le Mardi 23 avril 2024
le Mardi 25 octobre 2022 9:00 Provincial

Un tout premier plan pour définir les actions de la francophonie albertaine

Un tout premier plan pour définir les actions de la francophonie albertaine
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ERRATUM

Dans un souci de rigueur et de transparence, Francopresse a apporté les modifications suivantes à l’article en date du 16 novembre 2022.

L’absence des enjeux d’inclusion et de diversité sont attribués aux intervenants interviewés pour l’article.

La citation attribuée à Madame Amy Vachon-Chabot doit se lire comme suit : «Ces trois priorités sont inscrites dans un palmarès qui identifie « les actions les plus prioritaires en vue des élections provinciales ».»

Le terme chefs de file a été remplacé par leadeurs communautaires.

Alors que des élections provinciales se profilent au printemps prochain en Alberta, l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) a récemment dévoilé son premier Plan d’action de la francophonie albertaine 2023-2028. Deux-cents actions sont au programme dans des domaines aussi variés que l’immigration, la santé et l’éducation. Cependant, les enjeux d’inclusion et de diversité sont les grands absents du document, selon les personnes interviewées.

Francopresse – Marine Ernoult

«Nous voulons que les priorités de la communauté francophone albertaine deviennent celles du gouvernement provincial». C’est en ces quelques mots que le président de l’ACFA, Pierre Asselin, résumait l’objectif du Plan d’action de la francophonie albertaine, présenté le 14 octobre dernier.

«Nous voulons que les priorités de la communauté francophone albertaine deviennent celles du gouvernement provincial.» Pierre Asselin

Deux-cents actions concrètes sont listées dans huit secteurs d’intervention. Les maitres mots sont santé, immigration et offre active de services en français. Ces trois priorités sont inscrites dans un palmarès qui identifie «les actions les plus prioritaires en vue des élections provinciales», a expliqué Amy Vachon-Chabot, gestionnaire des stratégies politiques et de la liaison avec le gouvernement au sein de l’ACFA, en conférence de presse.

L’ACFA a peaufiné le plan pendant deux ans. L’organisme a effectué plusieurs sondages, consulté presque tous les organismes communautaires, mené des rencontres avec 200 leadeurs communautaires et 500 citoyens francophones. «La communauté a identifié elle-même ses besoins essentiels. C’est un plan par et pour la francophonie, qui s’inscrit de manière raisonnable dans ce qui se dessine au niveau politique», souligne Pierre Asselin.

Aux yeux du responsable, les organismes communautaires pourront désormais parler d’une «voix unifiée pour aller chercher des services en français» : «On souhaite que ce document devienne un outil de référence qui alimente les réflexions des représentants politiques et des ministères».

«Moelle épinière du communautaire»

«Cet instrument de travail va nous permettre de faire avancer les dossiers de la francophonie», se réjouit Sylvie Thériault, directrice générale du Regroupement artistique francophone de l’Alberta.

«Cet instrument de travail va nous permettre de faire avancer les dossiers de la francophonie.» Sylvie Thériault

«Ça va devenir la moelle épinière du communautaire», renchérit Gloria Livingston, présidente de Francophonie jeunesse de l’Alberta. La jeune femme est reconnaissante que la sécurité linguistique et la réconciliation avec les peuples autochtones figurent dans le document. «C’est la grande valeur de la francophonie d’être un espace rassembleur», souligne-t-elle.

Alphonse Ndem Ahola, directeur général de la Francophonie albertaine plurielle qui offre des services aux nouveaux arrivants, se montre plus nuancé. Il salue les intentions du plan, mais regrette que les questions d’inclusion et de diversité ne soient pas plus détaillées.

«En tant que leadeurs, on ne doit pas oublier notre responsabilité d’engager la conversation entre les différentes communautés qui composent la francophonie albertaine, estime-t-il. Il y a une multitude de sensibilités, d’expériences. En n’en parlant pas, on risque de considérer les francophones comme un tout, en oubliant les minorités.»

À cet égard, le plan reste muet sur les droits des membres de la communauté 2SLGBTQIA+ francophone. Le Comité FrancoQueer de l’Ouest n’a même pas été consulté pendant l’élaboration du plan. «L’ACFA reste un allié. On va poursuivre le dialogue et notre travail de sensibilisation pour que nos messages soient entendus», affirme Martin Bouchard, coordinateur du Comité.

Faciliter l’installation des nouveaux arrivants

Au chapitre de la santé, le développement des services en français est l’un des sujets clés abordés. «C’est la première fois qu’on accorde autant d’importance à ce secteur», se félicite Paul Denis, directeur général du Réseau Santé Alberta (RSA).

En Alberta, la pénurie de personnel soignant parlant français est un défi de taille, mais pas seulement. «Identifier celles et ceux qui sont déjà présents sur le territoire et les faire connaitre à la communauté est loin d’être évident», précise Paul Denis.

4. Nicolette Ouimet-Cortes (à droite) est directrice générale par intérim de la Fédération des aînés franco-albertains. Crédit : Courtoisie. 5. Jason Carey est doyen du Campus Saint-Jean. Crédit : Université de l’Alberta. 6. Gloria Livingston est présidente de Francophonie jeunesse de l’Alberta. Crédit : Courtoisie.

4. Nicolette Ouimet-Cortes (à droite) est directrice générale par intérim de la Fédération des aînés franco-albertains. Crédit : Courtoisie. 5. Jason Carey est doyen du Campus Saint-Jean. Crédit : Université de l’Alberta. 6. Gloria Livingston est présidente de Francophonie jeunesse de l’Alberta. Crédit : Courtoisie.

Le directeur général du RSA pointe par ailleurs l’absence de loi qui oblige le ministère provincial de la Santé à offrir des services en français : «Il s’agit d’un frein majeur qui rend notre tâche plus difficile quand on négocie pour plus de soutien.»

Toujours concernant la santé, le plan prévoit des actions spécifiques pour les ainés. «On sait que la langue est un élément déterminant de la qualité des soins, en particulier pour les ainés qui ont besoin d’être accompagnés dans leur langue maternelle, que ce soit chez eux ou dans les maisons de retraite», insiste Nicolette Ouimet-Cortes, directrice générale par intérim de la Fédération des aînés franco-albertains.

7. Martin Bouchard est coordinateur du Comité FrancoQueer. Crédit : Courtoisie. 8. Paul Denis est directeur général de Réseau Santé Alberta. Crédit : Courtoisie. 9. Sylvie Thériault est directrice générale du Regroupement artistique francophone de l’Alberta. Crédit : Courtoisie - Le Franco

7. Martin Bouchard est coordinateur du Comité FrancoQueer. Crédit : Courtoisie. 8. Paul Denis est directeur général de Réseau Santé Alberta. Crédit : Courtoisie. 9. Sylvie Thériault est directrice générale du Regroupement artistique francophone de l’Alberta. Crédit : Courtoisie – Le Franco

L’immigration occupe également une place de choix dans le document. L’enjeu est triple : il s’agit d’attirer plus de nouveaux arrivants, d’améliorer leur accueil dans la province et de les y retenir le plus longtemps possible. L’ACFA veut notamment faciliter les équivalences de diplômes obtenus à l’étranger ou dans d’autres provinces, et simplifier l’accès à certaines professions règlementées.

Chiffrer les propositions

«C’est positif. Cela montre que l’immigration est la voie pour renforcer notre population francophone, dont la diminution est préoccupante», signale Alphonse Ndem Ahola.

«C’est positif. Cela montre que l’immigration est la voie pour renforcer notre population francophone.» Alphonse Ndem Ahola

De son côté, Gloria Livingston salue la place accordée aux problématiques de l’éducation postsecondaire. Le volet consacré au continuum en éducation insiste notamment sur l’importance d’adapter les programmes postsecondaires aux besoins du marché du travail. «On doit se spécialiser dans certains domaines d’enseignement, ce n’est pas réaliste de croire que l’on peut entrer en compétition avec les grosses universités anglophones», considère Jason Carey, doyen du Campus Saint-Jean.

Le plan évoque les besoins de financement du Campus, avec l’ambition d’augmenter le nombre d’étudiants. «C’est un défi d’encourager les élèves du secondaire à poursuivre leurs études en français, reconnait Jason Carey. On doit améliorer notre message afin de devenir un choix réel pour les Franco-Albertains. Ils doivent prendre conscience des bénéfices économiques et culturels d’une éducation supérieure en français.»

En attendant, l’ACFA va continuer à présenter son plan d’action dans les différents ministères provinciaux, mais aussi fédéraux. Ginette Petitpas Taylor, ministre fédérale des Langues officielles, en a déjà pris connaissance. «Ça demandera beaucoup de temps et d’énergie, mais on arrivera à concrétiser toutes ces propositions», assure Pierre Asselin. Le chiffrement des propositions est la prochaine étape qui attend l’ACFA.

«Ça demandera beaucoup de temps et d’énergie, mais on arrivera à concrétiser toutes ces propositions.» Pierre Asselin

Le plan d’action de la francophonie albertaine 2023-2028 liste huit secteurs d’intervention clés:

– Institutions gouvernementales
– Arts, culture et patrimoine
– Continuum de l’éducation
– Développement économique
– Immigration
– Justice
– Santé et activité physique
– Services sociaux

Un Cabinet albertain sans secrétaire parlementaire

Le 21 octobre, la nouvelle première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a annoncé la composition de son nouveau Cabinet.
Aucun député n’a été nommé au poste de secrétaire parlementaire de la Francophonie. Les dossiers reliés à la francophonie relèveraient dorénavant du ministère de la Culture auquel Jason Luan a été nommé.