C’est avec un trajet de plus de deux kilomètres, parsemé de 27 panneaux, que la ville de Saint-Albert invite la population à découvrir son histoire. Métis et les francophones y sont à l’honneur.
Bien que la Promenade des Fondateurs (Founders’ Walk, en anglais) existe depuis 1988, grâce au travail de la municipalité et de la St Albert Historical Society, le parcours actuel date de 2011. Ce dernier prend la forme d’une équerre : la rue Perron et l’avenue Saint-Vital se rencontrent à la chapelle du père Lacombe.
Par le biais des panneaux, tous écrits en anglais, français et métchif (à l’exception d’un), le développement de la ville est décortiqué. Le trajet, tout comme l’histoire de Saint-Albert, commence avec le panneau « Les Débuts », tout prêt de la Tour de l’horloge (Clock Tower) sur la rue Perron.
La rue Perron tient son nom d’un certain monsieur Fleuri Perron, un homme d’affaires important pour la ville et maire de cette dernière vers 1900.
Les débuts métis
Les premiers résidents de Saint-Albert étaient Métis. Ce sont les activités agricoles qui ont motivé leur établissement permanent. Pour autant, ils n’ont pas délaissé la chasse et la pêche comme moyen de subsistance, mais aussi comme un moyen de commercer avec la Compagnie de la Baie d’Hudson.
Les conditions climatiques sont hostiles et l’attachement à leur culture les pousse notamment à la chasse aux bisons : « Pour les Métis, la chasse aux bisons était considérée comme plus importante que l’agriculture », peut-on lire sur un panneau. Hommes, femmes et enfants, tous avaient un rôle à jouer dans cette activité. Une fois tués, les bisons permettaient de se nourrir, mais aussi de fabriquer des textiles, ou bien des outils.
Vers 1891, « les Métis représentaient la majorité de la population de la région de Saint-Albert », peut-on lire sur le panneau, situé aux Michif Cultural Connections. On apprend que les communautés religieuses francophones ont pu construire et développer économiquement Saint-Albert grâce à leur rôle de traducteurs de la communauté métis. Ces derniers parlaient, et parlent toujours pour certains d’entre eux, le métchif, leur langue traditionnelle qui est un amalgame de l’anglais, du français et des langues indigènes. Mais avant d’arriver à cet épisode historique, le neuvième dans le parcours, il faut traverser la rivière Sturgeon.
Fondé par Thelma J. Chalifoux, première femme métisse sénatrice, le Michif Cultural Connections a pour mandat de protéger et de faire la promotion de la culture et de l’histoire des Métis en offrant des ateliers sur les savoir-faire artisanaux métis. Une collection d’objets et de textes concernant cette culture est également hébergée.
Le pont controversé du Père Lacombe
Le pont sur lequel nous pouvons circuler aujourd’hui n’est plus celui que le Père Lacombe et ses paroissiens ont construit en 1862. Cependant l’histoire de son origine cache une polémique. Le Père Lacombe, investigateur de l’idée, demanda la collaboration des habitants de Saint-Albert pour ériger un pont qui traverse la rivière Sturgeon. Ce qui alla devenir le premier pont permanent à l’Ouest des Grands Lacs.

Cette construction encourageait, d’une certaine manière, l’établissement des colons qui cultivaient la terre plutôt que de faire le commerce des fourrures avec la Compagnie de la Baie d’Hudson.
Farouchement contre cette infrastructure, Alexander Dallas, chef de la Compagnie de la Baie d’Hudson, exigea un an plus tard sa démolition. Un ordre qui ne fut jamais mis en exécution par William Christie, intendant du Fort Edmonton.
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Les francophones, traducteurs

C’est lors de ses aller-retour entre le Lac Sainte-Anne et Fort Edmonton, selon la station en face de l’Église paroissiale catholique Saint-Albert, que « le Père Lacombe remarqua que l’endroit au sommet de la colline près de la rivière Sturgeon serait idéal pour bâtir une mission ».
Sept ans après le début de la construction de la mission, soit en 1888, Saint-Albert accueille déjà 1 000 personnes. Au fil des ans, la mission intègre « plusieurs bâtiments religieux, des résidences, deux immenses fermes, une forge, une menuiserie, une buanderie et un entrepôt de miel ». Bien que certaines écoles ou routes n’existent plus à l’heure actuelle, des écriteaux ont été rédigés pour commémorer leur histoire.

La chapelle du Père Lacombe, toujours en place, peut être visitée durant la période estivale. « La plus vieille structure en bois encore existante en Alberta » a été construite des mains du Père Lacombe, de Michel Normand et de deux hommes métis.
À quelques pas de là, nous pouvons découvrir les autres attraits historiques de la Mission Hill comme la statue du Père Lacombe, le Centre Vital Grandin (qui n’est pas ouvert au public), les cloches de la mission, la grotte, le cimetière et l’église paroissiale et la crypte.
L’eau qui coule
L’histoire de cette communauté, sixième plus grande ville en Alberta, est aussi célébrée sur l’avenue Saint-Vital, où le rôle des Sœurs Grises et du poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson est expliqué.
Le développement des réseaux routiers est également mis en valeur avec une aventure rocambolesque du Père Lacombe dans une course contre la montre pour sauver le Père Frain.
Si l’aventure du Père Lacombe à traineau à chien se terminait au Fort Edmonton, celle de la Founders’ Walk (la marche des fondateurs, en français) se termine sur l’avenue Mission. Les deux derniers panneaux portent sur l’importance de l’agriculture dans le développement de la ville au 20e siècle et le système de lot riverain. Un héritage français qui a été difficile de faire cohabiter avec la culture britannique.
Une troisième phase est également attendue. Cette partie, qui devrait lier le Red Willow, le Parc du Lion, le Parc du Millenmium et la Place Saint-Albert, permettrait de faire découvrir le rôle de la rivière Sturgeon.