Lors des élections provinciales, le développement de la francophonie ne faisait pas l’objet de beaucoup de propositions des partis politiques. Une étude menée par le Conference Board démontre pourtant son utilité. Intitulée « Bilinguisme au Canada : Un investissement durable pour l’avenir du pays », elle a été présentée fin novembre par l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).
Être bilingue, ça aide. Les 2,1 millions de bilingues hors Québec font en général plus d’études, créent plus de richesse, et gagnent mieux leur vie que les unilingues anglophones.
Publiée le 27 novembre 2018 par l’ACUFC, l’étude « prône le bilinguisme et démontre clairement l’impact économique des bilingues au Canada », explique Lynn Brouillette, directrice générale de l’association. « En dehors du Québec, la contribution des bilingues au PIB du Canada se chiffre à 134,8 milliards de dollars, un montant éloquent qui prouve que les gouvernements doivent continuer à financer et à soutenir l’éducation postsecondaire en français, mais également à en accroître l’accès », ajoute-t-elle.
Les bilingues créent plus de richesse
Lors de la présentation de l’étude, le 30 novembre, le directeur exécutif et économiste en chef du Conference Board qui a mené les recherches, Pedro Antunes, a déclaré que l’étude portait « non seulement sur la part économique, la contribution, mais aussi la part au niveau du commerce entre les francophones qui établissent des liens commerciaux avec les pays francophones à travers le monde ».

Sur les dix provinces canadiennes, le PIB par habitant des bilingues est plus élevé que celui des seuls anglophones en Colombie-Britannique, au Manitoba, en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve-et-Labrador. Seules l’Alberta et la Saskatchewan ont des anglophones unilingues qui créent proportionnellement un petit peu plus de richesse que les autres au Canada.
Cependant, en Alberta, sur les 290,2 milliards de dollars de PIB, 19,2 le sont par des bilingues. Ce qui en fait la deuxième province (hors Québec) où les bilingues créent le plus de valeur absolue, derrière l’Ontario. Quant à la part collective des francophones au PIB canadien, elle est de 10 %. Au Nouveau-Brunswick, qui détient le record, 38,7 % du PIB est généré par des bilingues.
Mieux payés
« Notre focus était : est-ce que le bilinguisme hors Québec apporte une valeur économique au travailleur ? », présente ensuite Pedro Antunes, du Conference Board du Canada. Il se trouve que oui, « les bilingues sur le marché du travail ont des taux d’intégration plus hauts, un taux de chômage plus bas, et des salaires en moyenne significativement plus élevés que les unilingues ».
Toujours selon la moyenne nationale, les 1,6 million de travailleurs bilingues bénéficient d’une prime salariale de 9,7 % sur leurs concitoyens ne parlant qu’une langue. Pour 20 % des répondants au sondage de 1 000 personnes, élaboré par le Conference Board, « parler français et anglais leur aurait permis d’obtenir une prime salariale entre 10 000 et 50 000 dollars.
« Un ajout au capital humain »
« Ce n’est pas le bilinguisme qui fait la rémunération, mais le fait que les bilingues se retrouvent souvent dans des professions mieux payées en général », rappelle Pedro Antunes. Ceux de plus de 15 ans, sur qui est basée l’étude, ont des rémunérations plus élevées, car ils atteignent un niveau d’éducation plus élevé. Ils sont plus nombreux proportionnellement à obtenir des diplômes universitaires. « C’est impressionnant de voir à quel point il y a une différence », observe l’économiste en chef.
Avant de conclure sa présentation, le directeur exécutif de l’organisme ayant réalisé ce travail commandé par l’ACUFC a rappelé que 59,9 % des répondants au sondage avaient indiqué avoir appris l’anglais avant le français.

Il a ensuite donné quelques conseils aux étudiants et autres travailleurs pensant à demain. « On entend beaucoup parler du futur marché du travail. Le travail est en mouvement constant et on s’attend à ce qu’il y ait beaucoup de changements. Moi, ce que je vous dirai, c’est d’être flexible. D’avoir des compétences et un niveau de hautes études qui permettront de combler les manques du marché du travail. Et je pense que le bilinguisme est un ajout à ces compétences. C’est un ajout au capital humain qui va permettre aux Canadiens d’être plus flexibles et d’obtenir de meilleurs résultats, comme on l’a historiquement constaté sur le marché de travail ».
Développer la francophonie, serait-ce la clé du développement en Alberta ?