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le Vendredi 16 juillet 2021 23:45 Fort McMurray

La tragédie de Fort McMurray racontée dans un livre

La tragédie de Fort McMurray racontée dans un livre
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Mai 2016 – mai 2021, un triste anniversaire dans la mémoire des Albertains. Des feux de forêt épouvantables ont eu raison de Fort McMurray au nord-est de la province. La ville située en plein cœur de la forêt boréale a écrit un chapitre dans l’histoire du Canada. 

La centaine de milliers d’habitants a reçu l’ordre d’évacuer le secteur, des milliers de logements sont la proie des flammes et les pertes sont estimées à plusieurs milliards de dollars. De ce drame, Isabelle Joannette a fait un roman. Ayant pris connaissance de la sortie du livre, Mariette Duguay, Acadienne du nord-est du Nouveau-Brunswick, victime de la tragédie témoigne : «J’avais les 2 pieds dedans. C’était ouf, incroyable, triste, et un retour émouvant». 

Couvertures avant et arrière du roman sorti le 1er mars 2021. Crédit : Courtoisie

Technicienne en éducation spécialisée au Québec, Isabelle Joannette, 41 ans, travaille avec des enfants autistes. Son travail l’a inspirée pour écrire des ouvrages pédagogiques pour aider les enfants en difficulté d’apprentissage. Plus tard, sur les conseils de son éditrice scolaire, elle décide d’écrire pour les adultes. 

Son premier roman s’appellera Évacués, en hommage aux victimes des incendies qui ont ravagé Fort McMurray, il y a cinq ans.

En écoutant les nouvelles, Isabelle Joannette a été émue par les propos d’un journaliste interviewant un Québécois qui rentrait chez lui au Québec, suite au drame : «vous venez d’écouter l’histoire d’une personne, mais il y en a 80 000 qui ont dû quitter Fort McMurray et qui auraient, elles aussi, des choses à raconter ». 

Cet extrait sonne comme un déclic chez Isabelle. Elle décide d’en faire son point de départ pour écrire son roman, en inventant des personnages qui racontent l’incendie, l’évacuation et la façon dont ils se remettent de cette tragédie.

Une fiction inspirée de la réalité

L’auteure n’a pas vécu la catastrophe, mais a regardé les nouvelles, lu des articles sur internet, vu des vidéos, écouté des témoignages, et contemplé des photos pour créer des histoires vraies en apparence.

Son chapitre sur l’évacuation a été scrupuleusement respecté dans la chronologie des faits, «je voulais vraiment que l’histoire ait l’air vraie». C’est un roman, car les personnages n’existent pas, mais sont vraisemblables. L’auteure s’est inspirée de ce que les gens ont vécu pour les produire. 

Dévoilement en 2019 d’un Arbre commémoratif des incendies de Fort McMurray en mai 2016. L’arbre a été offert par Downtown Community Garden. Crédit : Courtoisie

Par exemple, pour créer le personnage du pompier, Isabelle s’est documentée sur la profession des soldats du feu, leurs  techniques d’intervention ou encore les outils utilisés.

«Je me suis inspirée de la série Chicago Fire : Caserne 51. Je regarde aussi les séries médicales; ensuite je vérifie sur internet avant d’écrire.» 

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Quatre ans de gestation 

«Le titre est venu tout seul : je voulais quelque chose de simple et accrocheur et Évacués, ça dit tout». C’est ainsi que l’auteure explique l’origine du titre de son roman. Elle l’a commencé pendant son congé maternité, en mai 2016, lorsque les feux avaient commencé.

Quatre ans pour l’écrire, une année pour trouver une maison d’édition, six mois pour la  rédaction, correction et révision ont été finalement nécessaires pour savourer le fruit de sa plume.

Trop de détails inutiles; les personnages qui utilisent tous le même type de langage, comme si c’était Isabelle elle-même qui parlait à la place des personnages : de la part des maisons d’édition, ce sont là quelques exemples d’obstacles auxquels Isabelle s’est trouvée confrontée, l’obligeant ainsi à réviser son texte. 

Elle a donc fait des recherches sur les métaphores, les figures de style et les différents types de langage pour les adapter aux personnages de son livre.

Le roman est sorti le 1er mars 2021 et les premiers lecteurs ont déjà pu en apprécier le contenu: «le public a aimé le parler et l’accent différents de chaque personnage, c’était fort et  intéressant d’ avoir superposé ainsi sept vies», rapporte son auteure. 

Lien utile : Éditions La Plume d’Or https://editionslpd.com/