le Vendredi 29 mars 2024
le Mercredi 1 juin 2022 9:00 Edmonton

Bienvenue dans l’Univers des Drag Queens!

Derrière leurs paillettes, leurs costumes, leurs perruques et leurs maquillages, les drag queens sont des personnificateurs. En prenant des traits féminins ou masculins exagérés, ces artistes de scène évoluent dans un univers rempli de créativité et de festivités. Ils souhaitent sensibiliser les spectateurs à l’identité du genre.
Bienvenue dans l’Univers des Drag Queens!
00:00 00:00

Le monde des drag queens explore toute une palette de personnalités. «Il y a des personnificateurs féminins ainsi que masculins», évoque la drag queen Lady Tenderflake. Plus fréquemment, les hommes empruntent temporairement une identité féminine, mais parfois, c’est l’inverse. Ce sont des femmes qui enfilent le genre masculin de façon volontaire.

«Il y a des personnificateurs féminins ainsi que masculins.» Lady Tenderflake

Lady Tenderflake est l’alter ego de Gilbert Drapeau, un homme qui se dit timide dans la vie de tous les jours. Lorsqu’il devient Lady Tenderflake, sa gêne n’existe plus. Avec sa grande exubérance, «elle se promène partout, elle parle à tout le monde, elle a du plaisir et elle rit d’elle-même».

D’autres drag queens se définissent comme non binaires, Gemma Nye étant l’une d’elles. De son vrai nom Aberden Hill, iel explique que son personnage iel permet d’assumer pleinement sa fantaisie et de s’exprimer librement. «Elle me donne confiance et me permet d’oser davantage dans mon identité.»

Avec ses ongles colorés et sa coupe Longueuil, iel sait qu’iel est différent, mais iel l’assume. Toutefois, lorsqu’iel est Aberden Hill, iel n’aime pas attirer l’attention. «Je n’aime pas le jugement des autres.» Mais lorsqu’iel devient Gemma Nye, il faut que tous les yeux soient rivés sur elle.

«Je n’aime pas le jugement des autres.» Aberden Hill

Un jeu de scène pour s’assumer

Gilbert Drapeau et Aberden Hill s’accordent pour dire que leurs personnages respectifs leur permettent d’explorer pleinement leur côté artistique et créatif. Dans leur spectacle respectif, les deux drag queens font du lip sync, de la danse, des prestations théâtrales et du stand-up comique.

Elles montrent d’ailleurs leur facette créative en offrant continuellement de nouvelles interprétations. Toutes deux estiment qu’il leur faut parfois des heures, des semaines, voire des mois pour préparer leurs numéros. «Ça va dépendre des situations», ajoute Lady Tenderflake.

Même si elle fait du lip sync, apprendre les paroles par cœur pour que les mouvements des lèvres soient parfaitement synchronisés à la musique et partager ses émotions peut prendre quelques heures. «Mais ce n’est pas seulement ça. Il faut comprendre le sens émotif de la chanson», comprendre l’essence des paroles, trouver les bonnes respirations, incarner l’artiste. Gilbert Drapeau insiste aussi sur l’aspect pédagogique de ses spectacles. «D’une façon informative et amusante, la drag me permet de confronter des problèmes sociaux.»

Cette volonté d’excellence ne va pas sans une préparation millimétrée. Deux jours avant chaque prestation, Gilbert Drapeau finalise son apparence afin de rentrer dans la peau de Lady Tenderflake. Il prend soin de sa pilosité, assemble ses costumes, ses bijoux et ses perruques. Il les essaie et les ajuste, tout en répétant sa prestation.

Un outil de conscientisation

Gilbert Drapeau explique que la drag «provoque une réflexion. C’est un art qui questionne ce que l’on perçoit en tant que féminin et masculin». La drag brouille le système binaire homme/femme puisqu’elle met en avant-plan les identités de genre.

«C’est un art qui questionne ce que l’on perçoit en tant que féminin et masculin.» Gilbert Drapeau

Dans sa communauté, il y a des hommes qui, lorsqu’ils se transforment en drag queens, «sont pris pour des femmes» comme en témoigne souvent la surprise des spectateurs. Gilbert ne se lasse jamais de ces regards étonnés.

Alors, plutôt que de parler de genres uniquement en termes de masculin et de féminin, la drag permet d’élargir la conversation. «Elle fait comprendre qu’il y a plus qu’une réflexion binaire, puisqu’il y a bien plus de monde sur la planète» qui se situe quelque part entre les deux sexes, conclut-il.