le Vendredi 18 avril 2025
le Lundi 10 mars 2025 11:56 Politique

Mark Carney couronné chef du Parti libéral du Canada : et maintenant?

«Aux États-Unis, la santé est une grosse business. Au Canada, c’est un droit», a dit Mark Carney pendant son discours. Photo : Julien Cayouette – Francopresse
«Aux États-Unis, la santé est une grosse business. Au Canada, c’est un droit», a dit Mark Carney pendant son discours. Photo : Julien Cayouette – Francopresse
Mark Carney a battu à plate couture les trois autres candidats à la direction du Parti libéral du Canada (PLC), avec 85,9 % des votes. Il a donc été élu ce 9 mars chef du parti. Mais quelle sera la suite?
Mark Carney couronné chef du Parti libéral du Canada : et maintenant?
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FRANCOPRESSE

Près de 2000 personnes se sont rassemblées pour assister au couronnement de Mark Carney. Chrystia Freeland termine deuxième, quand même loin derrière, avec 8 % des votes. Karina Gould obtient 3,2 % des voix et Frank Baylis 3 %.

L’ancien banquier devrait être assermenté comme premier ministre mercredi 12 mars. Des élections pourraient être déclenchées d’ici la semaine prochaine, selon plusieurs sources libérales consultées par Francopresse.

Résultat des votes :

  • Mark Carney : 131 674 votes
  • Chrystia Freeland : 11 134 votes
  • Karina Gould : 4 785 votes
  • Et Frank Baylis : 4 038 votes.

Total : 151 899 libéraux ont voté.

Il a assuré aux libéraux que son gouvernement mettra en action un plan pour bâtir une économie plus forte, des relations commerciales entre les provinces et pour protéger les frontières du pays. «Ça demandera de grands changements», a-t-il prévenu.

Il a déjà annoncé vouloir supprimer la taxe carbone et de «construire un Canada plus fort» dans un contexte de «division».

Le nouveau chef a remercié ses trois adversaires, qui ont amené «une belle énergie» à la campagne, a-t-il souligné.

Justin Trudeau a reçu un accueil chaleureux pour son dernier discours en tant que chef du Parti libéral. Photo : Julien Cayouette – Francopresse

Derniers mots pour Trudeau

Le couronnement de Mark Carney marque la fin de l’ère de Justin Trudeau.

Avant l’annonce du gagnant, Justin Trudeau a livré un discours d’adieu aux partisans libéraux. Introduit avec émotion par sa fille, Ella Grace Trudeau, le désormais ancien chef du PLC a rappelé aux libéraux du pays que «le futur est désormais entre vos mains».

Puis, en ciblant les conservateurs indirectement : «C’est quand on essaie de mettre les libéraux sur la touche que nous, les libéraux, on montre nos vraies couleurs!»

Contre Trump et Poilievre

Lena Metlege Diab, députée francophile de Halifax Ouest et qui soutenait Chrystia Freeland, assurait avant l’annonce des résultats : «Qu’importe le nom du gagnant, nous sommes des libéraux. Nous devons nous serrer les coudes.»

Pour elle, la ministre Chrystia Freeland avait l’expérience, notamment face à Donald Trump qui, selon elle, reste la principale menace actuelle pour le Canada. «Pierre Poilievre n’est pas l’homme pour cette situation», a-t-elle assuré.

Une idée mise en valeur par le nouveau chef dans son premier discours : «Pierre Poilievre laissera notre planète bruler. Ce n’est pas du leadeurship, mais de l’idéologie qui trahit les valeurs canadiennes. Contrairement à lui, j’ai travaillé dans le secteur privé […] cette connaissance est particulièrement utile maintenant, au moment où […] on construit de nouvelles relations», a déclaré l’ancien gouverneur de la Banque du Canada.

«Il comprend très bien l’enjeu du déclin du français»

Dans son discours, le nouveau chef libéral a affirmé que si le Canada devient le 51e État américain, «il n’y aura jamais de droits à la langue française». «La joie de vivre, la culture et la langue française font partie de notre identité. Il faut les protéger, les promouvoir. On ne les échangera jamais contre n’importe quel accord commercial.»

En entrevue avec Francopresse, la députée libérale franco-ontarienne Marie-France Lalonde a confirmé son appui envers Mark Carney. «C’est la personne dont je crois que le Canada a besoin pour les semaines, les mois et les années à venir, dit-elle. En politique, des fois, c’est tout à propos du timing, du bon moment.»

Mark Carney n’a pas d’expérience à propos des dossiers des langues officielles, mais cela n’effraie par la députée, qui estime que le nouveau chef est «entouré d’excellents députés, membres du caucus et autres gens qui l’entourent dans son équipe».

«Il comprend très bien l’enjeu du déclin du français, non seulement au Canada, mais aussi au Québec», assure-t-elle.

Rappelant qu’Ottawa vient de dépasser sa cible d’immigration francophone dans les communautés de langue minoritaire, elle ajoute que Mark Carney est au fait des enjeux concernant l’immigration francophone hors Québec.

«Il va falloir qu’il améliore son parler, c’est sûr […], mais quand je lui parle, il me parle en français et on se comprend très bien.»

À gauche, Elaine Tracey. À droite, Rosemary Flood. Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

«Investir» dans les communautés francophones

Son collègue, le député libéral franco-ontarien Marc Serré, a lui aussi soutenu l’ancien banquier. En plus de l’expérience économique et de sa capacité à gérer la relation tumultueuse avec les États-Unis, il saura ramener le PLC au centre, estime-t-il.

Dans le Nord de l’Ontario, où se trouve sa circonscription de Nickel Belt, les enjeux de foresterie, de minéraux critiques et de l’emploi sont cruciaux. Mark Carney, avec son expérience en économie, le rassure.

«Je pense qu’on a besoin de quelqu’un comme Mark Carney, qui a de l’expérience au niveau international avec l’Angleterre, évidemment la Banque du Canada, et aussi au niveau des Nations Unies, au niveau du changement climatique, mais relié à l’emploi, lié aux investissements verts, aller chercher des argents», explique le député.

La question de l’investissement sera particulièrement importante pour les communautés francophones en situation minoritaire, relève-t-il. C’est la prochaine étape maintenant que la Loi sur les langues officielles a été modernisée : investir.

Pour le postsecondaire francophone, il faut selon lui «des investissements au niveau de la recherche, du personnel, de la programmation».

«Les francophones n’ont pas le choix de cours. Alors, il y a un besoin d’une concertation avec les institutions. […] Ensuite, quels sont les défis, les lacunes, [où] le fédéral devrait-il aider? Sans oublier le rôle des provinces.»

Marc Serré serait content de voir Frank Baylis, Chrystia Freeland et Karina Gould dans le cabinet ministériel de Mark Carney.