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le Samedi 17 avril 2021 15:24 Sports PR

Ski acrobatique, retour sur une saison compliquée

© actionmediaprojects.com
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Ski acrobatique, retour sur une saison compliquée
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Alors que le printemps pointe le bout de son nez, Laurence Grandmaison revient sur une saison de ski acrobatique pas comme les autres. Cette entraîneuse québécoise a déposé ses skis à Calgary dans l’espoir de faire vivre le rêve olympique aux jeunes albertains.

Compétitrice de niveau national, Laurence Grandmaison n’a pas fini de relever des défis. « Le ski acrobatique est depuis longtemps une histoire québécoise. La culture y est très implantée. J’espère un jour amener plus de jeunes albertains en équipe nationale ».

Elle-même a dévalé les pentes bosselées dès l’âge de huit ans sur les traces floconneuses de son cousin Alexandre Bilodeau, double médaillé d’or de la discipline lors des Jeux olympiques de Vancouver en 2010 et de Sotchi en 2014. « Je voulais être cool comme lui », s’exclame-t-elle, avec un grand sourire.

Spécialiste du saut acrobatique sur tremplins de 3 à 4 mètres de haut ou dans un champ de bosses sur une pente à 30 degrés, la skieuse parfait sa technique et devient entraîneuse. « Je n’ai pu rejoindre l’équipe canadienne pour des raisons personnelles. J’ai quitté le Québec, et j’ai obtenu un emploi de coach en Alberta ». Une belle aventure qui commence. 

Aujourd’hui, elle accompagne de jeunes athlètes âgés de 11 à 21 ans, avec cette dernière année, des hauts et des bas.

Une gestion de l’inconnu « difficile »

« La pandémie n’a pas fini d’affecter les talents ! » Un état des lieux qu’elle espère provisoire malgré quelques doutes. « Lorsque l’on entraîne des jeunes en compétition, on a des objectifs, des entrainements, un calendrier à gérer », explique-t-elle. 

Mais cette année, Laurence Grandmaison aurait bien aimé avoir une boule de cristal plutôt que de surveiller avec inquiétude la santé mentale de ses jeunes. « Il est parfois difficile de les voir sourire en ce moment », dit-elle. 

La «coach» contemplative sous les flocons, dans l’attente d’une prochaine compétition pour ses protégés. Crédit: Anton Van Der Merwe (Action Media Projects).

« L’incertitude perpétuelle a été une grande source de stress pour beaucoup de jeunes athlètes et particulièrement les filles. Leur gestion est parfois moins facile, elles ont malheureusement vite fait d’abandonner », précise-t-elle. 

Les entraînements en extérieur, sur la neige ou sur des rampes d’eau ; en intérieur sur les trampolines n’ont pas suffi. « Les jeunes aiment se comparer pour avancer », comme une carotte au bout du bâton. « Et ce n’est pas avec l’unique compétition virtuelle de la saison que cela a été réellement possible cette année », maugrée-t-elle. 

Une compétition « chouette », qui avait des allures de répétitions pour faire plaisir aux jeunes plus qu’autre chose semble-t-elle dire, « il fallait prendre une vidéo de nos athlètes, sans réelles caractéristiques du terrain, de la difficulté, du niveau de technicité du parcours. Difficile de juger derrière un petit écran ! » Compétitive jusqu’au bout…

Un espoir de médaille pour un sport de plus en plus encadré

Depuis une vingtaine d’années, le ski acrobatique évolue. Les athlètes sont de plus en plus jeunes, et la discipline est de plus en plus encadrée pour une meilleure sécurité. « La spécialisation pour une discipline ou une autre est très hâtive. Chez les filles encore plus que chez les garçons. À 15 ans, elles sont en équipe nationale, à 19 aux Jeux olympiques (J-O) ».

Lorsqu’on les voit dévaler les champs de bosses, il est aisé de comprendre que ce n’est pas un sport de tout repos. « Aujourd’hui, vous n’avez pas le droit de participer à ces compétitions si vous n’avez pas suivi une certification pédagogique et préventive sur les bonnes pratiques », explique-t-elle. Elle indique aussi l’augmentation des formations dédiées aux entraîneurs. Un ensemble de mesures qui auraient peut-être pu empêcher l’accident en 2006 de Sandra Laoura, la skieuse française, aujourd’hui paralysée.

Mais les Jeux olympiques, c’est aussi une tribune incroyable pour le sport de haut niveau, et Laurence Grandmaison ne le sait que trop bien. « J’espère que les prochains JO à Pékin vont avoir lieu, nous avons de très bonnes chances de médailles et la fédération a beaucoup investi dans nos athlètes », explique-t-elle. 

Une belle occasion pour publiciser ce sport spectaculaire, et l’espoir de voir de nombreux jeunes continuer à skier, « en rêvant de devenir les prochains » Mikael Kingsbury, Reece Howden, Brendan Mackay, Justine Dufour-Lapointe, ou Rachael Karker.

Le ski acrobatique est officiellement représenté pour la première fois aux Jeux olympiques en 1992 (Albertville-France), avec la discipline des bosses. Celui-ci s’est vulgarisé, et toutes les disciplines sont aujourd’hui présentes. Le saut, le ski cross, la descente acrobatique (Slopestyle), la rampe (Halfpipe), et finalement le grand saut, mieux connu dans sa version anglaise le « Big Air ».

 

Plus d’informations sur le ski acrobatique :

Canada Olympique, ski acrobatique : https://olympique.ca/sports/ski-ski-acrobatique/

L’équipe de Laurence Grandmaison, ProLine Moguls Team : https://www.facebook.com/calgarymogulteam/

L’association canadienne des entraîneurs : https://www.coach.ca