Red Deer s’apprête à héberger dès vendredi 15 février, et jusqu’au 3 mars, les Jeux du Canada d’hiver 2019. Même si la ville du centre de l’Alberta a déjà accueilli de grands événements sportifs, celui-ci aura une saveur particulière. Elle sonne même comme un honneur pour certains.
« Environ 20 000 personnes sont attendues pour cette grande fête du sport amateur », confie Serge Gingras, directeur général de l’ACFA régionale de Red Deer et coprésident du comité des langues officielles des Jeux du Canada. Selon lui, c’est une occasion d’offrir un rayonnement national à la ville.
Un ruissellement économique ?
Même si la ville a déjà accueilli des grands évènements sportifs tels que les finales de rodéos ou la coupe mémoriale de hockey, « les Jeux du Canada sont d’une autre envergure », selon Serge Gingras.
Si accueillir la compétition en son sein est pour la ville synonyme de coûts (le budget total est estimé à 44 millions de dollars), la perspective est cependant plus enthousiasmante pour la majorité des citoyens.
Charles Leclair, propriétaire du restaurant ABC Country à Red Deer, entend bien profiter de l’évènement pour multiplier son nombre de couverts par service. Il estime que « les Jeux seront un accélérateur financier pour son fief ».

Le restaurateur est déjà en étroite collaboration avec l’équipe du Manitoba, « là d’où il vient », comme il dit. L’équipe viendra s’y restaurer, et « il ne ferme pas la porte aux autres équipes non plus », précise-t-il.
Lors des finales de rodéo, le restaurateur avait augmenté son chiffre d’affaire de 30 %. Cette année avec les Jeux du Canada, il espère au moins égaler ce chiffre. La commune, quant à elle, s’attend à des retombées économiques de plus de 132 millions de dollars au total.
De façon plus générale, la ville de Red Deer a investi trois millions de dollars pour améliorer les infrastructures sportives. L’argent a notamment servi à améliorer les pistes de ski au Light Park, et les pistes de patinage de vitesse au Great Chief Park. Des installations qui pourront servir à tous après l’évènement.
Les Jeux d’hiver du Canada 2019 légueront un héritage en infrastructures sportives et un capital organisationnel dont profiteront les athlètes, mais aussi l’ensemble de la population du centre de l’Alberta pour les années à venir.
Par-delà le sport
« C’est une excellente chose de voir les jeux s’organiser à la maison. Les accueillir peut transformer une province », soutient Brittanee Laverdure, double médaillée mondiale en lutte féminine, et vainqueure de l’édition de 1999 des Jeux du Canada.
La sportive se souvient bien de cet évènement qui a changé le regard qu’elle portait sur le sport. Au-delà des considérations matérielles, Brittanee parle de sa portée symbolique, proche d’un « rassemblement mystique », que les jeux pourraient provoquer sur la scène nationale.

Pour l’ancienne lutteuse, les Jeux du Canada sont « une vitrine, qui montre que se rassembler pour un même but, un même objet, est synonyme de grandeur ». D’après elle, ils sont vecteurs « de respect, de solidarité et d’amitié ».
Brittanee Laverdure se dit chanceuse d’avoir pu prendre part à un tel évènement. Habituée au sport individuel, sa place dans l’équipe de l’Alberta était une nouveauté pour elle. « C’est réellement à partir de ce moment que j’ai voulu faire partie de l’équipe nationale du Canada », explique celle qui passera par la suite plus de 10 ans en équipe nationale.
« Même si la compétition constitue évidemment une grande partie des Jeux, il ne s’agit pas seulement du sport et de gagner des médailles, il s’agit aussi d’esprit sportif et d’être au cœur d’un évènement regroupant 3 600 athlètes et 19 disciplines en même temps. C’est unique ! », clame-t-elle.
Les projecteurs braqués
Les chaînes de télévision TSN, RDS, Sport Canada.tv, Radio-Canada, Le Franco (cf. encadré) et bien d’autres sont tous à pied d’oeuvre pour tenter d’offrir la meilleure couverture possible de ces Jeux du Canada. Ainsi, TSN sera responsable de la couverture en langue anglaise et RDS en langue française, diffusant chacune 40 heures d’activités.
Patrick Henri, journaliste sportif à Radio-Canada depuis 17 ans, entamera quant à lui ses seconds Jeux du Canada, et il n’a rien perdu de son enthousiasme. Selon lui, même si la rencontre constitue un très gros évènement, l’engouement médiatique n’est pas à la hauteur de ce qu’il espérait. « Il s’agit ici de nos futurs Olympiens », déclare celui qui rêverait de couvrir les Jeux olympiques.
Dans une province où le sport professionnel occupe une grande place avec ses équipes de hockey et de football, c’est « le moment opportun pour découvrir les sports amateurs », raconte le journaliste de Radio-Canada. S’il pouvait, il aimerait en faire plus, et pouvoir « raconter toutes les histoires de ces jeux ».
Très heureux et s’estimant chanceux de pouvoir couvrir les Jeux du Canada, ce passionné du sport explique que sa mission sera réussie « s’il arrive à communiquer son engouement et son intérêt aux gens ».
Ajouter sa pierre à l’édifice
On les appelle les « Games-Makers », les artisans des Jeux. Aucun événement sportif ne pourrait se dérouler sans ces bénévoles affectés à de nombreuses tâches auprès des délégations, du public, des médias, des sites de compétitions.

Comme Amélie Delmon, beaucoup de bénévoles paient de leur poche pour pouvoir y participer. « Je suis vraiment impatiente d’y être », explique-t-elle. Malgré le long processus de sélection qui a duré un an, la bénévole confie que « l’engagement dans le bénévolat est primordial, étant donné que prendre l’expérience est à la fois enrichissant et valorisant, surtout lorsque l’on est jeune ».
Quand la grande fête des Jeux du Canada d’hiver s’achèvera, l’ensemble des volontaires aura le droit à des remerciements chaleureux. Sans les bénévoles, il n’y a tout simplement pas de Jeux du Canada. On les trouvera partout : à l’accueil, au service des comités, des médias, au centre des uniformes, des accréditations, etc.
Affectée aux relations avec les médias durant la première fin de semaine des Jeux du Canada, Amélie Delmon n’exprime n’avoir qu’un seul regret, celui de ne pas pouvoir rester plus longtemps pour pouvoir partager l’ambiance autour de ces Jeux, car « tout ça a un coût », dit-elle.
Déjà plus de 300 bénévoles sont à l’œuvre avant le début officiel vendredi 15 février. Pendant les Jeux, il seront environ 1 000, et au moins 30 % devraient pouvoir s’exprimer en français.