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le Vendredi 9 avril 2021 14:26 Environnement PR

À la rescousse d’une espèce de papillons albertaine unique

À la rescousse d’une espèce de papillons albertaine unique
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Le papillon porte-queue demi-lune de l’Alberta est unique au Canada. Cependant, il figure depuis 2016 sur la funèbre liste des espèces en péril en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Afin de remédier à ce destin, Parcs Canada et le Zoo de Calgary se sont engagés à travailler ensemble pendant trois ans pour conserver cette espèce au parc national des Lacs-Waterton, au sud-ouest de la province. 

Cette collaboration, initiée par Parcs Canada, a été annoncée le 13 janvier dernier. Dans les faits, dès l’été 2018, l’agence gouvernementale remarque que cette « population avait connu un déclin, un grave déclin. Parcs Canada a contacté le Zoo de Calgary, qui est un chef de file dans tout ce qui est de la réintroduction et le transfert de population, pour déterminer les transferts que nous pouvons faire pour rétablir la population », raconte Typhenn Brichieri-Colombi, chercheuse en écologie pour la conservation de populations au Zoo de Calgary.

Avant d’accomplir ce travail de sauvetage, les chercheurs doivent combler le manque de connaissances scientifiques qui entourent ce petit insecte ailé aux teintes brunâtres. Bien que le papillon porte-queue demi-lune se trouve chez nos voisins du Sud (Montana) et en Colombie-Britannique, la population albertaine est « génétiquement distincte des autres ».

Étudier et comprendre les secrets de la génétique et du développement de l’insecte est une étape essentielle pour le conserver. Par ailleurs, son degré d’endémisme déterminera le meilleur moyen de préserver l’espèce.

Parcs Canada et le Zoo de Calgary collaborent ensemble afin d’étudier une espèce unique : le papillon porte-queue demi-lune. Une espèce de papillon qui figure sur la triste liste des espèces en péril. Crédit : Courtoisie Calgary Zoo.

Madame Brichieri-Colombi explique que les transferts de populations peuvent être géographiques, c’est-à-dire qu’une équipe de scientifiques se chargera de prendre une population de papillons d’ailleurs, au Montana ou bien en Colombie-Britannique, pour les amener en Alberta. Ce genre de déplacements d’effectifs permet soit de réintroduire des populations qui sont disparues ou, dans des cas plus heureux, d’en augmenter le nombre.

Cependant, si le papillon albertain et ses confrères sont trop différents, les scientifiques devront miser sur une autre stratégie : « Nous allons devoir uniquement nous concentrer sur la population albertaine pour augmenter sa population. Les résultats vont diriger les mesures de protection que nous allons prendre et les prochaines étapes ».

« C’est une espèce qui est très difficile à étudier, une espèce très difficile à trouver : elle se camoufle très bien. C’est une espèce difficile à mesurer. On ne la connaît pas beaucoup et c’est pourquoi on fait plus de recherche ».

L’effet papillon ?

L’importance de préserver la population albertaine de papillons porte-queue demi-lune ne tient pas seulement à son caractère unique. Les papillons attirent d’autres espèces dans l’écosystème et remplissent la fonction de pollinisateur. Pour madame Brichieri-Colombi, ce type d’insectes est une espèce indicatrice. « Elle nous indique que l’habitat est en déclin et c’est important de savoir pourquoi. ».

Crédit : Courtoisie Calgary Zoo.

La scientifique évoque les catastrophes naturelles « comme le feu de forêt de Kenow, en 2017, qui a détruit environ la moitié de leur habitat. Quand il y a des catastrophes naturelles comme ça, ça peut avoir des rôles dévastateurs sur des petites populations isolées, comme nous avons en Alberta ».

Bien que cette espèce soit difficilement observable et quantifiable, vu ses couleurs ternes, le principal défi de ce projet qui semble inquiéter l’employée du Zoo de Calgary est l’incertitude : « Quel que soit le système écologique, c’est l’incertitude. Comme il y a des manques d’informations et de connaissances sur cet animal, c’est difficile de déterminer la meilleure marche à suivre pour le restaurer ».

Un dossier à suivre dans trois ans !