le Vendredi 29 mars 2024
le Jeudi 25 mars 2021 20:29 Edmonton

La francophonie de l’ouest menacée: «Sauvons Saint Jean !»

Qu'importe la pandémie. Ce mercredi 13 mai 2020, l’Association canadienne française de l’Alberta (ACFA), soutenue par plusieurs associations, part en croisade pour défendre la francophonie à travers le Campus Saint-Jean (CSJ). D'importantes coupes budgétaires menacent ce seul lieu permettant des études universitaires en français en Alberta. 
La francophonie de l’ouest menacée: «Sauvons Saint Jean !»
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Pour ses consultations, l’association s’appuiera notamment sur le soutien de Canadian Parents for French. « Les étudiants de français langue seconde de l’Alberta n’auraient pas les mêmes opportunités de devenir des membres actifs et prospères de l’économie albertaine et mondiale, sans le Campus Saint-Jean », a déclaré sa présidente Victoria Wishart.

Deux demandes adressées au gouvernement

Deux demandes sont adressées au gouvernement. L’ACFA souhaite que le gouvernement provincial autorise le CSJ à puiser dans ces fonds d’urgence pour combler les baisses de financements annoncés. « Le Campus s’était donné du mal à constituer ce fond par des économies ces dernières années. Le gouvernement leur a interdit de l’utiliser », indique la présidente de l’ACFA.

Dans une entrevue accordée au Franco en novembre, le doyen de la faculté, Pierre-Yves Mocquais, indiquait que la province finançait le Campus pour « un quota de 524 élèves alors que nous en accueillons plus de 750 ». L’ACFA s’est saisi de ce dossier et souhaite que les subventions Campus Alberta Grant soient « revues et augmentées ».

Pierre-Yves Mocquais, doyen de la faculté francophone du Campus Saint-Jean, dans son bureau à Edmonton. Crédit photo: Geoffrey Gaye


Une catastrophe annoncée

La présidente de l’ACFA, élue en octobre, se dit fortement préoccupée par le sort du Campus. Elle, qui avait découvert sa vocation pour la défense des droits des francophones en 1990, alors assise sur les bancs de l’établissement, en cours de Sciences politiques.

« Oui, je trouve que ça menace la communauté francophone en Alberta ». Elle argumente par le rôle essentiel dans la formation des enseignants. « Il y a déjà une pénurie, le niveau d’éducation au primaire et secondaire risque de baisser ». Mais l’Alberta ne serait pas seule affectée. « Le Campus est le seul à desservir l’Ouest du pays : la Saskatchewan, la Colombie-Britannique, les Territoires du Nord-Ouest ».

« Dès le mois de septembre, 180 cours sur 409 pourraient être supprimés, continue la présidente de l’ACFA, ça pourrait dire l’abolition complète de certains programmes ». Elle précise que des élèves ne pourraient pas terminer leur diplôme au Campus.

Les étudiants en soutien

Présidente de l’association universitaire de la faculté Saint-Jean (AUFSJ), Natalie Herkendaal est directement menacée par cette situation. En double majeur, physique et chimie, elle explique qu’il existe déjà une pénurie de cours. « J’ai été chanceuse de pouvoir finalement en obtenir un l’année dernière. Mais il sera certainement supprimé dès septembre, car nous sommes moins de 12 inscrits. Je vais devoir le prendre en anglais au Campus Nord ». Rencontrant déjà des difficultés à obtenir des crédits suffisants pour l’obtention de son diplôme en français, elle craint le pire.

Lors de la journée de la Fierté, plusieurs membres de l’AUFSJ et Nathalie Herkendaal tenant la banderole à droite. Photo transmise.

Sauvons Saint-Jean comptera sur l’appui de l’association présidée par Nathalie pour inciter les étudiants agir. « On appuie amplement ce projet. Nous voulons expliquer à nos dirigeants politiques à quel point le Campus nous tient à cœur et nous voulons débloquer une somme d’argent pour continuer une scolarité normale ».

Déterminée, la Franco-Albertaine souhaite adresser un message. «C’est vraiment le moment d’unir nos voix et de nous battre pour cette université qui nous donne tant d’opportunités. À notre tour de la défendre ».

Vous comptez écrire au gouvernement albertain pour soutenir le Campus? Nous aimerions vous publier. Que vous soyez ou non un ancien de l’Université, que vous soyez ou non en Alberta, à vos plumes! Il est encore temps d’agir. Partagez votre lettre avec Le Franco à l’adresse redaction@lefranco.ab.ca.<

  « On parle de rassembler et de rallier », soutient Isabelle Laurin, qui chapeaute le projet comme directrice de l’ACFA. Les coupes budgétaires entreprises par le gouvernement provincial menaceraient 44 % des cours de la faculté rattachée à l’Université de l’Alberta. « On touche au cœur de notre communauté », ajoute-t-elle.

En février, Sheila Risbud avait rencontré Mélanie Joly, ministre fédérale du Développement économique et des Langues officielles, pour évoquer la situation du Campus. Capture d’écran Twitter.

  « On a épuisé nos ressources politiques », raconte Sheila Risbud, présidente de l’association porte-parole de la francophonie. Cette dernière a rencontré plusieurs dirigeants politiques ces derniers mois : Leela Aheer, ministre responsable de la francophonie ; Demetrios Nicolaides, ministre de l’Éducation supérieure et Laila Goodridge, secrétaire parlementaire de la francophonie.

« On a proposé des solutions et on n’a pas eu de réponse d’engagement. Donc on a jugé que la communauté franco-albertaine et les autres au Canada doivent être conscientisées aux enjeux ». Sheila Risbud, présidente de l’Association canadienne française de l’Alberta.

Doléances dans la boîte courriel de Jason Kenney

L’initiative Sauvons Saint-Jean prévoit plusieurs actions. Premièrement, elle appelle toutes les personnes sensibles au sort du Campus à envoyer une lettre au premier ministre albertain, Jason Kenney, et à Demetrios Nicolaides, ministre de l’Enseignement supérieur. Des lettres pré-écrites sont disponibles sur le site de l’ACFA. En quelques clics, elles peuvent être personnalisées par un paragraphe afin de partager son expérience personnelle en lien avec le CSJ ou témoigner de l’importance que revêt cette institution.

« J’invite donc tous les jeunes à se joindre à cette campagne et à faire du bruit sur les médias sociaux. C’est de notre présent et de notre avenir dont il est question ! », a déclaré Sympa César, dans un communiqué de presse dévoilé par l’ACFA ce mercredi 13 mai. La Fédération des jeunes de l’Alberta (FJA), qu’il préside, s’est engagée à lancer une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux.

Dans un troisième temps, l’ACFA proposera une série de rencontres citoyennes en ligne pour recueillir les souhaits de la communauté concernant l’avenir du Campus, créé en 1908 par les pères Oblats, devenu faculté de l’Université de l’Alberta en 1977.

Illustration des Pères Oblats, organisation religieuse catholique fondatrice du Campus Saint-Jean. Photo des Archives provinciales de l’Alberta. Numéro de la photo: OB4025 – Groupe de prêtres à Lac La Biche, s.d.


Pour ses consultations, l’association s’appuiera notamment sur le soutien de Canadian Parents for French. « Les étudiants de français langue seconde de l’Alberta n’auraient pas les mêmes opportunités de devenir des membres actifs et prospères de l’économie albertaine et mondiale, sans le Campus Saint-Jean », a déclaré sa présidente Victoria Wishart.

Deux demandes adressées au gouvernement

Deux demandes sont adressées au gouvernement. L’ACFA souhaite que le gouvernement provincial autorise le CSJ à puiser dans ces fonds d’urgence pour combler les baisses de financements annoncés. « Le Campus s’était donné du mal à constituer ce fond par des économies ces dernières années. Le gouvernement leur a interdit de l’utiliser », indique la présidente de l’ACFA.

Dans une entrevue accordée au Franco en novembre, le doyen de la faculté, Pierre-Yves Mocquais, indiquait que la province finançait le Campus pour « un quota de 524 élèves alors que nous en accueillons plus de 750 ». L’ACFA s’est saisi de ce dossier et souhaite que les subventions Campus Alberta Grant soient « revues et augmentées ».

Pierre-Yves Mocquais, doyen de la faculté francophone du Campus Saint-Jean, dans son bureau à Edmonton. Crédit photo: Geoffrey Gaye


Une catastrophe annoncée

La présidente de l’ACFA, élue en octobre, se dit fortement préoccupée par le sort du Campus. Elle, qui avait découvert sa vocation pour la défense des droits des francophones en 1990, alors assise sur les bancs de l’établissement, en cours de Sciences politiques.

« Oui, je trouve que ça menace la communauté francophone en Alberta ». Elle argumente par le rôle essentiel dans la formation des enseignants. « Il y a déjà une pénurie, le niveau d’éducation au primaire et secondaire risque de baisser ». Mais l’Alberta ne serait pas seule affectée. « Le Campus est le seul à desservir l’Ouest du pays : la Saskatchewan, la Colombie-Britannique, les Territoires du Nord-Ouest ».

« Dès le mois de septembre, 180 cours sur 409 pourraient être supprimés, continue la présidente de l’ACFA, ça pourrait dire l’abolition complète de certains programmes ». Elle précise que des élèves ne pourraient pas terminer leur diplôme au Campus.

Les étudiants en soutien

Présidente de l’association universitaire de la faculté Saint-Jean (AUFSJ), Natalie Herkendaal est directement menacée par cette situation. En double majeur, physique et chimie, elle explique qu’il existe déjà une pénurie de cours. « J’ai été chanceuse de pouvoir finalement en obtenir un l’année dernière. Mais il sera certainement supprimé dès septembre, car nous sommes moins de 12 inscrits. Je vais devoir le prendre en anglais au Campus Nord ». Rencontrant déjà des difficultés à obtenir des crédits suffisants pour l’obtention de son diplôme en français, elle craint le pire.

Lors de la journée de la Fierté, plusieurs membres de l’AUFSJ et Nathalie Herkendaal tenant la banderole à droite. Photo transmise.

Sauvons Saint-Jean comptera sur l’appui de l’association présidée par Nathalie pour inciter les étudiants agir. « On appuie amplement ce projet. Nous voulons expliquer à nos dirigeants politiques à quel point le Campus nous tient à cœur et nous voulons débloquer une somme d’argent pour continuer une scolarité normale ».

Déterminée, la Franco-Albertaine souhaite adresser un message. «C’est vraiment le moment d’unir nos voix et de nous battre pour cette université qui nous donne tant d’opportunités. À notre tour de la défendre ».

Vous comptez écrire au gouvernement albertain pour soutenir le Campus? Nous aimerions vous publier. Que vous soyez ou non un ancien de l’Université, que vous soyez ou non en Alberta, à vos plumes! Il est encore temps d’agir. Partagez votre lettre avec Le Franco à l’adresse redaction@lefranco.ab.ca.<