Le point zéro des routes de France se trouve sur son parvis. La France, les Français et le monde entier se sont retrouvés déboussolés après l’annonce de l’incendie le 15 avril au cœur de Notre-Dame, en plein cœur de Paris. Entre stupeurs et tremblements, l’incendie de la cathédrale suscite l’émois, mais aussi une grande incompréhension…
“Belle, c’est un mot qu’on dirait inventé pour elle”. La célèbre chanson tirée de la comédie musicale Notre-Dame de Paris, écrite par Luc Plamondon et composée par Richard Cocciante, pourrait s’appliquer non pas à son personnage central Esmeralda, mais bel et bien à Notre-Dame de Paris elle-même, roman éponyme de Victor Hugo.
Scandalisé par le mauvais entretien de la cathédrale, le célèbre écrivain lui rendra ses lettres de noblesse grâce à la notoriété internationale de son roman. Le début des travaux de rénovation débutera alors entre 1844 et 1864 par l’architecte Eugène Viollet-Leduc pour sortir Notre-Dame de l’oubli et de la misère.
Oui, Notre-Dame de Paris n’a jamais laissé quiconque indifférent.
Aujourd’hui, cette vieille dame de plus de 850 ans se tient toujours debout. Elle aura vu tant de choses et aura aussi tout enduré. Le cœur des hommes, elle le connaît, puisqu’elle incarne avant tout un témoin de l’humanité.
Biographie de la dame en pierre
Tout commence en 1160, quand l’évêque de Paris Maurice Sully propose la construction d’une cathédrale dédiée à la Vierge Marie. La première pierre de Notre-Dame sera posée en 1163 et sa construction durera environ 107 ans.
D’où l’expression populaire, “on ne va pas attendre 107 ans”. Vers 1230, l’architecture de Notre-Dame se développe et se dote d’une nef et d’arcs-boutants de style gothique. Puis viendront les temps troublés de la Révolution française, où la cathédrale sera sérieusement endommagée. En effet, les statues originales de sa façade seront détruites. Après la Révolution succèdera le temps de l’Empire, et c’est dans ses murs que Napoléon Ier sera sacré empereur, en 1804. Elle survivra aux deux grandes guerres, à la folie d’Adolphe Hitler qui voulait la brûler ainsi que Paris tout entier. Loin de ne connaître que les peines et les vicissitudes du genre humain, elle en expérimentera aussi les joies. Ses cloches sonneront aussi la Libération de la France en 1944.
Symbole d’un pan de l’humanité
Notre-Dame, c’est bien plus qu’un bâtiment avec l’étiquette patrimoine historique : c’est un véritable symbole. Sa longévité s’entremêle avec l’ADN d’une partie de l’histoire de l’humanité. C’est un témoin du passé et une partie de notre identité. C’est en ce sens que l’on dit que Notre-Dame est inestimable, tout comme pouvait l’être la bibliothèque d’Alexandrie et ses précieux manuscrits. Notre-Dame est au delà de la magnificence architecturale et de ses chênes millénaires. À l’instar des pyramides d’Egypte, elle se dresse vers le ciel pour s’approcher de l’éternel.
Aujourd’hui, près d’un milliard de dons est engagé pour sa reconstruction. En pleine crise économique, en pleine manifestation des gilets jaunes, on s’indigne et on s’interroge des sommes faramineuses débloquées à coup de 150 millions d’euros par certains grands noms de l’industrie française. Or, il n’y a qu’une seule Notre-Dame de Paris comme il n’y avait qu’une seule bibliothèque d’Alexandrie.
Je ne me risquerai pas à hiérarchiser, ni à comparer les tragédies. Quelqu’un avait justement fait remarquer sur les médias sociaux qu’il existait des millions d’organisations caritatives et autant de drames, faisant à juste titre appel aux dons. “Si vous ajoutiez tous les dons à ces organismes de bienfaisance et à ces tragédies, vous obtiendriez beaucoup plus que le milliard de dollars promis à Notre-Dame”.
Une chose est sûre, nul n’est resté de marbre face à cette nouvelle. Reste à savoir si l’incendie de Notre-Dame consolidera les liens sociaux ou contribuera à amplifier une fracture sociale entre les très riches et les pauvres. Qui sait ? L’heure d’une seconde révolution a peut-être déjà sonné.