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Par Irving Gold, directeur de l’Association canadienne des technologues en radiation médicale.
Les gouvernements du pays ont annoncé les groupes qui feraient partie de la première ronde de vaccination. Dans la plupart des provinces, ces groupes prioritaires incluent les travailleurs de la santé de première ligne, dont ceux qui travaillent dans les hôpitaux, les cliniques et les établissements de soins de longue durée. C’est tout à fait normal.
Si les médias utilisent fréquemment le terme « médecins et infirmières » comme raccourci pour désigner l’ensemble des travailleurs de la santé, bien d’autres professionnels risquent leur vie quotidiennement en première ligne. Les mettra-t-on de nouveau à l’écart, comme on l’a fait lors de la pénurie d’équipement de protection individuel (EPI) le printemps dernier ?
Lorsque la COVID-19 s’est installée au Canada au printemps, l’Association canadienne des technologues en radiation médicale pour laquelle je travaille a commencé à recevoir des appels et des courriels de ses membres. Ces derniers rapportaient être tenus de côtoyer de près des patients ayant un diagnostic confirmé ou soupçonné de COVID-19, et ce, même s’ils ne portaient pas d’EPI adéquat. Et il ne s’agissait pas de cas isolés.
À la suite d’un court sondage auprès de nos membres, nous avons constaté que plus du tiers des technologues en radiation médicale (TRM) n’avaient pas accès à un EPI adéquat et que la majorité d’entre eux estimaient avoir un accès inférieur à l’EPI que les autres travailleurs de la santé de leur établissement.
Nous craignons que cette situation se reproduise en ce qui concerne l’accès prioritaire à la vaccination.
Les TRM sont des travailleurs de la santé de première ligne.
Ils sont chargés de produire des images médicales vitales et d’administrer des traitements de radiothérapie essentiels. Au moment d’accomplir ces tâches, un grand nombre d’entre eux sont en contact direct avec des patients atteints de la COVID‑19 dans les salles d’urgence ou les services d’imagerie médicale. Les TRM côtoient également des groupes de patients vulnérables, dont le risque de complications est élevé en cas d’infection à la COVID-19. Ils n’ont pas le loisir de maintenir la distanciation physique de deux mètres recommandée.
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Malheureusement, on connaît très mal les TRM et leur travail. Peu de patients savent ce que font les personnes chargées de leur examen d’imagerie médicale ou de leur radiothérapie. Si ce manque de connaissance est regrettable, mais compréhensible chez le grand public, il est bien plus préoccupant chez les décideurs des gouvernements et des établissements de santé, car il entraîne des conséquences très réelles et inacceptables.
Un processus décisionnel équitable et juste doit être mis en place pour sélectionner les travailleurs de la santé à vacciner lors des premières rondes. Si le terme « première ligne » doit servir de critère, il faut prendre en considération la quantité de contacts avec des patients atteints de COVID-19 ou les populations à risque, et non le pouvoir et l’influence d’une association professionnelle ou d’un syndicat et sa capacité à mobiliser les ressources nécessaires pour faire du lobbyisme.
Les TRM ne sont pas plus importants que les autres professionnels de la santé, mais ils le sont tout autant. Tous les travailleurs en contact étroit et direct avec des patients ayant un diagnostic confirmé ou soupçonné de COVID-19 doivent avoir un accès prioritaire à la vaccination, et ce, peu importe leur profession.
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