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le Mardi 25 janvier 2022 13:07 Red Deer

Ces entreprises qui ferment leurs portes en raison de la Covid-19

Ces entreprises qui ferment leurs portes en raison de la Covid-19
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D’après ses plus récentes données, Statistique Canada estime que 34 926 entreprises albertaines ont fermé définitivement leurs portes entre mars 2020 et mars 2021. Depuis, toujours en raison des effets néfastes de la pandémie de COVID-19, d’autres propriétaires continuent de mettre la clé sous la porte. 

IJL – Réseau.Presse – Le Franco

Pour Nathalie Belkhiter, l’ancienne propriétaire du spa Paris Aesthetic à Red Deer, c’est le 30 novembre 2021 qu’elle ferme définitivement son entreprise. Depuis trois ans, elle y offrait des soins d’épilation et de massage.

La fermeture des entreprises non essentielles, le 13 décembre 2020 lors de la deuxième vague de COVID-19, lui donne un gros coup. «Depuis cette fermeture, c’est aller de pire en pire», raconte Nathalie Belkhiter.

Nathalie Belkhiter a été travailleuse autonome de 2011 jusqu’à la fermeture de son spa en novembre 2021.

Nathalie Belkhiter a été travailleuse autonome de 2011 jusqu’à la fermeture de son spa en novembre 2021. Crédit : Courtoisie

À la réouverture, sa clientèle n’est plus au rendez-vous ou a tendance à étaler les rendez-vous. «Ceux qui venaient une fois par mois venaient une fois tous les trois mois.» Certains de ses clients perdent même leur emploi et les soins esthétiques ne sont alors plus une priorité pour eux. Dès lors, la fréquentation du spa ne cesse jamais de baisser.

À l’inverse, d’autres clients essaient même d’obtenir des soins lors des périodes de fermeture complète des entreprises non essentielles. «Ils me l’ont demandé, mais c’était hors de questions d’accepter un moindre risque.» Elle souligne avec une légère amertume qu’à l’encontre des consignes du gouvernement, certains ont trouvé des soins esthétiques ailleurs. «Ils ont été honnêtes avec moi.»

«Ils me l’ont demandé, mais c’était hors de questions d’accepter un moindre risque.»  Nathalie Belkhiter

Dès la réouverture de son établissement, Nathalie Belkhiter essaie tant bien que mal de les relancer en faisant des promotions, mais c’est peine perdue. «C’est compliqué de faire revenir un client quand on lui a déjà dit non, même si c’était une décision du gouvernement.»

Une décision difficile 

La Prestation canadienne de la relance économique (PCRE) aide Nathalie Belkhiter à respirer un certain temps. Elle reçoit cette aide financière toutes les deux semaines jusqu’en octobre 2021. Mais avec un chiffre d’affaires qui a baissé de plus de 50% et l’arrêt de la PCRE, elle est terrifiée à l’idée de ne plus être capable de payer son loyer. «Je n’avais plus rien qui rentrait.»

Nathalie parle alors de ses craintes à son employée, une massothérapeute présente dans son entreprise depuis un an. Cette dernière se montre très intéressée à reprendre le local où Nathalie avait installé son spa. Toutefois, elle ne veut pas garder le nom de son entreprise. «Ma propriétaire a été très compréhensive et elle a été d’accord pour que je casse mon bail.»

En mettant la clé sous la porte, Nathalie Belkhiter récupère tout de même ses meubles pour finalement les revendre à un prix dérisoire. «C’était du matériel quasiment neuf», acheté à crédit et il lui a fallu tout rembourser.

Aujourd’hui, Nathalie Belkhiter se porte mieux. Elle a retrouvé du travail et une stabilité financière. «Je suis fière de moi puisque, malgré que mon entreprise ait coulé, j’ai rebondi.»

Télétravail et école à distance ébranlent l’économie locale

Jean Johnson, directeur général du Quartier francophone d’Edmonton, a lui aussi été témoin de ces fermetures à répétition. Lorsqu’il fait le bilan de ce qu’il voit notamment dans le Quartier francophone, c’est une «trentaine ou une quarantaine de vitrines vides».

Il mentionne, entre autres, le cas du restaurant FrenCheese situé à Bonnie Doon. Celui-ci a fermé définitivement ses portes en juin 2021. Comme le dit lui-même Jean Johnson, la majorité de sa clientèle fréquentait le Campus Saint-Jean ou La Cité francophone, deux établissements très longtemps fermés au public.

Le restaurant FrenCheese ferme ses portes

Le restaurant FrenCheese était bien connu pour sa poutine. Crédit : Gabrielle Beaupré

En mars 2020, du jour au lendemain, le télétravail et l’école à distance sont devenus la norme en raison de la pandémie. Le FrenCheese a alors perdu 75% à 80% de sa clientèle et ne l’a jamais récupérée. «Le restaurant a survécu aussi longtemps qu’il le pouvait, mais il n’a pas eu le choix de fermer ses portes.»