Le porte-parole du Bloc québécois en matière de langues officielles, Mario Beaulieu, tend la main aux Franco-Albertain.e.s et lance un appel à l’unité. « Il faut resserrer nos liens », plaide le député de La Pointe-de-l’Île.
Propos recueillis par Simon-Pierre Poulin
« La loi sur les langues officielles est faite d’une façon qui ne permet pas de renforcer le français à l’extérieur du Québec », affirme d’emblée Mario Beaulieu. Cet automne, il représentera à Ottawa le parti indépendantiste dans les discussions au sujet de la modernisation de cette loi qui pour lui « divise le Québec d’avec les communautés francophones et acadiennes ».
Il compte ainsi appuyer les demandes formulées par la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA). « La Fédération a une combativité qui doit nous inspirer au Québec » dit-il, regrettant du même souffle « une indifférence » voire « un tabou » qui perdure dans la belle province quant à la défense de la langue française. « Vos revendications, c’est d’avoir un minimum de services en français, résume-t-il. Quant à moi, ça devrait être beaucoup plus que c’est en ce moment ».
Sauvons Saint-Jean, un « devoir de réparation »
Dans cet esprit, Mario Beaulieu apporte son soutien au mouvement Sauvons Saint-Jean. L’élu fédéral impose même au gouvernement Kenney un « devoir de réparation » vis-à-vis d’une communauté linguistique décimée par un passé « francophobe ».
Selon lui, les lois qui ont historiquement interdit la progression du français dans l’Ouest appellent à « un financement croissant » des services restants. D’autant plus, ajoute-t-il, que les universités de langues anglaises au Québec reçoivent un financement généreux qui dépasse largement, en proportion de locuteurs, celui des universités de langue française.
L’enseignement est bien de juridiction provinciale, prend-il soin de souligner pour balayer toute intervention coercitive du gouvernement fédéral dans ce dossier.
Le Bloc québécois peut-il réellement être l’allié de l’Ouest francophone ?
Pour le bloquiste, un lien fraternel unit les Québécois aux francophones en milieu minoritaire et il croit que son parti peut véritablement être un allié. À titre personnel, il cite son implication dans le dossier de l’hôpital Montfort. Mario Beaulieu, alors à la tête de la Société Saint-Jean-Baptiste, avait contribué au fonds Langelier pour soutenir la résistance franco-ontarienne.
« On vous appuie », martèle Mario Beaulieu. « Les Québécois appuient massivement les communautés francophones et acadiennes ». Trop peu étaient au courant de ces histoires de résistance, reconnaît-il, mais le vent tourne. Celui qui a succédé à Gilles Duceppe observe actuellement un changement « très important » dans la position du gouvernement du Québec sur les communautés francophones en dehors de ses frontières provinciales.
« La vitalité du français en Amérique, ça touche tout le monde et la voie de solution c’est l’unité, explique l’ancien chef du Bloc québécois. Si on réussit ce rapprochement-là, tout le monde va être gagnant », conclut-il.