Dans le cadre de la Semaine de la nation métisse, le drapeau métis a été hissé à l’hôtel de ville d’Edmonton lors d’une cérémonie ce 12 novembre. Reconnaissance publique inédite, l’emblème flottera de façon permanente.
« Je pense que c’est très important », se réjouit Nathalie Kermoal, professeure et directrice du Centre de recherche Rupertsland sur les Métis à l’Université de l’Alberta. « Le fait que le drapeau soit hissé en permanence est représentatif de l’histoire d’Edmonton dans la mesure où les Métis ont joué un très grand rôle », ajoute-t-elle.
Sur les 600 000 Métis qui vivent au Canada, l’Alberta en compte aujourd’hui environ 100 000 selon Statistique Canada, soit plus que les autres provinces des Prairies. Edmonton et Calgary font même partie des huit villes canadiennes où l’on trouve plus de 10 000 Métis, Winnipeg étant en tête avec plus de 50 000. La reconnaissance publique du drapeau importe donc à de nombreux Albertains.
« Hisser le drapeau, c’est démontrer la place historique des Métis. »
La contribution historique des Métis est ainsi soulignée avec la levée de leur drapeau. « Ils vivaient sur les lots de terre le long de la rivière Saskatchewan et ont eu un rôle très important au cours du 19e siècle, notamment avec la Compagnie de la Baie d’Hudson et le Fort Edmonton, détaille Nathalie Kermoal. Hisser le drapeau, c’est démontrer la place historique des Métis, mais aussi que les relations entre la ville et les Métis s’améliorent. »

Lors de la semaine de célébrations, une marche Louis Riel s’est tenue le 10 novembre et une commémoration en bonne et due forme a eu lieu le 16. Un moment important pour les Métis qui honorent ce jour du 16 novembre 1885 où le chef de file a été pendu pour trahison à Regina, en Saskatchewan. « C’est un héros pour la nation métisse », précise Nathalie Kermoal. Le Manitoba lui doit d’ailleurs sa création, il y a 150 ans.
Et ensuite ?
Pour les Métis, il ne s’agit pas seulement de se souvenir d’un moment clé de leur histoire et de celle du Canada. Il est aussi question d’enjeux tout à fait modernes pour leur reconnaissance : « Même si le 16 novembre représente un moment tragique, il s’agit aussi de montrer que les Métis sont toujours là et que le rêve de Riel est toujours présent », ponctue la directrice du centre Rupertsland.
Si Nathalie Kermoal estime qu’avoir hissé le drapeau à l’hôtel de ville constitue « un pas dans la bonne direction », elle s’interroge tout de même sur l’engagement à plus long terme. « J’aimerais savoir si ces célébrations permettent la rencontre des peuples », se soucie-t-elle. Faut-il donc y voir l’amorce d’une réconciliation ?