Vendredi 6 mars, le Groupe de recherche interdisciplinaire et de formation en santé des francophones (GRIF-SF) du Campus Saint-Jean a présenté les avancées de ses études sur la littératie en santé. Plusieurs représentants de l’institution, ainsi que différents partenaires, étaient présents pour mieux comprendre l’ampleur et les enjeux de la question. Une réflexion a été amorcée sur les solutions à mettre en place.
« On ne réalise pas à quel point la littératie a un impact sur la vie des gens ! », s’exclame Geneviève Thérien, l’une des animatrices de la présentation. Désignant la capacité d’un individu à repérer, comprendre et utiliser de l’information afin de promouvoir et maintenir une bonne santé (OCDE, 2013), le niveau moyen de littératie en santé au Canada est insuffisant, évalué à 2 sur 5 quand le niveau minimal recommandé est 3.
La recherche s’active
Le GRIF-SF réunit les enseignants-chercheurs Nisrine Mokri, Vickie Plourde, Boniface Bahi et Hassan Safouhi, assistés par Étienne Vincent, Geneviève Thérien et Rémi Vincent. Vendredi 8 mars, ces trois derniers ont présenté une synthèse sur le sujet et précisé les concepts généraux. Puis, ils ont détaillé les aspects de communication en santé et introduit un projet de cinq ateliers de formation afin d’améliorer le niveau de littératie en santé.

Car le constat est inquiétant : 40 % des personnes de 16 ans et plus éprouveraient de la difficulté à comprendre des informations médicales écrites en Alberta. Or, d’après Geneviève Thérien, « plus on en parle et plus tôt on en parle, plus on a de chance d’augmenter le niveau de la littératie dans la population ». Le projet tente donc de réduire la stigmatisation associée à un faible niveau de compréhension affectant non seulement l’état de santé et de vie de la population, mais aussi le coût des frais de santé.
Des Franco-Albertains en première ligne
Avec un moins bon niveau de littératie que les anglophones, les francophones sont davantage touchés en milieu minoritaire. Avec une population éparpillée dans la province, l’accès à des services en santé en français reste un défi. Pour Paul Denis, directeur du Réseau santé albertain (RSA), « le problème commence parce qu’il n’y a pas d’offre active dans le domaine de la santé en Alberta où il n’y a pas de loi qui oblige le gouvernement à offrir activement des services en français ».
Les personnes âgées, côtoyant plus souvent le milieu médical, sont aussi plus exposées aux risques de diminution des capacités cognitives et physiques, comme Alzheimer ou le déclin de l’audition et de la vision.« Aujourd’hui, la littératie en santé dépend aussi beaucoup de la littératie numérique, et pour la génération qui n’a pas fait partie de la transition numérique, c’est un apprentissage en plus », souligne Alizé Cook, directrice de la Fédération des aînés franco-albertains (FAFA).
Des partenariats engagés
Heureusement, le GRIF-SF peut compter sur ses partenaires, le RSA, la FAFA, l’Institut Guy-Lacombe de la famille et l’ACFA. Ayant appuyé les demandes de financement et assisté aux réunions en y partageant leur expertise respective, ces partenaires apportent une rétroaction pour mieux cerner les besoins et s’adapter aux différents publics concernés.
Le professeur Hassan Safouhi espère aussi bénéficier de leurs réseaux pour donner davantage de visibilité au projet et toucher un plus large public : professionnels de la santé, personnes âgées, familles, immigrants, etc. En retour, les partenaires espèrent que les ateliers permettront d’outiller concrètement la population et de sensibiliser les professionnels de santé.
Financé jusqu’à présent par le Consortium national de formation en santé (CNFS), le groupe de recherche attend encore un prolongement de financement pour pouvoir conduire cette série de cinq ateliers sur les deux ans à venir. Dans le cas d’un refus, la fin du projet sera avancée à fin avril début mai et seul un ou deux ateliers pourraient être conduits.
Comme le dit une célèbre expression française, « qui est en bonne santé est riche sans le savoir ». C’est justement par le savoir que le GRIF-SF et ses partenaires espèrent augmenter les niveaux de santé et de vie des Franco-Albertains.