Une entente bilatérale entre le gouvernement fédéral et provincial octroie 45 millions de dollars au secteur de la petite enfance en Alberta. Un financement majeur pour relancer l’économie albertaine, mais où sont les francophones dans cette équation ?
La corrélation entre la relance économique et les garderies est assez simple : « les parents ne peuvent pas aller travailler s’ils n’ont pas accès à des services de garde », résume clairement madame Mireille Péloquin, directrice générale de la Fédération des parents francophones de l’Alberta (FPFA). Malgré les nouveaux outils qui permettent le télétravail, travailler et garder un œil sur ses enfants est ardu : « Souvent, la gardienne c’est l’iPad, c’est la télévision, c’est l’ordinateur ».
Dans un communiqué de presse du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada), l’organisme disait espérer que « le secteur de la petite enfance francophone bénéficiera d’une enveloppe budgétaire conséquente qui permettra aux parents d’obtenir un service de garde dans la langue de leur choix ».
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Une budget pour la francophonie
10 millions de dollars, c’est en quelque sorte la réponse du gouvernement à cette demande. Cette somme sera consacrée à des programmes pour que les enfants francophones et autochtones puissent avoir accès à des services qui reflètent leurs cultures et leurs langues.

Malgré les 385 nouvelles places créées, elles sont insuffisantes pour combler les besoins de tous les parents francophones. La directrice de la FPFA relève tout de même des manières dont ce budget valorisera les services de garde en français.
Des formations, comme GRIT ou L’Envol, sont maintenant offertes en français et le seuil pour que les parents obtiennent des subventions augmente à 75 000 $ par an. Mais pour madame Péloquin, il y a un « maillon » manquant qui est essentiel pour assurer la vitalité et la viabilité de ce service. Elle note que la relance économique de la province va « vers le parent et les travailleurs, mais pas vers l’opérateur ».
Le programme GRIT, acronyme pour Gretting Ready for Inclusion Today, donnera des formations aux éducateurs et aux éducatrices francophones concernant l’inclusion d’enfants à défis ou bien issus de la diversité culturelle.
« C’est l’infrastructure qui est le problème »

Un problème que le plan de financement de 45 millions de dollars n’effleure pas selon Mireille Péloquin. Dans certains quartiers de la capitale, le loyer s’élève à 35 $ le pied carré. « C’est l’une des raisons pour quoi en Alberta il y a très peu d’espace en garderie francophone . »
Dans ce sillage, la FPFA lance un nouveau projet pilote pour accompagner la création de nouveaux services de garde en milieu familial, mais aussi à perfectionner ce type de garderie déjà existante.
D’autres initiatives existent. Certaines écoles francophones accueillent les garderies dans leurs locaux inoccupés. Un moyen pour les garderies d’accéder à des loyers « vraiment abordables », et aux écoles de recruter une future clientèle. La pandémie et les nouvelles normes sanitaires rajoutent de la pression sur le nombre de places disponibles dans les garderies dans ces milieux. Les espaces vacants ne le seront plus. Tous les locaux sont utilisés pour créer de plus petites cohortes d’élèves.
Les tracas financiers ne se vivent pas en parallèle avec le mandat premier des garderies : léguer la culture. « Si on n’est pas capable de régler le problème financier, on ne sera pas capable de transmettre la langue et faire survivre la culture. Il faut travailler les deux, main dans la main ».
La formation L’Envol, le curriculum-cadre pour les programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants en Alberta, s’offre maintenant en français. En fait, le document est accessible en français depuis 2014, mais le budget provincial ne permettait pas au personnel d’avoir accès à la formation dans la langue de Molière. Maintenant oui, et ce « grâce au fédéral », souligne Mireille Péloquin. Le gouvernement provincial a « lancé un appel pour un intérêt d’inscriptions à l’automne pour le curriculum. Ils ont ouvert 24 places — c’est un projet pilote — et ils ont eu 70 places. Ils sont tous étonnés de voir qu’il y a une demande en français », dit-elle sans dissimuler un mécontentement refoulé.