Tandis que Montréal accueillait l’Exposition universelle en 1967, Saint-Paul attendait la venue d’êtres d’autres galaxies. Construite en 1967 pour le centenaire du Canada, la piste d’atterrissage pour les vaisseaux extraterrestres, le UFO Landing Pad, est toujours un des attraits touristiques de cette ville située à 200 kilomètres au Nord-Est d’Edmonton.
L’idée serait venue de deux hommes, un Ontarien et un Albertain. Une idée qui a trouvé un terreau fertile auprès de la communauté de Saint-Paul, car en 1967, elle est construite. Ce n’est pas seulement la première piste de ce genre au Canada, elle est aussi unique au monde.
Autour de ce grand disque en béton surélevé, treize drapeaux des dix provinces et trois territoires canadiens sont fièrement hissés. Les escaliers, pour atteindre la plate-forme, font face au croisement de la route 29 et de la 53e rue. Deux capsules incrustées dans de la pierre sont à la droite de cet escalier de béton ; l’une datée du 3 juillet 1967 et l’autre du 1er juillet 2017. Chacune d’elles contient des lettres, adressées aux Canadiens ; que la population pourra seulement découvrir en juillet 2067.

Du côté gauche, une plaque pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs, humains ou non. La plaque annonce que cette infrastructure est le « symbole de notre foi en l’humanité pour qu’elle préserve l’univers de guerres et de conflits nationaux. Ce voyage dans l’espace sera sans danger pour tous les êtres intergalactiques. Tous les visiteurs de la Terre et d’ailleurs sont les bienvenus sur ce territoire et dans la ville de Saint-Paul ».
Suggestion de lecture: JASPER SORT DOUCEMENT DE SA LÉTHARGIE
La Reine Elizabeth II et les extraterrestres
Détrompez-vous, c’est du sérieux. Le 3 juillet 1967, Paul Hellyer, ministre de la Défense nationale de l’époque, inaugure l’endroit. Bien que les extraterrestres ne se sont toujours pas manifestés sur la piste, quelques personnalités humaines sont venues. En 1982, mère Teresa visite le lieu, imitant ainsi la Reine Elizabeth II. Cette dernière, habillée d’un ensemble complètement vert, était venue arpenter la piste quatre ans plus tôt.
Autour du site, des entreprises sont baptisées en l’honneur de l’UFO Landing Pad, comme le restaurant UFO pizza ou le Galaxy Motel, toujours dans le paysage de Saint-Paul à ce jour. Au début du projet, l’autocar Martian Express offrait des visites guidées de la piste. Cet attrait n’existe plus, mais il est toujours possible de faire la visite à pied. Dans les années 1990, le maire de la ville, Paul Langevin, fait construire un centre touristique. Un pont est également construit pour lier le nouveau centre et la piste.
Suggestion de lecture: EN ALBERTA, MORDEZ LA VIE EN VAN !
Redynamiser le tourisme
Dans cette même période, la ville met en place une ligne téléphonique pour reporter, non les criminels, mais les activités extraterrestres. La 1-888-SEE-UFOS était un moyen de publiciser l’attrait touristique. La popularité de la ligne est telle, qu’elle est toujours en fonction aujourd’hui.
Saint-Paul reçoit, en 1998 et en 2000, l’UFO Conference (Conférence sur les OVNI, en français). Un regroupement où des « ’experts d’extraterrestres »’ donnent des conférences et où les citoyens sont invités à partager leurs expériences et leurs histoires.
Des photographies d’OVNI, de « ’cercles de culture »’ et de mutilations de bétail sont toujours exposées au centre touristique. Le but de cette exposition est d’instruire les visiteurs aux manifestations inexpliquées.
Une source d’inspiration
L’UFO Landing Pad inspire l’industrie artistique. Cineplex Entertainment a tourné un court-métrage, présenté durant le mois de juin 2014, au sujet de la piste d’atterrissage. Bien que le site réel soit actuellement fermé à cause de la Covid-19, les curieux peuvent toujours se plonger dans l’univers du l’UFO Landing Pad via internet.
En 2012, Jacqueline Hoàng Nguyễn combine photographies, sculptures et arts vidéos pour faire revivre la mémoire de l’UFO Landing Pad. Plus qu’un attrait touristique pour cette artiste montréalaise, sa démarche artistique s’ancre dans « l’intersection de la notion d’hospitalité, de diversité et de la mise en œuvre de la politique d’immigration radicale du Canada, qui a eu lieu la même année et a positionné le pays comme l’instigateur du multiculturalisme. Ici, l’aire d’atterrissage d’OVNI fonctionne comme un vaisseau conceptuel pour aborder les questions autour de la formation idéologique du multiculturalisme et du concept extraterrestre tel qu’il est compris dans son sens plus large », peut-on lire sur le site Web de l’artiste.
Une analyse qui colle au but premier du projet. Dans sa vidéo 1967 : A People Kind of Place, le public peut entendre le maire de Saint-Paul dire que le but de son projet est d’inviter tout le monde dans sa ville !