zones Théâtrales du Centre national des arts
à Ottawa les 10 et le 11 septembre à la salle académique de l’Université d’Ottawa.
La pièce de Josée Thibeault parle de son parcours physique et personnel et ce qui l’a amenée où elle est. Elle aborde les thèmes de l’exil, du déracinement ainsi que du courage d’être soi-même. Josée évoque ainsi son immense gratitude pour une vie riche depuis sa naissance.
L’écriture de la pièce s‘est faite en joignant des fragments de petits textes rédigés et accumulés au fil des années. Josée Thibault le dit, « c’est un texte autobiographique, c’est ma parole, mon écriture poétique, moi, native de la ville du Festival international de poésie » [Trois-Rivières au Québec]. Son besoin viscéral de s’affirmer est mis en évidence dans la lente construction de la pièce de théâtre.
La genèse du projet
Après un sentiment de plafonnement, voire de « vivre un hiver professionnel », Josée est retournée au Québec en 2013 après un exil de 18 ans en Alberta, sa terre d’accueil, en quête de renouveau et pour explorer plus large, mais aussi pour son projet de maîtrise en création, histoire d’approfondir.
L’artiste avait le goût d‘un vent de fraîcheur, comme un appel. Josée dit avoir ressenti le besoin d’avoir un regard nouveau incluant des vues contrastantes après avoir écrit sur les femmes de son entourage dans le passé. Josée a donc écrit et réfléchi au sujet des hommes de sa famille et de leur culture : carrières aux pulperies dans la région du St-Maurice, coupe de bois…
En retournant dans sa province d’origine, Josée réalise que son père n’a pas choisi une carrière dans le monde papetier comme beaucoup d’hommes de la famille et la région de Trois-Rivières, mais bien celui de facteur, porteur de mots aux autres. Ainsi se révèle à Josée les similitudes entre elle et lui. Elle comprit aussi l’origine de son plaisir de marcher pour la nature inspiratoire de la marche.

Au cours de son travail d’écriture, le format que prendrait ses écrits n’était pas déterminé. Serait-ce un livre, un film ou autre ? D’ailleurs, les événements de la vie et ses chocs lui en ont donné la clé, selon ses mots à elle. En fait, c’est à la suite de la grave et fulgurante maladie de son père, un cancer du cerveau, qu’est apparue la connexion entre ses textes préalables à multiples thématiques. Elle a réalisé que ses mots devaient être présentés sous la forme d’une pièce de théâtre moderne. En regardant en arrière, Josée Thibeault dit avoir finalement saisi la mise en place des textes comme des morceaux d’un casse-tête qui se connectaient à son insu.
La pièce, dont la mise en scène inclut des projections multimédias et certains concepts sonores, est jouée par Josée elle-même. Ce rôle satisfait son besoin de témoigner et de partager ses découvertes au sujet des surprises que la vie présente, des moyens pour mieux négocier certains virages, en l’occurrence celui du deuil d’un proche, et comment cet événement peut affecter.
Le directeur artistique de Zones Théâtrales, Gilles Poulin-Denis, souligne son intérêt à avoir La fille du facteur dans sa programmation, lui qui encourage les nouvelles démarches et les nouvelles créations franco-canadiennes. Notamment grâce aux particularités de la pièce dans la manière dont Josée parle de son histoire dans deux provinces et au niveau du son et des vidéos. De plus, il trouvait intéressant de présenter en même temps le travail de mise en scène, ici, de Joëlle Préfontaine, directrice artistique de l’UniThéâtre. La dernière production de L’UniThéâtre aux Zones Théâtrales remonte à 2007 avec la pièce Fort Mac de Marc Prescott. Sauf, une mise en lecture de la pièce Récolte de Joëlle Préfontaine en 2013.
« Profondément marquée par cette oeuvre, je savais que ceci serait une pièce importante à partager. Parlant d’identité, de vulnérabilité, d’amour, pour la ville d’Edmonton (ce qu’on ne retrouve pas souvent sur la scène), ainsi que la connexion à la famille malgré la distance », partage Joëlle Préfontaine.
La vie de Josée n’est certainement pas un long fleuve tranquille. Elle porte sur ses épaules cette œuvre de 90 minutes, que seulement elle peut raconter. « Une œuvre qui aide à comprendre ce qui nous arrive et aussi à tourner la page », explique-t-elle.
La fille du facteur rejoindra certainement les gens qui s’établissent ailleurs ou voyagent entre deux endroits pour y vivre. C’est un message et un parcours qui poussera chaque spectateur à être lui-même et à oser s’investir et croire dans ses rêves.
La pièce La fille du facteur sera en tournée dans plusieurs villes de l’Alberta au printemps 2020.
MISE EN SCÈNE: Joëlle Préfontaine
METTANT EN VEDETTE: Josée Thibeault
CONCEPT SONORE & PROJECTIONS MULTIMÉDIAS: Raphaël Freynet
SCÉNOGRAPHIE, COSTUMES & ÉCLAIRAGES: Liza Xenzova
RÉGIE: Gaby Phaneuf
PRODUCTION : L’UniThéâtre