Comme chaque année depuis 17 ans, madame Marie-Claude Laroche accueillera les élèves de la 10e à la 12e année de l’école Maurice-Lavallée à la rentrée scolaire. Mais cette fois-ci, elle le fera avec le titre de directrice.
Professeure, conseillère en orientation et directrice adjointe, ce sont les postes que madame Laroche a occupés durant les 17 années à l’école secondaire Maurice-Lavallée. Diplômée en enseignement de l’Université du Québec à Chicoutimi, c’est en Alberta que cette Robervaloise décide de faire fleurir sa carrière d’enseignante. Sa carrière, mais aussi son sentiment d’appartenance à l’identité francophone.
L’enseignement, le droit chemin
Après avoir entamé des études en droit à l’Université de Sherbrooke au Québec, Marie-Claude Laroche décide de rediriger ses études en enseignement. « C’était une profession que je connaissais très bien, disons, parce que mes parents étaient enseignants tous les deux. »

Durant son parcours universitaire, elle rencontre son mari. C’est avec lui qu’elle prend la route vers l’ouest en 1995, où des membres de sa famille et le Centre Scolaire Centre-Nord l’accueillent. Nourrie par des discussions avec ses parents et collègues, cette professeure dans l’âme construit sa vision du rôle de l’enseignant autour un bien-être des élèves. « Tu es enseignant, tu es probablement le facteur qui joue le plus grand rôle dans la réussite de l’élève, mais justement, toutes tes interventions doivent être en fonction de l’enfant et de l’élève ».
Maintenant directrice, elle assurera le rôle de guide. « Moi je me dis qu’on est tous dans le même bateau. On va tous se rendre un moment donné, sauf que, si on veut se rendre avec la façon la plus efficace, la plus rapide, je pense que ça prend une personne qui va donner des consignes, qui va gouverner, qui va avoir le gouvernail, qui va diriger le bateau je pense que c’est un peu ça. Il faut que ça se fasse en collaboration ».
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Arriver à bon port
« Il n’y aura pas un grand changement dans ce que moi je vais apporter, parce qu’on veut, tout le monde, c’est de la continuité », assure madame Laroche.
Certains changements vont tout de même être apportés : à cause de la pandémie, l’année scolaire sera divisée en quatre à la place des habituels semestres. « Nos élèves vont avoir 45 jours de cours, ensuite il va y avoir les examens, ensuite un autre 45 jours avec d’autres cours. Alors, c’est diviser en 4 quarts cette année. Ça va être la première année qu’on va travailler de cette façon. On veut avoir le moins d’élèves possible dans les groupes, on veut des cohortes qui se suivent », explique-t-elle au téléphone.

Cependant, le désir de voir épanouir les élèves de la 10e à la 12e année de l’École Maurice-Lavallée, mais aussi de faire « vivre une expérience et [de] construire l’identité francophone [de l’élève] » est toujours de l’équation.
« Nos élèves doivent comprendre que, oui, on est une minorité, mais on n’est pas moindre que n’importe quel autre. On a une valeur, ajoutée même, qui est le bilinguisme, qu’on doit en profiter au maximum ».
Cet attachement à la francophonie est né chez Marie-Claude, lorsque le couple s’implique dans divers organismes de la communauté francophone d’Edmonton. Son rôle de mère aiguise sa sensibilité à l’éducation et la transmission de la culture francophone à ses enfants.
« On a eu beaucoup de discussions et de décisions, en tant que parents, et quand on a vu que ça réussit — mes enfants ont vingt ans —, ça nous a confirmé qu’on a toujours fait le bon choix de favoriser la construction de l’identité francophone dans toutes nos actions ».
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Accoster sur la plage, sans se mettre la tête dans le sable
Bien que madame Laroche travaille à l’école Maurice-Lavallée depuis 2003, elle est au Conseil scolaire Centre-Nord depuis maintenant 25 ans. Questionnée sur les récentes manifestations de l’Association des Parents noirs de l’Alberta (APNA) concernant le racisme au sein du Conseil scolaire Centre-Nord, la directrice répond : « Pour avoir enseigné pendant vingt-cinq ans à l’école, c’est certain qu’à l’heure où on est, on ne peut pas se mettre la tête dans le sable et se dire : “Oh non, ça n’existe pas” ».
La collaboration du Conseil scolaire Centre-Nord et la FRAP ainsi qu’une approche basée sur l’écoute sont évoquées comme moyen de réduire la discrimination au sein de l’école. Cependant, la directrice affirme qu’elle n’a pas d’action concrète pour l’instant, mais affirme « qu’on va prendre le temps de s’asseoir ensemble. Pas seulement les écouter, mais avoir un dialogue avec la communauté noire d’Edmonton francophone ».