Du 30 au 31 mars, Patrimoine canadien organisait un laboratoire d’innovation francophone, intitulé FrancoLab, au Campus Saint-Jean. Les participants avaient 35 heures pour réaliser et présenter un projet digital permettant de mettre en valeur la communauté francophone.
« J’espère que vous avez trouvé le gymnase confortable pour la nuit », plaisante Pierre-Yves Mocquais, le doyen du Campus Saint-Jean, juste avant de clôturer ces deux jours d’innovations. Face à lui, confortablement assis dans l’amphithéâtre, les 25 participants s’amusent de ce trait d’humour, malgré la courte nuit qu’ils ont passée.
Cette fin de semaine, c’était le FrancoLab au Campus Saint-Jean, un évènement organisé par l’organisme fédéral Patrimoine canadien pour la troisième fois à travers le Canada. Après Moncton l’année dernière et Montréal en début d’année, c’est Edmonton qui a accueilli ce rassemblement d’étudiants débrouillards avec un clavier d’ordinateur. À chaque fois, le même but : appuyer les langues minoritaires.

Ce FrancoLab s’est donc déroulé en français, contrairement à celui de Montréal en janvier qui était en anglais. « Cela permet aux jeunes de montrer leur potentiel en matière d’innovation, de créativité. Ce genre d’événement existe beaucoup en anglais et très peu en français. Pourtant nous avons un potentiel francophone et francophile ! », indique Martine Pellerin, vice-doyenne en recherche et innovation qui a orchestré ce laboratoire d’innovations.
35 heures pour créer
Le top départ a été donné samedi matin à 8 heures. Les 25 jeunes participants, dont huit arrivés de Vancouver vendredi soir, ont découvert les thématiques. Santé, culture, entrepreneuriat, éducation… Les problématiques ont quant à elles été choisies par la quinzaine d’organismes francophones de l’Ouest canadien, partenaires de l’événement.
Rendre plus visibles les communautés francophones était au coeur de l’exercice. Les participants avaient 35 heures pour créer une application, un site internet, ou un autre outil digital, répondant aux besoins d’un organisme francophone. Le lieu de travail, le dortoir et la salle à manger de ces jeunes entrepreneurs en herbe étaient le gymnase du Campus Saint-Jean. À 13 heures le dimanche, tout devait être bouclé. Certains étudiants avaient de petits yeux dans l’après-midi. « Nous n’avons pas beaucoup dormi, explique Maëlys Hordies. Nous nous sommes couchés vers deux heures du matin, puis réveillés à 7 heures pour terminer ce qu’il y avait à faire ».

Photo du Campus Saint-Jean
La présentation des projets devant un jury composé de membres de la communauté francophone s’est tenue dans la nouvelle salle de transformation pédagogique et technologique. Cette dernière avait été officiellement inaugurée vendredi soir, dans le cadre de l’opération « transformation digitale pour le Campus ». « La technologie affecte toutes les sphères mais aussi l’enseignement. Nous sommes heureux de cette modernisation qui permettra de bien préparer nos étudiants au monde », s’était émue Martine Pellerin, vice-doyenne à la recherche et l’innovation.
Aux quatre coins de cette salle, plusieurs grands écrans tactiles et interconnectés ont permis aux participants de faire une démonstration de leur innovation. Les sept groupes de participants ont, sans surprise, présenté des sites internet ou applications répertoriant les données d’organismes francophones.

Quelques idées se sont démarquées du lot. Un site internet sur le thème de la santé permettait aux utilisateurs de trouver un médecin francophone en Alberta et d’indiquer à l’avance leurs symptômes grâce à une plateforme illustrée. Une autre équipe proposait une application reliant élèves francophiles, professeurs et communauté à travers des pages de profil sous forme de passeport. Plus les élèves se rendent à des événements francophones, plus ils gagnent de points. Un concept soufflé à l’oreille des jeunes créateurs par l’ACFA d’Edmonton qui avait lancé ces passeports sur papier l’année dernière. « Les gens oubliaient tout le temps leur passeport francophone à la maison. Avec cette idée d’application, nous pourrons relancer l’initiative. Nous souhaitons rester en contact avec les jeunes qui ont créé ça », explique Luc Dupont, conseiller à l’ACFA.
La création d’un label francophone, un projet récompensé
Au terme de la journée, personne n’est reparti bredouille. Après un mini-concert donné par le groupe Post Script dans l’amphithéâtre, l’organisation annonçait que deux Prix de participation de 500 $ chacun, au lieu d’un, seraient remis. Un Prix coup de coeur industrie (1500 $), un Prix jeunesse (500 $), puis les troisième (3000 $), deuxième (5000 $) et première places (7000 $) complètent les remises.
Le premier prix de 7000 dollars a été remis à l’équipe de Maëlys Hordies, Maxime Le Tallec, Lionel Bernard et Adrien Pages. Ils ont séduit le jury avec une présentation claire de leur projet de site internet permettant de référencer toutes les entreprises adhérentes à un label francophone, et de proposer des remises au grand public à travers ce dernier. « Ils sont allés au-delà de la problématique qui leur était imposée. Dans leur projet, il y avait des moyens de générer de l’argent par des publicités, ce qui n’était pas demandé. Ils ont également créé ce label qui était assez unique. Tout ça a fait que c’était vraiment notre coup de coeur », explique Joris Desmares-Decaux, employé du Conseil de développement économique en Alberta (CDEA) et membre du jury lors de ce FrancoLab. Les deux plus hautes récompenses ont été raflées par les équipes d’étudiants venus de Vancouver.
Certains organismes comme Francophonie jeunesse Alberta (FJA), le CDEA ou Réseau santé Alberta se sont montrés intéressés par quelques projets. « Nous allons encourager les étudiants à continuer à travailler avec les organismes, explique l’agent du CDEA. Puis, au-delà de ça, on veut vraiment inciter les jeunes à créer leurs entreprises, à développer leur application pour la communauté francophone ».