IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Le directeur général de Cinémagine, Lionel Vialaneix. Photo : Courtoisie
«Ici, il n’y a pas de films en français, même à Grande Prairie.» Les élèves de Charles Marinier et ceux de ses collègues de la 1re à la 9e année, de l’École Héritage à Falher, ont dû faire près de deux heures de route vers Grande Prairie pour aller voir Mon chat et moi, pour les plus jeunes, et Mlle Bottine pour les plus vieux.
Mais c’était pour une bonne cause. Cinémagine les avait invités à participer aux projections que l’organisme concocte depuis déjà plusieurs années dans le cadre de sa tournée provinciale.
En fait, pour Lionel Vialaneix, le directeur général de Cinémagine, le choix des films est un point stratégique. «On ne peut pas demander à 70 écoles de choisir un film différent, donc on a un comité de sélection composé d’enseignants et de professionnels du cinéma. On visionne huit films et on en choisit trois qui correspondent le mieux aux différents âges.» Cette année, outre les deux films cités précédemment, les enfants de la maternelle ont pu visionner Toupi et Binou.
L’enseignant de l’École Héritage admet que les films proposés peuvent avoir «un intérêt mitigé» pour les élèves qui sont plus habitués à regarder des films américains à gros budget et avec beaucoup d’action, des films dont l’objectif est de simplement divertir. «Mais notre objectif est plus grand que ça. Il s’agit de les exposer à du cinéma francophone dans une grande salle de cinéma, dans notre région.»
Sandrine Coronat abonde dans le même sens que Charles Marinier. L’enseignante de l’École La Vérendrye, à Lethbridge, et aussi membre du conseil d’administration de Cinémagine, estime que la tournée de l’organisme permet de bâtir une culture cinématographique auprès des élèves.
Avant d’aller voir un film, «on les prépare en amont; on en profite pour aborder aussi la littérature jeunesse. Comme la tournée est aussi proposée à des élèves en immersion, ça permet à nos élèves de voir que d’autres enfants peuvent aussi parler en français.»

Sandrine Coronat est membre du conseil d’administration de Cinémagine et enseignante à l’École La Vérendrye à Lethbridge. Photo : Courtoisie
Une coordination exigeante
«Le plus grand défi, c’est de coordonner les écoles, les cinémas et les distributeurs de films», explique M. Vialaneix. Chaque école a ses propres contraintes en matière d’horaires et de dates. «Malheureusement, on ne peut pas faire à la carte, donc on essaie de mutualiser les cinémas pour que les écoles d’une même ville se réunissent.»
Cette année, la tournée a suivi un parcours bien défini. La première semaine, c’était le nord de l’Alberta, par la suite, la tournée est passée par des villes comme Medicine Hat et Saint-Paul pour finalement s’arrêter, la troisième semaine, à Edmonton et Calgary.
Malgré les défis logistiques et les petits imprévus (comme les popcorn renversés!), la tournée est une expérience précieuse pour les élèves. «À la fin, tout le monde est content», assure M. Vialaneix avec enthousiasme.
Au-delà de la tournée jeunesse, Cinémagine joue un rôle clé dans la promotion du cinéma francophone en Alberta. «On organise aussi des festivals, des projections pour toute la communauté et des ateliers dans les écoles», mentionne M. Vialaneix.
L’un des événements phares de l’organisme culturel est le festival Coup de Projecteur, qui met à l’avant-plan la diversité de la francophonie. «L’année dernière, on avait des films d’Afrique, du Maghreb, de France, du Québec et même un film haïtien.»
Si Sandrine Coronat et Lionel Vialaneix s’entendent évidemment pour dire que la cinématographie est essentielle dans le développement des jeunes, concrètement, à court terme, ce que souligne surtout Charles Marinier, c’est que «le fait de vivre une expérience de cinéma francophone en groupe, c’est très bien et, surtout, ce n’est pas vraiment quelque chose que les élèves vont vivre en dehors de l’école».
Glossaire – Concocter : préparer