Le 28 octobre dernier, la province a publié un nouveau plan d’action en matière de francophonie. Ce dernier remplace le précédent, qui n’était pourtant pas arrivé à son terme. Cinq mesures qui devaient être mises en place cette année ont disparu.
Mélodie Charest et Geoffrey Gaye
C’est bien le plan de 2020-2023, annoncé le 28 octobre dernier, qui est en vigueur. Pourtant, le dernier plan d’Action 2018-2021 établi sous le mandat du NPD n’est pas totalement obsolète. Les mesures de l’année 2020-2021 restaient à mettre en place. Pourquoi ne pas avoir attendu une année supplémentaire avant de publier un nouveau plan d’Action en matière de francophonie ?
Rhéal Poirier, directeur général par intérim du Secrétariat francophone et coprésident par intérim du Conseil consultatif de l’Alberta en matière de francophonie (CCAF), explique ce chevauchement par « l’engagement [du gouvernement albertain] de faire une mise à jour du plan d’Action de manière régulière. Nous n’attendons pas la période de trois ans pour faire des mises à jour », dit-il.
De ces deux plans d’Action, quel est le plus complet ? L’ancien plan d’action comptait 74 mesures étalées sur trois ans (de 2018 à 2021), ce nouveau en contient 94. François Eudes, à la tête de la coprésidence du Conseil consultatif de l’Alberta en matière de francophonie (CCAF) souligne que 52 nouvelles initiatives ont fait leur apparition dans le nouveau document et que 44 sont tirées du précédent plan.
« À l’heure actuelle, il y a une centaine d’initiatives qui sont proposées par l’ensemble des ministères, ce qui est intéressant c’est qu’il y a la participation de tous les ministères ». Eudes nuance son propos en précisant que « certaines initiatives ont été complétées, d’autres ont été abandonnées ou tout simplement revisitées, améliorées dans le nouveau plan ».
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Cinq disparues du nouveau plan d’action
En comparant les deux plans d’action et leurs mesures, Le Franco a découvert que cinq mesures proposées dans le plan 2018-2020 sont absentes de celui de 2020-2023. Les voici, accompagnées des justifications du Ministère responsable du Secrétariat francophone pour chacune d’entre elles.
• Affaires municipales
« Promouvoir les documents d’information sur les administrations locales offerts en français auprès de la Fédération des conseils scolaires francophones de l’Alberta (FCSFA) »
La réponse du ministère : « Le ministère des Affaires municipales continuera à mettre à jour et à promouvoir la version française de la ressource pédagogique “Building Communities Through Local Government”. Nous ne prévoyons pas de mettre fin à ces mises à jour ».
• Commission de la fonction publique
« Sonder la fonction publique de l’Alberta pour déterminer le nombre d’employés qui peuvent s’exprimer en français ».
La réponse du ministère : « La COVID-19 a eu un impact sur le calendrier d’un certain nombre d’initiatives, y compris les sondages. Nous prévoyons de sonder de nouveau le personnel de la fonction publique de l’Alberta sur le sujet », dit l’attaché de presse du ministère, sans préciser de date.
• Culture, multiculturalisme et condition féminine
« Identifier et traduire en français les ressources pertinentes de la Community Engagement Branch (direction du renforcement des capacités communautaires) et promouvoir les programmes et les services offerts en français ».
Réponse du ministère : « La Direction de l’engagement communautaire du ministère de la Culture, du Multiculturalisme et de la Condition féminine a terminé la traduction d’un document sur le bénévolat. Nous continuons à travailler à la traduction d’autres ressources, notamment la rédaction de demandes subventions et la gouvernance ».
• Infrastructure
« Installer des panneaux d’information bilingue sur les sites de construction d’écoles francophones ».
Réponse du ministère : « Nous sommes en train de revoir les concepts et les critères de notre signalisation ; même si ce point n’apparaît pas dans le plan d’action actuel, nous nous sommes engagés à faire en sorte que les sites de construction des écoles francophones aient une signalisation dans les deux langues officielles ».
• Services à l’enfance
« Assurer un financement aux praticiens francophones en Alberta afin qu’ils puissent avoir accès aux ressources ou aux possibilités de formations conçues pour Triple P international et offertes en français ».
Réponse du ministère : « Le financement qui permettait aux praticiens francophones d’accéder à des ressources ou à des possibilités de formation en français offertes par Triple P International s’est terminé au cours de l’exercice 2019-2020, car un nouveau modèle de réseaux de ressources familiales (Family Resource Networks) est en cours d’élaboration, et ce modèle ne garantit pas le recours aux ressources de Triple P International ». Michael Forian, attaché de presse de Leela Aheer, précise que pour garantir aux parents des services et du soutien, le gouvernement a adopté un nouveau modèle : les réseaux de ressources familiales. Il invite les communautés francophones de l’Alberta à obtenir du soutien par l’entremise de l’Institut Guy-Lacombe de la famille et la Société de la petite enfance du sud de l’Alberta qui offrent ces services.