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Père Thomas Bilodeau : Homme de Dieu, homme du peuple
Edmonton

Hommage

Père Thomas Bilodeau : Homme de Dieu, homme du peuple

Par Ronald Tremblay 25 février 201928 février 2019
Écrit par Ronald Tremblay 25 février 201928 février 2019 701 Vue

On nous avertissait d’avance que de le rencontrer était une expérience spéciale. N’empêche qu’on demeurait tout de même surpris par Ia chaleur humaine qui se dégageait du père Thomas Bilodeau. Conseiller spirituel pour plusieurs et grand admirateur de Jésus, il était à l’exemple de ce dernier – un homme du peuple. II insistait pour qu’on le tutoie, ce qui n’était déjà pas évident pour toutes les raisons qu’on s’imaginait. Mais on finissait par accepter. Car on le connaissait depuis toujours. Du moins, il nous semblait.

Le cadet de 12 enfants, Thomas Bilodeau est né le 10 juillet 1927 et a passé son enfance à Beaumont en banlieue de Ia capitale albertaine. Son père, Thomas, était originaire de Ia Beauce au Québec. Sa mère, Regina Moreau était née en Ontario et avait grandi au Québec. Thomas et Regina se sont toutefois rencontrés et mariés à Edmonton : « Mon père travaillait à Ia construction de I’Assemblée législative et ma mère était couturière », racontait père Bilodeau. Ce dernier n’a jamais connu son père, décédé des suites d’une pleurésie quelques mois avant sa naissance.


Tous les chemins mènent vraiment à Rome

Thomas Bilodeau se souvenait bien de ses jours d’écolier à l’école Charest près de Beaumont. Le minuscule building situé à huit kilomètres du village et à deux kilomètres de la ferme des Bilodeau accueillait les enfants de la 1ère à la 8e année. Une seule classe et une seule institutrice pour une cinquantaine d’élèves. « Et notre institutrice, madame Clément, qui n’était qu’une jeune femme … j’en pleure presque quand j’y pense », se remémorait Thomas Bilodeau.

Malgré ces conditions précaires, chacun y trouvait son dû, ou presque : « Les francophones avaient droit à une heure d’enseignement en français par jour. Et cela incluait l’enseignement religieux », a renchéri père Bilodeau.

Après le primaire à Beaumont, iI a fréquenté le Collège Saint-Jean pendant un an avant de mériter une bourse qui lui permettait d’étudier au Juniorat des Oblats à Chambly près de Montréal pendant deux ans, question de parfaire son français et d’approfondir ses connaissances de Ia religion catholique. II est revenu ensuite à  « Saint-Jean » avant de se rendre à Rome en 1950 où il fréquente le séminaire.

Après son ordination en 1956, il passe une autre année en ltalie, un pays dont il a appris à maîtriser la langue. II a été brièvement pasteur dans le petit village de Villalba, en Sicile, a une centaine de kilomètres au sud-est de Palerme. « Je comprends encore l’italien, affirmait père Tom, et je suis retourné en ltalie trois fois depuis ce temps-la ». Ses années au séminaire se passèrent pendant Ia papauté de Pie XII. II a d’ailleurs souvent vu le Saint-Père porté sur la Sedia Gestatoria aux abords du Vatican.


Toujours en quête de vérité

Frank McMahon a été le doyen de Ia Faculté Saint-Jean pendant 10 ans et a étudié avec Thomas Bilodeau à Rome. II se rappelait, entre autre, que les séminaristes parlaient couramment l’italien, même entre eux. II respectait beaucoup son ancien collègue : « Thomas est un homme fidèle à lui-même qui préférait une vérité existentielle à une vérité plus abstraite. Cela ne l’empêchait pas de prendre sa mission (de prêtre) très au sérieux. C’était un homme modeste qui vivait I’Évangile telle qu’il la comprenait ». Père Tom précisait : « Je crois beaucoup en la Divinité de Jésus et je crois évidemment en Dieu, mais j’ai des questions, et je m’en accuse … Dans toute croyance, on doit tenir compte de Ia science et également de I’Histoire afin d’obtenir une vérité basée sur les faits ». C’est cette grande ouverture d’esprit qui rendait Thomas Bilodeau si attachant. C’est un homme qui ne jugeait pas et qui recherchait la richesse de Ia différence. Des voeux perpétuels qu’il a prononcés il y a maintenant 55 ans- pauvreté, chasteté et obéissance – il concédait, sourire en coin de lèvres, que le plus difficile à respecter pour lui était l’obéissance.


Les années du Listener’s Corner

Après son retour d’ltalie en 1957, père Tom passait un an à Ottawa avant d’entreprendre une carrière d’enseignant au Collège Saint-Jean. De 1958 jusqu’à sa retraite officielle en 1992, il enseignait les études religieuses et Ia philosophie. II enseignait aussi le français aux élèves du niveau secondaire jusqu’à ce que le collège ne devienne universitaire en 1970. II aura aussi été préfet de discipline, un rôle qu’il a certainement dû adapter à son image. II continuait d’enseigner à mi-temps jusqu’en 1996.

Un de ses anciens élèves, Ernest Chauvet de Legal, considérait père Bilodeau comme son directeur spirituel. L’ancien président de I’ACFA provinciale a fréquenté le Collège Saint-Jean de 1968 à 1972 : « Père Bilodeau n’émettait aucun jugement envers les gens. II recevait, il acceptait et il aimait. Au fait, il commençait par accepter ». Monsieur Chauvet parlait des nombreuses années ou le ministère de Thomas Bilodeau avait pignon sur rue dans différents restaurants et cafés du Vieux Strathcona. II passait des heures à réconforter des gens issus de toutes les circonstances imaginables : « II a un vrai sens de I’ Incarnation », avance Ernest Chauvet, ajoutant qu’à l’exemple de Jésus, père Bilodeau est à son meilleur avec les gens, dans le monde.  «  Padre Tom »  conservait un bon souvenir de ces années où  il rencontrait les gens de la rue : « J’avais un panneau (style) « Homme sandwich » à l’extérieur du café ou on pouvait lire « Are you hungry for conversation ? Try the Listener’s Corner with Padre Tom ». Certaines des personnes que je rencontrais étaient nerveuses au début mais on finissait par établir un rapport. Certains revenaient, d’autres, pas ». II lui fallait aussi tisser des liens amicaux avec les propriétaires des établissements afin qu’on lui permette de demeurer sur les lieux pendant plusieurs heures à attendre ses visiteurs. Une grande partie des huit années qu’a duré cette mission de la rue » s’est passée au « Block 1912 » sur l’avenue Whyte.


Encore très présent dans la communauté

Denise Lavallée d’Edmonton a dit que sa famille devait beaucoup au père au Tom : « C’est un homme terre à terre et inspirant qui amène la réflexion de manière simple et douce », relatait-elle.

D’après elle, Thomas Bilodeau une vision très œcuménique : « il a le don d’inspirer même ceux qui ne pratiquent aucune forme de religion. C’est lui qui a ramené (mon mari) Joël à l’église et c’est lui qui nous a mariés ». Le père Bilodeau a aussi présidé au baptême de la fille aînée du couple.

De 1971 à 1975, Thomas Bilodeau a été Père provincial des Oblats francophones pour la province de Grandin, un territoire qui englobe la Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie Britannique. Il a eu à conseiller plusieurs prêtres qui ont éventuellement choisi de quitter la prêtrise.

« Pendant les années 1960 et 1970, on a perdu tellement de prêtres », reflétait le père Bilodeau. « Pourquoi ne pas laisser les prêtres se marier ? C’est une des questions que nous, les prêtres abordons souvent entre nous », confiait père Tom. Les membres du clergé  avaient en effet le droit de fonder des familles jusqu’au 11e siècle environ.

En reconnaissance pour les services rendus à la communauté franco-albertaine, père Thomas s’est vu décerner le Prix Guy-lacombe de L’ACFA en 1998.

À l’âge de 84 ans, le père Tom demeurait très présent dans la communauté. C’est à ce moment précis qu’il décide d’emménager au Manoir Saint-Thomas au coeur du Quartier francophone d’Edmonton. Il y célèbrera au moins six messes par semaine pour les religieuses en résidence aux alentours de la Cité francophone.

Il se disait alors heureux de pouvoir désormais faire sa ronde sans avoir à prendre sa voiture. Une fois par mois, il dit la messe à la paroisse Sainte-Anne. Il lui arrivait aussi de remplacer le père Sévigny à la paroisse Saint-Thomas-d’Aquin.

« Padre Tom » rêvait, contre toute attente, d’un monde où  les gens de toutes croyances ouvriraient un dialogue permanent et où les droits humains seraient mieux respectés, « particulièrement les droits de la femme », déclarait-il.

En ce qui concerne la période des Fêtes de Noël, il insistait sur l’importance de la famille et était attristé par la consommation démesurée qui caractérise notre société de plus en plus sécularisée.

Le Père Thomas (Tom) Bilodeau est décédé dans la nuit du 4 au 5 février 2019 à l’âge de 91 ans. Rappelons qu’il est né le 10 juillet 1927 à Beaumont. Le Franco a tenu à lui rendre un dernier hommage en re-publiant l’article de  Ronald Tremblay publié dans l’édition du journal les 22 et 28 décembre 2011.  Les funérailles se sont tenues le 11 février dernier à 13h30 à la paroisse francophone de Saint-Albert. Plusieurs centaines de personnes sont venues lui rendre un dernier hommage.

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