DOSSIER SPÉCIAL
Rencontres, ruptures et réconciliation : les relations franco-autochtones d’hier à aujourd’hui
Les liens entre la francophonie et les peuples autochtones en Alberta remontent à loin. La majorité des experts s’accordent à dire que le français a été la première langue européenne parlée sur le territoire. Entre alliances, tensions et ruptures profondes, ces relations ont joué un rôle clé dans l’histoire de la province. Ce dossier retrace leur évolution, des premières rencontres aux initiatives actuelles de réconciliation dans les écoles francophones et au sein de la communauté (retrouvez 4 articles dans nos pages).
IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Nathalie Kermoal est la directrice du Rupertsland Centre for Métis Research (RCMR) au sein de la Faculté des études autochtones. Photo : Courtoisie
Professeure à la Faculté des études autochtones de l’Université de l’Alberta, Nathalie Kermoal est aussi la directrice du Rupertsland Centre for Métis Research (RCMR). Et l’universitaire précise très vite que ce programme de douze modules n’est pas que sur les Premières Nations, mais qu’il comprend également un volet sur les Inuits et les Métis. Une distinction cruciale pour bien comprendre sa portée.
Il vise donc à offrir au grand public une vision globale des réalités autochtones en abordant des aspects historiques, culturels et contemporains. Dispensé sous la forme d’un cours en ligne ouvert à tous (CLOT) combinant vidéos, lectures et forums, le cours peut aussi être crédité pour les étudiants de l’Université de l’Alberta. Il contient une douzaine de modules (un par semaine) qui se penchent notamment sur les revendications territoriales et les incidences sur l’environnement, les conflits et les alliances politiques, l’activisme politique autochtone ou encore la culture autochtone contemporaine.
Le succès du CLOT témoigne de l’intérêt croissant pour ces thématiques. «Il y a trois ans, on était rendus à 560 000 personnes qui avaient pris le cours, souligne Mme Kermoal. Aujourd’hui, on doit être autour de 700 000.» Un cours qui ne compte pas que des Albertains.
Ce cours en ligne attire une diversité d’apprenants : certains y participent par intérêt personnel, tandis que d’autres le suivent dans le cadre d’initiatives de formation professionnelle. «Il y a certains organismes qui veulent faire partie de toute la question de la réconciliation et qui demandent à leurs employés de suivre ce cours», constate l’universitaire.
Un outil pour la réconciliation
Au-delà des aspects pédagogiques, ce programme joue un rôle clé dans le processus de réconciliation. «Le but du cours, c’est de permettre aux gens de repenser tout ce qui s’est passé, affirme Mme Kermoal. Il y a le côté historique, mais aussi un aspect plus contemporain qui permet de mieux comprendre les bases et de s’ouvrir aux perspectives autochtones.»
Denis Perreaux, le directeur général de la Société historique francophone de l’Alberta, est l’un de ceux qui ont déjà suivi le cours. Il se rappelle que le cours ne se limitait pas juste à l’histoire ancienne, mais établissait aussi des liens avec des réalités modernes. «On parlait notamment des pensionnats et de la souveraineté autour des ressources naturelles.» L’étude des Métis, de figures historiques comme Louis Riel, faisait également partie du programme. Les artistes autochtones et la compréhension de leurs œuvres avaient également leur place au sein des modules.
Cependant, pour Denis Perreaux, le format du CLOT fait en sorte que l’interaction reste limitée, ce qui peut freiner les échanges plus poussés. Néanmoins, en prenant connaissance de certains commentaires émis par d’anciens étudiants et fournis par Mme Kermoal, on remarque que les éloges ne tarissent pas : on parle d’un cours où on apprend et désapprend beaucoup de choses sur les Autochtones, voire «un cours que chaque Canadien doit suivre pour promouvoir la guérison de notre nation».

Le directeur général de la SHFA, Denis Perreaux. Photo : DCClic
Un cours en évolution
Loin d’être figé, le contenu du cours est régulièrement mis à jour. «On est une université, donc on essaie de faire en sorte de remettre à jour le contenu, précise Mme Kermoal. Depuis septembre, le cours a été actualisé pour mieux refléter les réalités actuelles.»
Si le cours est principalement en anglais, il reste accessible aux francophones grâce aux sous-titres et à certains modules offerts en français. «Il y a aussi des mini-cours en anglais et en français, notamment sur la question du racisme structurel.»
Grâce à son format en ligne, le CLOT dépasse largement les frontières du Canada. «Ce cours est suivi par des gens du monde entier, de l’Australie, de l’Afrique et d’ailleurs», assure Mme Kermoal. Cette portée internationale démontre l’intérêt grandissant pour une meilleure compréhension des réalités autochtones.
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